Eau Trouble
J'ai toujours eu une relation particulière avec l'eau. Ma mère a accouché dans la baignoire de notre salle de bain et j'ai su nagé très tôt.
Lorsque j'étais adolescent, j'ai fait un rêve, ou plutôt un cauchemar, je me voyais mourir noyé. Cela ne m'a pas quitté, pour autant je n'ai pas peur de l'eau, j'essaie de ne pas trop me soucier de ce cauchemar, qui hante mes nuits depuis quinze ans maintenant.
J'ai trente ans et la natation est mon sport de prédilection. A quatorze ans, j'étais déjà dans les qualifications de compétitions nationales. Je n'en ai pas fait mon métier, c'est simplement une passion. Je travaille dans l'édition depuis quelques années déjà, j'apprécie beaucoup ce boulot car j'aime lire.
Je m'appelle Camille Lefèvre et malgré ce prénom féminin, je suis très viril et un vrai coureur de jupons. C'est plus fort que moi... J'aime énormément les femmes... Je ne suis pas un canon de beauté mais je sais y faire, je suis un bon orateur et je sais écouter, ça, les filles, elles apprécient. Il faut dire que j'aime bien quand elles parlent de leurs petits et gros soucis. Enfin pour résumer, j'aime vraiment les femmes. Il est vrai que ma carrure et mon physique plutôt méditerranéen – merci à ma grand-mère espagnole – font mouche, néanmoins, je suis plutôt avantagé par ma conversation. Je mesure un mètre quatre-vingt cinq pour soixante-quatorze kilogrammes, tout en muscles grâce à la nage. J'ai le teint mate, les cheveux courts, légèrement ondulés et noir corbeau. Des grands yeux marrons foncés presque noirs, des longs cils et un nez grec. Des lèvres charnues qui me complexaient beaucoup quand j'étais plus jeune, puisque les mecs de ma classe n'hésitaient pas à me dire que ma bouche était assortie à mon prénom de fille et qu'elle était parfaite pour les fellations.
Je ne comprenais et ne comprendrai jamais pourquoi ils se moquaient tout le temps de moi. Cela finissait toujours en bagarre et le pire, c'est que je gagnais, ça ne les empêchait pas de recommencer quand même, tel un caniche à sa mémère qui ne sait rien faire à part mordre, malgré les remontrances que l'on peut lui faire... Enfin, tout ça pour dire que ma bouche a fini par être un atout aux yeux de ces dames, chassant complètement ce stupide complexe.
J'ai eu des relations avec beaucoup de filles. J'en ai rencontré des supers comme des horribles, il faut de tout pour faire un monde... Je me suis fait traité de salaud plus d'une fois, pourtant c'était clair dès le début, je ne peux sortir avec personne, je ne veux que des relations de courte durée et seulement sexuelles parce que je ne tombe jamais amoureux. C'est étrange d'ailleurs, je n'ai jamais été amoureux et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manquées.
Je sortis de mes pensées en appuyant sur le bouton de la douche. L'eau me fit frissonner. Il a fait très chaud aujourd'hui et j'ai décidé d'aller à la piscine tard après le travail pour me relaxer un peu et me rafraîchir. Il y a entraînement demain mais j'aime bien y aller presque tous les soirs. Je saluai un des moniteurs qui partait et me retrouvai seul.
J'adore cet instant... Le moment où vous vous retrouvez seuls avec la chose que vous aimez le plus, faisant gonfler votre cœur de bonheur. Je plongeai et effectuai quatre longueurs. Je m'arrêtai et fis la planche afin de me détendre le plus possible. La semaine a été chargée, des auteurs nous ont envoyés leurs manuscrits en retard et nous avons eu vite fait d'être débordés. En plus, la mignonne petite stagiaire de vingt-quatre ans nous a bloquée la photocopieuse en appuyant sur tous les boutons, ça n'a pas eu fini de nous retarder. La pauvre, elle était désolée et apeurée de se faire virer.
Un bruit me sortit de mes pensées. J'aperçus Yves, le gardien de la piscine, il me salua et me prévint qu'il fermait dans vingt minutes. J'avais le temps de faire une ou deux longueurs de plus. Au moment où je me lançai, je sentis une force aspirer mes jambes vers le fond du bassin.
Une sensation très étrange, je n'ai pourtant pas de crampes !
Je constatai avec effroi que je m'éloignai de plus en plus de la surface. J'eu beau me débattre et faire la brasse je continuai d'être précipité vers le fond. Je regardai à mes pieds et remarquai un nuage noir, il m'enveloppa complètement. Je continuai de me noyer. Cette sensation terrible, elle faisait écho à mon cauchemar. Finalement, c'était un rêve prémonitoire. Cette douleur que je ressentais en me réveillant, je la subis là, maintenant. Et merde ! J'espère que mes parents ne seront pas trop tristes et qu'il s'occuperont bien de mon chat... Yves va être choqué de me retrouver mort, le pauvre, j'espère qu'il s'en remettra... Je fermai les yeux et fini par abdiquer. De toute façon je n'ai plus le choix, c'est terminé. Au revoir la famille, prenez soin de vous. Et vous mes chères amantes, les femmes de ce monde, vous allez cruellement me manquer !
