64 Brocéliande - Stratégie, simulation, gestion

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Edmond tend la main de l’autre côté du lit. Le drap est froid. Il tâtonne, trouve son téléphone, regarde l’heure.

6 h.

Sa main est bandée.

Les volets ne sont pas tirés, il fait encore nuit. Il est bien réveillé, il a bien dormi, s’est réveillé dans la même position qu’il s’était endormi, mais tout seul.

Mila n’est pas venue à 5 h. Peut-être partie à cette heure-là.

Hier soir, c’était bien. Un peu sombre.

Il se caresse le ventre, se félicite. Il s’habille, pianote sur son téléphone, écrit quelque chose sur une page vierge de son carnet. Et sort.

 

7 h.

Mila ouvre les yeux. Le soleil commence juste à éclaircir la nuit.

Elle attrape son téléphone.

— Oh Edmond !

Elle s’assoit.

— « Suis parti voir les dégâts sur la route. Appelle-moi »

Elle se laisse tomber dans le lit, les bras en croix, le téléphone sur la poitrine. La tension remonte, ses pulsations l’assaillent de nouveau. Elle ferme les yeux.

Pffffeeeu. Respire.

Elle répond.

— « Dis-moi qu’ils en ont pour une semaine ! »

Elle efface, envoie finalement.

— « Suis réveillée ».

Elle se lève, direction la douche. Elle remarque un bout de papier devant la porte.

Une feuille du carnet d’Edmond :

— Ça y est, debout ? Appelle-moi, même si c’est pour me dire que tu t’en vas.

Elle retourne chercher son téléphone, et avec mille peines sur son téléphone à touches, elle écrit.

— Pas l’intention de partir. Veux savoir comment tu travailles.

Puis la douche.

 

Edmond marche sur le bord de la route. La voie est défoncée sur un bon mètre de large par l’éclatement d’une buse enterrée. La route est coupée, des véhicules de travaux publics sont stationnés tout le long. Les gars n’ont pas encore pris le boulot, le jour n’est pas encore levé.

Une vibration dans le pantalon.

Il lit le premier message de Mila. Sourit, le range. Une vibration de nouveau, il ressort le téléphone.

 

Mila sort de la douche, lit la réponse d’Edmond.

— « Je rentre ».

Troublant comme expression.

Elle s’habille et ouvre légèrement la porte. Elle veut l’entendre quand il va passer. Elle range, surexcitée, les vêtements, fait le lit. Elle ouvre la fenêtre pour aérer.

Le jour s’est levé, il fait gris, une fine pellicule de neige recouvre tout.

 

Avec la fenêtre ouverte, elle n’entend pas l’ascenseur.

— « Toc toc ».

— Je peux entrer ?

Mais Mila ne répond pas, elle traverse la chambre, ouvre la porte en grand sur un Edmond souriant des yeux, la bouche enjôleuse.

— Salut ! dit-il de sa voix claire et caressante.

Mila sourit béatement, les pupilles dilatées, la langue contorsionnée dans un coin de la bouche. Elle s’écarte pour le laisser entrer mais Edmond lui attrape le poignet et la tire dans le couloir.

— Approche, je suis tout dégueulasse.

Il lui prend la nuque et l’embrasse.

— Tu m’attends ? Je vais me changer.

— Oui, à tout à l’heure.

Edmond s’en va, marchant droit devant lui sans se retourner.

 

Mila le regarde partir comme on regarde le soleil se coucher et disparaître. Avec un sentiment de perte.

Elle n’a qu’une envie, c’est d’y aller, de le retrouver dans sa chambre et de poursuivre leur conversation de la veille au soir, celle avec les mots, celle avec les peaux.

Mais y’a un truc qui gêne. Il lui fait le même coup qu’hier. Le coup du manque ! Elle réalise que, s’il faut, c’est aussi ce qu’il a fait la fameuse semaine où il n’a pas pris le tram.

Le mufle.

Putain, s’il fait ça, ça veut dire qu’il sait exactement comment la mener par le bout du nez. Non. Ça ne lui ressemble pas. Il n’est pas calculateur, ce n’est pas un manipulateur. Non.

Elle reprend l’oreiller, le bon, son cœur s’égosille, son estomac fait la gueule, elle est complètement excitée même en son absence.

