1.4 * JAMES * SUR LE FIL ET SANS FILET
CHAPITRE 1.4
SUR LE FIL ET SANS FILET
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J.L.C
29.10.22
22 : 30
♪♫ ASCEND (MY MIND EDIT) — DESKO ♪♫
Plateau défiant la chute, je me fraie un passage parmi les agités pour regagner l’alcôve où Antoine et Isla sont étalés l’un sur l’autre — pour pas changer. L'amour... Fléau contagieux, hein ? Si j’étais moins aigri, je trouverais ça mignon.
Direct, Yelly, frimousse réjouie, débusque le Spritz avec une voracité enfantine. Je jure qu’elle a un radar à cocktails intégré.
Mi-narquois, mi-curieux, Antoine m'interroge, tandis que mes miches réintègrent leur îlot de calme relatif.
— Alors, t’as failli nous planter pour un rencard express ?
Bah vas-y te gênes pas, beauf, enfonce les portes ouvertes !
Haussement d'épaules, mine blasée de la vie, je feins de m’en tamponner royal, gardant soigneusement mes failles pour moi. En équilibre, James, toujours. Sur le fil et sans filet. Faudrait pas qu'ils captent qu'une brise suffirait à déstabiliser mes émotions planquées... Heureusement, la météo intérieure, personne la lit.
— Ça t’étonne ? Mate un peu ma gueule d’ange.
Un rictus hilare s'installe sur son visage. Ma sœur s'esclaffe aussitôt :
— Oh ! Ça va les chevilles ?
Touché. Toujours viser sous la ceinture. Même si niveau ras du sol.
— Range-moi cette arrogance avant qu'elle déborde ! rajoute-t-elle.
Je pouffe. Pas la peine de plaider non-coupable.
Pendant que les tourtereaux se vautrent dans le bonheur, je me rappelle mes propres ratés. Oui, j’ai eu des conquêtes à la pelle, et j’ai pas eu besoin de forcer. D'ordinaire, je plais sans effort et je drague assez bien. Enfin... parole de moi, hein. Je dirais que je navigue plus à l’instinct qu’au grand art, mais mes approches font le taf, la plupart du temps. Et la plupart du temps, ce sont juste les corps qui se réchauffent, pas les cœurs qui s'accrochent. Stone, je m’embarrasse plus de critères : ça respire, ça consent, ça suffit. Je suis pas difficile.
Les liens qui ont réellement comptés, eux, je pourrais presque les oublier, tant ils ont été rares. Et puis surtout, j’aimerais en rayer un de ma mémoire à tout jamais. Une vraie plaie... Cicatrisation compliquée. Et dire que je viens de m’en créer une nouvelle, encore plus fraîche, encore plus douloureuse... Va comprendre : celle-là, j’essaie même plus de la refermer. Elle, je m'en souviendrai pour toujours. Jusqu’à la dernière goutte.
J’observe mes partenaires du soir. Le regard perçant totalement in love qu’Antoine porte à ma frangine est sans équivoque : il la revendique sans détour.
— Putain Nono… t’as pas l’impression de ronronner un peu trop fort ? Coupe-lui les griffes, sœurette, avant que ça parte en cacahuète !
Yelly ricane.
— T’inquiète, je maîtrise la bête, se félicite mon beau-frère.
Ouh la ! Il veut mourir jeune ou quoi ? Couillu ! Je lui donne pas dix secondes avant de se prendre un coup de serres dans le torse. Isla va certainement le– bah voilà :
— La bête ?! Dis donc, tu parles de qui, au juste ?
Bim ! Tape sur le bras.
— Toi ou moi ? Parce que si tu me traites de « bête » Antoine, j’te promets que je vais te griffer là où ça t’fera le plus mal, tu piges ?!
— Relax, chaton, je parlais bien de moi. Enfin, d'une partie de moi.
Ah, ouais... J'ai zappé de prévenir : beau, attentionné, drôle et fan inconditionné d'allusions graveleuses. L’amour version french lover, on repassera. En même temps, faut pas trop en demander à un rugbyman — cerveau dans les pecs, libido dans les crampons. Quoi ? Je blague, oh !
