Le chapelier et le sorcier

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Avec toute mon admiration pour Hayao Miyazaki et le Studio Ghibli...

Il était une fois, un chapelier exerçait son métier avec brio et était très connu dans tout son royaume. Il épousa une très belle femme qui lui donna deux fils et deux filles. Malheureusement, quelques années plus tard, il mourut d'une maladie du sang, incurable. Laissant ses enfants et sa femme s'occuper du magasin de chapeaux. Le fils aîné, Sophian fut désigné pour reprendre l'affaire de son père. Il ne souhaitait pas vraiment être modiste, mais cela, sa plus jeune sœur était la seule à s'en soucier. Sa mère se rendait souvent à la capitale pour faire du démarchage commerciale pendant qu'il s'occupait de la boutique et de l'éducation de son frère et ses sœurs.

A dix-huit ans, le petit-frère lui annonça qu'il quittait la maison afin de rentrer dans l'armée. Il admit qu'il avait toujours eu de grandes capacités physiques. Il l'encouragea et le mit dans le premier train en direction de la plus grande ville militaire du royaume.

La cadette reçut une proposition de mariage à seize ans. Il trouva cela beaucoup trop jeune pour un mariage, cependant ce ne fut pas l'avis de sa mère qui accepta sans hésiter. Ainsi, elle devint femme d'un sergent et partit vivre à la capitale.

Sophian resta seul quelques années avec sa plus jeune sœur Létie. Douée pour confectionner les confiseries et les madeleines, elle fut embauchée comme pâtissière dans la ville voisine. Seulement, elle ne vit son grand-frère que rarement.

Un matin, en ouvrant la boutique, Sophian tomba sur une des employées, essoufflée et échevelée. Celle-ci lui apportait de terribles nouvelles. La guerre venait d'éclater avec le royaume voisin et des jeunes recrus avaient été envoyées sur le front. Parmi elles se trouvait son petit-frère. Fou de tristesse, Sophian somma l'employée de gérer le magasin pour la journée pendant qu'il partait quérir sa mère et sa jeune sœur. Retrouvant sa génitrice, elle semblait inquiète mais non apeurée pour autant. Elle attendait avec impatience un pli qui l'informerait de l'état de son fils.

Il arriva promptement et leur permirent de se calmer. Le frère était tombé dans un grand fossé. Par chance, il s'était seulement cassé une jambe et un bras. Les médecins l'avaient fait rapatrier à sa caserne.

- Je m'en vais de ce pas à sa rencontre ! s'exclama Madame Chapelier. Je te laisse tout gérer en mon absence.

- Pour changer... soupira Sophian à voix basse.

Voyant sa mère s'affairer, il quitta la demeure et partit d'un bon pas en direction de la boulangerie-pâtisserie de sa sœur.

Sophian avait toujours détesté son apparence. Brun aux yeux noirs et à la peau laiteuse. Sa mère avait toujours insisté pour que ses cheveux bruns ne soient jamais coupés courts et toujours noués en tresse. Imberbe, ses traits et son corps étant fins, il arrivait très souvent que les hommes le prennent pour une jeune-fille et non un garçon de vingt-trois ans. Seule sa voix un peu grave l'en distinguait réellement.

Alors qu'il marchait dans une ruelle, il tomba sur deux soldats fumant une cigarette.

- Bonjour petite souris ! On se promène ? lança l'un en faisant un clin d'oeil.

Sophian rougit, honteux. Il serra ses poings, prêt à leur faire ravaler leur envie de séduction.

- Oh ! Mais c'est vrai qu'elle est jolie la petite souris ! s'exclama l'autre.

- Quel âge as-tu ma belle ? Tu vis toujours chez tes parents ? s'empressa le premier.

Sophian allait répliquer au moment où les deux soldats se raidirent. Les yeux écarquillés, ils s'écrièrent et demandèrent de l'aide. Un grand jeune-homme, plus âgé, à la carrure robuste, aux cheveux blonds lisses coupés au carré, aux grands yeux bleus et à la peau très pâle, apparut derrière lui. Il posa délicatement sa main sur son épaule.

- Qui êtes-vous ?! C'est vous qui nous avez fait ça ?! s'agaça le soldat.

- Je suis un chevalier servant, répondit-il calmement. Oui, vous voyez bien que vous embarrassez ce pauvre jeune-homme ! sourit-il tendrement en se penchant vers Sophian.

