Acte II

6 minutes de lecture

Dans l’air dont s’échappe le serment,

S’entend un bruit assourdissant.

Celui qui envoute et qui sonde,

Vient baptiser soudain ce monde.

Revêt l’ensemble d’un étrange calme.

Draine à ses pieds ce qui lui reste d’âme…

Quant à ces larmes qui font la pluie, maintenant bien loin c’en est parti.

Du ciel dès lors, plus rien ne tombe. Rien que cette lune qui le surplombe.

Et des ondes viennent brouiller l’air. Animent ainsi tout ce qui y baigne, qui auparavant était figé.

Car le paysage et le firmament, dressent eux deux un même monument, et semble se répondre en rêvant. Tout cela les lie dorénavant.

Et cette lumière qui éclairait, celle conservée du phare dressé, à sa sortie ne se vit plus. Quelques rayons qui juste affluent… de cette funeste lune pourfendue.

Et du bruit de cette porte, celle du phare que l’homme referme, compose le premier son qui germe. Celui d’un monde qui se révèle. Imite le fruit de l’Éternel…

Le ciel désormais ne compte plus d’ailes.

Et cette mer qui s’agitait, comment ce fait-il qu’elle semble figée ?

Le moindre mouvement lui paraît risquer le courroux,

Enchevêtre presque l'ensemble de l’orchestre,

Et dont les spectres sont les seuls maîtres,

Un nouveau monde s’éveille et qui ne tolère plus les remous.

Mais il lui faut pourtant bouger. Car une promesse il avait fait.

Et sans en comprendre le danger, ne pouvait juste plus reculer.

Descendant de ses falaises, des vertiges soudain lui pèsent.

Amusant de constater comme les rochers lui répondaient. Entre certaines porosités, le vent soufflant s’y introduisait. Faisant ressortir de ces parois, ce qui paraissait être des voix.

Quand enfin il arrive,

Au pied des roches et de la rive,

Ouït un bruit qui tient en haleine.

Il crut d’abord à une baleine.

Mais l’émotion à chaud lui provoque bien d’autres choses. Et de ces choses qui font écho, foule comme pour la première fois,

Ces terres barbares très loin des Dieux.

Quelle mélodie des plus tendres, et ô combien si terrifiante…

Elle ondule si étrangement et ondoie tellement librement.

Qu’a-t-on mis dans ces eaux qu’exsude une voix si séraphique ?

Et abreuver nos songes de doux souvenirs mélancoliques ?

Si aussi pur pouvait être l’air du genre humain,

Les anges aussi croiraient qu’elle vient du féminin.

À marcher sur l’écueil, ces pieds parfois touchent l’eau glacée. Il gagnera bientôt le sentier, et cette plage qu'il conserve du coin de l'œil.

Et de ces pentes bien arrosées, les jambes tremblantes et inquiétées, l’homme en perd vite son équilibre. Et par ses mains qui le rattrapaient, de ces roches si bien affutées, s’amène le sang qui doit couler.

De ses mains rouges et abimées, colore l’eau qui passe à ses pieds.

Un rouge noirâtre, comme s’il fut empoisonné, échappe doucement de la surface et dans le fond lentement s’efface.

Mais il lui fallait se hâter. Car la marée le menaçait. Un bien grand risque qu’il prenait. En être complètement avalé.

Et quand lui vint, ce bout de chemin devenir moins loin,

Une belle silhouette se dessine soudain et avec soin.

Cet être fantoche, entre les roches.

Une moitié de corps pris par les flots, l’autre en dehors comme un oiseau.

Et lorsqu’enfin les regards se croisent,

Que ces deux êtres d’un coup en stases,

Revêtent à deux l’ambiant étrange,

Naissent les prémices de leur échange…

L’homme

Oh ! Vous allez bien ? Vous êtes tombé à l’eau ?

Violette

C’était bien toi alors. Je n’ai pas su bien voir.

L’homme

…Pardon ?

Vous avez mal ? Je peux vous aider ?

Violette

Approche plus. Ne reste pas là…

Approche-toi.

L’homme

Que vous est-il arrivé ?

Violette

Que m’est-il arrivé ? Que m’est-il arrivé…?

Comment le saurais-je ?

Toi, tu t’es égaré. Et tu n’as, je suis sûr, même pas idée de ce que tu fais.

L’homme

Je passe simplement par là.

Vous attendez quelque chose ?

Violette

Une personne… Censée repasser par là si tout se passe bien.

Partie un peu vite l’autre fois.

L’homme

On cherche peut-être alors la même !

J’ai vu au loin de la lumière. Ça semblait focaliser par là-bas. Vers ce morceau de plage, je dirais.

Violette

Tu y vois encore quelque chose, dis-moi ?

Est-ce que les recoins te paraissent rouges à présent ? Cernes-tu encore certains détails au point de les voir flous ?