— Griffes ou pas griffes, toi, je te garde ! Pas de débat. T'es à moi ! fanfaronne Monsieur.
— Wahou, tu vas prétendre que c’est pas du tout de la possession déguisée, ça ? lui décoche ma jumelle, moue offusquée, bras croisés.
Je souris en coin : entre la panthère en Louboutin et le roi du sous-entendu au taquet, y a de quoi écrire un roman. Ah, ces deux-là… Impossible de pas y aller de mon petit commentaire :
— Ah lala, flair affûté, comme toujours, mo phiuthar[1]… Tu sais Antoine, c'est une fine limière, ma frangine.
Je me penche pour me servir un foutu verre d'eau, mon exercice de style de la soirée. Pas le choix, puisqu'il faut endosser le rôle de testeur officiel de modération... Antoine fait de même, je veux dire, il se penche aussi. Mais, vu qu'il a pas à jouer les abstinents de l'alcool, il récupère son whisky. Putain ! Moi, la flotte, lui, le bonheur. Fait chier.
Je relance mon avertissement maison :
— Conseil de frère, avant que tu poses le pied sur la mine : Isla mord, et c’est pas une métaphore.
Loin de là ! Je m'en souviens comme si c'était hier, des marques de dingue que me laissaient les coups de dents d'Isla quand on était gosses ! Perso, mon attaque préférée : tirage de tiffes. Chacun son arsenal lorsqu'il s’agit de rafler le dernier cookie. D'ailleurs, ce petit vice m'est resté... Plus sur ma sœur, hein ! Avec d'autres...
— Oh, crois-moi, mon vieux, je sais ! se gausse Antoine, les yeux pétillants.
Bah, oui, évidemment… Qu’est-ce que j’imaginais ?
Roulis de tête à mi-chemin entre rire et exaspération, je dégomme mon eau façon shot. Sur un malentendu, ça fait illusion, non ?
— Ça fait cinq ans, Jamie, et tu piges toujours pas ? Je suis complètement accro à lui… et lui à moi.
Sérieux, Izy ? L’addiction ? Pas envie de creuser ce sujet. Merci.
Vissé dans mon fauteuil, je mate le duo de choc : Isla s'affale contre Antoine, nez dans son épaule, et lui baragouine un truc inaudible. Antoine ? Sourire carnassier, poitrine bombée, le paon du soir montre ses plumes. Et voilà qu’ils s’embrassent. Encore. Je lève les yeux au ciel.
Avec des traits et une silhouette modelés par la discipline et le sport, Antoine — charmant gaillard audois de combien ? 27 ? 28 ans ? peu importe — dégage un magnétisme simple, mais efficace qui arrache des soupirs à la pelle et fait grimper le compteur des cœurs brisés en un clin d'œil. Isla, la fille la plus exigeante et complexe que je connaisse, est carrément raide dingue de lui. Chapeau, mec ! J'aurais pas misé un kopeck sur toi. Ma sœur a toujours été branchée types sombres, mystérieux, cabossés, poètes en crise existentielle. Et là, paf : elle craque pour le gars qui rit fort, joue à la pétanque, taillé pour le grand air, et non les introspections mélancoliques au coin du feu. Le contraste est tellement énorme que j’en ai presque mal aux yeux. Quel virage : du arty anguleux style Timothé Chalamet au boy next door ! Antoine a débarqué avec son sourire de soleil, sa carrure d'athlète, ses bras de nounours, et elle a fondu. C'est ça l'amour... imprévisible, un peu toqué, et souvent en plein dans le mille.
Leur histoire ? Je respecte et je m’incline. Ils envisagent même d’avoir un bébé — Isla me l’a confié récemment, tout en pudeur. Bon, elle a aussi rajouté un truc du genre : « Je voudrais que mes futurs enfants aient la chance de connaître leur Unky Jamie ». Mon petit doigt me dit qu'elle visait plus qu'un aveu... Un joli message planqué, façon chantage affectif à cause de... bref, passons.
