Chapitre 6

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Nous déposâmes le restant des sacs avant d’aller à notre troisième cible, beaucoup plus éloignée des précédents. Nous fîmes le plan habituel pour la fenêtre, avant d’entrer dans la banque par l’arrière.

Au bout de dix minutes, une voix retentit à l’extérieur de la salle, du côté du banquier. Celui-ci disait :

  • Je vous apporte ça tout de suite, madame.
  • Cache-toi ! sifflai-je à Lionel.

Le banquier entra en sifflotant, et referma la porte. Il s’approcha du casier n°54, que nous n’avions heureusement pas encore vidé. Il composa le code du cadenas, retira un peu d’argent avant de ressortir, toujours en sifflotant.

Nous avions retenu notre souffle, Lionel et moi, durant cette minute angoissante. Nous le relâchâmes, respirâmes un bon coup avant de se remettre au travail. Pendant que nous continuions de vider les casiers, Lionel me murmura :

  • On a eu de la chance, d’habitude, les banquiers prennent plus de temps.
  • Il est jeune, encore fougueux, répondis-je.

La porte s’ouvrît brusquement, et le banquier nous regarda, effarés. Il bredouilla :

  • J’ai entendu des voix...

Étant le plus proche de lui, je bondis et lui plaquai la tête contre la porte. Le banquier s’affala, assommé. Je refermai la porte tout de suite, et me tournai vers Lionel :

  • On accélère !

Dès lors, nous ne prîmes plus la peine de refermer les casiers, nous nous servions, tout simplement. Nous mîmes tellement de l’ardeur au travail que nous finîmes cinq minutes avant la demi-heure imposée par Alex. Celui-ci dit :

  • Mais vous allez trop vite !
  • Le banquier est entré. Il nous avait entendu, et il nous a surpris. Je l’ai assommé. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, donc on fonce !
  • Mais on a comme même gagné ! dit Lionel.
  • Je m’incline, dit Alex respectueusement.
  • Donc on fait la quatrième opération ! chantonna Lionel.
  • Ça va ! J’ai compris !

Deux minutes plus tard, nous étions de nouveau dans la pièce sombre de l’arrière de la banque, en train de subtiliser l’argent. A 10h50, une voix grave et sonore résonna au dehors :

  • Eh toi ! Ne crois pas que je ne t’ai pas repéré ! Tu guettes là depuis vingt minutes ! Tu as un rendez-vous de dealeur, c’est ça ? Allez, casse-toi !
  • Je reviens, ne vous inquiétez pas, me souffla la voix d’Alex.

Le policier, ou quelque fut cette personne, le contredit :

  • Et que je ne te revois plus ici !
  • Continue, glissai-je à Lionel, je vais voir ce qu’il se passe.

Je réussis à m’élever de quelques centimètres pour voir à travers la fenêtre. Il y avait un policier, qui surveillait d’un œil alerte les alentours. Je repérai Thibault, au loin, qui regardait lui aussi le policier d’un air inquiet.

  • Il y a un policier qui surveille la rue, chuchotai-je à Lionel.
  • Aïe ! grimaça-t-il. Qu’est-ce qu’on fait ?
  • On continue, et on espère qu’Alex ne mette pas trop de temps à résoudre ce problème.

Lorsque je jetai un deuxième coup d’œil, je vis Alex s’approcher du policier et l’assommer par l’arrière. Il nous glissa :

  • Dépêchez ! Je ne sais pas combien de temps il va rester assommé !
  • On peut arrêter tout de suite, si tu veux, proposai-je. Il ne nous reste plus qu’une vingtaine de casiers !
  • Non non, mais finissez en vitesse !

Je rejoignis Lionel, et nous finîmes de vider les casiers en moins de cinq minutes. Lorsque je sortis à l’air libre, je m’exclamai :

  • Où sont les sacs ?
  • Calme-toi. Avec Thibault, on a vu que ce policier rôdait depuis quelques minutes, alors il est allé déposer les sacs dans l’entre-monde.
  • Ok, j’ai un plan, dit Lionel. Alex et Thibault, vous allez mettre les sacs dans l’entre-monde, et vous nous attendez. Nous, on va réanimer le policier et lui faire croire qu’on est les gentils de l’histoire.
  • Je suis d’accord, approuvai-je. Ça embrouillera les pistes, et ça nous fera un alibi.
  • C’est méchant, ça ! protesta Thibault. Pourquoi pas moi ?
  • Je pense qu’il t’a vu surveiller, donc ça ne marche pas. Allez-y, on vous rejoint.

Nous nous accroupîmes près du policier tandis qu’Alex et Thibault s’enfuyaient. Lionel tenta d’abord la méthode douce :

  • Monsieur ? Monsieur ? Vous allez bien ?

Comme il n’eut aucune réponse, il changea de méthode :

  • Monsieur ! Reveillez-vous !

