6.1 * VICTORIA * BONNE CONTINUATION

13 minutes de lecture

CHAPITRE 6.1

BONNE CONTINUATION

* *

*

V.R.de.SC

29.10.22

23 : 40

♪♫ OCEAN (WHERE FEET MAY FAIL) - HILLSONG UNITED ♪♫

— Ça va pas ? demande Mati, front plissé, regard en alerte.

Évidemment que non, merde ! En plus, fallait que je m’effondre en public ! Je secoue la tête, à demi aveuglée par le feu acide logé sous mes paupières. Mati m’a interceptée au pied des marches, ses doigts cramponnés à mon bras. A-t-il vu la scène, observé l’onde de choc, la faille sur mes traits ? Il me scrute, préoccupé.

— C’est quoi le problème ? insiste-t-il.

— James…

Prononcer son nom me déchire l’âme. Superstition ou pari, je jette un coup d’œil par-dessus l’épaule. Peut-être court-il derrière moi, cœur à nu, mots brûlants aux lèvres… Eh non… Toujours au même endroit, immobile, visage en friche, illisible, presque cruel dans son statisme. Je devine un soubresaut discret dans sa mâchoire : est-ce un cri refoulé ? Le signe d’une tempête contenue ? Sa sœur se tient à ses côtés, je ne l’avais pas remarquée. Elle m’adresse un demi-sourire aux allures d’excuse. Il glisse sur moi, sans me retenir.

Dès que Mati me relâche, me laissant la voie libre, je m'engage dans l’escalier au pas de course, accélérant à mesure qu’une meute de pensées me mord la nuque. Il faut que je sorte d’ici : de l’air, de la hauteur, le rooftop sera parfait. À défaut, j’aurai une belle vue pour accuser le coup.

En débouchant sur le toit-terrasse, je me précipite vers la balustrade et aspire l’air nocturne à pleins poumons. Mes jambes flanchent, mes mollets tétanisent, envahis par cette chaleur caustique qui pique sous la peau. Une bourrasque franche me pince les joues, les cuisses, le dos et fait taire, pour une pulsation infinitésimale, le chaos dans mon royaume mental. Ma cage thoracique, incapable de suivre le rythme, se soulève en hoquets disloqués. Mon cœur cogne fort, trop fort, jusque dans ma gorge. Voilà mon unique certitude, pour l'heure. Contrairement à cette fichue histoire d’évidence qu’on s’est murmurée dans l'obscurité lui et moi. Qu’espérais-je, au juste ? Que la nuit nous absorde et nous réassemble collés-fondus l’un dans l’autre ? Que l’univers nous fusionne façon matière noire amoureuse ?

Je sèche une larme récalcitrante d’un revers nerveux et renifle pour noyer l'affolement sous un souffle. Il m’a laissée partir. Je l’ai fui. Rien de plus, rien de moins. Un sanglot strident remonte dans ma trachée, rugueux, hargneux. Je l’étouffe de force, honteuse. Mes doigts malhabiles dérapent en libérant mes chevilles de leur carcan doré. Maudits soient mes escarpins ! Lorsque mes pieds retrouvent leurs aises, un soulagement immédiat m'accapare, bien que — zut, crotte, flûte ! — le sol est gelé. Formidable. Cryothérapie pour idiote sentimentale. Mon cerveau approuve, mon épiderme, moins. Tant pis, je respire mieux ainsi. J’ai besoin de heurter le réel, d'incorporer la douleur à même la peau pour supplanter l’ecchymose dans ma poitrine.

Mes attributs d'altitude féminine atterrissent sur un tonneau tandis que mes orteils se tortillent et grelottent, en quête d’un peu de sang — ou de sens. Je me replie à l’autre bout du toit, là où, sous mes talons fatigués, la terrasse en teck s’étire, douce et accueillante. À moitié à l’abri des branches noueuses d’un olivier, je pressens un refuge possible et l'invoque. En quelques enjambées obliques et après avoir ondulé entre les ombres pour m’y faufiler, mes paumes s’ancrent et se cramponnent fermement au métal du garde-fou. Tiens, j’aurais dû faire ça à James : l’empoigner, ne pas le lâcher, le tordre contre moi de toutes mes forces. À quoi bon...

