Chapitre (inconnu) X - Résistance

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Le poids des silences

Agathe n'avait que 45 ans, et déjà elle se sentait comme en fin de vie.

Elle pensait à de la fatigue, mais ne comprenais pas la fatigue mentale qui embrumait son cerveau, alors que son train de vie ne le devrait pas.

Parce qu'elle s'enflammait au travers de long discours, toujours très sensés pour tenter d'éradiquer la douleur, toutes ces choses qui la reliaient encore au passé et qui l'entravaient dans son quotidien.

Mais à force de compréhension et de recul sur ses propres souffrances, cela arrivait de moins en moins et ces monologues la soulageaient de plus en plus, bien qu'elle soit consciente des oreilles alentours ; sur le moment elle ressentait qu'elle n'avait pas le choix pour extérioriser tout ce mal.

Enfin, lorsqu'elle ne se mettait pas à l'écrire.

Les psychologues, quant à eux lui semblaient généralement bien trop chers même si elle tentait un dialogue de temps en temps. Ils n'étaient pas non plus toujours très transparents, et l'idée même qu'elle fut encore une victime dans l'histoire, dans une histoire qu'on lui inventait mais qui n'était pas la réalité, la faisait encore plus souffrir, on enfonçait le clou, sur ses traumas par exemple ou sur la relation toxique avec sa mère. Tout cela la rebutait dans l'acte même de demander de l'aide, l'abus des professionnels, même de certains travailleurs sociaux. Et cela lui semblait bien trop douloureux pour mettre un stop et recadrer ces gens, du moins pour le moment.

Elle savait que c'était un problème de raconter sa vie en poussant des jurons ou autre, mais après tout elle était chez elle, elle ne faisait de mal à personne, et surtout pas à elle-même. C'en était fini du temps où elle buvait pour n'avoir pas pu s'exprimer, ou simplement pour faire fi de certaines blessures encore enfouies dans son corps.

Elle parlait toute seule, elle parlait aux murs, elle parlait aux gens dans la rue qui l'entendaient de sa fenêtre, aux voisins, à ses détracteurs qui la harcelaient, à tout ce petit monde qui savait tout de sa vie, se disait-elle, mais qui s'en fichaient complètement, ou qui préféraient fermer les yeux, pour au contraire, provoquer chez elle comme ils ont pu le faire par le passé une descente aux enfers.

Eux, de leur côté, semblaient fiers de leurs actions, de leurs paroles, leurs manigances, mais Agathe restait fière d'avoir lu à temps leur petit jeu malsain, puis, d'avoir toujours refusé de se livrer en pâture à ces psychopathes et ces sadiques en tout genre. Seulement, ce n'était qu'une mort lente où chaque temps qui passe ne dépassait pas l'entendement en terme de surcharge mentale, lorsqu'elle s'évertuait par la colère ou par le silence à y faire face, à oublier ensuite toutes ces histoires... née simplement de la haine d'autrui à son égard.

Rien de plus. Une souffre-douleur à la portée de tous.

Agathe l'a compris, et désormais elle agit en conséquence. Les limites avaient été franchies et c'est ce qui avait créé le point de bascule. Car ce n'était pas son rôle d'accepter cette mise à mort...

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