Une autre vision

2 minutes de lecture

Aujourd’hui, Agathe a choisi : entre prendre soin d’elle, ou des autres.
Par chance — ou peut-être parce qu’on ne lui a pas laissé d’alternatives — elle s’est enfin choisie, elle.
Elle a tout oublié : le passé, le présent, et même l’avenir.

C’est parce qu’elle a su lâcher prise, au bon moment, qu’elle a pu s’en sortir. Même sans tout comprendre, même sans mode d’emploi.
Elle n’a rien abandonné de ce qu’elle pouvait encore contrôler, améliorer, réparer dans sa vie. Elle a simplement laissé tomber ce qui ne dépendait pas d’elle : l’opinion des autres, leur validation, leur reconnaissance. Inutile fardeau.

De l’amour des animaux à certains forums, des réseaux sociaux aux groupes d’entraide, elle a désormais l’embarras du choix pour s’exprimer, se faire entendre, créer, évoluer. Peu importe que l’environnement soit bienveillant ou non : seules ses décisions, guidées par ses ressentis, comptent à présent.

Elle a appris à prendre du recul. Souvent. Dès qu’elle le sentait nécessaire. Grâce à un outil simple : se visualiser elle-même, son corps, son environnement, ses relations, depuis les hauteurs. Comme si elle s’observait depuis le ciel. Comme si elle conseillait une amie chère, et non elle-même.
C’était sa bouée, chaque fois qu’elle se sentait sombrer dans l’angoisse.
Elle n’écoutait plus les voix du passé, ni celles du présent, ni même celles à venir.
Les autres vivaient dans un monde qui n’était plus le sien. Plus besoin d’insister pour lui faire du mal : elle avait fermé toutes les portes.

Et elle a écrit. De longues lettres. À eux, à elle, à l’Univers. À Dieu.
À tous ceux avec qui elle pouvait encore nouer un lien… ou le rompre.
Elle savait désormais qu’elle s’était fourvoyée, toutes ces années à mendier de l’amour, une amitié sincère, un semblant de lien fraternel.
Mais ils l’avaient tous déméritée. Tous voulu "la tuer à petits feux".
La laisser sans rien. Lui faire perdre tout ce qui comptait.

Aujourd’hui, elle n’en a plus rien à faire.

Elle est bien décidée à vivre pour elle, coûte que coûte.
Être égoïste, oui — mais sans jamais cesser d’aimer ceux qui le méritent. Et seulement ceux-là.

Désormais, ce n’est plus à elle de prouver sa valeur.
C’est à eux.

Elle a changé.
Elle a compris.
Elle a évolué.

Chacun son rythme.

Ceux qui lui ont dit que c’était trop tard sont les mêmes qui ont semé le désespoir dans son cœur.
Ils ont tenté de lui bousiller la tête, de la rendre malade d’elle-même, de lui injecter des peurs absurdes, des pensées toxiques. Ils ont réveillé ses fragilités pour mieux l’étouffer.
Mais tout cela, c’est terminé.

Agathe a cessé de tomber dans leurs pièges.
Leurs manipulations, leurs emprises, leurs tentatives de l’éteindre.

Aujourd’hui, elle respire.

Elle a retrouvé tout ce qu’elle avait cessé d’aimer : la lecture, la cuisine, le sport…
Tout ce qu’on lui avait déconseillé, elle y revient. À l’inverse de leurs voix, elle suit la sienne.

Chaque jour, elle comprend mieux les mécanismes de cette lente destruction orchestrée contre elle.
Mais elle ne crèvera pas. Elle vivra.

Et non, ce n’est pas fini.
Mais pour eux… oui. C’est bel et bien terminé.

Elle aimerait le hurler :

Game over. La partie est terminée. T’as vu ça ?

Annotations

Vous aimez lire Prisca Plessard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0