Prologue (Repris)

2 minutes de lecture

Camp de concentration de Dachau, 30 avril 1945.

 J’étais parvenu au bout de cette aventure qui avait bouleversé ma vie. Les cadavres décharnés étendus au sol, l’odeur de pourriture, les survivants installés sur des brancards de fortune et la sidération des soldats américains donnaient au lieu une atmosphère de fin du monde. D’un pas chancelant, je slalomai parmi les corps et me dirigeai vers mes compagnons d’armes.

 Leurs regards se tournèrent vers moi, ou plutôt sur celle que je tenais dans mes bras. Les larmes qui ruisselaient le long de mes joues m’empêchaient de voir à quel point elle avait maigri. Elle était morte quelques heures avant mon arrivée en croyant que je l’avais abandonnée. L’espoir qui m’avait animé ces derniers mois laissait désormais place à un vide insoutenable.

 Mes camarades ne prononcèrent pas un mot lorsqu’ils me virent franchir l’enfilade de baraquements lugubres et insalubres. Ils savaient tous ce que j’avais traversé pour tenter de la sauver. Figés sur place, ils se contentèrent de m’observer pousser la porte du réfectoire. À l'intérieur, les tables avaient été déplacées et alignées contre les murs pour y installer un futur hôpital de campagne.

 À l’autre bout de la pièce, un homme m’attendait, tapi dans l’ombre. Il dégaina et pointa son arme vers moi.

 — Pose-la ! m’ordonna-t-il en me rejoignant.

 Je caressai une dernière fois la joue de celle que j’avais tant aimée et l’allongeai délicatement sur l’un des lits de camp, puis me redressai pour faire face à mon ennemi.

 Après quelques mots échangés, il m’adressa un sourire glacial et appuya sur la détente.

 Touché en pleine poitrine, je m’écroulai par terre.

 — J’espère que vous pourrirez tous les deux en enfer ! cracha-t-il en plaçant le canon de son revolver sur ma tempe.

 La haine déformait les traits de son visage. Et dire qu’il nous avait tous trahis… lui… pour qui j’aurais pu sacrifier ma propre vie ! Je ne ressentais plus rien. Ni peur, ni colère. Sans elle, plus rien n’avait d’importance. Comment aurais-je pu deviner que l’héritage de mon arrière-grand-père m’entraînerait jusqu’ici ?

 Il y eut une détonation, suivie d’un éclair…

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