- Hein ? Un jeune-homme ?!

- Allez donc faire un tour pour vous changer les idées !

A ces mots, le sorcier leva les doigts et comme des automates, les deux soldats quittèrent la ruelle, non sans hurler de désespoir.

- Alors ? Où allez-vous mon cher ? Je suis votre chevalier servant et il est de mon devoir de vous accompagner sain et sauf à votre destination.

Sophian reprit contenance malgré la beauté du garçon qui faisait chavirer son coeur.

- C'est aimable de votre part mais je ne vais pas loin, je me rends chez Césari.

- Allons-y, prenez dont mon bras nous irons plus vite, intima-t-il avec douceur.

A cet instant, un grand fracas retentit derrière eux. Une armada d'hommes tout en noir semblant être fait de caoutchouc, se précipita vers eux.

- Navré de vous embarquer dans une histoire qui ne vous concerne pas... soupira le blond tristement. Nous allons courir de toutes nos forces d'accord ?

- Euh oui...

Sophian s'accrocha tant bien que mal au bras musclé. Tout d'un coup, il quitta le sol. Effrayé, il enlaça le membre sauveur.

- Ne vous crispez pas, détendez vos jambes comme si vous marchiez !

Sophian s'exécuta et le sorcier le complimenta pour son agilité. Il le déposa délicatement devant la porte de l'arrière-boutique et s'envola de nouveau, comme un ange.

Toujours choqué il regarda le ciel alors que Létie ouvrit la porte.

- Que se passe-t-il Sophian ? s'enquit-elle. Une employée t'a vu arriver en volant ! Tu es devenu un ange ou quoi ?!

- Non, soupira-t-il tristement. Cependant j'ai été sauvé par un ange très gentil...

- Quoi ?! s'exclama-t-elle. Il semblerait qu'il se soit envolé avec ton cœur cher frère... Enfin, heureusement que ce n'était pas Hugues sinon il te l'aurait dévoré. On dit même qu'il a arraché le cœur de Martha, la fille du gardien du phare.

- Cela ne pouvait être Hugues, Létie, puisqu'il ne s'intéresse qu'à la beauté, cela me paraît peu plausible, répondit-il simplement.

- Roh, toi alors... s'exaspéra la jolie blonde.

Sophian lui apprit les nouvelles et la rassura. Après une heure à discuter, Létie dû reprendre le travail et il rentra à la boutique de chapeaux.

Le jeune-homme ignorait que les hommes caoutchouc qui les avaient poursuivis plus tôt, étaient des serviteurs de la Sorcière des Landes, jalouse de l'intérêt que l'ange blond lui avait porté. Elle le suivit secrètement jusqu'à la boutique de chapeaux, et, attendant que le brun y entre, elle y pénétra à son tour et ferma la porte à clef.

- Oh je suis navré Madame, s'excusa le jeune-homme en se retournant, je croyais avoir fermé à clef, le magasin n'est pas ouvert à cette heure-ci, si vous avez une commande à passer, pourriez-vous revenir demain ?

- Mais quelle boutique pouilleuse... critiqua la femme. Toi aussi mon enfant, tu n'es qu'une pouilleuse.

- Je suis un garçon et ce n'est qu'une modeste boutique de quartier Madame, se défendit-il avec calme et diplomatie en se dirigeant vers la porte. Je vous prierai de partir immédiatement, intima-t-il toujours calmement.

- Tu as osé défier la Sorcière des Landes ! s'exclama-t-elle un sourire diabolique barrant son visage. Tel est mérité, je te maudis !

Elle se transforma en un immense oiseau noir et enveloppa avec force, le pauvre Sophian qui crut étouffer.

- Tu ne parleras à qui que ce soit de ce maléfice ou tu mourras, ajouta l'horrible femme en reprenant forme humaine, passe mes amitiés à Hugues.

Toujours recroquevillé sur lui-même, Sophian se redressa seulement après avoir entendu la clochette de la porte. Il avait eu une peur bleue de cette femme. Cependant quelque chose en lui clochait. Il se sentait étrangement ensuqué.

Il passa tant bien que mal devant un miroir et crut s'évanouir.

Le maléfice était tel que Sophian avait l'apparence d'un vieil-homme de quatre-vingt-dix ans. Sa longue tresse brune était devenue blanche et courte. Ses mains et son visage étaient ridés, quant à son nez et ses oreilles, ils s'étaient allongés et empâtés.

