8.4 * VICTORIA * MENAGERIE INTERNE

14 minutes de lecture

CHAPITRE 8.4


MENAGERIE INTERNE


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V.R.de.SC

30.10.22

01 : 25


♪♫ I WANNA BE YOURS — ARTIC MONKEYS ♪♫



Un raclement sourd, mâché de désir retenu, s’échappe de sa poitrine avant que sa bouche se retire.

— Tu frémis à chaque fois que je te touche, Victoria, murmure-t-il contre mes lèvres, d'une voix toute tendre. C’est beau. Et terrifiant.

Je contiens un frisson. Trop tard. Plus que capté.

— Tu sais très bien ce que tu fais…

— Mieux que toi, observè-je.

Les traits de mon lion s’ombrent tout d'un coup. Oula, tout doux… Je comptais le chambrer, détendre l’arc, jouer avec lui : visiblement, j’ai marché sur sa queue. La mèche en feu dans ses prunelles montre que j’ai froissé son pelage à rebrousse-poil. Sa prise sur mes hanches s’assèche — un réflexe de fauve qu’on aurait taquiné trop près. Mais je n’ai pas peur. Jusqu’où puis-je tirer sur la ficelle ?

Mes paumes se frayent un chemin vers ses pommettes. Je trace les signes du temps, ces petites griffures au coin de ses yeux, où logent sa fatigue et sa beauté. Dans un même mouvement fluide, mon bassin coule vers lui, et il me ceinture aussitôt dans ses bras, inspire fort.

— Tu crois que tu tiens encore les rênes ? susurrè-je.

— J’ai jamais prétendu les avoir.

Je poursuis mes caresses derrière sa nuque.

Il lit en moi, il sent l’appel. Hélas : rien. Aucun abandon. Pourquoi ce verrou ? Oh, il peut bien s’abriter derrière l’ivresse, la mienne ou la sienne. Moi, je n'ai aucun mal à percevoir sa sincérité et son désir de me préserver de moi-même, de lui. Mais il s’en sert d’excuse et de bouclier, pour garder autre chose à distance. Quoi ? Même sous l’emprise des folies goût spritz de l’été dernier, il n’avait jusqu'à présent jamais fermé la porte à mon corps. Jamais. Est-ce la peur qui le maintient à l’écart cette fois ? Ou l’ombre d’un secret tu ?

Honnêtement, le James que j’ai connu n’aurait pas attendu. Il aurait plongé, tête la première, qui plus est. Sans calcul, sans pudeur. Avec la convoitise du premier jour, il m’aurait fait l’amour contre ce mur, à même le sol, sur cette maudite machine bourdonnante ou, à la rigueur, m’aurait poussée dans un taxi, le feu au ventre, son rire en préliminaire, direction un lit, n’importe lequel, chez moi ou à l’hôtel.

Ce soir, il décélère. Il est là, à portée de souffle, pourtant ses digues demeurent levées. Qui a changé ? Lui ? Moi ? Ou juste mon illusion ? Ai-je embrassé l’ombre d’un fantôme, fruit de mes désirs et non de la vérité ? Le serpent souple et sournois du doute me glisse entre les côtes. Je l’écarte d’une pensée tranchante, refusant de le laisser faire son nid.

— Jem....

Un soupir, pas un mot, échappé malgré moi, instinctif, intime, au bord d’une inquiétude que je feins d'ignorer.

— C’est la première fois que tu m’appelles comme ça...

Le surnom le prend à revers, effet immédiat, instant rétracté, et la vibration de sa voix, mêlée au poids de ses bras, crée un silence habité. Je remonte le fil des souvenirs. Un texto : « Quand je te reverrai, je t’appellerai Jem. Juste pour voir si tu souris ». Une promesse en l'air, noyée dans l’euphorie d’un flirt numérique. Et voici que je l’ai tenue, spontanément, sans préméditation. Sauf qu’il ne me sourit pas… L'intention tombe dans un espace bien plus dense que prévu. Ses yeux font un pas de côté. Quelque chose se referme au lieu de céder.

— Est-ce que… est-ce que tu vas bien ? le questionnè-je avec précaution.

