Chapitre 9 : Bien sûr que j'ai peur ! Et alors ? (1/4)

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« Elle était de retour, cette sensation de regarder la vie s’écouler à travers une épaisse vitre et de ne pas être faite pour ce que je voyais. »

Ce qu’il reste d’Alice, T.R. Richmond

— Est-ce qu’il y a des effets secondaires ?

Arthur dévisagea Claire en silence, attendant qu’elle explicite ses propos. Le vent charriait une légère bruine en volutes brumeuses soulevées négligemment pour leur gifler le visage. Il rabattait les mèches de Claire dans tous les sens, l’obligeant à opérer un mouvement constant d’essuie-glace de la main pour améliorer sa visibilité. Sous sa capuche dérisoire qui ne laissait dépasser que ses oreilles fines dévoilées par intervalles, ses yeux s’en retrouvaient réduits à deux fentes en forme de pépins. Avec ce genre d’atmosphère, sa façon d’être, sa pose en équilibre précaire sur le banc, comme prête à s’envoler, Claire évoquait à Arthur un elfe sylvestre.

— À ce qu’on a, ajouta-t-elle en baissant d’un ton, comme pour ne pas se faire remarquer davantage. Ils étaient tous les deux sous l’abribus, un lieu qui n’était jamais vraiment désert, à plus forte raison les vendredis après-midi. Mais sa façon d’évoquer les choses semblaient sous-entendre qu’ils étaient frappés d’une maladie incurable.

— Parce que t’as l’impression de ressentir des effets secondaires ? demanda Arthur pince-sans-rire, les yeux dans le vague.

Claire porta instinctivement la main à sa gorge ornée d’une écharpe colorée vert obsidienne mais ne répondit pas. Elle se contenta de déplier lentement les doigts, un à un, pour faire le compte de ce qui n’allait pas. Arthur la regardait faire, attentif au cheminement de ses pensées. Inquiet. Ces jours-ci, Claire n’était plus tellement bavarde, privée de sa voix, et de ses ficelles, disloquée. Claire en poupée mutique, c’était terrifiant.

Il se remémore soudainement cette fille imprécise, impossible à fixer dans sa mémoire, au sourire triste qui n’atteindrait jamais ses yeux et il saisit avec effroi qu’il tient la bonne comparaison. Claire s’apparentait aux fantômes qu’il n’avait cessé de croiser, ces créatures brisées qui ne cessaient de l’accaparer lorsqu’il s’absentait de lui-même. Ils n’avaient cessé de l’aborder en quête de réconfort et d’écoute, et sans mot dire avaient voulu tout prendre, avides de tout sans rien partager, afin de nourrir un puits sans fonds dénué de l’étincelle d’une âme.

En cet instant, Claire se confondait en eux. Un mécanisme brisé en elle la poussait vers une demande accrue d’attentions. La raccompagner chez elle à tour de rôle faisait partie des conditions. Et pourtant, elle en voulait toujours plus, elle qui en sollicitait déjà beaucoup d’ordinaire. Une requête que ses camarades étaient en peine de combler, combattant eux-mêmes leurs propres démons pour ne pas couler. Seule Cécile avait répondu à cet appel et depuis qu’elle avait pris Claire sous son aile, elle était... différente, inexplicablement.

Oui au final il n’y avait que Cécile qui avait l’air de s’en sortir. Cécile semblait s’être greffée un double en reflet inversé, une autre responsable qui transparaissait dans les situations tendues ou difficiles avant de s’effacer. Et elle redevenait la Cécile apeurée avant de se métamorphoser à nouveau, changeante. Cette attitude lunatique avait de quoi déstabiliser, mais si c’était le seul effet secondaire chez Cécile, ça restait gérable.

Quant aux effets secondaires des autres…

— Voyons, des effets secondaires : mon frère est facilement irritable, voire violent ; Florian n’est pas loin de péter un câble, dans tous les sens du terme. Moi, je suis devenue une hystérique dépressive et Cécile fait office de super-nounou.

— Cette manie de tout cataloguer en bloc… Et moi alors, tu me classerais dans quelle catégorie ?

— L’intello hypocondriaque ?

— Quoi ? L’intello… hypocondriaque ?!

— Quand tu fais cette tête-là, oui.

— Eh, la miss, tu t’es regardée récemment ?

— Ok, t’as raison, ce n’est pas du tout toi, j’avoue.

— Alors quoi ?

« Qu’est-ce que j’en sais, moi ? ».