Elle l’attend.

Elle ne veut pas se lever pour allumer la télé ou dessiner sur son carnet.

Et il voudrait qu’ils travaillent ? Ça va pas la tête ?

Son esprit est occupé par tout autre chose qui le cannibalise tout entier : son corps.

Elle envisage un instant de lui écrire un SMS pour le lui dire, pour qu’il ne soit pas surpris.

À sa place, elle aimerait savoir ce genre de chose, pour anticiper, savoir à quoi s’attendre. Mais Edmond n’est pas comme ça. Il est même exactement contraire. Il aime les surprises et les jeux.

Pourvu que ce soit une bonne surprise pour lui.

 

Edmond a rejoint sa chambre. Sûr de lui. Il a bien vu que Mila était excitée. Mais elle avait l’air reposé. Le malaise d’hier semble être un mauvais souvenir, la page doit pouvoir être tournée.

Celle de son malaise oui, mais celle de leur danse et de leur début de nuit, il espère que non. Il faut reconnaître aussi que, même si elle avait l’air un poil excité tout à l’heure, elle n’est pas là, là, tout de suite.

S’il faut, elle était excitée parce que la situation est particulière et qu’elle a tellement de trucs dans la tête qu’elle ne sait plus où elle habite et que, finalement, cela n’a rien à voir avec de l’envie de lui. Sexuellement parlant.

Il met sa chemise bleu nuit, replie les poignets, ouvre les premiers boutons du haut. Sort, avance dans le couloir, ouvre un autre bouton.

 

Mila, allongée sur le lit, gère comme elle peut les assauts d’images et de sensations que lui assènent son corps, sa conscience, son esprit. Car pour une fois, ils sont tous d’accord.

Union CCE.

— « Toc Toc ».

Elle saute du lit et ouvre sur Edmond, appuyé sur le chambranle de la porte, mode séducteur activé. Les yeux mi-clos, les mains dans les poches, pouces sortis, un pied croisé l’un à côté de l’autre, la chemise bien rentrée dans le jeans avec la large ceinture qui marque son ventre plat et long. Poils au balcon.

Edmond :

— On va déjeuner ?

Mila recule dans la chambre. Elle fouille dans un sac et sort une paire de chaussettes.

Edmond entre et s’adosse nonchalamment à la cloison de la salle de bains. Mila se chausse, elle ne le regarde pas et son visage n’exprime plus rien.

Edmond ne comprend rien.

Elle passe devant lui et appelle l’ascenseur juste de l’autre côté du couloir. Le voyant indique 3.

Edmond ferme la porte de la chambre. Il lui attrape les doigts et la tire contre lui. Mila souffle, les yeux clos, le visage soudé à son cou.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Ils entrent. Edmond appuie sur le 0. Il cherche sa bouche. Pas longtemps.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent de nouveau.

Une petite dizaine de personnes âgées discutant bruyamment apparaissent et se taisent aussitôt.

Un monsieur :

— Vous sortez ?

Edmond enlaçant Mila :

— Non, je crois qu’on remonte !

Il appuie sur le 2, ils se poussent dans un coin et Edmond prend Mila dans ses bras. Quatre personnes rient d’un air entendu en entrant dans la cabine.

Au 1, les personnes descendent, au 2, Edmond et Mila.

— On va chez qui ? demande-t-il.

— Chez moi !

 

Mila ouvre la chambre, se déchausse et à la fenêtre, tire le rideau : la pièce s’assombrit complètement. Seul un rai de lumière apparaît à la fenêtre

Edmond s’adosse contre le mur et la regarde faire, un sourire moqueur.

Mila :

— Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’aimes pas mes préliminaires ?

— Parce que ce sont des préliminaires ?

Mila ricane. Edmond s’approche d’elle et l’attrape par la taille.

— Pourquoi tu ne veux pas de lumière ? Je veux nous voir, moi.

— Et moi je ne veux pas que tu me regardes.

— Alors comment on fait ?

— Eh bien on ne fait pas !

Elle tente de s’échapper des bras d’Edmond qui la retiennent.

— Eh ! Eh ! Du calme… ! Tu es belle. Je sais que tu as des grains de beauté de partout. Mais je ne les ai pas bien vus ! Tu as un corps magnifique, j’adore te regarder.

