Chapitre X (inconnu) -
Le début des menaces
C’était chez le voisin, à gauche de son immeuble. Sans comprendre comment, elle se retrouva entraînée vers cet homme, lui aussi toxicomane, qui l'obligea à avaler un Subutex alors qu'elle était venue pour discuter, sur simple invitation.
Il la maintenait sous emprise, la fixant de ses yeux perçants, menaçants. Tout s’enchaînait trop vite. Agathe sentit la panique monter. L’envie de hurler l’envahissait, mais la peur la figeait. Trop de risques, trop de conséquences si elle résistait.
Une fois dehors, une illusion de liberté flotta en elle. Une fausse délivrance. Car ce qui suivit flirta avec la folie.
Ce médicament, utilisé hors cadre thérapeutique, s’apparentait à la drogue qu’il prétendait soigner : opiacés comme la morphine ou l’héroïne.
En fouillant plus loin, elle tomba sur ces mots :
« Même une seule prise de Subutex, surtout chez une personne qui n’en a jamais pris et qui n’est pas dépendante aux opiacés, peut dérégler l’état émotionnel — et notamment provoquer de la colère, ou des émotions intenses et inhabituelles. »
Ce jour-là, paniquée, elle perdit le contrôle pour la première fois.
Dans le recoin discret d’un petit centre commercial, elle frappa un jeune homme assis sur les marches.
Mais les caméras la trahirent. Il y eut sans doute une plainte. Était-ce un piège ? Un plan pour la compromettre ? Une convocation jamais arrivée par manque de preuves ? Mystère.
Ce geste, cette haine soudaine envers un inconnu, ne lui ressemblait pas. La honte l’envahit, et elle culpabilisa longtemps.
Jusqu’à ce que les manipulations de cet homme lui reviennent en mémoire.
Encore une fois, elle s’était retrouvée piégée. Victime devenue bourreau, le temps d’un battement de cœur. Un battement de trop, livré à des esprits tordus. Et ça, elle le sait, ils savaient exactement ce qu’ils faisaient.
Plus tard, elle comprendra vite que ce n'était qu'un moyen de faire pression sur elle, afin de la contraindre au silence sur leurs agissements.
Mais elle était loin d’imaginer toutes les figures qu’elle croiserait ensuite, membres d’un même cercle aux manœuvres bien huilées — leurs manipulations, leurs abus, leurs drogues. Peu à peu, tout s’imbriqua. Et un jour, elle comprit. Comprit l’ombre que sa propre mère avait laissée dans cette toile.
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