Rose

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 Il est 15h30 et je rentre chez moi à pied. J'ai passé une journée à mon lycée. Un journée trop longue à mon goût. Je me demande qui a eu l'idée d'enfermer des enfants dans un établissement sombre pendant six heures conscécutives pour essayer de leur faire rentrer des choses dans leur petite tête. Je serais beaucoup plus utile dans un champ ou près de mes animaux.

 J'habite dans une ferme, j'y ai vécu toute ma vie et je pense rester là-bas une fois adulte. Mon école se trouve dans la métropole proche. Mon petit village à la particularité d'être très près de beaucoup de grandes villes. Ma commune est entre les deux plus grandes métropoles du pays, elle est si petite que son nom sur la carte est presque illisible et personne ne remarque sa bonne position par rapport au trajet quotidien de la maison jusqu'au travail.

 Je vis dans une ferme avec mon grand-père, car mes parents sont partis faire le tour du monde 5 ans plus tôt, et ont décidé de rester au Brézil. Ils m'ont abandonnés, mais je n'ai jamais été proche d'eux.

 Le trajet entre ma ferme et mon lycée est environ 25 minutes à pieds. J'ai toujours préféré faire ce trajet seul. Non pas que je n'ai personne qui habite près de chez moi, mais que personne ne veut partager un bout de traversé avec moi. Je crois que, malgré ma distance avec eux, la fuite de mes parents m'a choqué. Je n'ai voulu lier des liens avec personne depuis, donc personne ne m'aime. Enfin, personne ne m'aprécie vraiment. Je suppose qu'ils font tous semblant de me supporter, même si ce n'est pas le cas.

 J'arrive sous le porche de l'ancienne grange qui me sert maintenant de maison. Mes parents, avant de partir avaient ré-aménagé tout le terrain qu'ils possédaient en maison moderne. Le seul problème est que mes très chères parents sont partis avant la finission des travaux. Mes géniteurs n'ont pas pensés qu'il serait bon de profiter de leur bien ou même de profiter de leur fille.

Dans la cuisine, mon grand-père remplit son pillulier de médicaments en tous genre. J'ai tenté un jour de comprendre le sens de toutes ses doses qu'il prenait chaque jour, en vain. Mon papi devrait être dans un hôpitale actuellement, mais il préfère rester avec moi, car, je cite : "L'odeur là-bas me répugne ! On peut à peine respirer ! Et je privilégie le temps passé avec toi ma petite rose !"

"Rose, qu'il m'apelle, tu es rentrée ! Comment c'est passé ta journée ?"

 A mon habitude, je ne réponds pas, et comme à son habitude, il n'a pas l'air le moins du monde découragé. Je suis presque sûr qu'il pense que je cache un petit copain ou un truc du genre. Mais non, c'est juste mon putain de cerveau qui n'en fait qu'à sa tête.

 Je m'assoies sur la chaise de la cuisine, et entame mon goûter. Cookies sortis du four et pain à moitié carmé, on voit que papi a encore essayer la cuisine. Sa spécialité, ou plutôt, sa recette de secour, les cookies. Ils sont tout simplement divins, malgré ce domaine parfait, à chaque essais autres que ces cookies, est un fiasco. Cela ne m'étonne pas tant que ça. Ma mère et ma grand-mère ne lui ont demandé que ce type de nourriture.

 Depuis que maman est partie, c'est moi qui prépare les déjeuners, midi et soir. Quelques fois, il réussi à se faire comprendre au téléphone et commande de la nourriture. Néanmoins, je sais que s'il était vraiment seul et dépendant de lui même, il saurait comment se débrouiller. Il me donne une raison de vivre.

 Je bacle mes devoirs et va rejoindre au plus vite mes animaux. Le soleil descend déjà dans le ciel et laisse derrière lui une traînée orangée. Je commence par nourrir un par un mes amis, parce que, oui, ce sont mes amis les plus proches. Tous m'accueil avec leur cris respectifs. Margeritte, la vache meule si fort que les poules à côté d'elle sursautent. Les oies coururent vers moi aussi vite que possible, j'ai crains qu'elles m'attaquent pour avoir la nourriture plus vite. Le petit poulain sans nom hennit peu fort, il est encore faible, mais malgré ça, il sautille un peu. Sa mère, protectrice, reste près de lui et le fait revenir derrière elle. Elle a accouché il y a peu, je peux la comprendre.