Je sens que je m'égare et m'éparpille, je n'ai plus d'air, plus rien.
Avez-vous déjà eu la sensation que vos poumons brûlaient de l'intérieur ? J'ai l'impression que de la lave s'écoule dans mes bronches ! Je suis dans le noir total et je brûle de l'intérieur ! C'est ça l'Enfer ?! Je n'y ai jamais cru mais si c'est ça, eh bien je ne souhaite à personne d'y être...
- Camille ? Camille êtes-vous avec moi ? m'interpella une voix masculine.
Je ne parvins pas à dire à cette personne que je l'entendais.
- Il semblerait qu'elle soit sur le point de se réveiller. Timéo, hâtez-vous, allez prévenir la femme de charge et le majordome je vous prie, merci.
- Bien Docteur Moreau, je m'y rend de ce pas.
Qui sont ces gars ? Et pourquoi parlent-ils de façon aussi soutenue ? Docteur ? On m'a trouvé à temps pour me sauver ? Merci Yves, tu es un homme génial, je t'apporterai une bouteille de vin en remerciement, quand je serais sorti d'affaire !
Un soubresaut parcouru mon corps. Je repris une goulée d'air qui brûla de nouveau mon système respiratoire et écarquillai les yeux. Tout était recouvert d'un voile blanc. A moins que ce ne soient mes yeux embrumés qui m'empêchaient de bien voir.
- Oh Seigneur ! Camille, vous êtes enfin de retour parmi-nous ! s'exclama la première voix. Comment vous sentez-vous ?
Je ne parvins toujours pas à ouvrir la bouche pour lui répondre. Peu à peu le voile se dissipa, laissant apparaître au dessus de moi le visage d'un homme vraiment beau. De grands yeux noisettes, un nez fin et une petite bouche dévoilant un magnifique sourire agrémenté de dents blanches parfaitement alignée. Deux fossettes prenaient place aux creux de ses joues cernées de rouflaquettes. Son teint plutôt blanc contrastait avec ses boucles brunes lui tombant délicatement sur le front.
Je n'ai jamais eu aucun problème à dire qu'un homme est beau. Certains mecs ne le font pas par fierté et je dois avouer que je trouve cela complètement idiot. Un beau mec est un beau mec point barre, il n'y a pas à tergiverser !
Il sembla comprendre que je n'arrivai pas à parler.
- Pour toute réponse, je vous prierai de cligner une fois des yeux pour acquiescer et deux fois pour réfuter, avez-vous entendu et compris ce que je viens de vous dire ?
Je clignai une fois des yeux, faisant redoubler son sourire de star.
- Je vais faire des tests de réflexe, n'ayez pas peur. Puis-je vous redresser ? s'enquit-il nerveux.
Je clignai une fois. Avec une grande délicatesse, il me redressa et appuya mon dos contre un monticule d'oreillers placé contre la tête d'un lit une place.
Je regardai autour de moi et constatai que je ne me trouvais pas à l'hôpital mais dans une chambre simple. Une petite armoire dans un coin, une cheminée où crépitait des braises. Plus loin, un miroir ovale cloué au dessus d'un petit bureau avec une pile de livres dessus, du papier, un encrier, une plume et une bougie. Une chaise où le médecin avait posé ce qui semblait être sa mallette et son chapeau. A ma gauche se trouvait une table de nuit avec un grand chandelier et dessous, un pot de chambre et une cruche. Je devinai une petite fenêtre cachée derrière un épais rideau bleu.
Le docteur était habillé de façon étrange. Une tenue comme dans le temps, je ne me souviens plus trop l'époque mais ça me rappelait un peu les vieux films à l'eau de rose que regardait ma mère le dimanche après-midi. En tout cas, cette tenue le rendait très chic.
- Bien, maintenant que vous êtes installé, je vais passer la flamme d'une bougie devant vos yeux afin de voir si vous y voyez correctement.
Il fit ce qu'il m'avait expliqué. Pour toute réponse je clignai des yeux. Il plia mes doigts, mes coudes et bougea mes épaules puis me demanda de le faire seul. Il était toujours très doux et patient. Il s'occupa de ma tête et me demanda si elle me faisait mal, ce qui n'était pas le cas.
- Je vais maintenant mettre la couverture au fond du lit afin de voir l'état de vos jambes. Pour quelqu'un qui est restée endormie cinq mois, je trouve que vous vous en sortez très bien Mademoiselle Camille.
Cinq mois dans le coma ? Quoi ? Mademoiselle Camille ? Il se fout de moi lui ou quoi ?
Au moment où il tira la couverture, je découvris une paire de petits pieds blancs comme de la porcelaine surmontés d'une robe blanche.
Attends, je suis en robe et ces pieds sont à moi ?!