- En bref, t'es devenu vieux et encore plus laid qu'auparavant mon pauvre gars ! ironisa-t-il. Au moins, mes vêtements ne me sont jamais aussi bien allés !

Paniqué à l'idée que quelqu'un l'aperçoive depuis la rue, il éteignit toutes les lampes, rejoignit son petit appartement à l'étage et s'y enferma. Il ne parvint malheureusement pas à s'endormir, trop stressé à l'idée de devoir se montrer à l'ouverture du magasin sans pouvoir expliquer à qui que ce soit pourquoi il arborait ce visage ridé. Aussi, il décida de s'enfuir à l'aube. Il prit quelques provisions dans sa cuisine et de quoi se vêtir, qu'il glissa dans sa sacoche.

Alors qu'il marchait sur un pont, la locomotive passa dessous, envahissant de fumée noir les alentours. Il sortit du nuage en toussant, croisant un jeune ouvrier.

- Tout va bien Monsieur ? Vous avez besoin d'aide ? s'enquit gentiment celui-ci.

- Je vous remercie pour votre gentillesse jeune-homme, je suis encore assez fringuant pour me débrouiller tout seul, blagua-t-il.

Le garçon rit et lui fit un signe de la main en s'éloignant. Finalement, Sophian avait une autre vision de la vie aujourd'hui. Son jeune âge dans ce corps de vieil-homme lui permettait de prendre les choses avec philosophie.

Il fit une pause le midi, essayant de se donner pour objectif, d'atteindre les montagnes avant la nuit.

- La vie est belle, songea-t-il à voix haute, j'ai encore toutes mes dents ! Mais cette maudite ville ne s'éloignera donc jamais ou est-ce mon grand âge qui me fait traîner de la patte ?!

Pourtant s'il y avait une chose tout à fait certaine, c'est que Sophian était encore extrêmement énergique pour un homme de quatre-vingt-dix ans !

Un bruit de charrette attira son attention.

- Que faites-vous là mon brave ? demanda le quinquagénaire dont la barbe mangeait presque tout son visage.

Au moins, plus personne ne me prend pour une fille maintenant...pensa-t-il.

- Je m'en vais rendre visite à ma sœur par de-là les montagnes, mentit-il.

- Oh, eh bien c'est avec bon cœur que je vous amènerai à la moitié du chemin, cependant je m'arrête avant la Vallée Cabossée...

- Ce sera parfait, conclu-t-il.

Après tout, cela lui ferait sans doute gagner une heure ou deux de marche.

Lorsque l'homme s'arrêta au niveau de sa petite ferme, il proposa à Sophian le gîte pour la nuit. Celui-ci refusa poliment en disant que sa sœur l'attendait sûrement de pied-ferme. Cachant bien qu'il craignait surtout que quelqu'un ne découvre son maléfice et qu'il soit chassé comme un pestiféré.

- Il va à la Vallée Cabossée à cette heure-ci ?! s'enquit la fermière.

- Oui, il préfère continuer car sa sœur l'y attend, expliqua son mari.

- Monsieur ! s'écria la femme. Méfiez-vous c'est un pays de sorciers par là-bas et les rafales de vent arrivent !

- Tant pis ! s'exclama-t-il à son tour. Merci pour votre bienveillance, dit-il en s'éloignant.

En effet, quelques temps plus tard, alors que la ferme était aussi grande qu'une tête d'épingle, des rafales de vent se mirent à souffler, de plus en plus puissantes. Heureusement Sophian trouva un petit bosquet afin de se protéger en attendant. Priant pour que la pluie de survienne pas par la suite, il s'installa afin de se restaurer un peu.

Un bruissement de feuillage attira son regard vers un petit buisson. Deux yeux verts le fixaient. Un joli chat noir, plutôt famélique, en sortit et s'adressa à lui en des termes très polis.

- Bien le bonsoir Monsieur, je vous prie de m'excuser de vous demander cela, mais seriez-vous d'accord de me donner un petit quelque chose à manger ?

Par exemple, v'la le chat qui cause ! songea-t-il choqué.

- O-oui, bien sûr, tenez... bégaya-t-il en lui tendant un morceau de fromage.

Le petit être le dégusta tranquillement. Pendant ce temps, le nouveau-vieillard versa un peu d'eau dans une tasse en métal et la posa devant le chat. Il lui coupa un autre morceau de fromage et partagea le petit bout de jambon qui lui restait.