Pendant quelques secondes interminables, scellée à lui, seul son souffle parle. Aucune parole ne traverse ses lèvres ourlées. Eh bien, eh bien, le James pierre de taille, pas expansif pour trois sous, à défaut de loquacité, ne perd rien de son magnétisme. Son regard me palpe en silence, traque une dissonance cachée, pas sur mes traits, ni dans mes mots, ailleurs.

Oui, je me soucie vraiment de toi, grand nigaud, ai-je envie de lui hurler à la figure. Tu n’es plus l’homme d’avant, certes, et ce soir, il y a en toi un pli secret, une cicatrice muette jamais décelée, néanmoins, ton cœur bat au même endroit, je le sens, et ta présence me trouble tout autant qu'avant. Que t’est-il arrivé, James ? Qu’as-tu subi ? Qu’as-tu causé ? Celui qui m’a déclaré sa flamme et abandonné en fanfare revient à moi, et… que dois-je comprendre de ce queue-à-tête sentimental ? L’amour s’invite mais tu choisis l'absence. Le futur s’annonce mais tu nous lègue au passé. Pourquoi ?

Rétropédalage synaptique. De telles réponses, avec une telle tête de mule sauce whisky, ne viendront qu'au forceps, j'ai saisi. Je m'abstiens donc de les poser, laissant le silence se charger de ses énigmes. La lionne en moi, tapie derrière sa crinière de prudence et de désir, renonce à rugir. Le lion qu'il est, immense et vertigineux, me fait face, ses yeux de saphir en fusion braqués sur ma bouche, mais je perçois un pan de ses murs internes trembler. Puis, aussi vite qu’a surgi la faille, elle disparait. Son armure reprend forme, impeccable et étanche. Il me surprend d’une caresse tendre sur la joue. Tente-t-il de neutraliser une émotion indésirable ou de la dissoudre dans notre étreinte ?

— Tant que t'es dans mes bras… aye, I'm awright[1].

Dois-je le croire ? Puis-je le croire ? Le James brûlant de confiance et d’éclat, celui que j’ai connu cet été, m’est apparu comme un roc solide. Brillant. Vif. Sécurisant. Il dessinait sur mes lèvres des sourires, allumait un bien-être désinvolte dans mon cœur, faisait fleurir ma beauté intérieure, sculptait mon estime, m’extrayait du besoin compulsif de tout contrôler. Le temps de quelques jours, en étant lui, pur et entier, il a dénoué mes chaînes et m’a permis de me libérer. Pas entièrement, mais assez pour m’imaginer une vie sans elles.

Ce soir, j’ai face à moi un homme qui s’entrave trop, qui jauge pas et respirations, pèse ses gestes comme s’il foulait pied nu un tapis de verre. Je ne comprends pas. Et devant ce mystère, comment réagir ? L’attaque ? La défense ? Le retrait ?

Parmi mes incertitudes flottantes, une vérité s’extirpe. Dépouillée. Irrécusable. James a ce don de me remodeler subtilement, de renverser mes pôles ô combien rigides, de détordre mes repères et, ça me plaît. À l’accoutumée, je suis l’architecte de la maîtrise : je balise, prévoit, pare au chaos, canalise les débordements, internes ou externes. Mes amis disent de moi que je suis « la tête froide », « l’équilibre du groupe », quelquefois même : « la fille qui ne lâche jamais prise ». Ils croient que c’est une force. Par moments, moi aussi. Avec James, cette posture se fissure naturellement. Sans lutte. Sans peur.

Depuis nos retrouvailles sur le rooftop, il essaye de filer autour de moi un cocon de tendresse et, à travers ses silences chorégraphiés, ses attentions délicates, il m’adresse un message sans timbre, un message d'apaisement. Hélas, ma fougue et mon obstination lui ont mis les nerfs à rude épreuve, bien que, je le sais, mon intuition ne navigue pas tout à fait à contre-courant : James a très très envie de moi et il danse dangereusement sur le fil du rasoir...

Oui, sa résistance aiguise mon seuil de tolérance. Oui, sa moinerie auto-infligée m'irrite les ressorts d’autant plus que je l’ai déjà eu dans mon lit, alors relatif, le suspense, inutile de jouer aux vierges effarouchées. Bref, là où tant se seraient précipités pour dominer ma vulnérabilité passagère, lui, la respecte. Curieusement, et contre toute attente, sa retenue me pétrit de certitude : ses sentiments sont sincères. James tient vraiment à moi.

