Naufrage
Lucidité et Naïf sont sur un bateau.
Naïf tombe à l’eau.
Plouf !
Qui reste-t-il ?
D’abord, le silence, de ces silences fracassants à s’en cogner le crâne contre un mur.
Toujours prompte à donner des leçons de clairvoyance, Lucidité se frotte les mains. C’est qu’elle en trouve des arguments quand elle décide de se payer une bonne tranche de perdant.
« Alors, mon bon Naïf, ne t’avais-je pas dit et répété que tu ne devais rien espérer d’elle ? Face aux passions aveugles, je finis toujours par avoir raison. Vois comme la perfide te regarde couler ; elle te laisse te débattre sans broncher. Surtout n’en doute pas une seconde, te secourir n’entre pas dans ses projets.
Tu étais trop ébloui, pas assez raisonné. Elle, s’est montrée la pire des pleutres, à la première difficulté elle t’a tourné le dos, comme si tu n’étais rien. D’ailleurs, pour elle, tu n’as jamais vraiment existé. Tandis que toi, tu ne croyais qu’en elle, tu t’y raccrochais ; mais quelle erreur…
Cette lâche savait très bien que tu n’avais pas appris à nager. Aussi, n’attends pas qu’elle te lance la bouée qu’elle tient en main. Elle la conserve pour une meilleure occasion.
Une dernière fois, regarde-la bien ; elle n’était qu’une illusion. »

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