- Je vous remercie mon brave, ronronna-t-il en s'inclinant, je n'avais pas mangé comme ça depuis bien longtemps...

- Que s'est-il passé pour que vous soyez aussi affamé, assoiffé et loin de tout ? s'enquit-il.

- Je ne me souviens pas de grand chose à vrai-dire... cela fait plusieurs mois que j'erre ici-et-là sans but, expliqua-t-il. Je sais simplement que j'ai des pouvoirs, y-compris celui de communiquer avec vous. Vous êtes la seule personne à m'avoir approché depuis tout ce temps. Les autres fuyaient en voyant un chat noir ou lorsque je tentais de communiquer avec eux, ils me lançaient des pierres...

- Oh... s'attrista Sophian. Je suis navré de l'entendre...

- En tout cas je suis heureux de vous connaître ! miaula-t-il joyeusement.

- Moi de même, je m'appelle Sophian Chapelier, et vous ?

- Je... Je ne sais plus... dit-il tristement.

- Eh bien... réfléchit l'humain. Je peux vous nommer si vous le souhaitez ?

- Oh, ce serait très gentil de votre part ! Merci ! s'inclina-t-il de nouveau.

- Gigi, cela vous irait comme un gant ! déclara le vieil-homme après réflexion.

- Ah, oui c'est mignon, d'où vous vient cette idée ?

- Eh bien, lorsque j'étais petit, mon père me lisait l'histoire de Kiki la petite sorcière qui était toujours accompagnée de son chat noir, Gigi. J'adorais cette histoire, je n'ai pas été cherché ce nom bien loin... avoua-t-il.

- Cela me touche beaucoup... Merci encore Sophian... ronronna-t-il. En revanche, je sens que vous n'êtes pas un vieil-homme, je me trompe ? Vous avez un cœur de jeune-homme qui bat dans votre poitrine... Un cœur amoureux... scruta le chat.

- Co-comment le sais-tu ?! s'étonna-t-il, le tutoyant.

- Cela fait partie de mes pouvoirs, en revanche, je sens que tu ne peux en parler à quiconque sinon tu mourras, n'est-ce pas ? tutoya-t-il à son tour.

- En effet, et c'est pour cela que je suis parti...

- Je vais te mener dans un endroit qui te permettra de te retrouver, et par la même occasion, j'espère aussi trouver des réponses à mes questions...

Ainsi, les deux compagnons reprirent leur route à travers la montagne. De temps en temps ils faisaient une petite pause mais la nuit et la fraîcheur arrivèrent à grands pas. Ils se dépêchèrent jusqu'à franchir une mer de brouillard. Sophian mit le chat sur son épaule et marcha prudemment.

Soudain, une masse sombre apparue devant eux.

- C'est ici, chuchota le chat. Le château de Hugues, entrons pour voir...

Sophian s'avança jusqu'à la porte en bois et toqua à plusieurs reprises sans que personne ne vienne ouvrir.

- Hé Ho du château ! cria-t-il. Vous allez l'ouvrir cette porte où je dois entrer moi-même ?! Tant pis, je suis trop vieux pour attendre dehors !

Il ouvrit la porte donnant sur un escalier en pierre, poussiéreux. Il faisait sombre mais bon à l'intérieur. Il gravit les marches non sans mal, Gigi toujours sur ses épaules, apeuré.

Après avoir jeté un regard circulaire et fait le constat d'une insalubrité totale, Sophian s'assit sur une chaise en bois, toute aussi poussiéreuse que l'escalier, positionnée face à une cheminée. Il ajouta des bûches dans l'âtre, remarquant que le feu allait s'éteindre dans un énorme tas de cendres. Puis il observa Gigi, s'installant sur ses genoux et s'enroulant sur lui-même, prêt à s'abandonner au sommeil.

- Pour c'qui est du maléfice on n'vous a pas loupés vous deux ! s'exclama une voix moqueuse.

Aussitôt, Sophian et Gigi relevèrent la tête.

Par exemple, j'aurai tout vu aujourd'hui... songea le jeune-homme. Un chat qui parle et même le feu qui s'y met aussi !

- Vous êtes Hugues ?! s'enquit-il.

- Pas du tout, t'as tout feu, euh, t'as tout faux ! Je suis Calcifer, le démon du feu qui anime ce château et le rend invulnérable !

