Chapitre 35 - Le procès

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Durant les jours qui nous séparaient du procès, ma famille et moi-même étions angoissés. Nous ne savons toujours pas à quelques heures de celui-ci, quelles sont les stratégies de monsieur Damas.

Nous sommes tous vêtu avec des habits sobres et noirs comme pour un enterrement. Il faut croire que ce procès peut marquer l’ensevelissement de notre combat contre les violences sexuelles d’Alexandre.

- Tu n’es pas trop tendue ? demande Matéo inquiet dans l’embrassure de la porte.

- Je me prépare depuis que la date est fixée, à témoigner devant la Cour ainsi qu’à faire face au regard foudroyant de mon ex, j’explique. Je ne peux pas dire que je ne suis pas angoissée mais j’ai confiance en moi.

J’ai passé beaucoup de temps avec mon avocat à préparer mon passage devant les juges. Ma concentration était fixée sur le procès et non sur Matéo. Nous ne sommes pas beaucoup sortis ces derniers jours et l’ambiance n’était pas remplis d’humour.

- Et toi ? je questionne en retour.

- Je suis impatient que ce salaud se fasse déglinguer par la justice.

Je suis contente que Matéo me soutienne dans cette épreuve. J’aurais aimé qu’Alexandre soit pardonné pour l’erreur qu’il a commise avec moi mais malheureusement, je ne suis plus la seule concernée.

- Ne parle pas trop vite, je soupire. Nous ne savons pas encore comment cela va finir même avec plusieurs témoins pour convaincre les juges.

Je sais que je vais revoir Julie et Laura tout à l’heure. J’ai connaissance qu’elles aussi ont préparé avec mon avocat un petit témoignage à prononcer.

- N’oublie pas que sur la question financière, nous sommes à égalité avec les Damas, je termine avant de me tourner vers lui après que mes cheveux soient attachés. Ils peuvent se payer un avocat aussi bon que le nôtre.

- L’audience commence à dix heures, il faut y aller, nous presse ma mère en passant dans le couloir.

Nous sommes tous les cinq installés dans la voiture de mon père en route vers le tribunal. Je commence à avoir un peu peur maintenant que le véhicule est presque arrivé. Matéo serre ma main puis me sourit pour m’aider à être courageuse.

Lorsque nous arrivons dans le vaste hall d’entrée, je repère vite mes amies près de leurs parents. Je les embrasse puis les serre dans mes bras en signe de réconfort.

- Je suis vraiment déçue que tu ne m’ais pas parlé de cette affaire, annonce une voix avec un fort accent étranger.

Je me retourne vivement vers Irina et sans faire attention à ses remarques je me jette dans ses bras.

- Je suis vraiment désolée de ne t’avoir rien dit sur le procès mais j’étais tellement stressée et concentrée que j’ai oublié, je me justifie en pleurant presque d’avoir retrouvé ma meilleure amie.

- Je suis venue dès que Laura m’a raconté ce qu’il s’est passé, explique-t-elle à son tour. Je voulais être là pour vous soutenir.

- Tu ne devais pas revenir à Toulouse avant un mois, je rappelle. Ta famille ne va pas te manquer ?

- C’est vrai que j’ai passé moins de temps avec eux mais ne t’inquiète pas, ma cousine va beaucoup mieux et ils ne m’en veulent pas, réplique-t-elle avec douceur.

Irina se tourne ensuite vers mes parents qu’elle salue brièvement puis se tourne vers mon homme.

- Je suppose que tu dois être le fameux Matéo, estime-t-elle en lui faisant la bise. J’ai beaucoup entendu parler de toi, je suis contente de te rencontrer enfin.

- Je vois que j’ai une admiratrice, s’enthousiasme mon amoureux en jouant le jeu. Donc tu racontais toute notre relation à ton amie.

Je ne sais vraiment plus où me mettre mais au moins cela me détourne quelques minutes du sujet préoccupant. Tous deux se regardent d’un air complice avant de se mettre à rire ensemble.

- La séance va bientôt commencer, je vous prie de rejoindre les bancs, s’exclame le gardien de sécurité, interrompant ainsi nos échanges amicaux.

Nous entrons dans la salle d’audience puis nous nous installons devant, proche de notre avocat commun. Une foule de gens s’installe difficilement sur les bancs derrière et rapidement ceux-ci se retrouvent plein à craquer. Je peux reconnaitre une majorité de personne de notre cercle social. Alexandre et sa famille se placent à l’opposé de nous puis la panique me gagne.

