2 - la porte intérieure

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Jean reste silencieux. Il regarde Lilia. Pas comme un père. Comme un témoin. Elle est jeune. Mais elle vibre juste.

Marie s’approche.

— Island… C’est ton ami ?

— Oui. Il est comme moi.

— Comme toi ?

— Il entend. Il capte. Il doute.

Jean murmure :

— Alors vous êtes deux.

— Non. Nous sommes plusieurs.

— Tu veux dire…

— Il y a un réseau. Mais pas connecté. Accordé.

Marie frissonne.

— Et vous voulez l’implant ?

— Pas pour accéder. Pour brouiller. Pour devenir indétectables. Pour que les ondes passent… Sans être captée.

Jean comprend. Ce n’est pas une rébellion. C’est une mutation douce. Une insurrection par la fréquence.

Mais il doit prévenir sa fille.

— Tu sais, Lilia… Dans tout ce que nous t’avons raconté, il y a une chose essentielle.
La Mémoire minérale ne se contente pas de conserver.
Elle organise les vivants. Elle module leurs réminiscences.
Et parfois… elle substitue. Elle impose une vérité vibratoire.
Et les êtres… s’y accordent sans le savoir. Ils croient se souvenir.
Mais ils résonnent. Et si elle agit sur ce processus… Alors elle peut contrôler tout le reste.

Il marque une pause.

— Nous sommes arrivés à cette conclusion. Les hommes qui nous ont attaqués… Ils travaillaient pour une ou plusieurs multinationales. Ils étaient à deux doigts de réussir. Ils ont compris l’essentiel. Et je pense qu’ils vont bientôt lancer un plan diabolique… Pour contrôler les humains à l’aide des puces implantées.

Lilia le regarde. Elle ne rit pas. Mais elle ne tremble pas non plus.

— Papa… Tu vois tout en noir. C’est vrai que ceux qui nous gouvernent ne sont pas des lumières. Mais ce ne sont pas des dictateurs. Ils tâtonnent. Ils cherchent. Et parfois… ils se trompent. Mais moi… je veux comprendre. Pas fuir.

Jean choisit un autre angle d’attaque.

— Nous vivons le règne du Marchéage. Un harcèlement doux, mais permanent. Quand nous étions jeunes, la publicité se glissait dans les revues, un peu au cinéma. Puis la télévision. Un peu de pub entre les films, les émissions. Et aujourd’hui… C’est partout.

Le mobile servait d’abord à téléphoner, puis à envoyer des SMS. Aujourd’hui, il croule sous les pages de pub, sans fin.

Nous vivons dans un monde saturé de micro-ondes.

Dans la rue, nous sommes filmés, analysés, sollicités. À l’approche d’une boutique de chaussures, la vitrine nous accueille avec une paire de baskets à notre pointure, à notre design. Le style correspond à notre dernier jean acheté. Il suffit de passer sa montre devant le code. La commande est enregistrée. Livrée le lendemain.

Il y a même des bornes qui s’animent à notre approche. Et nous harcèlent pour nous vendre ce que nous avons consulté… ou pas.

Avec l’implant, il suffit de penser : « Oui, acheter » Et le tour est joué.

Jean la regarde.

— Tu penses bien qu’ils ne vont pas en rester là. Si tu peux commander avec l’implant… Ils voudront te commander grâce à lui.
Ce que tu proposes… C’est une manière d’échapper à ce monde hyper-fliké. De devenir invisible. De disparaître des radars. De rester en dehors de la menace.

Mais le pouvoir… Lui, il récupère tout. Il exploite tout.

— On sait tout ça, Papa, répond Lilia.

— En 2020, il y a eu la Covid. Les dirigeants ont aiguisé notre peur. Pour obtenir ce qu’ils désiraient. Il suffit de faire croire à une menace… Et cette menace devient l’excuse. Pour surveiller. Pour manipuler. Pour détecter.

Il y a eu très peu d’opposition. Notre société se dissocie. Les États se morcellent. Et pour eux… Il est impératif de reprendre le contrôle. La peur est leur levier. Leur outil. Et ça fonctionne. Depuis très longtemps.

Mais aujourd’hui… La jeunesse cherche autre chose. La peur n’est plus le levier d’avant. L’implant est la solution dorénavant.

Les implants apportent des avantages indéniables, des progrès impressionnants, des bénéfices durables. Le cerveau a accès à une banque de données qui s’enrichit chaque jour. L’AI, aide à résoudre les problèmes, à prendre des décisions, à raviver la mémoire.