Je cherche dans le ciel une échappée, même éphémère. Les lueurs de la ville s’égrènent jusqu’à l’horizon, indifférentes à mes déboires. La nappe d’encre au-dessus de ma tête, saturée d’orages en attente, menace de s’éventrer d’un coup. Qu’il pleuve ! Qu’on m’oublie ! Je ne veux plus rien ressentir. J’aimerais me défaire de lui, de ma faiblesse. Je hais cette dépendance. Je hais l’idée que, malgré tout, je suis toujours attachée à lui.

Ai-je eu raison de le repousser, de fuir ? Qu'est-ce qui m'a pris de... de l'envoyer au diable ? N’aurais-je pas dû rester, contraindre la lumière à se faire plutôt que reculer dans l’ombre ? Je me bute encore contre ce vocal incendiaire, celui qui a creusé son sillon dans mes illusions, celui que je tente en vain d’effacer de ma mémoire. Parce qu’avant son rejet, il y a eu cette détonation intime, débordante de confessions imprévues, déposée au milieu de ma nuit telle une offrande empoisonnée qui a embrasé tous mes sens au réveil, et six jours durant. Cette flamme auditive contenait un monde entier. Un monde fait de nous. Ses intentions, alors limpides, avaient déplacé mes fondations vers les siennes. Cette révélation, logée dans le grain de sa voix, une voix qui, des mois auparavant, à l’ombre des pierres séculaires de la Cité, avait déjà glissé sous ma garde, suave et souveraine. Comment feindre l’indifférence face à cet accent rocailleux, envoutant, capable de remuer mes cellules comme une onde primitive ? Tout a jailli par ce frisson sonore. Premier contact, premier vertige. Et d'emblée, cette pulsion fauve crépitant dans mon bas-ventre, ce sursaut du cœur, cette empreinte indélébile marquée à perpétuité.

Dans son message audio, son timbre — gorgé tout à la fois de tension, de pudeur, de tendresse et de volupté — et cette façon de dire sans oser tout dévoiler, portaient une couleur si puissante qu’elle m’a totalement désarçonnée. James m’a déclaré son amour, de manière dérobée peut-être, mais avec une intensité émotionnelle nucléaire impossible à ignorer. Pareil à un sous-titre muet, hurlé entre chaque ligne confiée, je percevais sa respiration raboteuse, ses tâtonnements vers des mots qu’on ne prononce pas à la légère. Les silences, eux, éclataient. Je le sentais : envers et contre ses hésitations, il y allait quand même. Son investissement trémulait de ferveur, son élan, d’euphorie, son impatience, de fébrilité. Il saignait lentement un fragment d'âme à mes pieds et livrait sans réserve une vérité embouteillée depuis trop de nuits. Mes oreilles, avides de contes et de comètes, ont laissé couler ses paroles comme on reçoit un ruban de lumière dans ses veines, serpentant dans les anfractuosités de mon cœur pour s'y enraciner. Il aurait dit « Je t’aime » ou « Épouse-moi », aucune distinction ne se serait imposée, j'en ai la conviction.

« Quelque chose avait changé en lui », prétendait-il. Il avait une « nouvelle à m’annoncer », une « décision importante à prendre ». J’étais devenue « essentielle » à ses yeux. Il a parlé de mon rire, de mon sourire, de tous mes petits « trucs » qui le font craquer. De « nous ». Il voulait y croire. Tirer un trait sur le passé. S’accrocher à l’avenir. Construire quelque chose, à deux. Et moi, bien sûr, hypnotisée, bercée, emportée, j’ai imaginé qu’il le pensait vraiment.

