Demain, je ramènerai un couteau au lycée.

Je ne pense pas m'en servir, mais j'en prendrai un quand même. Aucun risque si je le mets dans la poche avant de mon sac, ces abrutis de surveillants ne regardent jamais les sacs en profondeur ; ils se contenter de baisser les yeux et de prononcer un petit "merci" quand on sort notre carnet, histoire de se donner bonne conscience et se persuader qu'ils ne sont pas complètement inutiles.

Demain, j'ai des DS d'histoire-géo et de sciences. Bien entendu, je n'ai rien révisée et j'en ai strictement rien à faire ! Je rendrai feuille blanche, et qu'ils aillent se faire foutre avec leur morale à deux balles sur l'importance du bac et des études ! L'essentiel pour moi, présentement, c'est de savoir la sensation que procure la possession d'une arme toute une journée dans mon cartable, à l'intérieur de ce lycée de crétins insensibles à mes chagrins.

Demain, j'ai envie d'être exécrable avec tout le monde, d'envoyer chier l'intégralité des personnes qui m'adresseront la parole pour voir leurs réactions de bobos-fragiles dérangés dans leur routine de vie minable et protégée du moindre danger. J'ai envie de voir tous ces enculés chialer comme des pourris, de manière à ce que je puisse ensuite les insulter salement et me sentir enfin vivante !

Se sentir vivant en côtoyant la mort... Je crois que je comprend les serial-killers... et je comprend surtout que je suis en train de plonger dans l'horreur...