- Tu as loupé ton coup mon ami, nous sommes entrés. De plus je dirais qu'il s'agit plutôt d'un bazar ambulant que d'un château... se moqua-t-il.

- M-mais ! s'indigna le feu. Qu'est-ce qui m'a pris d'vous laisser entrer !

- Merci à toi, s'adoucit le vieil-homme. Je t'en suis très reconnaissant et si je peux faire quoi que ce soit, dis-le moi...

- Je peux te proposer un marché, commença-t-il. Je te débarrasse de ton sortilège et en échange tu devras m'aider à briser le pacte qui m'lie à Hugues.

- Pactiser avec un démon ? Voilà qui ne me tente guère... Qu'est-ce qui me prouve qu'une fois ton problème réglé, tu résoudras le mien ?

- J'admets qu'un démon ne tient jamais de promesse... Mais je t'en supplie, j'n'en peux plus d'être attaché à cette cheminée ! se plaignit-il.

- Autrement dit... marmonna Sophian en s'endormant, ta vie est un enfer...

- Hé Papy ! s'exclama le démon en entendant un ronflement. Papy !

Gigi ronronnant, ferma les yeux à son tour.

- Je confirme, c'est pas gagné cette histoire... se dit le feu.

Le lendemain matin, quelqu'un frappa à la porte. Sophian, de la bave au coin de la bouche et le cou tordu contre le dossier de la chaise se réveilla en sursaut. Entendant un bruit à l'étage, il se remit dans sa position initiale, semblant dormir, malgré la douleur tiraillant son vieux dos.

Un petit garçon d'une dizaine d'année, descendit les escaliers à la hâte en enfilant un déguisement de viel homme.

- Oh, mais ça alors ! fut-il surpris. D'où est-ce qu'il sort lui ?

Il ouvrit la porte, donnant sur une rue portuaire. Une petite fille demanda très poliment un remède pour sa mère malade.

Pendant ce temps, Sophian, remarquant qu'il n'avait aucun danger à courir, se leva et regarda par dessus l'épaule du petit. Gigi quant à lui s'était remis en boule sur la chaise, prêt à se rendormir.

Le garçon fit entrer la petite fille et lui somma de ne pas faire de bêtise.

- Grand-père, vous êtes un sorcier ? demanda-t-elle.

- Mon enfant, je suis le plus terrible des sorciers du Royaume ! s'exclama-t-il en faisant de grands gestes théâtraux.

La petite rit amusée, mais fut coupée par le garçon lui tendant un paquet en expliquant comment s'en servir.

- Au revoir et merci, salua le garçon en fermant la porte. Ce n'est pas beau de mentir à votre âge... lança-t-il à l'attention de Sophian.

Celui-ci n'y prit gare et joua avec le loquet de la porte d'entrée, constatant qu'elle donnait sur trois endroits à travers de pays.

- Mais vous avez fini ! C'est pas vrai ça ! le gronda Marcus.

- Alors il est vraiment magique ce château ? demanda-t-il avec un regard espiègle.

- Sans rire ! soupira le petit.

- Et le côté noir, où mène-t-il ?

- Ah ça, il faudra le demander à Maître Hugues... Aller, c'est l'heure du petit déjeuner, prévint-il en sortant du pain et du fromage.

- Oh, mais c'est qu'il y a du lard et de beaux œufs frais, constata Sophian en ouvrant un placard.

- C'est peine perdue Papy, Calcifer refuse de faire la cuisine si ce n'est pas Maître Hugues qui le lui impose...

- Tu vas voir, laisse-moi faire...

Sophian prit la nourriture dans un panier en osier, une spatule et une poêle.

- Alors là ! Hors de question que je te fasse la cuisine ! s'indigna le feu.

- Aller Clacifer, soit gentil ! supplia le vieil-homme. Ou plutôt...préfères-tu que je parle de notre petit marché à Hugues... chuchota-t-il.

- Oh non mais qu'est-ce qui m'a pris de laisser entrer ce vieux fou ! Tu vas voir, je vais te le griller ton lard... ragea-t-il.

Le loquet de la porte tourna vers la partie noire et un homme entra dans le château. Sophian le reconnu immédiatement et eut peur d'être démasqué.

Hugues monta les marches visiblement épuisé.

- Maître Hugues, l'accueillit Marcus. Vous avez reçu plusieurs visites des généraux demandant votre présence aux côtés des soldats lors de la prise de la capitale du royaume ennemi.