Claire n’arrivait pas à classer Arthur. Aucun de ses catalogues mentaux ne lui correspondait. Ce n’était pas faute de se fondre dans la masse, pourtant. Pour qu’on ne le remarque pas, Arthur avait voulu entrer dans le moule, jusqu’à épouser toutes ses formes. Le caméléon parfait, celui qui ne cherche pas à faire la moindre vague. Il était donc difficile pour les autres de connaître sa personnalité. Pas sûre qu’il la connaisse lui-même. Mais Claire ne s’en sortait pas tellement mieux. Elle aussi avait tenté le passage du moule, mais de manière à le déformer. Pour ne pas rester prisonnière. Elle avait refusé de rester invisible. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle comprenait combien son comportement avait été vain.

Ils se turent un instant. Juste ballottés par la pluie et le vent.

— Les effets secondaires que j’ai pu remarquer, quand j’étais gamin, c’est d’avoir perdu pas mal d’amis, raconta Arthur doucement. Et tout le monde me prenait pour un dingue. Même mes parents et mon frère. On m’a envoyé chez pas mal de psys, qui concluaient tous que j’avais subi une sorte de traumatisme et que les monstres que je voyais n’étaient que l’incarnation de mes angoisses. Au bout du onzième diagnostic, et sans le moindre signe d’amélioration, mes parents commençaient à désespérer, mais ne voulaient toujours pas me croire. Ils ne manquaient jamais de me reprocher mon immaturité. Et mon frère m’ignorait. Je crois qu’il avait honte de moi, et de ce que je disais. Il feignait de ne pas me reconnaitre quand il passait le soir devant mon école avec ses copains, alors qu’il était censé me récupérer.

Claire avait la gorge nouée et ce n’avait plus grand chose à voir avec les rougeurs de son cou. Elle aurait voulu trouver un mot ou un geste de réconfort pour cet enfant au regard triste et angoissé, qui n’avait rencontré que la peur et la solitude.

— Je ne leur en veux pas. Un enfant de huit ans qui affirme que des gens et des monstres invisibles cherchent à le tuer, et qu’il doit voyager dans une sorte d’espace-temps pour leur échapper, ce n’est rien d’autre qu’un enfant débordant d’imagination. Qui est plus tard considéré comme un malade mental. Alors je n’ai plus rien dit et j’ai fait semblant d’être guéri, et fin de l’histoire.

Mon meilleur ami à l’époque, c’était Émile. Un fantôme. Il ne m’a jamais dit d’où il venait et cela n’avait aucune importance de toute manière puisqu’il était là pour moi. Il me protégeait de Casper lorsque je me retrouvais entraîné malgré moi dans cet univers. Et ça va sembler pathétique mais il m’était bien plus facile de se contenter d’exister dans un univers déconnecté et incertain que de faire semblant de vivre dans une réalité faussée. Les autres pouvaient bien me trouver fade ou sans originalité, je donnais le change pour qu’on me foute la paix.

Arthur s’était senti un temps plus à l’aise à vivre ainsi. Conforme aux autres pour plus d’imperméabilité. Le monde réel lui avait paru moins tangible que son univers ouaté. Un mal pour un mieux, à défaut d’un bien.

— La bilocation, c’était avant tout mon refuge contre le danger. C’est pour cela que j’ai dû biloquer quand la colère de Florian s’est répercutée sur le générateur. Pour moi, c’était une bouée de secours. Mais c’est aussi un piège. D’ailleurs, sans Émile, je ne m’en serais jamais sorti. Il a commencé à m’apprendre à me défendre par moi-même dans la bilocation et à en reconnaître les signes avant-coureurs. Puis à ériger une barrière mentale quand je biloque afin qu’ils ne puissent pas m’atteindre. Et pour finir, il a juste disparu. Et les autres avec lui. Je n’ai plus revu Casper avant cette soirée au bar.

Claire ramena ses bras contre sa poitrine, frissonnante.

— Bon. On ne peut pas vraiment dire qu’on t’ait porté chance hein ? Ça attire sûrement les vautours cette concentration de supernaturel. Et Émile se serait donc sacrifié pour toi ? C’est la raison de sa disparition ?

— Je ne sais pas. Peut-être.

En réalité, il lui en voulait encore. Émile l’avait peut-être sauvé des monstres de son enfance, mais ne l’avait pas préparé à son absence. Arthur avait très vite déchanté. D’autres fantômes avaient brusquement afflué en surnombre, des âmes perdues. Ces ombres envahissantes venaient lui murmurer des échos troublants qu’il ne saisissait pas, des chuchotis peuplés de sourires étranges et teintés de regret mélancolique.