L'instant me rattrape : ma réaction, la stupeur, l’électrochoc, la frustration de ne pas avoir été éveillée au moment de son appel. Parce que, de toute évidence, jamais je ne l’aurais laissé me filer entre les doigts. Jamais je ne lui aurais permis de me larguer à distance. Il n’aurait pas pu m’éteindre d’un simple texto, une semaine après avoir éclairé la caverne de mes sentiments, et retourner sa veste sans prévenir, reculer, se rétracter, prendre la poudre d’escampette et me bombarder au milieu du néant. Peut-être que mes mots l’auraient retenu, ou au minimum, contraint à assumer sa désertion. Mais avec des si, on erre dans le labyrinthe des possibles… ou on détruit des mondes entiers.

Ce matin-là, j’ai bu son message par trois fois. Quatre, peut-être même cinq. Jusqu’à ce que les syllabes perdent leur forme. Jusqu’à ne plus savoir si c’était sa voix ou mon cœur qui prenait corps. Le décompte s'efface quand on se noie et on respire comme on peut, n'est-ce pas ?

Allongée, pétrifiée, les yeux rivés au plafond de ma chambre, j’étais saturée de nœuds et d’émotions nébuleuses, pas fichue de trier ce qui relevait de la peur ou du désir. J’aurais tout donné pour le voir déjouer les kilomètres et me serrer dans ses bras. Je rêvais de l’avoir à portée de souffle, de l’embrasser à perdre haleine, de lui prouver combien nos aspirations s’harmonisaient, combien mes sentiments envers lui avaient cheminé en empire sous ma peau et en tempête dans mon âme. Son prénom s’est faufilé hors mes lèvres. Faible, éraillé. Une invocation vaine.

Le réflexe a été immédiat : le rappeler. J’étais assoiffée de lui et grisée par l'écho du futur. Dans la certitude de son amour, toutes limites se dissolvaient. Mais... il n’a pas répondu. 7 h du matin, trop tôt pour les miracles. J’ai laissé ma voix sur sa messagerie, puis quelques mots simples tapés à bout de nerfs, telle une bouteille à la mer. Le vide de ce coup de fil n’était alors qu’un contretemps. Il se manifesterait plus tard comme toujours, surement dans quelques heures. Je l’inviterais à revenir. Je lui ouvrirais les bras, la porte, le ciel.

S’il fallait traverser le continent pour une nuit avec lui, je l’aurais fait sans valise — j’avais mille fois caressé l'idée. Son cœur en point d’horizon, j’aurais marché sans cartes ni repères, guidé par lui seul. S’il m’avait demandée de l’attendre toute une vie, j’aurais planté racine au seuil de sa terre. Je ne peux pas dire ce qui m’effrayait le plus : le penser ou le penser sincèrement.

Ce lundi-là, j’avais un agenda, une mission, des mots à dire à d’autres. Ce lundi-là, mon monde tournait rond, j’étais d'une insouciance heureuse. Ce lundi-là, j’y croyais, sans savoir que je me tenais à l’aube du fracas. Sans savoir que James allait me briser.

Son silence… ce cruel désert sonore, m’a grappillée à petit feu. Telle une veilleuse fragile, j’ai espéré toute la journée une réponse, une parole salvatrice pour atténuer l’ouragan qui tonitruait dans ma poitrine. Je nourrissais des scénarios apaisants, me persuadais qu’il était retenu par des obligations professionnelles ou familiales, qu’il retardait son appel pour mieux saisir l’instant, peut-être à la tombée de la nuit, là où le temps se fait complice. Les minutes se sont étirées en heures, chaque battement de l’horloge tirait mon angoisse jusqu’à la déchirure. Et pourtant, rien.

Le lundi 19 septembre s’est écoulé sans un nouveau souffle de sa part — ce qui, en soi, tranchait d'avance avec nos échanges incessants, lui qui avait pour habitude de me capturer à l'improviste, sous tous les ciels, de jour comme de nuit. Au petit matin suivant, le silence persistait.

