Les jours passaient, et chaque matin semblait un peu moins lourd que le précédent. Pourtant, chaque petit détail rappelait encore son absence. Une chanson à la radio, une photo, un parfum porté par le vent… Tout cela ravivait les souvenirs, les rires, et parfois, la douleur. Mais il y avait aussi quelque chose de plus doux maintenant. Un apaisement progressif.

Lise avait recommencé à sortir, à rencontrer des gens, mais elle se sentait encore comme une spectatrice de sa propre vie. Elle ne savait pas comment expliquer à ceux qui l'entouraient ce qu'elle ressentait, ce vide immense qui restait là, comme une place vide à table. Mais il y avait aussi, dans le fond de son cœur, une forme de gratitude. Il m'a appris à aimer, à être forte, à savoir que même quand on perd tout, il reste des éclats de lumière à saisir.

Un matin, alors qu'elle se promenait dans une rue qu'elle n'avait pas fréquentée depuis longtemps, elle aperçut un petit café qu’elle et Julien avaient adoré. Ils y avaient passé des heures à discuter, à refaire le monde, à rêver ensemble. Elle s'arrêta un instant devant la vitrine. Des souvenirs s’y bousculaient, mais ce n'était plus larmes aux yeux qu'elle les revivait. C'était un mélange de douceur et de peine, comme si ces moments devenaient des pierres précieuses qu'elle pouvait, à présent, contempler sans trop souffrir.

Elle entra dans le café, s'assit à une table près de la fenêtre, et commanda un chocolat chaud. Les murs du café semblaient imprégnés de toutes les conversations et de toutes les rires passés, mais tout cela lui paraissait maintenant comme un ancien chapitre d’un livre qu’elle avait appris à tourner.

Elle se dit que, peut-être, il était temps de vivre à nouveau.