Le poids de la vérité

2 minutes de lecture

John referma doucement la porte du sanctuaire. Ses pas traînaient dans le couloir, comme lestés par la honte et la fatigue. Quand il entra dans le salon, la lumière vacillante de la télévision baignait la pièce d’une lueur blafarde. Sophie était là, assise sur le canapé, les bras croisés, le visage fermé. Elle ne regardait pas vraiment l’écran ; ses yeux attendaient, fixés sur lui.

Clara n’était pas là ce soir. La maison semblait plus silencieuse que d’habitude, comme si ce vide avait laissé place à une confrontation inévitable.

Sophie inspira profondément avant de briser ce silence. Sa voix tremblait un peu, mais elle était ferme :

— John… je veux qu’on parle de Marc.

John se figea. Ses doigts se crispèrent contre le dossier de la chaise la plus proche.

— Pas ce soir, Sophie… je suis épuisé.

Mais Sophie secoua la tête. Ses yeux brillaient d’une lueur douloureuse.

— Non, c’est ce soir justement. Parce que je ne peux plus garder ça en moi.

Elle se leva, s’approcha de lui, planta son regard dans le sien.

— Tu m’as tout raconté, John. Ton passé avec lui. Ce qu’il t’a fait. Ce que tu as accepté. Je sais la nature de votre relation. Tu crois que c’était facile pour moi de l’entendre ? Tu crois que c’était simple d’accepter que l’homme que j’aime ait été la « proie » d’un autre ?

John baissa les yeux, honteux. Sophie continua, la voix brisée mais directe :

— Quand il est parti, j’ai cru que c’était fini. J’ai cru que tu avais enfin une chance de respirer. J’ai pris ça comme un soulagement… pour toi, pour nous, pour Clara. Mais maintenant qu’il est revenu, je le sens, il t’attire encore. Et je t’en supplie, John… ne le suis pas.

Il voulut parler, trouver une justification, mais aucun mot ne sortit. Ses lèvres tremblaient.

Sophie avança une main tremblante, effleurant son bras :

— Regarde-moi, John. Regarde-moi et dis-moi que je me trompe. Dis-moi que tu ne retournes pas vers lui.

Il leva enfin les yeux vers elle. Dans son regard, elle lut tout : la honte, la peur, mais aussi cette dépendance sourde qui l’enchaînait à Marc.

Elle recula, les larmes aux yeux.

— C’est plus fort que toi, n’est-ce pas ? Il t’a détruit, et tu retournes quand même à lui.

Un silence lourd tomba. Sophie se détourna, mais sa voix claqua, ferme, presque dure :

— Alors écoute-moi bien, John. Je ne veux plus vivre dans cette ombre. Je ne peux pas partager mon mari avec son bourreau. Tu dois choisir.

Elle se retourna brusquement, le regard inondé de larmes mais incandescent de détermination :

— Marc… ou moi.

John resta figé, muet, son souffle suspendu. La pièce s’emplit d’une tension étouffante, comme si le monde s’était arrêté au seuil de cette question.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fleuve libre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0