Il avait essayé de se concentrer sur la réalité enfin débarrassée de monstres en tout genre. Mais c’était plus douloureux qu’il ne l’avait cru, surtout au début. Les autres se montraient distants et l’absence d’Émile se faisait d’autant plus sentir. Il abordait chaque situation quotidienne dans un brouillard cotonneux qui imprégnait tête et cœur. Certains jours, il ne parvenait plus à démêler le vrai du faux. Il fallait qu’il agrippe quelque chose de concret pour se prouver qu’il était toujours là. Il vivait parfois sous un angle dépersonnalisé, comme relié à une caméra intégrée qui lui fournissait tout juste assez d’éléments pour lui permettre de se revendiquer propriétaire de ce corps. Il avait grandi en ayant peur de tout sans savoir précisément de quoi en particulier. Et cela n’avait pas amélioré ses relations interpersonnelles Mais les choses avaient fini par se tasser et il avait appris à vivre avec. À faire davantage d’efforts pour s’intégrer. Et il ne s’était pas trop mal débrouillé.

— Arthur..., murmura Claire d’une toute petite voix.

— Oui, je sais, on va arrêter de parler de moi une seconde. Ce n’est pas comme si tu étais ma psy.

— Non, Arthur, ce n’est pas ça justement, regarde ! s’écria Claire, angoissée, en lui saisissant le bras.

Arthur regarda autour de lui et un frisson le parcourut. La rue s’était vidée, et un silence épais les entourait. Chose étrange, la température ne semblait pas avoir chuté.

— C’est pas bon signe, hein ? demanda anxieusement Claire en se levant.

Sur ses gardes, son attention fixée sur un claquement suspect, Arthur remarqua cependant du coin de l’œil que sa compagne avait l’air paniquée. Et qu’ils étaient tous deux pratiquement dos à dos en position de combat, chacun guettant un côté de la rue d’où ils pouvaient surgir.

— Tu ferais mieux d’y aller.

— Ben voyons, en voilà une idée qu’elle est bonne !

— Tu risques de te retrouver coincée. Ton frère ne me le pardonnerait pas.

— On s’en fout de mon frère, merde à la fin !

Enfin une bonne vieille rébellion. Claire n’était pas si perdue que cela en fin de compte.

— Pourquoi Bastien et Florian ne sont-ils jamais là quand on a besoin d’eux ? s’exaspéra-t-elle. Ou Cécile, quelqu’un qui pourrait nous défendre, quoi !

— T’inquiètes pas, ça, je sais le faire aussi.

— Ah oui ? Et t’as quoi d’autre comme pouvoir utile ? Tu peux nous rendre invisible ?

Arthur ne répondit pas à la provocation désespérée de Claire, pour la seule bonne raison qu’il venait de découvrir quelque chose de beaucoup plus intéressant qu’une réponse bien sentie.

— D’où il sort, lui ?

Claire se retourna et aperçut à son tour ce qui avait alerté Arthur. Dans l’abribus de l’autre côté de la chaussée se trouvait un gamin d’une dizaine d’années.

— On dirait que…, commença Claire.

La lumière se fit au même moment dans son esprit et celui d’Arthur. Ce n’était pas eux qui étaient visés.

— Cours ! cria Arthur.

Le garçon le fixa avec des yeux ahuris avant de se faire violemment renverser par une sauvage qui lui enserrait la gorge. Sans même avoir pris le temps d’afficher de la terreur, son visage se tordit immédiatement dans un rictus de douleur tandis qu’il battait frénétiquement l’air de ses bras.

Claire se lança spontanément aux côtés du garçon et tenta de faire lâcher prise à son adversaire. Un geste de la fille qui refusait de céder sa proie l’envoya bouler en arrière. Se redressant avec peine, Claire constata que la fille ne s’était pas hasardée à la blesser et ne s’occupait déjà plus d’elle, pressée d’en finir. Le garçon ne se débattait plus. Claire ne pouvait laisser passer la chance qu’elle avait de le sauver, lui.

Elle allait de nouveau se précipiter mais fut rejetée pour la deuxième fois. Aveuglée et sonnée, elle pataugea à comprendre ce qui se passait. Ce n’était clairement pas la fille qui l’avait ainsi repoussée cette fois, elle en était certaine. Se relevant à nouveau, elle se heurta à un obstacle et haleta sous le coup de la surprise :

— Non, pas encore, supplia-t-elle en abattant ses poings contre la paroi qui l’emprisonnait. Elle tambourinait de rage et de peur ; elle ralentit sa cadence lorsque l’intruse se trouva brutalement refoulée contre son gré loin du garçon ; elle s’arrêta net quand Arthur la dépassa pour se positionner devant le garçon, défiant la fille. Le champ de force qu’il avait déployé autour de Claire pour l’arrêter se dissipa pour se profiler en rempart protecteur.

Arthur sentit Claire tituber jusqu’au petit et l’adosser doucement contre ses genoux. Choquée, elle releva la tête vers lui mais Arthur ne détacha pas sa concentration focalisée sur la fille.