 J'aime mes animaux, et ils m'aiment aussi.

 Avant que je m'occupe d'eux, c'est mon papi qui s'en occupait. Du temps où il pouvait se déplacer sans avoir sa jambe droite ou son dos en douleur, il m'apprennait tous ce que je sais aujourd'hui, car, il savait qu'un jour, il ne serait plus capable de le faire. Ce jour est arrivé plus tôt que prévu. Les courbatures à tous ses membres l'ont empêcher de se relever. Il a dû passer en urgence pour s'en sortir.

 Donc maintenant, plusieurs vies sont sous ma responsabilité. C'est pourquoi, je dois être forte et le rester. Du moins, devant les gens qui me sont chères.

 La nuit est tombé, je décide de me balader un peu avant de préparer à manger pour papi et moi. La ville sous les étoiles est le seul point fort de l'urbanisation. Tout est calme et silencieux. Certains réverbères sont éteints, fautes de rénovations. J'emprunte une ruelle près de mon établissement scolaire. Tout est doux, c'en est surprenant.

Qui aurait cru que sous ce grand et intimindant édifice, pouvait se cacher un calme paradoxale ? Certainnement pas moi.

Un craquement de branche se fit entendre dans l'intersection devant moi.

D'un coup, le silence devient trop bruyant et mon coeur manque un battement.

 Je ne veux croiser personne. Qui peut bien être là à une heure pareille ? Je regarde à mes pieds. Derrière moi, des graviers et des branches sèches recouvrent le sol. Trop de bruit pour la fuite.

Une ombre court sur le mur. J'avance vers l'obstacle le plus proche, étant une poubelle ou un vide ordure et me baisse en espèrant le plus fort possible que l'ombre ne viendra pas par là.

Un éclat de voix se fait entendre. Une voix d'adolescente de mon âge. Puis, une voix plus grave lui réponds. Toujours cachée, j'essaye de capter quelques mots. Il semble que ce ne soit qu'une conversation sur les élèves qui sont dans la même classe que ces deux jeunes. Quelques insultes fusent, et certains noms sont crachés comme du venin.

 Puéril. C'est puéril. Au lieu de se soucier de ce monde en ruine, ils complotent pour rabaisser les autres. Incroyable. J'entends même mon nom passer. Forcément. On ne crache pas sur des élèves, sans parler de moi. Je comprends que je suis encore rentrée dans l'un d'eux sans faire exprès.

Pour une chose d'aussi futile, on ne devrait pas en vouloir à quelqu'un. Oui, je suis maladroite et peu concentré, mais cela ne fait pas de moi une cible à abattre. Ce monde est tellement stupide...

Déconcentrée encore, je déplace distractement mon pied qui écrase une branche.

 Le bruit fait tourner les deux têtes qui crachaient sur moi. Je voyais leur ombre se déplacer vers la ruelle où, derrière ma poubelle et sous mes graviers, je retennais mon souffle. La lune éclairait chacun de leurs pas, et moi, dans l'ombre, je priais pour que ses pas ne les mènent pas à moi. Si jamais ils me trouvent, je suis bonne pour une raclée.

"- Y'a personne revient, il fait sombre."

 Ces mots sont pour moi je symbole de ma délivrance. Je respire enfin. Ils rebroussent le chemin et reprennent leur discussion. Je compte jusqu'à trente dans ma tête. Je me lève, pour finalement me ré-accroupir. Mes larmes coulent. Je sanglote pendant bien trois minutes. Après avoir séché mes pleurs, je me dresse et rentre chez moi.

 Papy est dans la cuisine, je crie que je suis là et monte dans ma chambre avant qu'il ai eu le temps de me parler.

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