Sauvetage

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 Je me retrouve dans une couverture dans un engin dans les airs. Qu'est ce que je fais là ? Tout s'est passé si vite, je ne comprends pas... Dans le siège devant moi, je vois un homme avec un casque et des lunettes, comme je l'ai vu sur la tête de toutes les personnes navigant sur cette machine. Mes yeux sont encore douloureux, car ils ne sont pas encore habitué à l'intensité de la lumière ici. A ma droite, une femme vêtue de cuire est en train de s'adresser à l'homme. Je n'arrive pas à les entendre, comme si j'étais sur une autre planète.

 Je me relève un petit peu, la position dont ces personnes m'ont posé est devenu plus qu'inconfortable. La femme remarque mon mouvement et commence à bouger sa bouche.

 Aucun son ne parvient à mon cerveau. Puis, un bourdonnement sourd suivi d'un bruit aigu vint percer mes oreilles. Des échos de voix se font entendre. Ils deviennent de plus en plus fort, comme si quelque chose au loin s'approchait rapidement de moi. Et soudain, des mots. Des mots qui n'ont aucun sens, des mots qui ne forment pas de phrases, mais des mots présents. Les personnes à l'origine de ces paroles ont des tons graves et aigus, comme si plusieurs parlaient à l'unisson. Une voix plus forte que les autres perce ce brouhaha d'expression dénudée de sens.

"Est-ce que ça va ?"

La voix parvient de ma droite. C'est une voix aigue cette fois-ci. Ils parlent une autre langue, mais grâce à mon rôle d'ambasadrice, j'ai appris à comprendre toutes ces langues si différentes que la mienne.

 J'ouvre les yeux. Ma vue est brouillée par les larmes. Je frotte mes yeux pour essayer de percevoir quelque chose derrière ce rideau de pleurs. Et me voilà de retour dans la machine volante. A ma gauche, une vitre offrant la vue sur une immensité bleu noyée dans une obsucre nuit.

"Vous allez bien ?"

 Cette voix que j'ai bien reconnue m'arrache à ma contemplation. C'était la femme vêtue de cuire qui s'adressait à moi. Je la fixe sans pour autant répondre à sa question. Elle répète donc sa question. Sa voix fait preuve de douceur et d'inquiétude à la fois. Cette fois, je réponds un vague "oui". Elle me tend une bouteille d'eau. Je la prend avec avidité, cela faisait quelques jours que je n'ai pas bu à mon aise.

 Je regarde l'eau avant de la boire. Je suis Ibola, doyenne d'un petit village en Afrique. Deux personnes ici sont là pour me soutenir. Je me retrouve dans un hélicoptère, à 600 mètres d'altitude de la mer, pendant un grande canicule. Pourquoi ? Car j'étais dans le besoin. Cette sécherèsse m'a tout pris, ma tribut, mes animaux, et même mon honneur. Je me sens faible. Comme si la vie avait vidé mon être de toutes forces. J'arrive à peine à ouvrir les yeux.

 A la surface de l'eau, une petite vague navigait. Cela était tout à fait normal, vu que nous nous trouvions sur un véhicule en mouvement. Mes oreilles sifflaient encore un petit peu, mais, j'entendais tout de même le vent dehors. Je porte la bouteille à ma bouche. L'eau n'a jamais eu de goût, pourtant, je sentais la saveur d'un torrent de vie circuler dans mon corps tout entier. L'air humide de cet engin entrait dans mes narines. L'odeur du froid. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas senti. Le plastique de cette bouteille était frais. Mes mains moites et chaudes renaissaient au contact de ce matériaux frais.

 Brutalement, j'ouvre les yeux. Ma pupille rétrécie et je comprends donc. Je sais ce que je fais ici, cela n'a jamais été un secret. Mais ce que je ne savais pas...

C'est que j'avais peur.

Peur du future si incertain. Peur de ne pas pouvoir supporter la morts de mes compagnons. Peur de ne pas être accepter. Peur du jugement d'autruit. Et surtout, peur de mourir.

 Cette illumination me transperce de toutes parts, tel des lames traspercant mon faible corps. Il y a peu, je penserais que ce serais une preuve de faiblesse de ressentir la peur. Maintenant je comprends que mon arogance m'a conduit à ma perte.

"Nous sommes bientôt arrivé !" dis la femme vêtue de cuire, elle se penche vers moi et pointe quelque chose au loin.