Aucun doute, Monsieur Madame, toujours en pleine session papouilles de miel, seront de merveilleux parents. Je me demande si elle n’est pas déjà enceinte ? Non, j’ai la réponse sous le nez : elle vient de descendre son Spritz et le compteur d’apéro affiche clairement plusieurs tours. Tsss. Comme si j'avais rien de plus important à faire que calculer son alcoolémie… Ah. J'oubliais : non. Je décortique la vie des autres pour fuir la débâcle de la mienne. Comment on dit, déjà ? The speck and the log... Une citation de la Bible, je crois, à propos d'un... d'une paille dans l'œil du voisin quand… toi, t'as… un tronc dans le tien. Bref : je me mêle de mes oignons et je boucle la boutique des gossip dans ma vilaine caboche. Font bien ce qu'ils veulent...
Un nouveau souffle traverse le club : je tourne la tête vers l’estrade, jusque-là vide, maintenant occupée par un gars qui s’installe aux platines. Ah. Changement d'ambiance ? Ouais. Fini l'acoustique lounge et disco deep, on bascule vers de la house énergique. Putain, l'ancien moi jubilerait de fou, mon mal de crâne actuel envisage de se jeter contre le mur. Le premier décollage risque d’être fatal pou mes synapses.
Le son monte en puissance. Les basses font trépider le sol, les lignes mélodiques hypnotisent la foule, les transitions tombent nickel. Pas besoin d’être un expert en électro pour sentir quand un DJ maîtrise son matos avec brio, évitant les bidouillages low cost et les effets surutilisés entendus trop souvent. Là, zéro défaut. Les drops frappent là où il faut, les builds grimpent pile comme il faut. Dis donc, y a vraiment aucune fausse note dans ce club…
De part et d’autre de la table de mixage, des danseurs et des danseuses s’emparent de l’espace. À l’évidence de leur décontraction et l’absence de choré élaborée, on voit tout de suite qu’ils sont là plus pour kiffer que pour performer. J’aime ça : no preasure, que du plaisir, du feeling. Ils improvisent à fond, et pourtant les mouvements sont justes, fluides, coordonnés. Bah ? C'est des amateurs ou c'est pas des amateurs ? Œil appréciateur ET scrutateur, je constate : aisance dans les gestes ; exécution maîtrisée ; raffinement des tenues ; sensualité aussi, en filigrane, qui envoie du lourd en restant classe. Eh, j'hésite finalement. Au départ, on aurait juré des simples clubbers, mais là... Trop précis pour être honnêtes ?
Parmi eux, une fille sort du lot. Longue, très longue queue de cheval brune qui voltige au-dessus de ses reins. Sacrée mini-robe vert pomme. Bilan visuel rapide : canon. Même de loin, je capte son aura. Elle attire les regards, hypnotise sans effort, et je me surprends à la fixer un poil plus que les autres. Avec une flamme d'intérêt manifeste au creux du ventre — pour pas dire dans le tiroir à ressorts... Bien sûr, mes yeux sont des aimants à emmerdes. Rien ne change. Les lumières stroboscopiques sculptent sa silhouette et transforment sa danse en un spectacle palpitant, impeccablement calqué sur les pulsations de la musique en arrière-plan.
Allez, stop le reluquage, replonge dans le flux de la fête avant de te faire griller. Lol, ah ouais, par qui ? Ta conscience, James... Ta conscience qui te balance en pleine face que t’es un con fini ! Point. C'est simple : si ta braguette avait pas bougé plus vite que ton cerveau, t'aurais ça de moins à expier auprès d'elle ! Pauvre tache !
Résigné, je secoue la tête et jette mon dévolu sur mon whisky. Il est temps de m’offrir un deuxième verre. Anyway, aussi jolie et incendiaire soit Miss Vert-pomme-Alerte-rouge mes pensées, mon corps et même mon cœur à la con reviennent sans cesse vers une seule femme. Celle qui m’a foutu le feu, m’a refait à neuf, puis boom ! Carbonisé, à regarder les cendres retomber. Mais, pour le moment, elle ne fait plus partie de ma vie.