Je parcouru du regard ce qui semblait être mon corps et découvris une ferme poitrine cachée par le tissu blanc de la robe. Par réflexe j'y posai mes mains et commençai à toucher et malaxer. Quelle sensation agréable... J'ai toujours adoré les poitrines des femmes, peu importe la taille et la forme, elles sont toutes merveilleuses... Cela me fit un bien fou, néanmoins, je réalisai que ces seins m'appartenaient.
- Hum ! Ca-Camille, puis-je savoir ce que vous... vous vous infligez ? balbutia le docteur rouge pivoine.
Je ne pus m'empêcher de sourire. Je réussis à émettre un petit « rien » aigu, me surprenant. Le faisant rougir d'avantage.
- Je vais toucher vos jambes, ne forcez pas votre voix pour l'instant, continuez à battre des paupières pour me répondre, d'accord ?
J'acquiesçai puis il reprit son inspection. Ses grandes mains sur mes petites jambes me firent frissonner de façon très agréable. Comme si personne ne m'avait touché de telle manière. Il me tourna de sorte que mes jambes pendent au bords du lit et tapa mes genoux avec un petit marteau. Une fois vérifiés, il m'aida à me redresser afin de marcher un peu. Je trébuchai sur les lattes du parquet et il me rattrapa de justesse. Je me sentis bizarre dans ses bras. A la fois en sécurité mais aussi très gêné d'avoir cette proximité avec ce garçon.
C'est alors que trois personnes entrèrent dans la chambre. Une femme et un homme d'un certain âge avec un garçon d'une vingtaine d'années.
- Nous réessaierons plus tard, je vais vous porter à votre couche, expliqua le docteur.
Aidé de la femme et du garçon, ils me remirent dans le lit. La femme éclata en sanglots et me prit dans ses bras.
- J'ai eu si peur ! Ma douce Camille, comment aurai-je pu vivre sans vous et me présenter devant Mademoiselle si vous nous aviez quittés ?
Ses pleurs redoublèrent, ne sachant vraiment pas comment réagir, je la pris à mon tour dans mes bras. Peu importe l'âge, je déteste qu'une femme pleure à cause de moi... Bien que je ne comprenne toujours pas ma situation, de la voir dans cet état me causa une grande peine.
- Madame Thomas, reprenez-vous je vous prie, vous voyez bien que Camille semble aller pour le mieux ! intervint l'homme d'âge mur.
- En effet, admit le beau docteur, en revanche, elle a toujours un problème d'élocution que je dois soigner et vérifier sa mémoire car lors de son réveil elle regardait sa chambre comme si elle la découvrait pour la première fois. Permettez-moi de continuer à l'ausculter, vous pouvez rester ne vous en faites pas, sourit-il.
- Timéo et moi avons à faire mais peut-être que ma femme souhaite rester ? interrogea le monsieur.
- En effet, je préfère vous portez assistance Docteur Moreau, convint la femme.
- Bien, alors commençons. Camille, pourriez-vous vous asseoir comme auparavant afin que j'accède plus facilement à votre dos et votre gorge ?
Je clignai une fois des yeux et m'installai comme il le souhaitait. Il me fit prononcer l'alphabet et ma gorge me fit un peu mal. Il pria à Madame Thomas de m'apporter un lait chaud avec du miel. Je me sentis mieux après l'avoir bu et nous avons pu recommencer à dire l'alphabet.
Les choses se compliquèrent lorsqu'il commença à me poser des questions sur ma vie et le lieu où nous nous trouvions. Je décidai d'adopter leur mode de diction afin de ne pas passer pour un fou bien que ce soit déjà trop tard...
- Comment vous appelez-vous ? S'enquit-il.
- Camille Lefèvre, parvins-je à dire toujours surpris par mon timbre de voix.
- Camille... Vous n'avez pas de nom de famille... Madame Thomas vous a trouvé à l'orée du bois lorsque vous étiez nourrisson, le Comte ne vous a accordé qu'un prénom... Ne vous rappelez-vous pas de cela ? demanda-t-il l'air inquiet.
- Non... Toutes mes excuses docteur... murmurai-je en baissant la tête. Je m'en veux de vous causer tant de problèmes mais puis-je parler franchement ?
- Bien sûr, je vous en conjure, dites nous tout ! intervint la dame.
- Eh bien... Je crois que je suis mort pendant un moment et lors de mon réveil, j'étais sûr d'être un homme et aux urgences... risquai-je.
- Voilà pourquoi vous aviez l'air tellement perdu et ce pourquoi vous parlez de vous au masculin... J'espère de tout cœur que vous retrouverez vite la mémoire Camille... Qu'est-ce que les urgences ? demanda-t-il les sourcils froncés.
- C'est un endroit où l'on amène les blessés graves afin de les opérer dans les hôpitaux ! répondis-je avec franchise.
- Il n'existe point de structures comme celles dont vous parlez, seulement pour les aliénés. La médecine est en progression mais pas à ce point. Vos propos m'étonnent, je ne vous savais pas si connaisseuse en médecine ! remarqua le docteur.
- Pensez-vous que cela à un rapport avec sa noyade Docteur ? s'inquiéta Madame Thomas.
