Journal d’Éva, 2 mars 1942
Journal d’Éva, 2 mars 1942
Aujourd’hui, j’ai fait une étonnante rencontre dans le train qui me ramenait à Paris. J’ai croisé ce jeune homme, celui qui m’a sauvé la vie quelques mois plus tôt …
Au début, je ne l’avais pas reconnu, car il s’est laissé pousser la barbe. C’est lorsqu’il m’a dit : « au revoir, Éva » que j’ai tout de suite compris !
Il a certainement eu peur que je le dénonce et s’est enfui. Je n’aurais jamais pu faire une chose pareille, mais il ne pouvait pas le deviner. C’est vraiment dommage, j’aurais voulu discuter avec lui plus longtemps.
J’ai tout de même appris qu’il habite à Troyes, je suis persuadée qu’il ne m’a pas menti. Il semblait intimidé et m’a donné son vrai nom par inadvertance! J’aimerais le revoir, et même si ce n’est pas prudent, j’ai très envie d’aller à Troyes…
Peut-être que ça me changerait les idées. En ce moment je suis complètement déprimée et j’en aurais grandement besoin.
Je me sens incapable d’écrire à propos du drame qui s’est produit à Berlin… L’émotion est encore trop forte !
Il y a quelques jours j’étais tellement désespérée que je songeais même à en finir… Mais ce matin, lorsque j’ai revu cet homme, quelque chose a changé en moi.
J’ai l’étrange sensation qu’il serait capable de me comprendre et qu’avec lui je pourrais être moi-même. Je sais que c’est complètement insensé, mais en ce moment je serais prête à m’accrocher à n’importe quoi.
Il va falloir que j’oublie tout ça pour l’instant. Je dois aller chanter devant tous ces connards qui pensent être le centre du monde. Ils me dégoûtent avec leurs airs supérieurs... Malheureusement je n'ai pas le choix... Ce soir, je me produirai donc au Théâtre du Palais-Royal.
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