— Allô ?

— Salut Mila, c’est Abigaëlle !

— Salut Abi. Comment tu vas ?

— J’ai croisé Pepito, il m’a dit que tu venais de finir le chantier du Palais des Congrès.

— Oui. Tout juste. Hier après-midi, sous la pluie.

— T’as bossé sous la pluie ?? Mais t’as vu ce qui tombait… ??

— Oui, oh… j’aime bien, moi.

— Ouais, enfin faire le concours du t-shirt mouillé au milieu de tes gars de chantier, je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée.

— T’inquiète, les gars, ils étaient à l’intérieur.

— Ben qu’est-ce que tu foutais dehors, toi ?

— Je viens de te le dire ! J’aime bien la pluie. Y’a un côté extraordinaire à la pluie. C’est comme les arcs-en-ciel, ça a un côté magique.

— T’es complètement allumée ma pauv’ fille. Et ton italien ?

— Qui ça ?

Abigaëlle crie.

— Le chef du chantier !

Mila pouffe.

— Ah… !

— Il va bien ?

— Il a réagi comme toi !

— Tu m’étonnes !

— Il a essayé de me faire rentrer mais j’ai refusé.

— Sans blague… ?

Après un silence.

— Abi… ?

— Oui ?

— Je lui ai dit pour les plans...

— Ah !

— Hum.

— Comment êtes-vous venus à en parler ?

— Ben, il y avait une erreur sur ce putain d’plan. Je me suis mise en pétard, et comme une conne, je lui ai dit que c’est moi qui dessinais.

Abigaëlle ne dit rien.

— Je ne sais pas pourquoi je le lui ai dit. Il est tellement bizarre ce type.

— Pourquoi ça t’ennuie autant ?

— Je n’en sais rien. C’était un secret. C’est comme si je n’étais pleine que de mes secrets. Et là d’en avoir laissé échapper un, je me sens plus vide, tu vois ?

— Tu sais Mila, tu ne te confies pas spécialement facilement. Moi j’ai confiance en ton jugement. Si tu lui as dit, c’est que tu as senti que tu pouvais le faire.

— J’en sais rien. Je sais plus trop. Je vais reprendre les travaux chez moi, ça va me faire du bien.