- Je ne saurais vous le dire Madame, mais une chose est sûre, c'est que Camille n'est pas la Camille que nous connaissions... conclue-t-il en se frottant le menton. Savez-vous en quelle année nous sommes ? interrogea-t-il.
- Aucune idée Docteur... paniquai-je.
- Alors je vais tout vous dire, et si quelque chose vous revient, n'hésitez surtout pas à me prévenir.
J'acquiesçai alors qu'ils me réinstallèrent contre les oreillers.
- Comme je vous l'ai dit, vous vous prénommez Camille, vous avez vingt ans et vous avez été retrouvée par Madame Thomas, ici présente sur le domaine du Comte Jacques-Henri Duchâtel. Nous sommes le 9 avril 1863, l'Empereur actuel est Napoléon III. Vous êtes servante et dame de compagnie de Mademoiselle Duchâtel. Madame Duchâtel est décédée il y a quelques années alors que Mademoiselle n'avait que six ans. Vous vous êtes beaucoup rapprochée d'elle afin de la soutenir dans cette épreuve. Depuis, vous êtes restées inséparables. C'est en voulant la sauver de la noyade, dans le lac du domaine que vous vous êtes noyée il y a cinq mois. Timéo avait tenté de vous faire remonter après avoir mis notre jeune Maîtresse en sûreté, mais vous commenciez à fatiguer dans l'eau glacée et la branche qu'il vous avait tendu a cédé. Le temps de plonger et de vous hisser au bord, vous ne respiriez plus. J'ai couru le plus vite que j'ai pu afin de venir vous faire recracher l'eau et une fois fait, votre pouls était extrêmement faible, vous ne sembliez pas vous réveiller... Avez-vous des questions ou vous souvenez-vous de quelque chose ?
- Je ne me rappelle de rien mais merci pour cet éclaircissement Docteur. Comment va Mademoiselle Duchâtel ? m'enquis-je.
- C'est tout à fait vous... sourit-il, vous inquiéter pour les autres alors que vous êtes plus mal qu'eux. Elle va très bien et attend votre réveil avec impatience. En revanche, vous l'appeliez par son prénom, le reconnaîtriez-vous ?
- Je vous prie de m'en excuser, non... répondis-je gêné.
- Elle se prénomme Rose et vous adoriez son prénom... Bien, le temps que la mémoire vous revienne il va falloir vous restaurer et réapprendre à marcher correctement. Madame Thomas, je vous charge de la nourrir, je m'occuperai de vos jambes et de votre mémoire. Je vous laisse, je dois aller donner ses médicaments à Mademoiselle. A demain matin Mademoiselle Camille, finit-il tout sourire.
- A demain Docteur... soupirai-je fatigué.
- Je vais vous faire du potage Camille, ne bougez pas.
Je remerciai le docteur et la femme de charge et me réinstallai correctement dans le lit. Je finis par m'assoupir, et ce fut Madame Thomas qui m'éveilla avec une bonne odeur de soupe.
Le lendemain matin, j'avais ouvert les yeux avec l'espoir que tout ceci n'était qu'un rêve et à mon plus grand désarroi, je me trouvai dans la chambre où je m'étais endormi. Je me levai et réussi à faire quelques pas jusqu'au bureau, non sans difficulté. Le parquet froid me fit frissonner et je remarquai que quelqu'un avait dû passer pendant que je dormais car une nouvelle bûche brûlait dans la cheminée. Je m'accrochai au bureau et avançai mon visage vers le miroir. Je poussai un petit cri de surprise, involontairement aigu. Le reflet d'une jeune fille d'une vingtaine d'année se trouvait là. Je posai ma main sur cette joue blanche et légèrement rosée, d'une douceur de velours. Cette petite main blanche aux doigts fins et aux ongles propres. Camille est une jeune fille plutôt jolie. De longs cheveux bruns ondulés, des grands yeux marrons, un nez fin et une bouche très pulpeuse. En fait, c'est moi mais en fille. J'étais sincèrement époustouflé d'être dans ce corps. Un corps plutôt fin avec des formes là où il faut, dans de bonnes proportions. J'admis, si je croisai une fille comme celle-ci en soirée, je ferai tout pour passer au moins une nuit avec elle...
Je me mis une claque mentale, ce n'était absolument pas le moment de penser à ce genre de chose alors que mon esprit avait réussi à divaguer au point où je m'étais imaginé procéder, un petit moment, à un plaisir solitaire... Mais je réalisai que bien qu'il s'agisse de mon corps actuel, il ne l'était pas auparavant et ne le serait peut être plus, plus tard... Je ne devais pas en abuser, pour rien au monde je ne souhaitai devenir un violeur.
Chassant mes pensées obscures, j'ouvris l'armoire et enfilai ce qu'il semblait être une robe beaucoup plus habillée que ma légère chemise de nuit. Au moment de boutonné le haut de la robe, que j'avais mis environ quinze minutes à enfiler – difficile d'être dans la peau d'une femme du dix-neuvième siècle – quelqu'un pénétra dans ma chambre avec fracas. Je me retrouvai face à une enfant aux cheveux châtain et très bouclés. Des yeux verts cernés de cils blonds, un joli sourire de dents blanches barrait son visage parsemé, ici et là, de taches de rousseur.