"Ici, c'est l'Europe, c'est là où tu vas être ébergée et nourrie. Tu vas d'abord devoir te reposer, parce qu'après ce long voyage, tu dois sûrment être épuisée, suite à ta nuit de sommeil, tu mangeras et buvera jusqu'à ce que tu sois repu. Et seulement après cela, tu nous raconteras ce qu'il s'est passé là-bas. Tu es d'accord ?"

 Je hoche doucement la tête, comme si j'étais une petite fille à qui l'on apprennait les bases de la vie. C'est étrangement vrai. Dans ce monde, je ne connais rien. Ici, pas d'animaux, du moins, pas par les consomateurs. Comment font-ils pour se nourrir ? Ils sont trop nombreux pour pouvoir survivre ici. Je n'ai jamais porté d'attention à leur mode de vie. Je n'aurais jamais cru que cela pourrait me servir, j'étais presque sûr que le seul contact que j'aurais avec eux, serait les disscussions à côté d'un hélicoptère. J'ai eu tord. Combien de fois j'ai eu tord durant cette période ? Trop de fois. Mon ignorance ici peut me coûter très cher.

 Je regarde à travers la vitre de la machine volante. Il fait nuit. Nous survolons maintenant les terres où je vais habiter. Des petits points lumineux parsèment le sol, tel mes anciennes plantations. Chaque petite lumière signifiait qu'un humain vivait ici. Il y en avait tellement. Ces petits éclaires de clareté, semblables aux étoiles, me redonnaient espoir. Ce n'est peut-être pas si terrible de vivre là-bas. Des gens s'occuperaient de moi, j'aurais à manger et à boire. Que demander de plus ? Des souvenirs ? Des êtres chers ? Tout ce qui a de la valeur à mes yeux est innaccesible.

 La descente de l'appareil volant a été mouvementé. A chaque descente, j'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine pour sauté par la vitre. Cette impression m'a suivi pendant tout l'atterrissage.

 Après cet interminable appontage, on me fais descendre de cet engin de malheur. On me conduit dans un grand bâtiment. Il y avait beaucoup de gens ici. On m'a d'abbord donné de la nourriture, les barres fruités de l'hélicoptère ont réussi à me redonner quelques forces, mais n'ont pas suffit à me rassasier. Pas étonnant, après deux jours entier à avoir épuiser les derrnières vivres de nourriture, j'étais affamée.

 Dès que j'ai fini de manger à mon aise, on me dirigea vers une chambre avec un lit. J'en avais déjà entendu parler, mais n'ai jamais dormi dans l'un d'eux. J'étais trop méfiante pour pouvoir me reposer tranquillement. Cette fois-ci, j'étais tellement épuisée du voyage que je n'ai pas eu le temps de considérer la menace.

  Le lendemain matin, on me laissa me reposer jusqu'à tard tard dans la matinée. Je n'ai jamais put faire cela avant. Je devais toujours préparer la journée d'autres. Mais maintenant que tout est parti, je pouvais paradoxalement rêver aussi longtemps que je le voulais. Le soleil perça la couche de mes paupière et me tire de mon repos. Derrière la porte de ma petite chambre, tous s'activent.

 Une femme m'aperçoit, et me guide vers un jeune homme avec un costume, une cravate et des lunettes. Il se présente, mais son patronyme est si différent de ma culture que je n'arrive pas à le comprendre.

 L'homme à lunettes est assis sur une chaise, derrière lui, un bureau avec une tonne de paperasse entassé. En face de lui se tient une chaise. Il m'invite à m'assoire et conter mon histoire. Je parle, il m'écoute patiemment. A la fin de mon récit, il m'explique que je vais être transférer à un centre qui recueil les personnes comme moi qui doivent apprendre à vivre en société. Il m'invite aussi à apprendre le plus tôt possible à écrire pour écrire mon aventure sur papier. Ce que je fit dès que je le put.

 Je me suis habituée rapidement à la vie en société. J'ai eu du mal à comprendre le système de l'argent ici. On achète de la nourriture si facilement. Tout ce qu'il nous faut, c'est ces petits bouts de papier colorés avec un nombre écrit dessus.

Lorsque l'on me demande d'où je viens, je ne réponds pas. Lorsqu'on me demande comment je vais, je ne réponds pas. Lorsque l'on prononce mon nom, je tremble.

Ce nom est devenu ma phobie.

Je ne savais pas à quel point un traumatisme pouvait nous changer.

Mais lorsque celui-ci change quelque chose en nous...

Ce changement reste en nous à vie.

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