Je prends soin de siroter quelques gorgées d’eau, histoire de donner le change à ma sœur. Mate-moi ça, Isla : je suis l’incarnation de la tempérance et de l’intelligence sobre. Je me laisse ENFIN aller et tape dans le scotch. Salut, chaleur liquide, vague en fusion, festival de saveurs, éruption sensorielle.
Bon, le gros couac avec mon whisky, bah... c'est le verre... Non, non, pas de chipotage de ma part : ils servent ce nectar sacré dans un tumbler = une hérésie, ni plus, ni moins. C’est un peu comme si on me présentait du foie gras sur une assiette en carton. M’enfin, je veux pas me mettre à dos la Confrérie des Capitouls des fins gosiers[2], mais je pense qu'ils applaudiraient mon diagnostic d'épicurien éclairé. Je sais... Je sais... Dans l’imaginaire collectif — au ciné aussi — on visualise direct ce cylindre trapu et sans prétention sabordé d'or malté, avec parfois même des cubes de glace échoués dedans, fiers de leur crime. Et oui, messieurs-dames, la flotte ça mouille, mais ça lessive surtout le caractère, le panache, la flamme. Vaut mieux privilégier des whiskies stones pour le refroidissement, mais, franchement, entre nous, le scotch se boit à température ambiante. Point barre. Et le bon contenant ? Typiquement, des formes tulipe. Le top : des Glencairn.
Quoique, c’est peut-être un mal pour un bien. Les tumblers, je veux dire. Cette erreur signifie qu’il y a une marge de progression ici. Je pourrais leur soumettre mon expertise, les guider dans l’amélioration de leur carte et de leur service, et pourquoi pas en faire un partenaire pour de futures soirées dégustation ?
Tout bien considéré, ce bar-club me plaît assez. Il est situé dans le quartier Saint-Cyprien, prisé par les étudiants, les cadres, les noctambules. À deux pas de la Garonne, du Pont des Catalans et du Musée des Abattoirs. À quelques minutes de la Place Saint-Pierre, le cœur battant des nuits toulousaines. L'endroit idéal, entre agitation urbaine et tranquillité riveraine.
Il a ouvert il y a un an, m'a raconté Isla. À sa tête, un jeune trentenaire, un type pas du coin, mais qui a flairé le bon filon de cette ville pétillante de dynamisme. Depuis mon arrivée, l’architecture, l’ambiance, l’organisation et la déco m’en ont mis plein les mirettes Je suis séduit, et surtout, ce club se révèle en parfaite adéquation avec mes critères. Chaleureux, élégant, exclusif sans forcer la main, que du positif, vraiment calibré pour le public de ma marque. Limite, à s'y méprendre presque, quelqu’un a étudié mes préférences personnelles pour les infuser dans les murs. Cool. Ou... flippant.
Ce soir, j’étais supposé me… détendre, pas bosser. Sauf qu'avec le business comme planche de salut ces derniers temps, impossible d’ignorer cette opportunité et d’oublier que je suis dans un environnement propice aux affaires.
Lochranach n’a peut-être pas l’envergure ou le rayonnement des mastodontes du whisky — pas encore — mais mes bouteilles, positionnées dans la gamme premium, ne sont pas données et le verre ne doit pas partir à moins de quinze balles. À ce tarif, on ne paye pas juste pour l’alcool, mais pour une immersion, un savoir-faire et un héritage.
Et justement… ce haut lieu de la nuit, c’est pile le genre d’écrin où ma marque pourrait se sentir comme un poisson dans l’eau. Bref, tout ce que je vends, de mes scotchs d'exception à mes éditions limitées, trouverait ici un public disposé à goûter, à ressentir, à se laisser embarquer. Et entre nous, quand l’endroit colle si bien à ton ADN, difficile de passer à côté.
Le voilà peut-être, le signe que j’ai bien fait de suivre ma sœur dans la ville rose. Moi qui étais réticent à quitter Édimbourg, je... Non, autant être cash et arrêter la comédie des demi-teintes. « Suivre », « réticent » : du storytelling pour éviter de dire « traîné de force ». Ouais, déportation fraternelle serait plus adéquat. Grosso merdo, Isla m’a ramené par la peau du cou. Ça ou la camisole. Tu parles d'un choix ! Donc, mon parachutage la semaine dernière en terre occitane, pas vraiment le fruit d’une démarche à 100% consciente. Pour être honnête : quinze, tout au plus. À peine un embryon de volonté, en somme. Et encore, bonne ? Mauvaise ? Demandez à ma frangine. Je capitule.