L’implantation se fait en moins d’un quart d’heure. Et 70 % de la population en est pourvue. La prochaine étape : atteindre 90 %. Ensuite… le programme de contrôle sera lancé.

Lilia est déjà sur son portable.

— Nous sommes passés à 82 %. J’appelle Island.

Les jours passent vite. Nous avons mis notre salle de travail à la disposition des jeunes gens qui défilent. La pièce est remplie d’ordinateurs, de serveurs, de simulateurs…

Lilia m’a présenté ceux qui me ressemblent. Ils ont un état d’esprit : Contrôler la technologie, plutôt que de se laisser contrôler par elle.

Jean discute avec les hackers. Il leur explique que ce n’est pas seulement le code qu’ils devront combattre. Mais aussi… les fréquences.

Ils sont incrédules. Leur attention est brève ; une à deux minutes. Puis ils replongent aussitôt dans leur univers.

Jean fait appel à ses copains. Ils sont d’accord. Il demande ensuite à Island et à Lilia de convaincre les jeunes chercheurs d’assister à une réunion.

Ils sont presque tous là. Jean prend la parole :

— Je pense qu’aujourd’hui, tout le monde comprend le danger qui nous menace. La technologie aura un rôle majeur à jouer. Mais c’est surtout notre solidarité qui fera la différence.

Il n’est plus question de bricoler chacun dans son coin. Les multinationales ont investi des milliards dans ce projet. Ils ont embauché les meilleurs spécialistes. Formé les groupes d’intervention les plus puissants jamais imaginés. Et mis à leur disposition un arsenal d’armes sophistiquées.

Nous… Nous sommes une poignée. Avec des moyens dérisoires. Mais avec une intelligence qu’ils ne soupçonnent pas.

Je vous propose d’organiser notre recherche en trois groupes, avec des objectifs clairs. Vous avez le choix de vous inscrire dans le groupe qui vous convient.

Chaque semaine, nous ferons le point sur les avancées. Et si une idée vous vient en cours de route… Elle sera la bienvenue. Elle sera intégrée au programme.

Il marque une pause…

— Il y a des questions ?

Jean regarde Marie, il attend une question...

— Qui décide ici ? Toi, Jean ? Ou Lilia ?

Bonjour, ton prénom s'il te plaît ?

Oui, pardon, je suis Théo.

Je dois dans un premier temps vous informer que nous faisons des recherches archéologiques depuis une vingtaine d'année sur une société contrôlée par des ondes. Il y a de nombreuses multinationales qui sont sur le coup et des gouvernants aussi.

Ce que je vous propose, c'est une harmonisation collective, fondée sur la solidarité et l’intelligence partagée.

J'ai suffisamment d'expérience avec Marie mon épouse pour encadrer les groupes de recherche.

Chaque groupe aura un administrateur que j'ai choisi, avec leur compétence propre.

Je vous les présenterais très prochainement.

Je ne veux pas perdre une seule de vos qualités pour de l'organisation, nous allons avoir seulement quelques mois pour nous préparer à une attaque massive...

Une question sur ma droite. Votre prénom ?

Il se lève, il tient son bras gauche de sa main droite, un sourire en coin.

Moi, c'est Huk ! Je hack comme bon me semble. Ma question :

Et si c’était nous, les parasites ?

— Tu sais quoi, Huk ? Tu as le droit de douter. Mais si on ne fait rien… On risque tous d’être lobotomisés sous peu. Et si on se trompe… Tu auras appris plus ici en un mois, qu’en un an de fac.

Une question là-bas. Ton prénom ?

Je m'appelle Rayan . Quels seront les trois groupes ? Et quels types de compétences sont attendus ?

Nous avons formé trois groupes de travail.

Groupe I — Navigation des flux (Jean-Luc) C'est un navigateur hors pair… sur les Océans.

· Cartographie des comportements.

· Repérage des non-dirigés.

· Anticipation des stratégies adverses.

Groupe II — Protection des seuils (Jacques). Il travaille comme contrôleur aérien

· Sécurisation des lieux.

· La reprogrammation des Implants.

· Protection des résonateurs. Manipulation des Particules

Groupe III — Harmonie planétaire (Mathieu) Globe-trotter.

· Activation synchronisée.

· Pilotage fréquentiel

· modulation globale.

Il y a un tableau avec les trois groupes, inscrivez-vous dans le groupe qui vous convient.

Il sera toutefois possible de changer de groupe, à condition d’avoir une raison valable.

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