Je me suis noyée dans la répétition du message — à la fois baume et poison — escomptant qu’à force d’écoute, ses mystères s’éclairciraient. Le poids de son discours restait intact, inaltéré, d’une netteté déconcertante qui ne souffrait aucun malentendu. Il confessait son attachement, garantissant un lendemain pour nous, ouvrait la voie à une construction à deux, conditionnée par ma confiance, si je choisissais de lui donner sa chance. Il ne pouvait pas me parler ainsi sans vouloir de moi, pas vrai ? J’ai même cru que son mutisme cachait une surprise, qu’à tout moment, ma sonnette retentirait, sa silhouette surgirait à ma sortie de cour ou son profil se dessinerait, fragile et inattendu, sur mon palier un soir de pluie. Chaque martèlement sur les marches de l’escalier menant à mon appartement, chaque ombre à un coin de rue, chaque carlingue rouge m’emplissait d’espoir. Que des appels d'air pour ma déception. Sa réapparition s'est refusée à moi.

Au terme de trois jours, j’ai osé un texto plus virulent, imprégné de ma bile rageuse et du venin de mon désarroi. Le SMS d’après portait le sceau de mon sentiment d’abandon, de mes larmes silencieuses et d’une perplexité douloureuse. Combien de fois pouvais-je encore toquer à cette porte close ? Je m’ignorais moi-même, m'entêtais à lui écrire tout en sachant hélas qu’aucun prodige n’émergerait de cet abysse aphone. Un coup du sort, une faille dans le réseau, et mes messages initiaux n’auraient pas trouvé le chemin de son regard ? Quelle cruche ! Comme si un « lu » digital pouvait rivaliser avec une lettre égarée par La Poste ! Il les voyait tous, sans conteste, et il restait opiniâtrement sourd à mes appels, muet face à mes sollicitations. Que conclurait quiconque, avec un brin de lucidité, devant un tel silence obstiné ? Que c’était grotesque, déchirant, et que, malgré tout, je continuais à tendre la main vers un fantôme.

Une semaine durant, j’ai été tiraillée : anxieuse, puis énervée, morose, puis excitée. Mon esprit ressemblait à une jungle tropicale sens dessus dessous, embrouillé de lianes d’angoisse et de branches de doute, renversant toute clarté. Un instant, je triturais mes ongles et me mordais les doigts, sourcils froncés, pupilles perdues dans le vague à l’âme, la boule au ventre. Le suivant, un torrent de lave ardente grimpait dans mes artères, prêt à engloutir mon jugement. Et je pestais, jurais, lançais des malédictions contre sa gueule d'ange et ses bijoux de famille, espérant qu’au moins eux daignent se manifester, histoire de me consoler un minimum. Après tout, ils avaient eu le mérite de ne jamais me faire faux bond, du temps où James était suffisamment présent pour que je puisse en attester et pas dans le no man’s land des disparus volontaires.

Et justement, lorsque mes souvenirs se frayaient un chemin jusqu’aux moments les plus fougueux de nos peaux à peaux, une chaleur dévastatrice s’emparait de mon corps, ravivant une exaltation que je me reprochais aussitôt. Je me détestais de succomber à cette fièvre intempestive, à ce désir clandestin qui venait contredire ma colère et embrocher mes optimismes fragiles. Chaque frisson, chaque caresse imaginaire creusait un peu plus le fossé entre raison et passion, me laissant à la fois éblouie et prisonnière de mon propre émoi. Bon sang, mes neurones se trémoussaient à la moindre évocation de lui. Le comble ? Aujourd'hui, toujours le même cirque dans ma culotte.

La plupart du temps, hélas, je sombrais dans une langueur triste, déposais un voile lugubre sur mon cœur, une grisaille mélancolique pour dissimuler mes désillusions. Je domptais un sanglot naissant, ravalais mes hoquets, tandis que la peine étranglait ma voix. Dans quelques heures, j’entendrai la sienne et je lui dirais. Dans quelques minutes... dans quelques secondes... jamais.

Une semaine. Il lui a fallu une semaine — une éternité pour mon âme orpheline — pour enfin me délivrer de ma tourmente, ou plutôt pour m’y plonger pour de bon :

Tu ferais mieux de tourner la page. Je ne suis pas celui que tu crois et je ne pourrais jamais le redevenir. Bonne continuation.