- Camille ! hurla la petite en me sautant dans les bras. Vous m'avez tellement manquée, j'étais folle d'inquiétude tous ces mois, à tel point que tous les domestiques ont fini par devenir fous eux aussi car je leur ai fait vivre un enfer ! déblatéra-t-elle sans respirer.
- Euh, Rose ? balbutiai-je confus, toujours surpris par ma voix féminine.
- Qui d'autre ?! s'exclama-t-elle, le docteur m'a prévenue que vous aviez des troubles de la mémoire et je compte bien arranger cela ! En revanche, il m'a dit aussi qu'il vous est difficile de tenir debout mais visiblement vous semblez vous porter à merveille !
- Je vous remercie mais je peine tout de même à me déplacer correctement.
- Ne vous en faites pas, nous allons tous travailler très dur pour que tout redevienne comme avant. De plus, Père a demandé expressément à l'ébéniste et au charron de vous construire un siège roulant, n'est-ce pas merveilleux Camille ?
- Si, je suis très touché, je devrais peut-être aller remercier le Comte.
- Je vais vous y conduire alors ! s'exclama-t-elle enjouée. »
Avant de quitter la pièce, Mademoiselle Rose remarqua que quelque chose clochait avec ma tenue. J'avais oublié de mettre mon corset entre mon tricot de peau et ma robe. Elle m'aida à l'enfiler et rit à l'idée que j'avais tout oublié au point de ne plus savoir me vêtir seul. Je ris jaune intérieurement. Pourquoi les femmes devaient-elles se vêtir de la sorte ? Mode ? Coutumes ? Obligations ?
La petite me sortit de mes pensées. Nous longeâmes un long couloir avant de descendre des escaliers, que j'avais peiné à passer. Rose m'expliqua que je n'étais pas dans la même partie du château que les autres domestiques. Ma chambre était située au dessus de la sienne afin que je puisse l'entendre lorsqu'elle faisait des cauchemars quand elle était petite. Nous passâmes devant plusieurs portes, elle en ouvrit une et me montra sa chambre qui égalait celle d'une princesse de conte pour enfant. Nous continuâmes et elle m'en désigna une autre comme étant celle du Docteur Moreau. Après un moment, je dû m'appuyer au mur car mes jambes s'affaiblissaient. Inquiète, Rose m'indiqua que nous étions presque au bureau de son père et me dit que je pouvais attendre qu'elle aille le chercher. Je refusai et continuai jusqu'à la-dite porte tout en me maintenant au mur. La petite tapa à la porte et un « entrez » étouffé se fit entendre. Nous entrâmes et un homme blond arborant une belle silhouette, se leva de derrière son bureau. Il avait l'air soucieux néanmoins, lorsque ses yeux rencontrèrent les miens, un sourire prit place sur son visage. Il me pria de m'asseoir et commença à me raconter tout ce que j'avais loupé pendant ces cinq mois. Ses paroles étaient plus ou moins intéressantes, en revanche, je me sentais faiblir petit à petit.
Des coups à la porte retentir, stoppant le monologue de mon interlocuteur. Monsieur Moreau apparu sur le seuil et semblait inquiet. Il expliqua qu'il était dangereux de me faire quitter ma chambre sans que je n'ai les jambes rééduquées. Le Comte acquiesça ses propos et m'autorisa à rejoindre ma chambre. Je me levai mais mes jambes cédèrent sous mon poids. Le docteur me prit dans ses bras, en princesse, comme dans les films !
Sous le regard inquiet et scrutateur du Comte. J'y lu de la jalousie mais ne m'y attardai pas, mes jambes me faisaient beaucoup trop souffrir.
Les semaines passèrent, finalement je ne me servais plus du fauteuil roulant et je recommençai à faire les activités que Camille effectuait avant de se noyer. Du canevas, de la broderie sur mouchoir, des bouquets que l'on confectionnait avec les fleurs du jardin et que l'on faisait séchés dans le grand cellier.
Rose prenait plaisir à m'expliquer et me rappeler les méthodes à adopter et je prenais tout autant de plaisir à apprendre.
Le printemps faisant place à l'été, nous jouions régulièrement au croquet, avec Rose en fin d'après-midi, accompagnées parfois du docteur et plus rarement du Comte. Je pouvais aussi me balader à ma guise dans le château, le bois et le jardin du domaine. Toujours observé par le Comte Duchâtel qui me faisait de plus en plus peur. Il avait tenté une ou deux fois, après mon rétablissement, un rapprochement trop intime à mon goût, je l'avais repoussé, gentiment, alors que je commençais à accepter ce corps de femme dans lequel je suis enfermé depuis maintenant six mois.