L’homme

… Tu es tellement belle…

Comment t'appelles-tu ?

Violette

Violette.

Ne me délivre pas le tien en retour ! Il m’en dirait beaucoup trop…

L’homme

Vous me connaissez ?

Violette

J’en ai la sensation.

On me pose des questions sur toi. Et de ces questions je leur parle de toi… parfois.

L’homme

Qui ça ? Qu’est-ce que vous dites de moi ?

Violette

Qu’il ne faut pas te croiser.

L’homme

Violette… Je ne comprends pas…

Comment se fait-il que plus rien ne semble bouger. Tout semble être mort. Suis-je en train de rêver ?

Violette

J’ai attendu... Beaucoup trop attendu…

Et toi ? Qu’attends-tu qui t’a déjà attendu ?

L’homme

Je n’attends personne. Je recherche quelqu’un. J’ai aperçu de la lumière sur cette plage. Rien de plus.

Elle est très jolie la bague à tes doigts.

Violette

Une jeune fille qui sur son chemin l’a égarée. Elle était tout effrayée. On aurait dit que le diable la pourchassait.

Un bien trop beau bijou pour une fille aussi laide… Je ne culpabilise pas de l’avoir ramassée.

Mais je n’ai rien aperçu qui fit de la lumière… Sinon ouïs de fins bruits de claquement de fer.

L’homme

Une fille, tu dis…?

Violette

Comment l’as-tu trouvé ? Celle du phare ?

La lumière qui vous éclairait faisait jouer par les reflets ce doux spectacle qui commençait, et dont vos ombres, aurait-on dit, étaient comme désarticulées. Tout ceci pour que même de la mer, vois-tu, votre amour soit projeté.

L’homme

Je n’aurais pas imaginé…

Disons que… Elle avait l’air inquiétée. Mais… très… enfin…

J’ai surtout eu la sensation que je la connaissais. Il s’est joué une douce mélodie lorsque je lui parlais.

Je ne sais pas trop pourquoi je suis là, mais je sais qu’elle est là…

Violette

Au fond de toi il y a un gouffre… Si tu n’y fais pas gaffe, tu y tomberas. Ça peut aller très vite. N’est-ce pas en ce moment tout ce que tu ressens ? Au fond de toi et de tes tripes ?

L’homme

Je dois admettre que j’aurais souhaité…

Violette

Tes mains saignent…

Donne-les-moi ! Je vais te les nettoyer. Fais attention, tout glisse beaucoup ici. Montre-moi… Remarque, la plaie n’est pas bien profonde. Pas celle-ci du moins.

Tu as les mains gelées !

Attends… Voilà ! C’est tout de même mieux comme ça.

L’homme

Merci…

Violette

Oh…! Mon cher et tendre… Sera-t-il possible qu’un jour tout cela ne puisse être qu’une histoire ?

L’homme

Si tout cela en est une, le personnage que l’on t’octroie me fascine… Nous continuerons alors ce voyage ensemble. N’en déplaise à celui qui l’écrit.

Violette

Tu m’aimerais alors ?

L’homme

Sans aucune mesure…

Violette

… Tes désirs te trompent !

Tu te fascines plus pour cette lune au-dessus de nous que de tout le reste. Elle t’effraie à ce point de dire des imbécilités pareilles ?

Détourne-toi de cette enfant qui de toute évidence te plonge dans un cauchemar et t’éloigne des belles histoires.

Hihihi ! Il est des lustres que j’ai cessé de lui prêter attention pour ma part.

Ton âme te trompe, mon amour… Hihihi !

L’homme

Je ne trouve pas ça drôle…

Violette

Je ne ris pas de bon cœur, crois-moi.

Même dans les fonds les plus obscurs, le noir s’effraie de voir… Et comme moi, aussi noire, la lune dans les ténèbres s’invite sans s’émouvoir…

L’homme

… Tu es une nymphe, n’est-ce pas ?

Violette

Sinon la plus belle des nymphes !

Fais-moi ce plaisir de t’approcher encore… N’aie crainte ! L’eau qui me recouvre ne te fera aucun mal. Et tu ne t’es déjà que trop perdu pour prendre le risque de te perdre.

Je veux retrouver moi aussi cette fille ! Celle que j’étais, qu’on a maudite !

Que l’on raconte ensemble ces royaumes qui promettent l’éternité ; sans qu’aucun d’eux ne puisse jamais nous contenter…

… Viens avec moi… S’il te plaît.

Je te ferais voir un lieu qui ne saurait te poursuivre… Ni les pêcheurs de ces eaux… Ni d’aucune sorte, celle qui te fixe là-haut !

Approche-toi encore…

Des larmes que je fais couler, elles sont là pour t’abreuver.

Si tu te sens disparaître, sache que pour moi tu existeras. Car désormais… tu seras en moi…

Encore… et encore…

Et encore…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Âme-ment ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0