Sans le quitter des yeux, cette dernière apposa son propre champ de force contre le sien et patienta. Arthur plongea un peu plus dans la bilocation et s’y stabilisa dangereusement, à la limite de la chute. Il se doutait que s’il s’immergeait complètement, elle reprendrait le contrôle et tenterait un autre tour pour s’emparer de sa proie. Pour l’heure, elle restait là, simplement, sans s’imposer encore. Il força, la repoussant dans ses tranchées. Elle le contra, entrechoquant leurs boucliers dans une résistance plutôt faiblarde. À quoi jouait-elle ? Il se tourna enfin vers Claire. Avec difficulté. Il s’était aventuré beaucoup plus loin qu’il ne le pensait : il peinait à maîtriser ses mouvements.

— Va-t’en, ordonna-t-il d’une voix rauque.

Claire le regardait, désemparée, mais sans flancher. Seule sa voix trahissait son angoisse.

— Pas question. Je ne pars pas sans toi.

— Vite.

Elle lui renvoya un visage égaré. Il ne présentait pas l’image d’un vainqueur en position de force. Son enveloppe se déchirait de toutes parts, cryptée.

— Emm… Emmène…-le.

Ah oui, le gosse. Il avait raison, c’était l’essentiel. Claire se ferma. Elle resserra le gamin contre elle et le releva avec brutalité. Arthur lui offrait une bonne excuse pour abandonner la partie sans avoir à se sentir coupable. Elle avait peine à garder son calme, c’était indéniable. N’empêche, elle se serait bien passée de ce cadeau empoisonné.

— Je reviens, affirma-t-elle d’un aplomb qu’elle ne possédait pas. Pieux mensonge pour ne pas perdre la face.

Elle traîna lamentablement le garçon de l’autre côté de la rue déserte puis s’engagea dans l’avenue sans se retourner. Si elle le faisait, c’en était fini. Elle visualisa aussitôt le trajet jusqu’à la chambre de son frère, mue par un besoin impulsif. Si elle n’avait pas été affublée de ce poids, combien il lui aurait été simple de s’y réfugier. Même si cela revenait à avouer à Bastien qu’elle avait délaissé Arthur sans trop se soucier de son sort. Pour sauver sa peau. Et celle du petit aussi, quand-même.

Elle se reconstitua l’expression du Bastien de neuf ans avouant qu’il avait abandonné sur place le corps de son frère et une digue se brisa en elle.

Son esprit s’engouffra dans cette brèche. Son corps suivit. Le garçon également, docile. Dans la chambre de Bastien, Claire en resta étourdie, bouleversée. Elle n’avait aucune idée de ce qui avait pu se produire, mais son excuse s’était envolée en même temps que l’aveu qu’elle n’aurait pas à formuler. Pas question de vivre avec cela sur la conscience. Elle savait ce qui lui restait à faire. Elle s’agenouilla devant le gamin et passa une main tremblante dans sa chevelure crépue. Il était peut-être plus âgé qu’au premier abord. Il gardait ses poings serrés forts sur ses yeux fermés. Claire enleva lentement son écharpe et l’enroula autour de son cou, l’obligeant à baisser sa garde. Elle se saisit de ses mains avant qu’il ne recommence son manège et poursuivit son regard fuyant jusqu’à ce qu’il consente à le poser sur elle.

— Tu ne risques rien ici, d’accord ? Comment tu t’appelles ?

— Thomas.

La réponse avait fusé. La voix étonnamment limpide et assurée des enfants qui reprennent pied plus rapidement que la normale.

— Moi, c’est Claire. Écoute-moi bien, Thomas. Je… je vais retourner là-bas pour aider Arthur, celui qui t’as sauvé d’accord ? Tu peux rester ici, tu ne crains rien. C’est la chambre de mon frère Bastien. Il peut te protéger. On t’expliquera tout après et je te ramènerai chez toi. Tout ce que tu dois…

Claire s’interrompit. Thomas s’était accroché à elle alors qu’elle se relevait, déjà préparée à repartir. Elle lut de l’incompréhension sur son visage : il avait clairement l’expression de quelqu’un qui se sentait floué.

— Tu ne vas quand même pas me laisser tout seul ici !

— Je reviendrai, c’est promis. Je n’ai pas le temps de… de discuter, tu comprends, insista-t-elle en décrochant sa prise. Elle graverait en elle la sensation étrange de l’empreinte de ses doigts qui s’accrochaient à son esprit. Elle abrégea, pressée, d’un sourire qui se voulait rassurant. Elle ferma les yeux, accueillant la nouvelle trajectoire qui s’imposait à elle, et se lança dans la bataille.

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