Le matin, John suivit le même chemin que toujours. Ses pas le menèrent jusqu’à la maison de sa mère. La porte céda sans résistance, comme chaque jour. Il entra.

Dans le salon, elle était là, assise dans son fauteuil, immobile, les yeux perdus dans un ailleurs inaccessible. Son visage n’exprimait ni accueil ni rejet : seulement ce mur glacé qu’il connaissait trop bien.

John inspira discrètement, puis s’avança jusqu’à se tenir face à elle.

— Bonjour, dit-il d’une voix basse.

Elle ne répondit pas. Pas même un battement de cil. Le silence s’installa, lourd, immuable. Pourtant, ce simple mot, ce rituel, il le prononçait comme une main tendue, fragile tentative de réconciliation.

Il resta quelques secondes de plus, cherchant dans ses traits une fissure, un frémissement. Rien. Alors il baissa la tête et quitta la pièce, le cœur serré, prisonnier de ce geste quotidien qu’il ne savait pas arrêter.


---

Dehors, l’air semblait plus froid qu’à l’accoutumée. John marcha sans but précis, mais son pas finit par ralentir près du café où il avait vu Marc la dernière fois. Comme si un fil invisible le tirait.

Il n’entra pas, pas encore. Mais il resta là quelques secondes, observant les allées et venues, le bruit des tasses et des conversations à travers la vitre. Son téléphone vibra dans sa poche. Un message bref :

« Je passe ce soir. »

Marc.

John le lut plusieurs fois, les doigts crispés. Pas de refus, pas d’objection. Ce silence-là était déjà une acceptation.


---

Ainsi devint le nouveau rituel de John : sa mère d’un côté, Marc de l’autre. Deux présences inconciliables, deux chaînes invisibles. Et lui, pris entre elles, sans savoir s’il devait encore lutter ou simplement plier.