Mila a détourné sa tête.

— Mila, même dans le noir, dans celui d’hier et dans celui-là, je te vois et je te regarde. Et j’adore ça. Je ne suis pas maso. Je ne fais que des choses qui me font du bien. Et te regarder, toi, ton corps, tes expressions, j’adore. Tu ne peux pas savoir comment ça m’excite.

— Je simule très bien.

— Pardon… ?

— Hum.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Parfois il vaut mieux simuler. Ça va plus vite !

Edmond est collé.

— Euh... d’accord… ! J’espère que tu ne simuleras jamais avec moi. De toute façon je m’en rendrais compte !

Mila ricane, Edmond vient de réaliser quelque chose.

— C’est pour ça que tu sais pas gérer. Tu n’as pas l’habitude… !

Mila tire de nouveau.

— Stop ! OK ! Excuse-moi !! Je ne veux pas te vexer. Et je ne veux pas savoir des trucs que tu ne veux pas dire. Mila ! Je vais te lâcher ! Mais j’ai besoin de te parler et que tu m’écoutes ! Si je te lâche, je sais que tu vas partir… !

Il garde la bouche ouverte, prêt à ajouter quelque chose, mais il se tait.

Mila se calme. Lentement.

Edmond desserre sa poigne, et finalement la libère.

Elle recule immédiatement au fond de la chambre et serre ses bras contre sa poitrine.

Edmond :

— Euh… écoute, mets les lumières, les rideaux, les bandeaux… comme tu veux …

 Il lui fait un clin d’œil aguicheur.

— Comme tu veux, mais dis-moi ce que tu veux, ce que tu aimes. Je ne peux pas savoir sinon. Et je veux savoir. Moi euh… je fais comme j’ai l’habitude… Mais je peux faire différemment. Il faut juste que tu me dises ! Ou que tu me guides… !

Edmond rigole. Mila ne réagit pas. Elle respire toujours de façon irrégulière. Mais elle l’écoute.

— Je suis sûr qu’on a… euh… tout ce qu’il nous faut. Ça marche entre nous ! Euh... Surtout si tu as l’habitude de simuler… eh bien, avant, dès qu’un truc ne te va pas, dis-le-moi. Je serais mort de honte si tu simulais avec moi.

— Tu te mettras en colère, tu te sentiras humilié, dit-elle dans un murmure.

— T’en sais rien ! J’aime bien essayer des trucs nouveaux…

— Les hommes aiment bien « dominer » leur sujet.

Edmond ne la distingue pas précisément mais il entend sa voix et le ton est acerbe, pour le moins. Elle ajoute :

— Tu as toi aussi besoin de contrôler, d’avoir ce sentiment que tu maîtrises. Je ne suis pas sûre que dans ces moments-là, tu sois en mesure de garder ton calme et ta sérénité.

Edmond lâche malgré lui :

— De toute façon avec toi, ce sera comme ça, sinon il n’y aura rien !

— C’est pour cela que je voulais qu’on aille chez toi, dans ta chambre. Pour que si j’en avais besoin, je puisse en partir !

— Et maintenant, tu as confiance en moi et c’est pour cela que nous sommes ici, dans la tienne… !

Un temps s’écoule dans un sablier.

 

Mila réfléchit. Elle soupire et s’apaise.

Edmond s’approche d’elle, touche sa main, et risque ses doigts entre les siens.

— Je suis désolée, Edmond. J’ai un certain nombre de casseroles.

— Ouais, je sais ! « Des heures de vol et invendable ! »

Mila s’est détournée. Edmond approche son visage du sien et chuchote :

— J’en ai aussi mais tu es la première nana à ma taille. Ça se tente, non ! Combien tu mesures ?

— 1.76 m, murmure-t-elle.

— Et en plus tu joues au golf pas trop mal...

Il sent le visage de Mila qui bouge, ses cheveux qui effleurent son cou. Il sent son souffle chaud sur sa peau qui le caresse.

— Tu aimes être dehors. Tu dessines. Tu aimes m’écouter chanter…

Le nez de Mila se frotte, ses lèvres, ses mains se posent. Il attrape le téléphone dans sa poche et le pose sur le porte-valise. Il murmure :

— Tu aimes le vin rouge, moi aussi, le foie gras poêlé… Tu es belle, je suis beau… !

