74 Cité Fondée - Boussole

3 minutes de lecture

De : Edmond VALLONE

Objet : Ce soir

Date : Lundi 13 Novembre 13 :47

À : Blanche MAGNAN

 

20 h chez moi.

EV.

 


De : Blanche MAGNAN

Objet : Re : Ce soir

Date : Lundi 13 Novembre 14 :01

À : Edmond VALLONE

 

Pas de tram ce soir ?

Et tu seras arrivé depuis… secondes ?

Et tu auras préparé… pour manger ?

(Remplir les pointillés SVP).

 

Mila.

 


Dans l’après-midi, un téléphone qui sonne.

— Magnan !

— C’est moi !

— Pardon… ?

— C’est moi !! Vallone !!

— Edmond ??!

— Ce soir, je t’appelle quand j’arrive !

— Euh… 

— Je ne sais pas quand je vais rentrer, j’ai du boulot.

— Tu auras à manger ?

— Oui, des bricoles. À ce soir !

 

En soirée.

— Mila !

— C’est moi, je suis rentré. Tu viens ?

— Euh… Oui… J’arrive.

 

Mila sort du tram à la station Saint-Gatien. Il pleut. L’appartement d’Edmond est éclairé. Au moins il est là.

Elle marche jusqu’à la porte métallique, sonne. Personne ne répond.

Elle pousse la porte. Qui s’ouvre. Appelle l’ascenseur, monte et à la porte d’Edmond, elle tape. Personne ne répond. Y a-t-il une sonnette ? Elle s’énerve. Edmond est sous la douche c’est sûr ! Pas en train de l’attendre. Non. Lui, il n’attend pas, ce sont les autres qui attendent !

Elle trouve la sonnette, sonne, colle son oreille à la porte. Putain, si les voisins la voyaient faire.

Une voix étouffée crie à l’intérieur.

— Entre !

Mila entre dans l’appartement, elle pose le parapluie, le sac de sport, son manteau trempé, ses chaussures et pénètre dans la pièce. Edmond n’y est pas.

 

C’est con mais elle est bien dans cet appart’.

Il est ouvert, au propre comme au figuré. Agréable à vivre, pas figé, pas compliqué. Elle entend l’eau de la douche couler. Elle se laisse aller à ce sentiment. Edmond ne met pas de barrière. Ce qui est à lui, ce qui est à elle, tout est à tout le monde. Il ne compte pas. Il a mis de la musique : Bruno Mars [1].

Les photos sont toujours là. Les gens dedans n’ont pas bougé. Il y a toujours le kayak, la famille et les amis. Les amis, elle les regarde à nouveau. Edmond est le second à gauche. Il est le plus grand, mais c’est le plus jeune. Ils ont quoi vingt-cinq ans les trois, mais lui doit avoir moins, quinze ans, peut-être un peu plus. La façon dont ils se tiennent les uns les autres est drôle aussi. Ils entourent Edmond et lui croit les entourer, eux. 

— Salut Princesse. Ça va ?

Il l’embrasse.

Edmond :

— Tu as survécu deux jours et deux nuits sans moi ?

Mila ricane.

Edmond :

— Merde alors ! Mets-toi à l’aise, je prépare à manger.

Edmond prépare des pâtes. Il a sorti du jambon sous plastique. Mila hésite entre rester de l’autre côté de l’îlot, en invitée, ou passer près du plan de travail, en hôte.

Elle regarde Edmond tout absorbé à goûter les macaronis au-dessus des gros bouillons, elle sourit et s’engouffre dans le Channel [2]. Elle met la table sur l’îlot, sert le Bourgogne dans les jolis verres ; Edmond sert le reste.

Ils mangent.

Mila remarque qu’Edmond trône, sûr de lui.

Aucun doute.

Sur rien.

Il est bien, heureux, bienheureux. Elle fronce les sourcils un peu. Mais pas trop. Elle ne voudrait pas avoir à lui expliquer ce qu’elle ressent. Toutes ces questions.

Edmond raconte alors sa journée, les chantiers, les gars de chantier et puis les plans pour les Niel. Mila l’écoute.

Il y a quelque chose de fou à écouter Edmond se raconter. Il ne pose aucune question, lui, sur elle, sur sa journée. Sur le fait qu’elle pourrait l’avoir attendu ce soir et qu’elle ait accouru quand il l’a appelée. Mila est toute déboussolée. Il prend les choses comme elles lui viennent, brutes, sans aucune mise en perspective. Il ne demande rien et en même temps, si elle disait quelque chose, il l’écouterait. Elle en est certaine. Elle se sent bien en fait, près de son ego à lui, surdimensionné. À la fois, elle a envie de raconter sa journée, qu’il l’écoute lui aussi, pour vivre, elle aussi ce sentiment d’être entendue, d’avoir quelqu’un, là, présent rien que pour elle, comme si elle était importante en fait. Et à la fois, elle n’a tellement rien à raconter.

 

Edmond sort deux danettes au chocolat et ils les mangent devant la télé et Castle.

Il a ensuite dit « viens, approche » et Mila s’est allongée entre ses jambes. Il l’a déshabillée vite, l’a caressée, il l’a emmenée dans la chambre dans le noir, et il l’a prise, vite, et un peu fort aussi.

Il a dit qu’il adorait baiser avec elle.

Et vers minuit Edmond dormait, Mila est partie avec toutes ses affaires, y compris celles qu’elle n’avait pas encore sorties du sac.

[1] Bruno Mars est auteur-compositeur-interprète et producteur de musique hawaïen, très influencé par des artistes comme Elvis Presley, James Brown et Michael Jackson. https://www.youtube.com/watch?v=OPf0YbXqDm0

[2] La Manche en anglais, mer entre le continent Europe et le Royaume-Uni.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Nine Rouve ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0