Il avait osé me bloquer, une deuxième fois, contre un mur et prendre à pleine bouchée mes lèvres. Je l'ai vivement poussé et lui ai mis une claque qui avait, je suis sûr, retentie dans tout le château – ou peut-être était-ce dans ma tête ?! - cela ne l'avait pas arrêté pour autant ! Non non ! A tel point qu'un soir, il était rentré ivre d'un banquet chez le Duc voisin, je venais de coucher Rose, il m'avait forcé à aller vers sa chambre, me répétant qu'il me voulait car j'étais la seule jeune femme du domaine qu'il n'avait pas réussi à attraper dans ses filets et surtout que je serais une très bonne mère lorsqu'il m'aurait mis un frère ou une sœur de Rose dans le ventre. L'idée d'être enceinte de ce malade me paniqua. J'ai hurlé tellement fort que Timéo accouru pour me porter secours. Il avait enfermé le Comte dans sa chambre et avait veillé devant ma porte toute la nuit au cas ou l'autre aliéné vienne me cueillir pendant mon sommeil !
Cela faisait maintenant un an que je me trouvais ici. La vie de dame de compagnie n'était pas toujours agréable. Entre les agressions du Comte toujours plus " amoureux ", les jalousies des autres servantes et mes problèmes de femme, j'avais l'impression de perdre l'esprit... Ou peut-être était-ce le cas ? Mon jargon et ma façon de penser avaient aussi beaucoup changé. Je pensais principalement comme une femme, autant dire que mes délires pervers de machos m'avaient totalement quittés.
Et, je l'admets, mon esprit d'homme et mon corps de femme avaient fini par tomber amoureux d'une personne incroyable...
Je l'ai réalisé alors que je l'avais croisé à la bibliothèque, il y a de cela quelques semaines. Je souhaitais à tout prix relire Madame Bovary, que j'avais pris en grippe au lycée, afin de réanalyser ce chef d'oeuvre incompris. Il m'avait complimenté sur mon choix de lecture et en reposant un livre sur l'étagère près de moi, il m'avait regardé droit dans les yeux. Mon cœur avait loupé un battement, mes joues s'étaient très certainement empourprées et j'avais pu lire dans ses yeux, tout l'amour qu'il me portait, bien qu'il n'avait soufflé mot. Il avait placé, avec toute la tendresse du monde, une mèche rebelle derrière mon oreille. Ses doigts froids m'avaient fait frissonner, surtout de plaisir. Un tel homme, comment se faisait-il qu'il ne soit pas déjà marié !
Après ce tendre moment, j'avais décidé de poser la question à Madame Thomas. Elle m'apprit que le Docteur Moreau était fiancé il y a deux ans mais que la jeune fille n'en voulait qu'à sa fortune de médecin alors qu'il en était amoureux. Un soir, il lui rendit une visite imprévue et la surprit chevauchant un homme. Cet événement lui fit perdre pied mais grâce à Camille - enfin moi - et au bon soin du Comte, il reprit du poil de la bête et se jura d'épouser une femme qui l'aimerait pour lui et non pour sa fortune.
Le cœur léger je me rendis plus souvent à la bibliothèque, où je prenais plaisir à l'observer par dessus mon livre ou entre des étagères. Petit à petit, je remarquai qu'il me regardait beaucoup aussi et devenait de plus en plus serviable et bavard. Nous faisions régulièrement de longues promenades, profitant de cueillir des fleurs et échanger quelques idées sur la littérature. J'attendais toujours chaque matin avec impatience, lorsqu'il se joignait à nous pour déjeuner, il égayait ma journée.
Plus le temps passait et plus je le trouvai à mon goût. Son humour, que j'étais apparemment le seul à comprendre, me faisait rire aux larmes, le surprenant au début, puis cela devint naturel entre nous. Cet homme n'était pas né à la bonne époque... J'en étais fou amoureux mais je ne parvenais jamais à le lui dire...
Quelques temps plus tard, alors que nous nous promenions dans le jardin avec Rose, la fillette se tourna vers moi l'air soucieuse.
- Que se passe-t-il ma petite Rose ?
- Père s'est fâché parce qu'il a apprit par une domestique que Docteur Moreau et vous êtes amoureux et que vous avez eu une relation intime... soupira-t-elle.
- Pardon ?! m'exclamai-je choqué, m'étouffant avec ma salive. N'êtes-vous pas un peu jeune pour tenir ce genre de propos, Rose ? lui demandai-je fermement.
- Si, mais Père était tellement en colère qu'il a crié qu'il allait le tuer. N'est-ce pas aussi de votre faute Camille ? Je ne veux pas que vous vous fâchiez Père et vous, à cause de notre médecin... répondit-elle tristement.
- Nous n'allons pas nous fâcher ma chère mais, je vous en conjure, ne répétez point ce genre de choses aussi légèrement. Il ne s'est rien passé entre le Docteur et moi. Nous nous aimons néanmoins cela ne changera en rien ma relation avec le Comte et vous. Je vous considérerai toujours comme ma sœur.
- Si cela changera tout ! s'écria-t-elle en sanglotant. Je ne vous ai jamais estimé comme une sœur ! s'exclama-t-elle, la remarque me pinça vivement le cœur mais je ne laissai rien paraître. Vous ne pourrez plus devenir ma maman une fois que vous aurez épousé le docteur !