Une chose est sûre : rien à voir avec le hasard ni un coup du sort. Du sur-mesure, signé Yelly Corp., pour me garder à l'œil, voilà la vérité vraie. Zéro mélodrame. Zéro romance. Ironique, quand on sait qu'à la base, c’était censé être une histoire de cœur, pas de survie.
À l’origine, mon aventure française aurait dû se jouer à Paris. La capitale, avec ses lumières, son rythme et ses promesses, m’aurait sans doute déroulé des tapis d’entrée que Toulouse ne possède pas. Là-bas, les connexions se tissent plus vite, les portes s’ouvrent d’elles-mêmes et la progression suit le mouvement. Par contre, Paname, sur le papier, super, à un détail prêt : trop risqué pour un type avec mon passif, surtout en la sachant loin de moi. Je n'aurais pas donné cher de ma peau si je m'étais embarqué dans l'effervescence parisienne. Selon toute logique, je serais devenu une légende urbaine au bout de six mois, comme à Édimbourg ou à Londres… Ou un cadavre fumant… nuance.
De toute façon, je gage que ma jumelle aurait mis son veto et fait en sorte que je remballe ce projet. Elle a le don pour me détourner des mauvais choix et m'éviter de me viander. Si tant est qu'elle soit dans les parages, obviously. De fait, je suis convaincu qu’elle compte me materner à vie — un plan bien huilé depuis 1992…
Alors voilà, c'est acté : Toulouse sera le camp de base de mon avenir. Professionnel. Et accessoirement… professionnel. Merci lucidité : pas de débordement de pensées inadaptées. Vict– Elle vit ici et clignote si fort dans mon esprit qu'elle brûle ma rétine. Et moi avec. Mais faut que je garde les mains sur le volant de mes objectifs. Mes rêveries sentimentales devront attendre que je... reprenne d'abord le contrôle sur moi-même .
Mes yeux tombent sur le liquide ambré au fond de mon verre. Je le fais tournoyer, admire les reflets qui s'étiolent dans la pénombre du club, où les lumières se raréfient et les ombres s'allongent. Le whisky chauffe ma langue, enflamme ma gorge. Tant mieux.
À la droite du grand escalier, j'avise une issue vers l'arrière du bâtiment. Impossible de manquer le ballet incessant de silhouettes qui s’y faufilent, clopes au bec. Fumeur occasionnel, ce soir, l’envie me titille pourtant. Go, go, go !
Mes muscles protestent à l'idée de gambader, mais je finis par me lever et annonce ma noble quête de nicotine à Isla et Antoine. Ma jumelle fouille dans son fourre-tout griffé digne d’un entrepôt d’import-export pour débusquer mon sésame, pendant que mes yeux vagabondent une nouvelle fois vers les mezzanines. Dans cette configuration, je parie que les clients ont une vue imprenable sur la salle et moi, du haut de mes deux pieds, je profite du changement de perspective pour capturer des détails qui m'échappaient jusqu'ici.
L’étage reproduit le rez-de-chaussée à l’identique : même ambiance, mêmes alcôves, mêmes tables hautes alignées le long des rambardes. Sur la partie gauche, des rideaux de velours sombre délimitent un second et troisième espace — sans doute des salons VIP. Un immense tourbillon de roses bleues capte aussitôt mon regard. Wahou… sacré bouquet ! On dirait qu’un coin entier a été bichonné pour un événement spécial. Mariage clan… clandes… tin... Bordel de merde ! Mon cœur rate un battement. Cinq. Dix. Je... Elle... C’est pas vrai ! État de panique numéro 40 000 : elle… elle est là !
[1] Ma sœur en gaélique écossais.
[2] Association emblématique de la région de Limoux dans l'Aude, en Occitanie, dédiée à la promotion des traditions viticoles et gastronomiques locales

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