Le garçon lui tendit plusieurs lettres scellées du cachet Royal.

- Merci Marcus, souffla le sorcier blond à bout de force.

Il s'approcha de la cheminée. Ainsi Sophian put constater qu'il sentait le brûler et le sang, visiblement et heureusement, pas le sien.

- Calcifer, tu fais la cuisine maintenant ? sourit-il sincère et moqueur.

- Oui ! se plaignit le démon. Il me torture depuis son arrivée !

- A qui ai-je l'honneur Monsieur ? demanda-t-il avec douceur.

- Soph...Papy So', bafouilla-t-il.

Les sourcils du sorcier se froncèrent à la vue du chat se redressant sur la chaise.

- Comment êtes-vous rentrez tous les deux ?

- Nous étions perdus dans la Vallée Cabossée, lorsque Calcifer a arrêté le château devant nous et nous a permis d'entrer. Mais je peux être homme à tout faire vous savez ? Je suis encore vigoureux pour mon âge et le château aurait grand besoin d'être nettoyé... se justifia-t-il mal à l'aise.

- Mmmh... Laissez-moi faire, dit-il en prenant la poêle d'autorité avec douceur.

Une fois le repas prêt, tous se mirent autour de la grande table, poussant la vaisselle sale entassée dessus. Elle devait être là depuis fort longtemps, à la désolation de Sophian.

Gigi invité à monter sur un tabouret eut droit à un morceau de lard de son ami. Il expliqua à leurs hôtes ce qu'il avait raconté à Sophian et promit à Maître Hugues de débarrasser la maison des souris.

- Merci bien, gentil chat, le caressa Marcus avant d'avaler son assiette comme un petit cochon.

Sophian soupira en roulant des yeux. Il avait beaucoup de choses à reprendre dans ce château...

- Papy, intervint Hugues tout à coup, tu veux bien nous montrer ce qu'il y a dans ta poche ?

Surpris par cette affirmation, Sophian sentit en effet qu'il y avait quelque chose dans la poche de son pantalon.

Au moment de tendre le bout de papier au sorcier, celui-ci se consuma et brûla la table. Laissant des inscriptions incompréhensibles aux yeux de tous sauf de Hugues.

- Ô toi que j'aime plus que tout, au delà des étoiles, à tout jamais ton cœur m'appartient... lut-il à voix haute. Cela vient de la Sorcière Des Landes...

En passant la main sur la table, Hugues effaça les écritures gravées. Cachant sa paume brûlée que Sophian remarqua immédiatement, il se leva de table. Calcifer eut droit au contenu de son assiette à peine touché. Il lui ordonna de déplacer le château et de lui envoyer de l'eau chaude dans la salle de bain. Ce après quoi le Démon râla.

- Papy tu es un espion de la sorcière ?! s'écria Marcus, réalisant ce qu'il venait de se passer.

- Oh arrête de dire des âneries ! s'énerva-t-il. Maudite Sorcière des Landes !!! hurla-t-il, faisant sursauter tout le monde y-compris le Démon.

Les jours s'écoulèrent énergiquement. Gigi chassait souris et insectes, les coursant hors de la demeure, sans les tuer.

Sophian rangeait, dépoussiérait, balayait et lavait le château du sol au plafond, tout en apprenant les bonnes manières à Marcus.

Il eut le tord de nettoyer la cheminée de fond en comble, affaiblissant ainsi Calcifer. Hugues arriva aussitôt de l'étage, empêchant la flamme de s'éteindre, il intima à Sophian de ne pas torturer son ami, puis quitta le lieu prestement sans un mot.

Le papy comprit que le sorcier était fâché.

Celui-ci fut d'autant plus fâché et en colère lorsque, ayant fini le ménage, le vieil homme avait interverti deux potions sans s'en apercevoir.

Simplement vêtu d'une serviette nouée autour des hanches, il descendit au salon en hurlant sur l'homme à tout faire. Lui reprochant de toujours nettoyer sans faire attention. Ses cheveux étant passés du blond au roux puis au noir, Sophian tenta de le rassurer.

- Tu pourras toujours les teindre de nouveau, ne t'en fais pas...

- A quoi ça sert de vivre si j'ai perdu ma beauté... se morfondit le sorcier en se laissant choir sur la chaise.