- Oh Rose... soupirai-je tristement et touché. Je serais toujours là pour vous quoiqu'il arrive... tentai-je de la rassurer, la prenant dans mes bras.
- Mais je voulais que vous vous mariez avec Père. Il vous aime à en mourir Camille, ne le savez-vous donc pas ?
- Je l'avais compris ma douce... Toutefois ses sentiments et les miens sont différents et je ne puis me résoudre à épouser un homme que je n'aime pas. Le comprenez-vous ? demandai-je inquiet.
- Non... Je finirai peut-être par le comprendre en grandissant... admit-elle, me faisant un faux sourire.
Je l'étreignis une dernière fois avant de reprendre la promenade. Nous entendîmes un grand fracas venant de la demeure et des cris à glacer le sang. Je vis Monsieur Thomas accourir vers nous. Il eut du mal à reprendre son souffle et je constatai que ses joues rougies étaient baignées de larmes.
- Qu'est-il arrivé Monsieur Thomas ? Vous m'inquiétez.
- I-il y a eu... un accident... parvint-il à dire.
- Comment cela ? m'inquiétai-je d'autant plus.
- Comme vous le savez, Monsieur et le docteur Moreau étaient partis ce matin à une partie de chasse au faisan, expliqua-t-il en retenant ses pleurs. Le Comte est rentré à l'instant, complètement ravagé par la tristesse. Il a seulement eu le temps de nous dire que Monsieur Moreau est décédé, avant de perdre connaissance...
Ses paroles raisonnèrent en moi comme le glas de l'église. Mes jambes cédèrent et je m'évanouis en me traitant de faible idiot.
Je m'éveillai dans ma chambre. Timéo regardait par la fenêtre, assit sur ma chaise. Je l'appelai, le faisant faire volte-face, il se précipita vers moi et m'étreignit tellement fort que je crus retomber dans les vapes.
Timéo se détacha de moi, tira la chaise vers le lit et commença à me raconter tout ce qu'il s'était passé...
Alors qu'il gardait les chevaux du docteur et du Comte, il finit par les attacher à un arbre et s'enfonça dans le bois afin de les aider à trouver des faisans. C'est alors qu'il entendit le Comte demander au docteur d'aller dans une direction. Il s'avança discrètement et comprit avec effroi ce qu'il allait se passer. Dès l'instant où Monsieur Moreau avait tourné le dos, le Comte lui tira dessus, le faisant s'écrouler face contre terre. Il couru vers eux alors que le Maître des lieux commençait à lui dire que c'était un accident.
- Je vous jure Camille... pleura-t-il. J'ai tenté d'arrêter les saignements mais c'était impossible. Je l'ai retourné et il m'a alors dit de vous dire qu'il vous aime et qu'il regrette de ne pas vous l'avoir dit de vive-voix avant. Et lorsqu'il a eu finit de s'exprimer il s'en est allé... termina-t-il étouffé par ses sanglots.
J'essayai de me maîtriser au mieux. C'est alors qu'une idée me vint. Il fallait que je retourne de-là où je venais et peut-être que tout serait comme avant.
- Timéo, pourriez-vous me laisser seul je vous prie... Je ne souhaite recevoir personne ce soir dans ma chambre. Pourriez-vous demander à Madame Thomas de s'occuper de Rose. Je ne m'en sens pas capable.
- Oui bien sûr, mais n'hésitez pas à sonner si vous avez besoin, je ferais en sorte que tout le monde soit aux petits soins pour vous.
- C'est adorable, merci beaucoup.
Il me serra chaleureusement la main entre les siennes avant de quitter la chambre. J'attendis un petit moment avant de m'envelopper dans une cape noire que j'avais dans l'armoire.
Ma décision était prise, j'allais mourir ce soir. En plus, un soir de pleine lune était un vrai cliché mais parfait. Je n'aurais pas besoin d'un bougeoir pour m'éclairer et je ne serais donc pas repérable. Je quittai la demeure à pas de loup et couru vers le lac où Camille s'était noyée.
Au moment de sauter dans l'eau, je sentie un bras me saisir par la taille. Je pestai intérieurement en me disant que Timéo avait peut-être compris mon manège et fus extrêmement surpris en découvrant de qui il s'agissait.
Le Comte me plaqua violemment contre un arbre, un bras me maintenait et l'autre s'affairait à me déshabiller.
- Que faites-vous ?! m'écriai-je la voix éraillée.
- Vous êtes à moi et à personne d'autre, vous n'avez pas le droit d'aimer ou d'être touchée par quelqu'un d'autre que moi, vous êtes MA personne ! s'écria-t-il.
- Mais vous êtes fou ! Je vous ai déjà dit que ce n'était pas possible ! hurlai-je en essayant de le repousser.
- Je suis fou de vous Camille. Ce n'est point ma faute si vous êtes aussi attrayante ! Et je le suis devenu d'autant plus en voyant Timéo sortir de votre chambre à l'instant ! s'exclama-t-il les yeux écarquillés.