Les lèvres de Mila le foule, sa langue le touche. La respiration d’Edmond se coupe, le désir se rue hors de son ventre.

— Tu aimes les Aston Martin. Tu aimes mes maisons. Tu aimes la façon dont je conduis…

Il glisse ses mains dans les cheveux de Mila et accompagne sa tête dans ses attouchements. Il baisse son visage, rehaussant ses épaules, se courbant tout contre elle pour l’envelopper.

— Y’a que pour la pluie où là, par contre… on n’est pas bien d’accord !

Il entend Mila rire. Il chuchote :

— Tu aimes danser avec moi, je le sais. Tu aimes mes lèvres, ma bouche. Tu aimes mes baisers, je le sais. Tu aimes mes mains. Tu aimes mon corps. Je le sais.

Les lèvres de Mila se referment sur le lobe de son oreille. Il perçoit son souffle rauque. Il tire ses cheveux dans une plainte pâle. Les mains de Mila le sculptent avec gourmandise.

— Tu aimes mes caresses sur ta peau. Je le sais. Tu aimes mes caresses dans ton corps. Je le sais. Je retire tout ce que j’ai dit sur tes préliminaires…

Mila pouffe dans son cou. Il s’écarte à peine pour pouvoir articuler.

— Si c’est la soumission que tu veux m’enseigner, je suis d’accord !

La langue de Mila force ses lèvres et s’engouffre à l’intérieur. Il articule avec regret.

— On n’a pas encore déjeuné. Pourvu que tu ne tombes pas dans les pommes.

Il l’enlace et lui dit dans un souffle :

— Qu’est-ce que tu veux ? Dis-moi ce que tu veux.

Mais Mila se fige alors.

— Je ne sais pas, je n’en ai aucune idée !

Elle se recroqueville, se cache à nouveau et d’une voix plus souterraine encore, elle chuchote :

— J’ai très envie de toi…

 

Edmond reconnaît ce passage, ce moment où la machine s’emballe. Ce moment où si on laisse faire, en cinq minutes tout est plié.

— Est-ce que… euh… on peut faire durer un peu ?

— Si tu veux…

Alors Edmond s’écarte de Mila. Les pouces près de ses lèvres, il jubile en découvrant ses yeux à la fois fiévreux et surpris.

— Quoi… ??

— Je veux qu’on prenne notre temps. Laisse-moi faire !

Il passe les mains sous son pull et la caresse.

Mila halète, la poitrine dressée, pointue et agressive.

Puis elle crie et le repousse brutalement.

— Non, non ! Ne me touche pas. Ne me touche plus !

Edmond recule. Tête basse, la main sur la nuque.

Mila crie encore, avec violence :

— Edmond ! Il faut que ça dure ou il faut que je jouisse moi toute seule. Putain !

Edmond prend sur lui. Froidement il dit :

— Je voulais que tu aies le temps de te calmer !

— Me calmer ? En me touchant comme ça ! Mais tu te fous de moi ! Comment tu veux que je me calme ! C’est putain de pas possible. J’suis pas excitée, c’est un problème. Je le suis beaucoup, c’en est un aussi ! Merde alors… !

Elle enchaîne :

— Putain… !!

Edmond hausse le ton.

— Je pensais que si je ne t’embrassais pas, tu te calmerais !

— Quoi…?

Edmond serre les mâchoires, vexé, humilié, rageur.

Mila le regarde un instant. Son visage change d’expression, de furieux, ridé, il s’adoucit. Elle réfléchit.

Elle baisse ses épaules, baisse les yeux, cherche quelque chose à gauche, à droite. Elle approche son visage du sien, doucement, en l’inclinant sur le côté, elle le regarde tendrement. Elle dépose un baiser en biais sur sa bouche. Un autre. Edmond boude et détourne sa tête.

Elle s’écarte et par dessous, elle lui dit avec émotion.

— Edmond, te regarder m’affole, te toucher me bouleverse. Mais que toi tu me touches, où que ce soit, ça me… elle cherche des mots, ça me consume ! Je suis carbonisée !

Elle baisse encore la tête, cherche les yeux d’Edmond. Mais il recule, croise les doigts de ses mains au-dessus de la tête et se redresse, arrogant, le regard fermé.