Le policier grogna, ce qui satisfit Lionel. Il lui donna quelques tapes sur la joue, et le policier ouvrit les yeux. Il grogna, tout en se redressant :

  • Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
  • On vous a trouvé là, allongé au milieu de la rue, et il y avait deux personnes qui s’enfuyaient par là, dit Lionel en montrant la direction opposée.
  • Ils ressemblaient à quoi ?
  • Je ne sais pas, on ne les a pas vu. Vous ne vous souvenez plus de rien ?
  • Seulement d’avoir reçu un coup sur la tête.

Nous entendîmes soudain un cri, et un homme apparut dans la rue en hurlant :

  • On m’a dévalisé ! On m’a volé tout l’argent !
  • Sacrée coïncidence, dit le policier en se relevant. Messieurs, je suis désolé, mais puisque vous étiez là, vous êtes témoins, je vais devoir prendre votre déposition au commissariat.
  • Tu peux t’en charger ? me demanda Lionel. Je dois rentrer, sinon ma... copine va s’inquiéter.
  • L’un des deux me suffira, assura le policier.
  • Vas-y, tu peux y aller, dis-je à Lionel. J’ai tout mon temps.
  • Bien, excusez-moi, je dois interroger cet homme.

Tandis qu’il allait s’enquérir auprès de l’homme qui était probablement le banquier, je donnai de rapides instructions à Lionel :

  • Entreposez les sacs devant la quatrième porte. Je m’en chargerai à mon retour. Allez dans les différents lieux et contredisez les témoins. Si à 12h je ne suis pas de retour, c’est qu’il y a un problème. Vas-y.

Lionel m’adressa un petit signe de la main avant de partir dans la direction qu’avaient pris Alex et Thibault. Je me retournai et allai à la rencontre du policier. Celui-ci me dit :

  • Il y a eu un vol tout près. Vous avez vu quelque chose ?
  • Non. Je vous l’ai dit, nous revenions des courses avec mon frère, et nous vous avons vu allongé par terre.
  • Et pourquoi n’aviez vous pas des sacs, alors ?
  • Ce n’était pas des courses de nourriture, mais d’outil. Il nous manquait un marteau, à la maison.
  • Bien bien. Je vous emmène au commissariat, ça ne va pas durer longtemps, ne vous inquiétez pas.
  • Je vous suis. De toute façon, mon frère est allé prévenir ma famille, j’ai tout le temps qu’il faut.

En allant au commissariat, je croisai Thibault. Je lui fis un clin d’œil pour lui dire que tout allait bien, et il m’adressa un autre clin d’œil en retour. Arrivé au commissariat, le policier s’assit devant son bureau, et me dit :

  • Je vais commencer par vous, monsieur, afin que vous ne soyez pas importuné. Votre nom, âge, date de naissance, résidence, s’il vous plaît.
  • Je suis Simon Artel, j’ai 20 ans, je suis né le 27 février 1970 et j’habite dans cette ville au 19 grande rue.

Je priai pour que ce nom de rue existe, mais à priori, il y avait une grande rue dans toutes les villes, car le policier ne dit rien. Il me demanda :

  • Vous paraissez à peine majeur. Vous faites plus jeune que vous ne paraissez.
  • Ça ne fait rien. Je suis sûr de mon âge.

En vérité, je n’en avais que 18 ans, puisque j’avais passé deux ans dans le néant. Mais je ne savais pas si ces deux ans comptaient dans ma vie. Le policier dit :

  • Veuillez marquer ce qu’il s’est passé, s’il vous plaît.

Je retranscrivis toute l’aventure, en mettant le plus de détails possible. Lorsque je le rendis au policier, il l’examina, et commenta :

  • Ça me semble être ce qu’il s’est passé. Bien, comme nous ne savons pas qui est l’agresseur, nous viendrons chez vous pour le procès lorsque nous aurons retrouvé notre homme.
  • Je ne préférerai pas, l’interrompis-je. Avec mes études, je ne suis pas sûr d’être chez moi très souvent. Avez-vous un téléphone ?
  • Oui, celui du commissariat.
  • Puis-je vous donner mon téléphone ? Attention, c’est celui de mon oncle, il est policier lui aussi. Ne vous étonnez pas si vous arrivez dans un autre commissariat.
  • C’est d’accord, je comprends.

Je lui donnai le numéro de téléphone d’Adam, puis sortis du commissariat. Un peu plus loin, je croisai de nouveau Thibault, qui me suivit jusqu’à la sortie de la ville. Il me demanda alors anxieusement :

  • Alors ?
  • Tranquille ! J’ai raconté un peu n’importe quoi, mais avec un fond de vérité suffisant pour que le policier me croit.
  • Génial !

Nous nous enfonçâmes dans la forêt et rejoignîmes l’entre-monde. Lorsque nous entrâmes dans la base, Lionel, Alex et Clara achevaient de compter l’argent du dernier sac. Lionel releva la tête :

  • Il y en a pour plus d’un million !
  • Très bien. On va commencer à ranger l’argent, d’accord ?

Entouré de cris de joie, je ne pus réprimer un sourire. Je pensai :

  • Eh bien, je commence à croire que j’ai vraiment de la chance...

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