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— S’il vous plaît ! s’époumona-t-il, désespéré.

Le garçon sursauta à ce cri. Il ouvrit les yeux, le dévisagea hébété pendant quelques secondes, avant de porter sa concentration vacillante autour de lui. Cet examen des lieux sembla le sortir de sa torpeur car c’est avec effarement qu’il regarda ensuite Bastien.

— Comment est-ce que… ? commença-t-il d’une voix rauque.

— Ça va ? Bon Dieu, tu m’as fait une de ces peurs !! C’était quoi ce truc ? Cette fille... cette chose, enfin j’sais pas ce que c’était, elle a disparu comme ça et... Personne ne bougeait ! Elle allait te tuer, bordel !

Les mots jaillissaient de Bastien, sans qu’il tente de leur donner un ordre ou un sens. Maintenant que c’était fini, ça n’avait pas d’importance, de toute façon, il n’arrivait juste pas à croire à ce dont il avait été témoin. Témoin d’une tentative de meurte ! Commise par une fille qui étrangle les gens allègrement sans que personne ne le remarque, et qui disparaît comme par enchantement ! Et tout ce bazar à cause d’un garçon qui l’observait comme s’il représentait toute cette incohérence absolue. Du reste, c’était bien possible, au point où il en était.

— Comment t’as fait ? s’enquit le supposé Arthur. La fille, pour la faire fuir, précisa-t-il devant sa confusion.

Bastien était désarçonné. C’était donc tout ce qui l’intéressait, la manière dont il avait réussi à la faire fuir ? C’est plutôt lui qui avait été tenté de fuir lorsqu’elle lui avait adressée la parole, avec son hideux sourire et ses paroles glacées. Et elle n’avait pas fui. Elle s’était juste volatilisée. Normal, quoi.

— Je ne sais pas moi, je l’ai frappée. Je voulais juste l’empêcher de t’étrangler.

— Tu l’as frappée, répéta d’une voix faible un Arthur incrédule.

— Ben oui. Qu’est-ce que c’était ?

Son interlocuteur ne répondit pas à sa question. Il le contempla attentivement, puis déplia lentement ses doigts.

— Faut pas rester là, ça se réchauffe.

— Quoi ?

Si un jour on lui demande d’expliquer le terme « égaré », Arthur n’aurait pas à sa portée de meilleure illustration que cet étranger pour le moins étrange, aux épais cheveux noirs et aux yeux d’un bleu profond qui n’exprimaient rien d’autre que l’égarement. Il avait visiblement l’air de débarquer, ce qui ne contribuait qu’à accroître la stupéfaction d’Arthur.

C’était bien la première fois qu’il rencontrait quelqu’un capable de les voir et de les mettre en fuite, rien qu’en les frappant. Et ce, juste au moment où il frôlait l’agonie.

Il se releva tant bien que mal. Il s’aperçut que son sauveur le dépassait d’au moins une tête et peut-être bien de deux ou trois ans. Quoique là, il avait plutôt l’air d’un gamin terrifié et désorienté.

— C’est qu’on est en plein milieu, expliqua-t-il en entraînant son compagnon vers le trottoir, et on va bientôt se faire écraser si on ne bouge pas de là.

Visiblement, cette info ne semblait pas éclairer le gars qui paraissait toujours aussi perdu. Ce qui ne l’empêcha pas de le pousser soudainement sur le trottoir, si violemment qu’Arthur manqua la marche. Et il se serait à nouveau étalé de tout son long si le garçon ne l’avait pas soutenu.

— Connards ! hurla à leur intention le cycliste qui avait fait une embardée pour les éviter.

— Beau réflexe, commenta Arthur. Tu pourrais devenir mon garde du corps à ce train-là.

Bon. Sa boutade comme tentative de normalisation était lamentable mais heureusement, elle n’avait pas atteint son voisin qui, défait, gardait les yeux sur la chaussée.

Arthur suivit son regard. La voie de circulation, complètement vide au moment où il était en manque d’air, était à présent bondée, comme à l’accoutumée dans le centre-ville. Il comprenait aisément sa réaction et était certain de savoir ce qu’il pensait à l’instant.

— Je t’offre un café ?

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