« Bonne continuation ». Cette guillotine hypocrite. Cette sentence finale. L’ultime claque. L’épitaphe sur notre tombe. Je la bannis à jamais de mon lexique, cette ineptie de formule creuse qui s’accroche à mon palais telle une écharde cosmique. Pire : un crachat fardé de bienséance en guise de baiser d’adieu. Tiens, j’ai à nouveau une envie soudaine très très tenace de redescendre et de la lui enfoncer dans la gorge, lettre après lettre, froide, séchée, salée à la rage, jusqu’à asphyxier son mépris. On devrait pouvoir garrotter quelqu’un avec du vocabulaire. Quel genre d'apollon sous vide aux fossettes d'acier sourit en appuyant sur la détente ? Quel genre de prince des ténèbres dégaine cette expression de chiffe molle pour congédier comme une option celle qu’il surnommait « évidence » sept jours plus tôt ? Ce traître au regard de velours, ce faux jeton habillé d’élégance, ce roi sans trône toujours couronné dans mes souvenirs, ce salaud sublime, ce… Risible… Je n’arrive même pas à salir son nom sans y mettre de la tendresse !

James Liam Cameron a tué notre histoire en tapotant un texto. Beau, n’est-ce pas ? Nos heures volées au monde, nos soupirs partagés, nos mains empressées, nos corps noués dans l’urgence et… l’évidence n’étaient donc qu’un paragraphe brouillon jamais intégré au récit final ? La couleuvre, je l’aurais avalée — à grand-peine certes — mais j’aurais pu me lobotomiser de bonne foi… si seulement il n’avait pas semé ce contre-ordre avec sa fichue relique audio, un dernier râle numérisé par un mec si sûr de lui.

Alors pourquoi cette violence feutrée ? Cette politesse saignante ? Je ne me l’explique pas. Parce qu’il n’est pas « celui que je crois » ? Qui est-il, selon lui ? Un imposteur ? Un miroir aux alouettes ? Un fantasme fabriqué juste pour moi ?

Moi, je l’ai vu autrement. Intègre, spontané, tendre, brut de cœur. Un homme qui fixe sans fuir, qui parle sans contour, qui tend l’oreille, même aux silences. Un homme qui faisait de l’implicite une langue à part entière, ponctuait mes soupirs à la perfection, conjuguait mes battements d’yeux, codait sa peau à la mienne. Celui qui s’endormait accroché à moi, instinctivement, craignant peut-être de dériver sans mon contact. Dont le rire éclatait, pétillait, chaleureux, contagieux, irrésistible. Il ne m’embrassait jamais de la même manière deux fois, toujours une nuance, une surprise, une faim différente. Et quand il me faisait l’amour, nulle place pour le doute. Ses étreintes brûlaient avec la densité des incendies, caressaient avec la douceur de l’écume au coucher du soleil, ou s’envolaient avec la légèreté d’un nuage badin, libre, dansant. Impossible d’y apposer de la mise en scène ou du mensonge. Impossible d’y voir un rôle, un jeu. Il était authentique. Il était vrai.

Parfois, j’ai cru déceler des fêlures derrière son vernis, une douleur assourdie, une lueur d’errance dans le regard. Il avait beau jouer la partition de l’assurance, certains gestes trahissaient une vacillation larvée, infime, mais perceptible. Par respect, par crainte ou par faiblesse, j’ai fui l’interrogation. Peut-être aurais-je dû y jeter l'ancre, peut-être murait-il une autre vérité...

Il m’a fallu une semaine entière pour apprivoiser ma colère, cloîtrer et intérioriser cette blessure crue. Une deuxième, pour m’abandonner sans retenue à la marée dévastatrice du chagrin. Puis, encore une pour retisser la trame de mon quotidien : revoir mes amis, reprendre les sorties, les fêtes, les beuveries et finir par coucher avec un autre, plus d'un mois après. Trop tôt. Mais ce qui est fait est fait. Rien ne sert de me leurrer : depuis que James m’a expédié au fin fond de son oubli, je dérive en mode survie. Parce que, désormais, je ne suis plus rien à ses yeux, pas vrai ?

Annotations

Vous aimez lire D. D. Melo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0