— Je suis désolée d’être autant excitée. Je ne sais pas quoi te dire. Peut-être qu’on peut essayer sans que tu me touches. Juste moi ?

— C’est n’importe quoi !

Il recule encore, se détourne.

Mila va vers la fenêtre et tire le rideau. Elle revient et s’assoit à côté de lui sur le lit, affligée.

À voix très basse, Edmond dit :

— Je voudrais que tu prennes beaucoup, beaucoup de plaisir. Pas que tu me trouves nul, trop rapide, ou égoïste...

— Comment ils sont les autres gens ? Ils ont des conversations comme ça, dès le deuxième jour ?

— Même pas le deuxième jour !

Un temps.

— Edmond, je vais te dire quelque chose. Promets-moi de ne pas te moquer, de ne pas me juger.

Edmond fronce les sourcils, mais ne répond pas.

— Le dernier mec avec qui j’ai couché, c’était bien la première fois. Ensuite plus. J’avais mal. Et puis, j’ai découvert qu’en simulant, ça allait très vite. En dix minutes c’était plié.

— Pourquoi tu es restée avec lui ?

— J’sais pas. Je crois qu’il était différent de mon monde. Il bossait sur les marchés. Il avait les cheveux longs en rasta. Il fumait, il buvait. Il était heureux pour tout. Pas besoin d’un avenir tracé. Il vivait au jour le jour…

Mila soupire fort.

— Enfin… c’est ce que je croyais. Tous les marchés de la semaine revenaient chaque semaine, indifféremment. Une fois, un autre commerçant a pris notre emplacement, et il a fait un foin du diable. Notre vie au pieu était pareille. Le dimanche, c’était missionnaire, le lundi levrette, mardi relâche : il y avait ses copains à l’appart’ alors il buvait et fumait jusqu’à plus soif. Et le jeudi, ça recommençait pareil. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite.

Edmond sourit et puis soupire.

— Moi, j’étais bien avec mon ex. Elle était toujours apprêtée, bien coiffée. Maquillée impeccable…

Mila baisse la tête, cherche à disparaître.

— Edmond, j…

— Elle souriait toujours. Je l’ai emmenée chez mes parents, je sais pas combien de fois, je suis allé chez les siens... Elle était toujours d’accord avec moi. Sur tout. À un moment, j’ai dû arrêter de lui demander son avis. Notre vie était tracée, bien rectiligne. Au lit, elle était toujours parfaitement épilée, des tonnes de sous-vêtements plus sexy les uns que les autres. Mais il n’y avait qu’une seule position et elle jouissait après toujours les mêmes préliminaires, sans moi. Je m’occupais de moi après. On faisait ça chacun notre tour ! Et il y avait aussi un calendrier. Les jours possibles et les jours pas possibles. C’était bien organisé…

 Et comme pour lui-même, d’une voix plus basse encore :

— Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça…

Il baisse la tête.

— Tu n’aimes vraiment pas la pluie ? demande-t-elle.

— Non ! Vraiment pas !

— Ça se fait de dire « je t’aime » le premier jour ?

— Non, attends demain !

Edmond se lève, repousse Mila au milieu du lit et la fait s’allonger sur le dos. Il s’allonge à son côté et s’appuie sur son coude. Il dit :

— On n’a rien décidé sur notre stratégie cul.

— Hum.

— Aurais-tu une suggestion ?

— … non…

— Moi, je voudrais… que tu continues à être atrocement excitée par mes caresses. Et si tu es atrocement excitée à cause de moi et que tu ne peux pas attendre, eh bien, qu’on le fasse vite et qu’on y revienne souvent. Jusqu’à ce que tu sois rassasiée !

Edmond ricane, Mila sourit et cache ses yeux derrière ses doigts croisés.

Mila :

— Moi, je voudrais qu’on puisse continuer à en parler, aussi librement. Et je voudrais que tu me dises si tu aimes les miennes de caresses.

— Comment ça ?

Mais Mila ne répète pas.

— Ah… ! Eh bien, disons que quand je te demande de te calmer euh… c’est aussi pour que je me calme, moi.

— Ah !

Un temps.

— Edmond ?

— Mila !

— On va déjeuner ?

Edmond ricane.

— Ouais.

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