Il se peut que mon corps freine encore, par réflexe et par envie. Mon âme, elle, s’incline enfin. Je dépose mes doigts sur la courbe de ses cervicales. Ses paupières s’alourdissent, il se déleste, se livre à la douceur de l’instant. Étrange à dire, mais je crois que le James d’aujourd’hui m’accueille comme un réconfort non, une conquête.

— J'aimerais que tu me fasses assez confiance pour libérer les mots que tu brides, James, quels qu’ils soient, et quoi qu’ils disent de toi. Si tu refoules tout, comment veux-tu que je te rejoigne là où tu te caches ? Tu me laisses entrevoir ton cœur, mais tu refermes la porte avant que je n’y entre, et ce n'est pas la première fois...

Je perçois la fraction de temps où il parait fléchir, où les confidences affleurent, intenses, pressées. Puis non. Il se calfeutre, comme on éteint une flamme trop vite, par réflexe. Ce n’est pas du rejet — c’est de la peur.

— À force de te taire, tu m’exclus. Et pourtant, je suis prête à t'écouter. Ne me penses-tu pas capable de recevoir et d'accepter chaque nuance de toi, même celle que tu redoutes ? Je ne te demande pas d’être intact… seulement d’être… vrai avec moi. En continuant de tout garder, tu ne me permets pas d’accéder à l’intégralité de ce que tu es.

Ses yeux s’échappent des miens une fraction de seconde. Assez pour trahir ce qu’il retient. Je n’insiste pas. À quoi bon acculer un homme au seuil de sa coquille ? James, maître des retards calculés et des accélérations imprévisibles, aussi bien lièvre que tortue, ours mal léché, lion et... escargot. Une ménagerie à ciel ouvert, cet homme. Espérons qu'il ne soit ni scorpion, ni paon, ou étalon, car je ne suis pas un pré à brouter...

Bon, reprenons pied… un peu de légèreté ne serait pas de refus, avant que je ne commence à le cataloguer dans ma collection d’énigmes masculines impossibles. De plus, je crains de finir par transformer mon partenaire du soir en statue de sel à trop vouloir déballer ses cartons intérieurs à coup de rétines excavatrices.

Histoire de secouer la gravité de ce dialogue de grandes personnes censées, pondérées et pas sous influence de potions diverses — buvables, fumables ou chimiques, de celles directement produites intramuros par le labo hormonal tout ça tout ça — je me trémousse un peu contre lui et déclenche mon ultime flèche :

— Bon, si ta noble quête consiste à me faire tomber raide dingue amoureuse de ton petit cœur au point que j’en perde toute raison, mesure et ma culotte avec, alors, ne traîne pas trop, ou je vais devoir aller chercher la vérité à mains nues où que tu l'aies enfouie. Note au passage que la curiosité ne s'encombre pas de procédures chez moi.

Qu'est-ce que mes mots ont réveillé en lui ? Je ne saurais dire. Toujours est-il qu'il me tombe dessus. Labialement parlant, mais... pas pour relancer la machine, pour rester.

Bip. Bip. Bip.

La ritournelle impitoyable du sèche-linge s’invite : fin de la minute papouilles buccales.

— Tu peux remercier ta bonne étoile, James. Le temps mort est terminé.

— Te connaissant, je te vois bien forcer un tour de tambour supplémentaire juste pour nous garder plus longtemps ici.

Il n’a pas tort.

— Tu rigoles mais je suis même capable de négocier télépathiquement une rébellion infinie du programme si ça me permet de rester blottie contre toi toute la nuit.

— Hack du cycle accepté. Je vais maintenir ce poste de garde rapprochée jusqu’au lever du jour. État d'urgence romantique déclaré : bras verrouillés, bombardements de bisous obligatoire, zéro fuite autorisée, même pas pour aller au petit coin.

Ah… le revoilà. L’homme qui m’a rendue follement amoureuse. L’ouragan solaire, le rire insolent, le charmant boucan. Une réplique et tout repart. Le vertige, l’espièglerie, la lumière. Mon cœur d’alors.

— C’est exactement ce genre d’idioties qui me donne envie de toi.

