L'expérience de la grenouille

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Que sommes-nous pour ceux qui nous dirigent ? Je veux dire : pour ceux qui nous dirigent tout droit vers le précipice, bien sûr. Oui, la question se pose, elle aussi, parce que dans la myriade de foutaises qu'on nous refourgue avec la régularité d'une horloge suisse, arrive quand même cette réflexion que tout le monde finit par se poser un jour : pour qui nous prennent-ils ?

Que ce soit la pétillante Pompilli qui patine déjà dans les contradictions d'une écologie industrielle et chimique, ou le mielleux De Normandie (pas sûr de l'orthographe du nom de ce jeune requin qui me semble particulièrement faux-cul parmi les faux-culs...Vous corrigerez si nécessaire ? Z'êtes bien aimable !), ou le violeur sans remords du ministère de la future Milice Française (dans quelques mois à peine, voire moins...), ou encore le Persuadé-que-je-serai-le-meilleur-président-du-monde Bruno Lemaire (le syndrome du mec de plus d'un mètre quatre-vingt-dix...une théorie à moi dont je vous ferai part un de ces quatre matins, héhéhé...) ou encore les députés trop zélés de La Retraite En Moins (LREM, donc... et entre autres pertes fondamentales), tous semblent vraiment nous prendre pour des neuneux. Des débiles profonds, des simplets soupe-au-lait qu'il convient de ne jamais prendre de face de peur d'en secouer la pulpe du fond, ou la lie accrochée au bouchon de liège du quart de pinard qui ne quitterait jamais les poches de nos pardessus usés.
Et il faut que j'ajoute la cavalerie de journalistes de tout poil, de tous bords. AAh, les journalistes...! J'espère que nous ne manquerons pas de corde ni de branches d'arbre pour leur faire tirer la langue une dernière fois ! Tiens, dans un prochain texte inutile, je parlerai d'eux, et rien que d'eux. On rigolera bien, j'espère.

En attendant, revenons à nos énarques-polytechniciens-arrivistes-vendeurs-de-père-et-mère et admirons le ton sur lequel ils nous expliquent que nous sommes des cons.
Emplissez donc vos coeurs de joie en observant leurs jolis sourires complices lorsqu'ils nous disent que c'est pour notre bien qu'ils nous musèlent ; riez sous cape comme des enfants lorsqu'ils nous adressent un index sévère pour justifier les 135 euros qu'ils osent voler à ceux qui protestent avec intelligence contre des contraintes fallacieuses.

Mais, surtout et avant tout le reste, prosternons-nous et louons leur perversité sans limite quand, étourdiment et dans un imprévisible éclair de lucidité, nous distingons sous les mots lénifiants et creux leur capacité à nous avouer sans le vouloir qu'ils ne voient de nous qu'une masse grouillante et croâssante de batraciens ineptes.

Certes, pour eux, nous sommes les cancrelats représentatifs d'une race de grenouilles vertes (mais pas que) qu'ils ont réussi à placer entre les hauts rebords d'une immense casserole remplie d'eau.

Une eau pure comme nos idéaux, douce comme notre souhait irréaliste d'une vie heureuse, claire comme l'innocence de nos convictions, fraîche comme notre envie de faire avancer le monde ailleurs que vers l'enfer.

Sous cette casserole de fer blanc (pourquoi utiliser plus noble pour la plèbe, après tout !?) ils ont allumé sans nous le dire un feu qu'ils attisent entre deux déclarations mensongères, entre deux votes noctures et couverts d'un drap épais de silence, entre une multitudes de lois iniques.

Oh ! Ils ne soufflent pas trop sur les braises, de peur de voir la petite flambée devenir incendie incontrôlable qui finirait par leur cramer les moustaches. Non, ils agissent par petites touches, sans jamais remuer la boue malsaine dans laquelle ils évoluent pour ne pas attirer notre odorat sur la pestilence de leurs esprits mauvais.

Et, fatalement, l'eau se réchauffe. Tout doucement, la température monte, mais toujours sous leur contrôle strict. Pas question qu'une volute de vapeur s'interpose entre nos yeux et ceux de nos voisins. Tout doit se faire sans brusquerie.

Et l'eau commence à nous brûler la peau. Déjà nous rosissons comme des jouvencelles, des gouttes de sueur perlent à nos tempes. Nous trépignons des pattes sans nous rendre compte que c'est le fond de la casserole qui nous fait revenir la plante des pieds comme autant de légumes frais d'une bonne pôtée auvergnate. Petit à petit, nos bras se hissent au-dessus de nos têtes pour nous soulager de la cuisson mais nous pensons que c'est d'abord parce que nous essayons de protester contre des mesures injustes et oppressantes. Nous mourons sous leurs yeux indifférents et nous ne nous voyons pas cuire nous-mêmes...

C'est bien en cela que les dirigeants du monde sont d'horribles sorciers car nous sommes bien ces grenouilles qui se laissent cuire sans protester, toujours convaincue que l'eau du départ est toujours la même, que les petites bulles argentées qui remontent à la surface ne sont rien que de beaux artifices sans danger et dont le petit "plop" qu'elles font ne sont que charme et sourire.

Pourtant, le bain est vite devenu sauna. Et il promet de rapidement se transformer en étuve...

Grenouilles que nous sommes ! Il nous suffirait d'une simple extension de nos puissantes cuisses pour leur échapper et, à notre tour, de jeter ces horribles sorciers dans un brasier qui soulagerait le monde entier...

A suivre...

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