J'y lu avec frayeur, de la folie et du désir.
Il parvint à finir de m'arracher la partie haute de ma robe, fit sauter les boucles de mon corset et commença à m'embrasser et me lécher les seins, me provoquant des nausées.
Je le repoussai sans cesse mais rien y fit. Il s'accrocha à moi afin de me faire basculer au sol. Il se colla contre mon corps, prit mes deux poignets d'une main, maintenant mes bras au dessus de ma tête. Avec son autre bras il souleva mes jupons et arracha ma culotte puis écarta mes jambes avec ses genoux. Je compris qu'il était en train de défaire son pantalon au moment où il me lança un regard pervers et victorieux.
Je m'en voulu de ne pas m'être plus battu pour le corps de Camille mais je n'y parvins plus. La peine et la peur ont pris le dessus sur ma force. Une idée me vint... Et si c'était comme quand un chat joue avec une souris ? Lorsque la souris arrête de bouger, le chat abandonne car ce n'est plus amusant. Alors je devais faire pareil...
Dès l'instant où il me pénétra avec force, je compris que Camille était encore vierge. De la bile envahit ma gorge et je la ravalai avec difficulté. J'aurai aimé m'évanouir mais malheureusement cela n'arriva pas. Alors je me contentai de regarder le ciel étoilé pendant que l'autre malade faisait son affaire... Des larmes coulaient le longs de mes joues sans que je n'y prête gare au début. J'eus une pensée pour toutes les filles qui ont vécues ça de près ou de loin et je me jurai, que si je me réincarnai de nouveau en homme, je les respecterai comme elles le méritent...
Un grognement satisfait me sortit de mes pensées. Le Comte venait de terminer. Il se pencha au dessus de mon visage, posa ses lèvres sur les miennes puis souffla un « vous m'appartenez totalement maintenant ».
Il se releva et je vis une masse noire s'approcher à grande vitesse de nous. Le Comte se fit bousculer et je reconnu Timéo qui s'était juché sur lui une arme dans les mains, tentant de lui tirer dessus. Le maître du lieu se débattit et essaya de lui retirer l'arme des mains.
Je restai là, interdit, dans l'herbe fraîche, les regardant se battre par ma faute... Etait-ce vraiment de ma faute ? Un bruit de détonation retentit dans la nuit et une vive douleur dans les côtes me fit pousser un cri. Un liquide chaud se répandit sur ma poitrine et imbiba le peu de tissu me couvrant. Timéo et le Comte se redressèrent de concert et accoururent vers moi. Leurs regards inquiets me firent comprendre que je m'étais pris une balle. Tentant de ne pas sombrer je pointais le lac du doigt, suppliant mon jeune ami du regard. Mes yeux se fermèrent et j'entendis deux hurlements bien distincts avant de sentir que l'on me portait. La fraîcheur de l'eau me fit du bien, me permettant de sombrer en douceur dans les tréfonds du lac.
A cet instant, le jeune Timéo se rappela que c'est ici qu'il l'avait vu pour la première fois, en train de se baigner avec les autres servantes. Il en était tombé éperdument amoureux mais n'avait jamais réussi à le lui dire clairement. Il s'était juré de la protéger coûte que coûte et avait échoué. Maintenant il était trop tard pour quoique ce soit, il n'avait qu'à ravaler ses sentiments pour toujours...
Vous souvenez-vous toujours de vos rêves ? Faites-vous des rêves réalistes au point de continuer à les vivre au réveil ? Les vivez-vous comme le personnage principal ou êtes-vous toujours le personnage secondaire qui observe la scène ? J'avais la sensation d'avoir fait un rêve totalement fou et pourtant cet étrange sentiment de l'avoir vécu, restait encré dans ma tête et mon corps.
Un bip régulier résonna dans ma tête. Est-ce le temps qui s'écoule ? Se faisant insistant, le bruit m'intrigua. J'ouvris les yeux et constatai que je me trouvais dans un lit d'hôpital. Quelqu'un, visiblement un homme, vêtu d'une blouse blanche était dos à moi et regardait un calepin qu'il tenait dans les mains. Je pris une profonde inspiration afin de l'interpeller mais il se retourna à ce moment-là.
Je fus plus que surpris de le voir, lui, la seule personne de laquelle je suis tombé amoureux. Le seul être à faire battre mon cœur, le docteur de mes songes... Il me fit un sourire que je lui rendis. Il allait tourné les talons mais je forçai ma voix.
- Avant que vous ne quittiez la chambre, il faut que je vous dise quelque chose... dis-je avec difficulté, il haussa les sourcils et se plaça devant moi.
Reprenant ma respiration je parvins à continuer.
- Je n'ai pas eu le temps de vous le dire là-bas... Je suis amoureux de vous, vous êtes le premier et le seul... terminai-je en retenant mes larmes.
J'observai le docteur qui semblait songeur. Il s'avança alors vers moi, un grand et magnifique sourire barrant son visage. Mon ventre se tordit agréablement à cette vision. Il se pencha au dessus de moi avant de me donner un baiser rempli d'amour et de tendresse.
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