Clivage.

3 minutes de lecture

Il était une fois, un enfant, cet enfant avait vu sa mère partir alors qu’il n’avait que 2 ans et à partir de ce jour, il apprit à vivre seul avec son père.

Son père comme de nombreux pères était du genre à prôner l’autonomie et très vite cette liberté influença l’enfant. Il prit l’habitude de sortir quand il le souhaitait, fréquenter de nombreux amis et faire un peu tout ce qui lui plaisait.

Bien sûr tout cela n’était pas sans règles mais elles étaient simples : revenir avant la nuit, ne pas causer d’ennuis et être poli avec les autres.

Durant plus de dix ans, l’enfant évolua selon ces règles simples qui lui permettaient de s’exprimer pleinement. Ce n’était pas parfait, il lui est arrivé de rentrer chez lui et de ne trouver personne, de se retrouver face à une porte close. Il lui est arrivé de ne pas avoir l’impression d’être aimé, et même une fois ou deux d’être frappé pour une raison qui lui échappait. Mais dans l'ensemble, ce mode de vie avait fait de lui un enfant curieux de tout, n’hésitant pas à réaliser ce dont il avait envie, un enfant versatile, mais aligné avec lui-même.

Une jolie flamme passionnée et brillante qui dansait au milieu de la vie.

Mais un jour, brusquement, son père mourut et il dut quitter sa maison. Il ne s’en était jamais rendu compte mais là, il perçut la stabilité et les fondations de son petit monde, il les perçut car il les voyait tomber en morceaux sous ses yeux.

C’est alors qu’on le conduisit chez sa mère, ils s’étaient déjà vus depuis ces 10 ans mais ils n'avaient jamais pu vraiment nouer de relations stables et là tout d’un coup, ils étaient obligés de la créer.

La question était de comment faire alors que depuis plus de 10 ans un fossé s’était créé entre eux.

La mère était pétrie d’angoisse et de peur depuis cette séparation mais aussi de colère pour le père et l’enfant avait l’habitude d’être libre et d’être qui il voulait.

Sans que les deux ne s’en rendit compte, l'enfant finit par devenir la toile des projections de sa mère. Il sortait trop, ne prévenant pas assez, devait craindre le danger et moins ressembler à son père.

On ne se rend jamais compte à quel point les mots d’un parent ont de l’influence quand notre vie semble dépendre de lui.

Au fur et à mesure, et non sans se débattre, l’enfant devint adolescent, apprit à s’effacer pour correspondre à ce que l’on attendait de lui. Il devint incroyablement doué pour écouter, pour être prévisible, pour être angoissé et beaucoup moins pour s’exprimer et agir.

Un adolescent réfléchi et fiable mais obsédé par les attentes des autres.

Une petite brise de vent effacée et orientée par les reliefs de la vie.

Mais bientôt, cette brise se heurta à la flamme, encore puis encore jusqu’à ce que cela se répercute dans sa relation avec sa mère.

Et un jour l’étincelle les fit se séparer, officiellement cela s’est fait d’un commun accord mais dans le cœur des deux, je ne peux pas croire que cela n’ait pas sonné comme un nouvel abandon.

Et c’est ainsi que l’adolescent finit par devenir un adulte sur un conflit, conflit entre sa flamme et sa brise, conflit entre lui et sa mère, conflit entre son père et sa mère et la boucle fut bouclée.

A force de se confronter son autonomie et son anxiété, on finit par générer des troubles étranges comme un besoin viscéral de ne pas faire ce qu’on attend de lui tout en ressentant un profond manque de légitimité d’être lui-même. Bref des contradictions profondes prenant la forme de symptômes cherchant à le tirer dans deux sens opposés.

Son petit cœur balafré quant à lui finit par prendre la forme d’une flammèche entouré de glace.

Son caractère devint à première vue froid et nonchalant pendant qu’au fond, il était chaleureux et passionné.

Et un phénomène étrange se passa lorsqu’il rencontrait des gens. Il ne savait plus comment interagir avec eux. Il perdait ses moyens et finit par ne plus vraiment chercher les nouvelles relations et se contenta de les subir.

Parfois, une femme surgissait dans sa vie et les étincelles reprirent tantôt ardent, tantôt froid le cœur de l’adulte cherchait un nouvel équilibre, une nouvelle forme, mais il était rare que ça dure assez pour qu’un équilibre se trouve. Après tout, les étincelles ont quelque chose d’effrayant pour chacun de nous.

Vous devez certainement vous demander comment cette histoire se termine, non ?

Et bien moi aussi…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Un chat sous la neige ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0