Une Chute Programmée

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Après avoir fait le point sur son passé, Agathe se remémora toutes les erreurs qu’elle avait pu commettre à cause de la drogue et l'alcool. Elle repensait à ces mauvaises rencontres, ces personnes qui s’étaient présentées à elle sans qu’elle les cherche, sans préméditation, et qui étaient elles-mêmes prises dans cet engrenage — consommateurs, dealers, ou parfois les deux à la fois.

Si elle n’avait pas emprunté ce chemin, elle n’aurait jamais fait de mal — volontairement ou surtout involontairement — à certaines personnes. Car cela, elle en était sûre, ce n’était pas elle. Au fond d’elle, elle le savait. Ce quelque chose. Et cette prise de conscience, c’était une douleur profonde, lancinante. Elle culpabilisait énormément… pour avoir été trop gentille, trop naïve. Et ce qu’elle ne parvenait pas à se pardonner, c’était précisément ça.

On lui avait pourtant bien appris — à la dure — que ne pas faire confiance, ne pas s’ouvrir, revenait à subir des violences, des abus, des traumas. Ce schéma imposé dès l'enfance, elle l’avait tellement bien intégré, dans son corps comme dans son cœur, qu’il lui était devenu impossible de se fermer complètement aux autres. La méfiance lui semblait presque dangereuse.

Et puis, c’était tout un monde qu’elle découvrait, elle, la jeune femme à qui on n’avait jamais permis de construire des amitiés durables, de conserver des relations, d’exister librement. Toute sa jeunesse avait été passée sous la coupe de ses parents et de sa grand-mère.

Encore une fois, tout semblait savamment orchestré pour l’amener à sa perte. Ses bourreaux semblaient vouloir aller jusqu’au bout. Sa mère connaissait tous ses déplacements, savait où elle vivait, où elle travaillait… Et à cette époque, Agathe était encore loin d’imaginer que sa propre mère puisse exercer une influence quelconque sur sa vie, surtout depuis un pays étranger. Mais plus tard, elle comprit que oui, c’était possible.

Et puis, la drogue… elle était partout, accessible, tapie à chaque coin de rue. Une tentation facile. Une illusion de soulagement.

Sa mère, elle, restait vague dans ses lettres ou dans leurs rares échanges. Elle parlait de sa propriété, de son jardin… sans jamais poser de questions sur l’essentiel : Comment vas-tu ? As-tu de quoi vivre ? Es-tu aimée ? Es-tu entourée ?

Rien de cela. Aucun mot sur ses sentiments, ses besoins, ses difficultés. Rien de ce qu’une mère devrait être.

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