Tout à coup, les ombres du château se transformèrent en monstres. De peur, Marcus et Gigi sautèrent sur le canapé serrés l'un contre l'autre.

Pendant ce temps, une substance verte et gluante, s'écoula des pores de la peau du sorcier, faisant perdre patience au vieil homme.

- Très bien ! ragea Sophian. Change-toi en crapaud si ça t'amuse ! J'ai jamais été beau moi et j'en fais pas une maladie ! J'en peux plus de vivre ici. C'est une maison de fous !

Aussi sec, il dévala les marches, tournant le loquet bleu de la Vallée Cabossée et claqua la porte en sortant sous une pluie diluvienne. Trempé jusqu'aux os, il se mit à pleurer tout son saoul. Rajeunissant de dix ans, il s'aperçut que son amour pour Hugues n'était pas réciproque et que le sorcier était vaniteux et immature. La vengeance de la sorcière des Landes était bien due au comportement passé d'Hugues envers elle, il en était certain.

Il n'en fut que plus triste et ses sanglots redoublèrent.

- Papy So' ! s'écria Marcus en ouvrant la porte. Oh secours ! Calcifer et Hugues vont mourir !

Calmant immédiatement ses pleurs, Sophian suivit le petit garçon à l'intérieur.

- Eh bien... j'aurai tout vu... soupira-t-il excédé.

- Tu crois qu'il va mourir ? s'enquit le petit les yeux brouillés de larmes.

- Bien sûr que non, il va très bien...

Calcifer visiblement affaiblit par la réaction du sorcier eut droit à une belle bûche. Sophian lui en posa plusieurs à côté pour qu'il puisse se servir seul.

Soulevant tant bien que mal Hugues sur son dos, il demanda à Marcus de remplir la baignoire. Montant les escaliers, il se sentit faiblir à mi-chemin.

- Tu fais vraiment aucun effort ! se plaignit-il.

Hugues ne réagissant toujours pas, il le remonta sur son dos de façon plus brusque. Le saisissant par les cuisses, il s'aperçut que quelque chose manquait. En se retournant, il vit la serviette du sorcier au pied des escaliers.

Déglutissant et secouant la tête pour chasser des pensées inappropriées, il continua de monter les marches. Fermant les yeux en le déposant doucement dans la baignoire, il pria Marcus de s'occuper de sa toilette pendant qu'il nettoyait en bas. Le liquide vert avait coulé partout, de la cheminée à la salle de bain.

- Et ça c'est pour qui ?! Pour Papy Sophian ! s'exaspéra-t-il.

Une fois tous lavés, Marcus partit au lit. Gigi s'endormit en boule sur le lit de fortune de Sophian, le canapé au coin de la cheminée, derrière un épais rideau.

Sophian prépara un lait au miel pour Hugues et le lui apporta dans sa chambre.

Pour la première fois depuis qu'il vivait au château, l'ensorcelé pénétra dans l'antre du sorcier.

Un grand bazar, plutôt organisé, l'accueillit. Derrière ce qu'il semblait être un laboratoire et une petite bibliothèque se trouvait une immense horloge. Le centre ressemblait à un oeil gigantesque, fermé. Au moment où il s'approcha, l'oeil s'ouvrit, le fixant si intensément qu'il en fut mal à l'aise. L'iris bleu ressemblait à s'y méprendre à celui des yeux de Maître Hugues.

- Je t'ai apporté une tasse de lait au miel, déclara-t-il sans se départir du stress que lui causait l'oeil.

N'ayant aucune réponse du sorcier, il posa la tasse en équilibre précaire, sur une pile de livres poussiéreux et boites en bois de toutes tailles, entassées sur une table de nuit.

Au moment où il se retourna pour partir, une grande main se referma sur son poignet.

- Merci... murmura Hugues les yeux mi-clos.

- Rendors-toi...

Sophian quitta l'étrange chambre. Il ressentait encore la main du sorcier sur son poignet. Elle avait laissé une étrange chaleur, s'insinuant jusqu'à son cœur, remontant sur ses joues ridées.

Plus tard dans la nuit, n'ayant plus sommeil Hugues se leva afin de manger un morceau. Une fois rassasié et, depuis longtemps curieux de découvrir le maléfice du vieil-homme, il ouvrit le rideau.