- Ça va bien se passer, me rassure mon homme près de moi en voyant mon visage crispé.

Je hoche la tête avant de soupirer un bon coup. Les juges prennent place et bientôt la séance est ouverte. Mon avocat nous a prévenus que nous risquons d’entendre des choses très déplaisantes mais que nous ne devons pas nous emballer. Bien entendu il a appuyé ses propos en lançant un regard insistant à Matéo qui s’est promis de se tenir tranquille.

Pour commencer les deux avocats exposent leurs arguments contraires devant l’attention des juges. Après le déroulement de cette partie qui dure une éternité, le juge principal demande à la victime et à l’accusé de raconter les faits de la première agression sexuelle. C’est donc Julie qui se retrouve à la barre puis Alexandre.

- C’était il y a un peu moins de deux ans, j’étais en première, explique la jeune fille d’une voix timide. Exceptionnellement, ma classe avait cours de sport dans le gymnase avec les terminales. Cela faisait quelques temps qu’Alexandre me tournait autour et j’ai quitté le groupe pour aller aux toilettes.

Julie marque une pause de quelques secondes avant de reprendre. Pas une mouche ne vole et le public est pendu à ses lèvres. Pour lui, Alexandre est coupable mais il reste à convaincre le juré.

- Il m’a suivi puis a commencé à me draguer ouvertement, poursuis-t-elle. J’ai essayé de le repousser mais il devenait de plus en plus insistant. Il m’a poussé violemment dans une cabine et a commencé à me tripoter. J’étais tellement terrifiée que j’étais paralysée mais je n’oublierais jamais la douleur que j’ai ressentis quand il est venu en moi. Je n’ai parlé de ça à personne et j’ai essayé d’avancer comme je le pouvais.

Julie ne peut plus continuer et des larmes coulent sur ses joues avant d’être renvoyée par le juré. J’ai senti la famille Damas de plus en plus agitée mais qui se retenait de dire quoi que ce soit. Le juge attend quelques minutes que Julie se calme puis pose quelques questions pour obtenir plus de détails. Maintenant, c’est à Alexandre de donner sa version des faits et je trouve ça ironique qu’un futur avocat se retrouve dans cette position.

- Je nie d’avoir agressé sexuellement Julie, clame-t-il avec assurance et détermination. Je l’ai bien dragué dans les toilettes puisque ceux-ci étaient mixtes mais rapidement, je suis revenu suivre le cours de sport quand j’ai compris qu’elle ne voulait pas sortir avec moi.

Matéo s’agite sur son siège et serre les poings pour éviter de se lever pour frapper mon ex. Les juges observent le dossier fournis au début de la séance puis hoche la tête satisfait par ces déclarations. Comme tout pour Julie, ils posent quelques questions sur des détails. Ensuite, c’est à mon tour de me lever pour parler de la fête.

- Je sortais depuis deux mois avec Alexandre, je commence d’une voix posée et plus assurée que Julie. Notre relation avait bien commencé jusqu’au jour où il voulait coucher avec moi contre ma volonté. C’était à une soirée chez Charlie, d’ailleurs complice de ce guet happant.

Je défie l’assistance du regard et je peux croiser le regard exaspéré de mon ex. En revanche, je peux compter sur le soutient de mes amis et ma famille qui m’encourage avec des signes.

- Je n’ai pas pour habitude de boire beaucoup en soirée, je poursuis. Par contre, lui oui et la colère l’a vite envahi quand une fois de plus, j’ai refusé ses avances. La peur m’a poussé à me défendre par tous les moyens et j’ai finalement réussi à m’enfuir de sa chambre en croisant ses amis qui montaient la garde devant la porte. Après notre relation n’a cessé d’être chaotique, je ne pouvais pas oublier ce qu’il avait essayé de faire. Plus tard lors de la fête du Commencement, je ne pouvais supporter son contact alors je l’ai poussé puis giflé pour ainsi recevoir le même sort à la volé.

- Je n’ai jamais essayé de faire le moindre mal à Valentina, s’oppose Alexandre quand c’est son tour de s’exprimer. Je l’aimais et mon but n’était pas de la faire souffrir. Pourquoi faire fuir la personne que l’on aime ? Malheureusement, elle a préféré un autre que moi, un homme insignifiant et dépravé. Ces moments de violence, ne sont juste que des excuses pour rompre nos fiançailles.

Après plusieurs heures, enfermés dans la salle, le juge prononce une pause de plus d’une heure pour se restaurer. Je ne pense vraiment pas que Matéo ait apprécié cette attaque directe et je m’attends à une remarque de sa part.

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