— Ah bon ? C’est mon humour qui te fait craquer ? Pas mon génie éclatant ? Ou mes prouesses sur les vagues ? Au lit ? Mon fessier légendaire ? Ah, attends, mes épaules… Je me souviens t'avoir entendu chanter les louanges de mes trapèzes.

Comment voulez-vous que je reste rationnelle quand ce profil sculpté attire tous mes battements de cils et brouille ma concentration ? Un flot d’images sensuelles inonde mon cortex. James s’essuyant les cheveux après la douche… James en plein exercice d'étirements sur mon balcon, jambes en fente et quadriceps saillants… James allongé au travers de mes draps en bataille, sur le ventre, détendu, le regard visé sur une partie de Call Of… James, son reflet dans le miroir de l’entrée, tout en puissance et en sueur, alors qu’il me possède sur le canapé… Brrrr, j’en ai la chair de poule…

— Je l’admets, tu as ce… petit truc en plus, concédè-je en le repoussant du bout des doigts. Mais ça, c’était avant que tu te prennes pour le roi du monde.

— Le roi du monde ? répète-t-il. Excuse-moi d’avoir une conscience aiguë de mes qualités exceptionnelles. Les tiennes sont... off the charts, lass[2]! Au point que ça devrait être signalé aux autorités compétentes… Autrement dit : moi !

Mon prédateur charmant fond sur ma gorge, suçote, mordille, me berce. Je ris, pour de bon, le cœur en triple axel. Mon souffle s’éclaire. Un pied dans la légèreté retrouvée, je me détache de lui, contourne doucement son torse tout en réajustant ma robe pour barricader mon sein à l’air, effleure au passage sa hanche — pur réflexe, bien entendu — et me glisse jusqu’au sèche-linge. J’ouvre. Une bouffée de chaleur m’enlace. Sa chemise attend.

— À manier avec précaution, dis-je avec un demi-sourire, en la lui tendant.

— Comme toi, murmure-t-il, fossettes en embuscade.

— Je crois que tu me confonds avec de la nitroglycérine. Je n’explose pas… sauf quand on me secoue trop fort.

Le vêtement récupéré, je remarque le même manège observé dans le bureau tout à l’heure. Décidément, James semble aussi perdu avec ce tissu on ne peut plus inoffensif en main que moi devant une recette sans les quantités. Cet homme a vraiment le don de transformer le banal en casse-tête.

Il esquisse un début de phrase, mais les sons se dérobent au dernier instant. « Je... » : il quoi ? Rien ne suit. Consonnes avalées. Je plisse les sourcils, la bouche en coin.

— Un problème ?

Le spécimen mâle devant moi se gratte l’arrière du crâne — toujours aussi sexy ce tic nerveux ! — puis abandonne d’un haussement d’épaules.

— J’allais dire que je mettrais bien cette chemise dans ma poche… si seulement elle y rentrait. Mais vu que la place est déjà occupée...

Il trifouille dans son pantalon, en extirpe mon shorty, l'agite sous mon nez.

— Alors, pas tentée de la réenfiler ?

— Han-han.

Je roule des yeux et croise bras et jambes, tête haute. Les mecs ne captent rien à l’art de l’habillage.

— Vi... Tu.. tu te balades souvent sans sous-vêtements ? insiste-t-il.

Piquée, je me renfrogne, mais ne dévie pas d’un pouce. Pour qui me prend-il, ce beau diable ? Il a une lecture pour le moins approximative de mon caractère.

— Doucement, détective, calme ton inquisition. Je te rassure tout de suite : non. Maintenant... Observe cette robe avec un minimum d’attention, ordonnè-je, pédagogue.

Petit tour sur moi-même, pour exposer la coupe au centimètre près, la ligne, le tombé, la transparence traîtresse. Il va finir par comprendre où est le piège.

— Mmh ?

Monsieur fronce les sourcils.

— Qu’est-ce que tu vois ?

Son regard me balaie sans pudeur, de haut en bas.

— Une robe du tonnerre sur un corps de rêve… portée par une femme admirable… qui a légèrement minci.

Oh, il a remarqué ? Faute à qui ? Faute à moi… D’avoir tenté de survivre à sa désertion. On fond vite quand on racle les jours avec du vide.

