22. Le nouveau rituel

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Le matin, John entra comme chaque jour dans le salon de sa mère. Le simple mot — « Bonjour » — franchit ses lèvres, mais cette fois il le prononça avec un poids supplémentaire. Chaque syllabe était une sentence qu’il s’infligeait à lui-même.

Elle ne réagit pas, immobile dans son fauteuil. John sentit la froideur de son regard glacer son cœur. Et pourtant, il se répéta :

— Je le mérite… maman… et je te promets de le mériter encore plus.

Ses pensées glissèrent vers Marc, la présence invisible mais oppressante. La pensée de son ami-ennemi, de son prédateur affectif, de celui qui l’aimait à sa façon… tout cela renforçait le poids de sa punition. La soumission à Marc et le rituel avec sa mère se mélangeaient, un mélange de douleur et de dépendance.

En quittant la pièce, John se sentait lié, condamné et curieusement vivant, conscient que chaque pas vers l’extérieur était à la fois une fuite et une reddition.

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Le soir tomba, et John rentra chez lui, le pas lourd, le cœur empli de la tension accumulée toute la journée. Une idée s’était insinuée dans son esprit : se punir encore une fois, mais cette fois en confrontant son propre ridicule.

Dans le sanctuaire, il sortit des vêtements qu’il n’avait jamais osé porter, se travestit lentement, chaque geste accompagné d’une voix intérieure moqueuse : « Voilà ce que tu vaux, mauviette… »

Il se regarda dans le miroir, attendant le dégoût, l’humiliation. Mais au lieu de cela, il croisa un regard qui l’enchanta. Un fragment de fascination, une curiosité qu’il n’avait pas anticipée, s’alluma en lui. Pour un instant, la douleur et l’auto-moqueur se mêlèrent à un frisson inattendu, comme si son image trahissait un autre aspect de lui-même, inexploré et vibrant.

Il effleura les tissus avec douceur, caressa les courbes des vêtements contre sa peau, comme pour découvrir une tendresse qu’il ne s’autorisait jamais. Ses mains glissèrent sur le miroir, traçant des lignes imaginaires, dessinant un contour de lui-même qu’il venait de voir pour la première fois. Chaque geste était une caresse, une exploration, un murmure silencieux d’affection et de curiosité.

Puis, presque instinctivement, il laissa ses lèvres effleurer le col de la robe, puis ses mains glissèrent sur ses cheveux, touchant sa propre nuque comme il l’aurait fait avec quelqu’un d’autre. Le mélange de punition et de douceur, de moquerie et de romantisme, le laissa haletant, surpris de la profondeur de cette fascination.

John détourna les yeux du miroir, le souffle court, pris entre la punition qu’il s’infligeait et l’étrange enchantement qui venait de naître. La soirée s’étira dans ce mélange de ridicule, de vulnérabilité et de tendresse, un jeu dangereux entre l’ombre et la lumière de sa propre psyché, une première rencontre avec une part de lui qu’il n’avait jamais osé approcher.

Et puis, presque à voix basse, il murmura pour lui-même :


— Et si… si maman me voyait ainsi… peut-être qu’elle retrouverait la fille qu’elle avait perdue ?

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