Tout était dit. Tout était écrit. Tout était révélé.
Il n’existait plus la moindre parcelle de secret entre Agathe et ceux qui cherchaient à la détruire — consciemment ou non, volontairement ou par l’entremise d’autrui. Agathe avait tout compris. Elle savait.

Elle avait déjà surpris ces voix parler à travers son téléphone, qu'il soit éteint ou non, en plus du harcèlement numérique. Elle percevait la présence tapie derrière les murs de son appartement. Elle savait qu’on pouvait installer des micros, des caméras. Elle voyait ces silhouettes, dans leurs voitures, la photographier à la dérobée. Et pourtant… elle se découvrait presque immunisée. Plus rien ne pouvait vraiment l’atteindre désormais.

À quoi bon, d’ailleurs, leur donner de l’importance ? Elle n’avait rien à se reprocher. Rien, sinon d’avoir été happée dans leurs filets de bourreaux et de victimes. Mais elle avait compris une chose essentielle : il ne dépendait que d’elle de ne pas sombrer davantage, de se relever, coûte que coûte — pour sa vie.

Elle savait maintenant que toutes les figures du passé n’étaient que des pions, des avertis, ou des relations liées à sa famille, croisées sous le masque trompeur du hasard. Mais elle n’était plus dupe : ce dernier n’existait pas.