29 Parc Maillol - Cindy et Barbara

4 minutes de lecture

De : Edmond VALLONE

Objet : Livraison de Cailloux.

Date : 12 Octobre 16 :37

À : Blanche MAGNAN

 

Bonjour Blanche,

Pierre aura terminé l’enduit cette semaine.

La météo est particulièrement favorable, nous avons beaucoup de chance.

Demain vendredi ou lundi matin, un camion viendra chez vous livrer les cailloux pour le drain.

 

Cordialement,

 

Edmond VALLONE.

Conduc. & Architecte

Ent. Générale ROBERT

 

À l’entreprise Robert, dans la zone Industrielle de la Source.

Gilles à la porte du bureau, appuyé sur la poignée :

— Edmond, tu viens boire un café avec nous ? Tu n’es pas sorti de l’après-midi, tu ne nous as pas raconté tes histoires de tram et de bouchons. Ça nous manque !

— C’est sympa Gilles, mais j’ai un truc à finir.

 

Edmond est à son PC. Il a envoyé tout un tas de mails à tout un tas de gens depuis trois semaines. Certaines réponses sont arrivées.

Deux projets sortent du lot.

Il a des contacts d’un côté comme de l’autre pour faire partie d’une équipe de projet.

 

Gilles tape encore à la porte.

— Tu éteindras les lumières ?

— Qu’elle heure est-il ?

19 h 30.

Trop tard pour Magnan, ric-rac pour les copains au club.

Il éteint son PC, attrape son manteau, sort.

 

Le panneau « Parc de l’Ubac » l’éblouit.

Il entre sur le parking et n’a aucune difficulté à trouver une place. Un préfabriqué lui indique une borne pour retirer des cartes de transports. Il s’y arrête, décidé à en prendre une. Il est perplexe. La carte est à choisir suivant le nombre d’utilisations hebdomadaires, le nombre de stations empruntées. Il opte pour le choix le plus plébiscité, celui en gros sur l’écran.

Il repère le tacot de Mila et un tram arrive. Il s’installe, pour une fois assis et le tram démarre. Aux lumières de la ville, c’est beau. Les abords un peu surfaits des nouveaux quartiers périphériques et petit à petit les zones plus anciennes avec leurs lampadaires Art Nouveau. Le tram ne se remplit pas beaucoup, il file. Edmond sort à Gambetta, et traverse les voies vers l’immeuble. Dernier étage. À droite le bar avec une superbe vue sur le parc et le centre-ville, à gauche la salle de sport et les vestiaires. Déjà il entend Fabrice.

— Tu es à la bourre, Léo ! On s’est fait Barbara [1]. Pas vrai les gars ?

Edmond entre dans la salle, salue tout le monde.

— Ouais, ben voyons !

Christophe :

— On blaguait en t’attendant.

Fabrice :

— On se raconte combien vivre à deux, ben c’est pas toujours facile, mon gars !

Christophe :

— Ouais ! C’est la merde chez moi. Audrey et ma mère se font la guerre. Et moi je suis comme un con au milieu. Y’a toujours un truc qui déconne. Ma mère a toujours un truc à redire au sujet du petit et Audrey se vexe, alors elle s’en prend à moi. Ça me gonfle.

Edmond :

— Ah ! Et moi les mecs, je ne suis pas venu pour pleurer sur vos femmes. On se fait quoi ce soir ?

Christophe :

— Un truc facile.

Stéphane :

— Cindy, ça vous va ?

Fabrice :

— C’est quoi déjà Cindy ?

Stéphane :

— Le plus de reprises possibles de 5 tractions, 10 pompes, 15 squats en vingt minutes.

Fabrice :

— Vingt minutes ! J’serais mieux dans mon canap’ avec la zapette.

 

Les gars ont mis de la magnésie sur leurs mains, ils sont en place. Le stand de traction ressemble à un portique de jardin public pour enfants de huit à douze ans, sauf qu’une fois accrochés, les hommes ne touchent plus trop les pieds par terre. Il y a des femmes dans la salle, mais elles sont comme eux. Tout le monde a dû signer un papier avant d’entrer : interdiction de se moquer.

Les minutes s’égrènent. Les hommes soufflent, Edmond ne rit plus, rouge comme les autres. Au bout des vingt minutes, Fabrice est allongé sur le dos, les bras en croix, Christophe est plié en deux, les mains sur les cuisses. Stéphane est adossé contre le mur, une bouteille d’eau à la main, causant avec un Edmond rayonnant.

Les quatre hommes s’étirent, respirent, soufflent. Puis la douche.

Fabrice dont les muscles des avant-bras tétanisent :

— Je n’arrive même pas à mettre mes chaussettes !

Stéphane :

— Il faudrait que tu viennes plus souvent.

Fabrice :

— Ouais ! On verra quand t’auras trois gosses, une femme et une maison, combien de fois par semaine tu fais du sport.

Christophe :

— Ou des emmerdes entre ta femme et ta mère !

 

Edmond range ses affaires trempées, se rhabille et salue Christophe, le seul qui traîne encore un peu, et rentre chez lui par le parc.

Les joggers le dépassent mais il ne les envie pas du tout.

Il glisse la clé dans la porte métallique, entre dans le hall et appelle l’ascenseur. Il appuie sur le 6 et se laisse expédier au dernier étage.

Chez lui, il ouvre le frigo, sort un plat de la veille sous papier d’alu et une demi-baguette du congélateur. Il met tout cela au four, tourne le bouton.

La pièce est grande, elle a deux grandes fenêtres qui donnent sur le parc Maillol et la grande pelouse. Elle compte une cuisine aménagée avec un îlot central, un séjour avec une table rectangulaire et quatre chaises, un grand canapé trois places avec un pouf devant une table basse en verre et une grande télévision posée sur un petit meuble. Sur le manteau d’une ancienne cheminée sont posées des photos.

Edmond revient, pieds nus, torse nu, en bas de pyjama noir descendu sur les hanches, il sort une bouteille d’eau gazeuse du frigo et devant une fenêtre, s’en tire une rasade.

Il bricole sur son PC et de petits baffles posés à côté de la télé diffusent Matchbox Twenty, dernier album.

[1] Un programme de CrossFit nommé Barbara, de difficulté équivalente à l’ouragan de même nom. https://ninerouve.wordpress.com/la-maison/le-monde/les-elements/#crossfit

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