68.3

4 minutes de lecture

Bonjour amis lecteurs ! Voilà le topo. Je suis restée bloquée sur ce chapitre longtemps parce que les scènes d'action et moi, ça fait treize. Au moins. Il devait y avoir de la castagne mais j'ai passé tellement de temps à buter dessus (genre vraiment beaucoup, et y a pas une version qui m'a plu) que je suis juste passée tout de suite, ce au dénoument au détriment de toute la montée en tension que j'ai travaillé jusque là.

C'est nul, je sais. En fait, tout cet arc est un peu bancal. Mais comme je suis pas encore en mesure de tout réécrire et que si je continue pas, je vais juste arrêter d'écrire ce bouquin, bah... Je triche. Puis vousme manquiez, amis lecteurs :) Vraiment. J'espère pas trop vous décevoir.

Ana.

La lune nimbait sa silhouette du plus parfait de ses halos. Sa cape élimée et ses longues mèches blanches oscillaient au gré d’un vent, diffusant son odeur. Sanaeni ne cherchait pas à dissimuler sa présence. Instinctivement, les hommes du mestre la prirent en joue.

Trois personnes se tenaient aux côtés de la fabuleuse : Jarolt – qui n’avait pas eu le bon sens de rentrer chez lui – et deux femmes dont l’identité restait à déterminer. Elles furent les premières à remarquer le mestre et ses hommes, sinon les premières à lever la tête vers eux. Leurs peaux olivâtres et leur cheveux bruns ondulés situaient assez formellement leurs origines hors du Tjarn, peut-être au Menèg.

La première, petite de taille et carrée d’épaules, revêtait un mentaux gris qui avait pu être noir sous deux gros bissacs dont les bandoulières lui barraient le torse. La seconde, grande et asséchée par l’âge, portait une fourrure à poil longs façonnée en veste ample ainsi qu’une toque assortie. Elles pouvaient être esclaves et mestresse, voire employée et patronne pour ce que cela changeait.

Sans surprise, la mestresse présumée pris les devants. Elle approcha du groupe, sans s’inquiéter des fusils dressés contre elle.

— Baissez vos armes, ordonna Léopold.

Lui-même changea de prise sur son fusil, adoptant une posture non-agressive tandis qu’il rejoignait à mi-chemin celle qui venait à leur rencontre. Vue de près, elle paraissait plus jeune.

— Bonsoir, Monsieur, fit-elle sans manières. Peut-on vous être d’une aide quelconque, à vous et vos hommes ?

— Pour tout vous dire, vos amis et vous compromettez notre chasse.

— Votre chasse ? L’endroit est-il giboyeux ? J’aurais pourtant juré que…

— Soyons sérieux, l’interrompit-il. Vous m’avez l’air d’une femme intelligente et, au cas où vous en douteriez, je ne suis pas idiot. La fabuleuse est ma cible.

Elle expira longuement. Ses traits s’assombrirent.

— Vous devriez rentrer chez vous, Mestre Makara, fit-elle d’un ton presque menaçant. Votre épouse doit se languir de vous. Combien cela fait-il, sept lunes, qu’elle est grosse ? Certains enfants sont pressés de voir le jour. Votre sœur n’est-elle pas née plusieurs décans avant terme ? Personne ici n’a besoin de vos talents de chasseurs. Mon apprentie est moi contrôlons la situation.

Léopold leva subrepticement les yeux au, ciel.

— Vous devez être Archiviste.

— Professionnellement ennemie des Collectionneurs, n’est-ce pas ? plaisanta amèrement son interlocutrice. Nous avons l’audace d’essayer d’empêcher les hommes de votre genre d’éradiquer des civilisations entières.

— En collectionnant des ragots sur la noblesse.

— En protégeant les savoirs, rectifia-t-elle.

Son accent, quoique léger, confirmait à Léopold ses origines menègannes. Cela ne la lui rendit pas plus sympathique.

— Il n’est pas question d’une civilisation, mais d’une apatride, dont la liberté menace ma sureté et celle de ma famille, dont vous semblez si inquiète.

— Pauvre âme, feignit-elle de le plaindre. Je me demande comment un homme aussi vulnérable que vous a bien pu se voir remettre un fusil d’argent.

— Vous exprimez-vous autrement que par sarcasme ?

— Vous arrive-t-il d’approcher un conflit autrement que par la violence ?

Léopold pouffa de mépris autant que d’amusement, puis jeta l’œil par-dessus l’épaule de la menèganne. Sanaeni, droite, digne, impavide, ne bougeait pas d’un cil, à la croire très au-dessus de tout ce qui se jouait à quelques mètres d’elle.

— Ne sous-estimez pas le danger qu’elle représente. J’ai été confronté à ses semblables par le passé.

— Pas autant que nous. Cette affaire est de notre ressort bien plus que du votre. Sanaeni va nous suivre de son plein gré au Bureau des Archives. Nos interprètes y consigneront ses mémoires en échange de quoi, nous la laisseront consulter certaines nos archives. Ensuite, nous aviseront. Avez-vous l’intention de vous opposer à nous ?

— Pas un instant, assura Léopold. Vous ne vous opposerez pas non plus à ce que je réclame un droit de regard sur son sort, je suppose.

— Vous accorder ou vous refuser cela n’est pas de mon ressort. Vous adresserez vos requêtes à un de nos relais, qui les transmettra au Bureau. Faut-il vous mettre cela par écrit ?

— Ne vous donnez pas cette peine, je m’y connais en administration.

L’Archiviste tourna les talons sans cérémonie. Le mestre la trouva bien hardie de lui tourner le dos, sachant que l’épaisseur de son mentaux ne la protègerait pas d’une balle dans la nuque ou entre les omoplates.

Envers et contre tout, pourtant, Léopold était un homme respectueux des procédures et des lois. Son pouvoir reposait presque entièrement sur elles, tout du moins sur sa capacité à les manipuler à un son avantage. Or, les Archivistes s’y connaissaient mieux que personne à ce jeu-là. Pour s’éviter toute déconvenue, il ne dérogerait pas à ses principes.

— Puis-je au moins connaitre votre nom ? s’enquit-il.

— Il ne vous sera d’aucune utilité, déclina-t-elle.

L’Archiviste entraina la fabuleuse et son apprentie dans son sillage. Vite, bien trop vite, un bouillard de neige qui n’existait que par elles les avala.

Jarolt n’avait pas bougé d’un pouce. Un sourire imbécile lui étirait les lèvres d’une oreille à l’autre. Il lui collait encore au visage lorsqu’à bout de force et affamé, il tomba raide dans la neige.

Annotations

Vous aimez lire Ana F. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0