Le départ

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Le départ.

État transitoire qui a vertu à laisser derrière soi l'incomodité des habitudes, pour faire ressurgir la plénitude quant à ce qu'il adviendra, et qui n'est pas encore découvert. Mon impatience à partir donne à l'attente l'allure d'un brasier sous mes pieds nus. Alors je pars. La sédentarité n'est pourtant pas dénuée d'attraits. Elle a d'utile qu'elle nous ancre puissamment. Et si elle est vécue telle qu'épanouissante, elle cristallise finement notre environnement. Ravivant chaque jours notre intérêt pour celui-ci, dans un rappel quotidien du bon goût des choses simples. Impossible alors d'oublier le souvenir impérissable, de la tendre présence de mes parents au coin du feu pendant nos longs mois d'hiver. Qu'ils sont beaux quand je les vois.

Mais il arrive toujours un instant de lassitude qui l'emporte à l'agréable du lieu. J'aime la contemplation dans son entièreté, elle est le prisme à travers lequel je ressens la consistance de ce que j'observe. Mais ce qui lui donne cette densité, c'est aussi le caractère éphémère que je lui impose. J'ai moins peur de la routine elle-même que de l'inertie dans laquelle elle m'absorbe. Alors il me faut partir. Trouver ailleurs ce que j'ai déjà là mais qui ne porte plus l'odeur du frais. À croire que le connu se terni et que le neuf enjolive l'oublie.

Sur les routes l'espace évolue. Les présences sont fugaces et je ne souhaite pas que cela change. Peut-être ai-je même besoin qu'elles m'échappent pour éprouver ce qu'elles sont pour moi. Ou peut-être est-ce le contraire, sans doute ai-je besoin de fuir pour me rendre beau à leurs yeux. Pensant valoir moins que mon propre souvenir en elles. Je ne sais pourquoi j'ai ce besoin qui me tord le ventre. Comme une pulsion. Comme si chaque chemins empruntés se creusaient en moi. Qui sait, le voyage n'est peut-être qu'un allé-retour en nous-même. Au bout du compte, mon corps me rattrape et mon esprit s'épuise. Mes parents me manquent aussi. Dès lors, comment ne pas être convaincu que tout bon départ a son retour.

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