— Oui, tiens, on en reparlera de ce dernier point… Pour l’heure, enregistre : si je mets cette lingerie noire, cher James, on la repèrera à des kilomètres. Je préfère éviter la publicité gratuite. Capicse ?

Aye, very well, concède-t-il sans grande conviction, comme s'il avait son mot à dire. Puisque tu rechignes à te couvrir, promets-moi au moins de surveiller tes... tes... ye know, those angles o' yours and the... the way ye hold yerself. I'm stayin' sharp, Victoria[3]. Vigilant. Et très… très… sensible à ton allure.

Excellent, il ne sait plus s’il veut me protéger ou me dévorer.

— D’ailleurs, corrige-moi si je me trompe… N’est-ce pas toi qui m’as un jour certifié que, sous un vrai kilt, un Highlander pur jus ne porte rien ? Alors quoi ? La provocation est réservée aux Écossais ? Amnésique ou hypocrite, Monsieur Cameron ? Les règles à sens unique, très peu pour moi.

Il n’argumente pas. Il agit.

— Viens par là.

Ses doigts s’enroulent autour de mon bras — pas brusquement, mais avec cette poigne souple qui fait plier sans contraindre. Une seconde plus tard, je suis aspirée contre lui, me love avec plaisir. Une main glisse derrière mon oreille, dans le fouillis de mes cheveux ; l’autre s’ancre à mes reins, ferme, possessive. Il est chaud, solide, vivant.

— Continue comme ça et je te boudine dans mon tartan pour te planquer aux yeux du monde entier.

— Oh, tu veux me transformer en burrito écossais ? Très sexy comme vision.

Ma voix s’enrobe d’ironie douce, défiant sa prétendue menace.

— Si un seul regard s’égare là où il ne devrait pas, Vi, je te préviens, je redeviens un vrai Highlander. Et pas du genre pacifique.

Mâchoire serrée, lueur sombre dans ses iris océan, je le sais plus espiègle qu'ombrageux.

— Et que fait-il au juste, le Highlander, lorsqu'il perd patience ? Il brandit sa toute petite épée ? le taquinè-je, en gratouillant ses abdos.

— Ma toute petite épée, aye... Un jour, faudra que je t’explique à quel point tu rends la jalousie difficile à dissimuler.

— Je t’en prie, fais-moi un schéma. Avec des flèches, des pictogrammes et des ronchonnements d’ogre possessif.

— T’as pas idée du mal que j’ai à pas te plaquer contre le mur quand tu joues l’insolente…

— Tu devrais consulter ta montre… À mon avis, tic-tac tic-tac, l’heure de la retenue est passée depuis perpète.

— Et dire que j’essaie d’être raisonnable…

Aussitôt soufflé, aussitôt sur moi. James m'offre un baiser bref et brûlant, électricité garantie. Pressée de prolonger la décharge, je riposte de plus belle.

La minute suivante — ou un peu plus — s’emplit de soupirs, de langues en vadrouille et de paumes aventureuses. James finit par me surprendre : bon ou mauvais sens du terme, mon esprit flanche.

— Ça te dirait d’aller saluer ma sœur et Antoine ?

Clignement de paupières. Bouche bée. Panique à bord !

— Je me vois mal te faire danser avec ma chemise à la main ? renchérit-il.

Mince, crotte, flûte.... Je n’avais pas prévu cette succession de face-à-face pour mon anniversaire. Il me faut un mojito. Han-han, si je bois, l'autre andouille va encore nous imposer une diète de soixante minutes supplémentaires de zéro sexe... Autant rester sobre, parce que ce soir, les câlins sont non négociables. Pas question de faire une croix sur le bouquet final et snober la meilleure partie de nos retrouvailles. Je l'aurai ma nuit d'amour !

Allez, place à la visite protocolaire. J'espère juste ne pas me transformer en coquelicot géant dès que sa jumelle m'adressera la parole. Gare aux joues incendiaires et aux mains moites façon vulcanisateur en plein chantier. Sois digne, Victoria, aucune raison d'avoir plus la frousse d'un scrutin familial que d'un volcan en éruption. Moue diplomatico-crispée activée, je glisse ma paume dans la menotte de James et m'avance au front. Dernier clin d'œil au local technique — ciao planque domestique — direction : le territoire des lions.

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