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Un peu plus tard, on frappe à la porte du studio. Connor est adossé au mur d’en face, un sourire au coin des lèvres. Il me tend un magnifique bouquet de roses. Ce doit être la plus belle attention que quelqu’un a pu avoir à mon égard depuis bien longtemps et je suis obligée d’admettre qu’après la matinée que je viens de passer, cela me fait du bien de le voir. Connor m’embrasse, saisissant doucement mes joues entre ses mains.

- Salut toi.

Ses yeux pétillent à la vue de mon petit sourire.

- J’ai pensé qu’on pourrait aller se promener un peu tous les deux. Il fait beau. C’est le jour parfait pour aller là où je veux t’emmener.

Il se dirige vers mon dressing et en sort un pull.

- Tu auras peut-être besoin de ça, ajoute-t-il l’air énigmatique.

Je me réjouis de découvrir ce qu’il nous réserve. J’ai décidé de ne rien anticiper et de me laisser guider. La surprise ne peut en être que plus belle.

Aux portes du campus, un taxi nous attend. Connor ouvre la portière et me laisse monter à l’arrière avant de me rejoindre.

- Observatory Road, je vous prie.

Le chauffeur nous dévisage un moment dans son rétroviseur avant de se mêler à la circulation bruyante.

- Où nous emmènes-tu ? lui demandé-je intriguée.

Il sourit.

- Là où tes rêves te porteront, dit-il en embrassant ma tempe, ce qui n’est pas sans me rappeler les doux baisers qu’y dépose Matt.

Si seulement il savait…

La suite du trajet est silencieuse, mais complice. Le bras de Connor m’entoure et je me laisse aller au creux de son épaule. Je prends conscience que c’est la première fois, depuis mon arrivée, que je sors du Campus pour autre chose que mes rendez-vous chez le Dr. Hall.

Après une trentaine de minutes, le taxi nous fait découvrir un paysage plus montagneux. La voiture emprunte une route raide et sinueuse pendant plusieurs minutes. Ces paysages plus sauvages, qui ne sont pas sans me rappeler certains biomes que Matt et moi avons traversés, défilent sous nos yeux.

- Ça va ?

Connor s’inquiète. Perdue dans mes pensées, je ne me suis même pas aperçue que je me suis détachée de lui l’espace de quelques instants.

- Oui, ne t’inquiète pas, lui dis-je pour le rassurer.

Le taxi s’arrête enfin devant un imposant bâtiment dont plusieurs toits sont en forme de demi-sphère. Connor règle le chauffeur puis me tend la main pour sortir du véhicule. Le tableau spectaculaire qui s’offre à nous est renversant.

- L’observatoire Griffith… dis-je époustouflée.

Mes émotions me trahissent. Connor, touché par les larmes qui perlent au coin de mes yeux, m’embrasse tendrement sur le front.

- Tu es prête à voyager à travers le temps et l’espace ?

Pour toute réponse, je me jette à son cou et l’embrasse aussi passionnément que spontanément. Après de longues secondes, il recule, manifestement surpris et tente de reprendre son souffle en poussant un soupir de satisfaction.

- Waouh… Qui êtes-vous Madame ? Jamais encore tu ne m’avais embrassé de cette façon. Je prends ça pour des remerciements, dit-il en me faisant un clin d’œil complice.

Devant la porte de l’observatoire se dresse un gigantesque monument surmonté des têtes des plus grands astronomes de tous les temps. Nous prenons le temps de visiter les moindres recoins de l’observatoire avant de nous rendre à l’extérieur.

Les jardiniers n’ont pas chômé. Je les soupçonne même d’avoir déversé de nombreux litres de sueurs au cours de leur travail. La pelouse est taillée de sorte à représenter le système solaire. J’arrive facilement à le deviner, mais il faudrait prendre suffisamment de recul pour avoir une vision globale sur l’ensemble de l’œuvre.

Le panorama de Los Angeles que nous offre ce point de vue est à couper le souffle. Je regarde curieusement Connor installer la couverture sur un coin d’herbe avant d’y déposer ensuite les trésors enfouis précieusement dans son sac. Il m’est difficile de lui exprimer toute ma gratitude tant je suis surprise par ces petites touches d’attention. Il a vraiment pensé à tout, allant jusqu’à accompagner les petits sandwichs d’une bouteille de merlot.

Les traits de son visage n’ont jamais été aussi doux qu’aujourd’hui. Deux petites fossettes s’y dessinent alors qu’il me sourit tendrement tout en nous servant le vin. S’il est vrai que les hommes naissent égaux, je trouve en Connor de nombreuses qualités que les autres n’ont pas. Les points que nous avons en commun se rajoutent à son charme, sa sensibilité ainsi qu’à son humanité.

Ce petit pique-nique tombe à point nommé. N’ayant encore rien avalé depuis hier soir, mon estomac criait déjà famine depuis de nombreuses heures.

Personne aux alentours ne vient nous déranger. On pourrait presque croire que les lieux ont été réservés rien que pour nous deux. Je me sens privilégiée. Jamais encore un homme ne m’avait traitée avec autant de bienveillance. À part mon père, mais c’est différent.

Après ce moment agréable, nous retournons dans l’observatoire. Connor m’emmène au dernier étage. Il se garde bien de me révéler quoi que ce soit au sujet de la surprise qu’il m’a préparée. Au bout des marches, une grande porte s’ouvre sur une immense pièce située sous l’un des dômes du bâtiment.

- Quelle chance ! Regarde, on est seuls ! se réjouit Connor.

Décidément, je vais de surprise en surprise. Tout ce qu’il a préparé aujourd’hui n’a pas de prix.

- C’est un planétarium…

Mon regard enfantin doit l’amuser car il ne peut s’empêcher de rire avant de me prendre dans ses bras. Je n’avais plus remis les pieds dans un planétarium depuis des années. Je crois même que la dernière fois que j’en ai visité un, c’était à la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette à Paris, accompagnée de mes parents.

- Tu veux t’asseoir où ? me demande Connor.

La grande salle est totalement vide. Je le laisse seul maître de la situation. Il choisit alors deux places parfaitement situées. Les lumières s’atténuent tandis que la coupole se teinte d’une couleur orangée.

Alors que l’intensité du faux coucher de soleil diminue peu à peu, quelques petits points lumineux ainsi que la lune apparaissent au centre du ciel. D’autres points viennent les compléter après quelques instants. Peu à peu, les limites de chaque forme se dessinent plus précisément au fur et à mesure que mes yeux s’adaptent à l’obscurité.

Le spectacle est de toute beauté. Connor semble perdu dans ses pensées. Son regard est plongé dans l’immensité de la voie lactée.

- Regarde, lui dis-je en pointant du doigt une partie du plafond. C’est la Grande Ourse.

Je me rapproche de lui et dessine du bout de l’index un parcours supposé lui indiquer la forme de la constellation. Mais je ne suis pas sûre qu’il en perçoive réellement les limites. En revanche, quand je me tourne vers lui, je peux lire sur son visage toute la joie qu’il ressent. Il pose délicatement sa main sur la mienne, puis il la dirige en direction des étoiles et dessine ce que je crois être une lettre.

- Et tu vois ce « W » ? C’est la constellation de….

- Cassiopée, murmuré-je avant même qu’il ne finisse sa phrase.

Je crois que je viens de le toucher comme jamais encore, car même dans la pénombre je perçois ses yeux émus refléter le scintillement de la voute céleste.

- Cassiopée… répète-t-il en souriant, avant de glisser sa main contre ma joue pour m’embrasser longuement et tendrement sous une cascade d’étoiles filantes.

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