Ses yeux s'écarquillèrent en voyant le visage du jeune homme qu'il avait sauvé quelques mois auparavant. Il comprit aussitôt le sortilège, s'il parlait, le garçon mourrait. Ainsi, pour que son corps se recharge afin de survivre, il retrouvait son apparence, apaisé dans son sommeil. Son cœur bondit en constatant qu'il ne lui était pas indifférent.

J'empêcherai cette guerre de nous séparer... pensa-t-il.

Le lendemain, Hugues se leva d'excellente humeur, annonçant à tous les habitants qu'ils déménageaient. Seul le Démon comprit le sens de ses propos. Après avoir tracé des symboles sur le sol, le sorcier formula une incantation pour transformer le château. Le salon s'agrandit subitement, dans un bruit de grincement amusant, les murs se poussèrent d'eux-même. Plusieurs pièces apparurent, dont des latrines, une immense cuisine et un atelier que le maître des lieux réserva à Sophian.

A l'étage Hugues montra les chambres dont une réservée aux invités.Une salle de bain et des toilettes. Une salle de jeu destinée à Marcus pour toutes ses années de dur labeur et de loyaux services.

Après la visite Sophian admira sa chambre qui était tout à fait à son goût, simple et lumineuse.

Il descendit afin d'aller voir l'atelier, son atelier. Hugues le rejoingnit au moment où il ouvrit la porte.

- J'espère que cela te plaira, déclara-t-il souriant. J'ai acheté tout le nécessaire pour que tu puisses continuer à confectionner des chapeaux et des accessoires.

- Mais comment... fut-il surpris.

- J'ai compris que c'était toi... avoua le sorcier. Je pense qu'il est temps que nous en parlions...

- Je ne peux pas... s'attrista Sophian.

- Je sais, mais au moins, dis-moi pourquoi es-tu venu au château ? Tu aurais très bien pu aller ailleurs afin de trouver comment défaire ton maléfice...

- C'est le hasard, je peux te le promettre... se justifia Sophian.

Il rajeunit de trente ans. Ignorant totalement que les yeux bleus tombait amoureux de lui.

- Je ne pense pas que ce soit seulement le destin... souffla Hugues émerveillé. Ou ça l'est, et il a bien fait de nous réunir...

Sophian rougit jusqu'aux oreilles en entendant cela. Le sorcier sortit une boite de sa veste.

- C'est un cadeau... expliqua-t-il, pour te prier de m'excuser de mon comportement et te remercier que tout ce que tu as fait pour nous depuis ton arrivée.

Sophian prit l'écrin de velours et l'ouvrir. Une magnifique bague en argent, sertie d'une pierre rouge, l'émeut au point de lui faire monter les larmes.

- C'est pour te protéger...continua le sorcier. J'ai réalisé que peu importe les événements, j'ai enfin quelqu'un que j'aime à protéger.

- J-je ne comprends pas... sanglota Sophian. Je ne suis qu'un vieil-homme, laid de surcroit, seulement bon à faire des chapeaux et du ménage...

- Ne dis pas n'importe quoi, s'agaça-t-il. Bien sûr que tu es bel homme ! Et tu as des qualités et des dons que tu ne connais pas encore...

- Pourquoi j'ai la sensation qu'après m'avoir dit tout ça tu vas partir ? s'enquit-il.

- Une nouvelle bataille a éclaté... Je veux que cette guerre inutile cesse afin que les innoncents ne paient plus de leurs vies. Mais surtout, pour que nous puissions vivre ensemble en paix...

Quittant l'atelier et se dirigeant vers la porte d'entrée, le sorcier tourna le loquet vers la sortie noire.

- Je vais protéger chaque membre de cette famille et mon amour pour toi m'y aidera...

A peine eut-il fini, il s'engouffra dans le vide, laissant un Sophian désemparé et triste.

- Ne t'en fais pas, il va revenir... souffla le feu. Même si la poudre à canon n'a aucun savoir-vivre, l'amour que Maître Hugues à pour toi est la plus puissante des armes... Sans parler de l'amour que t'éprouves pour lui...

- Que va-t-il faire d'après toi ? bafouilla-t-il entre deux pleurs.

- Il va tenter de désarmer les deux camps pour que l'un ne prenne pas l'avantage sur l'autre...

- Oh Seigneur, j'espère qu'il nous reviendra...

Alors qu'il tentait de réfréner ses larmes, un grand fracas se fit entendre.

- La Sorcière Des Landes nous attaque ! s'écria le Démon en crépitant de peur.

- Marcus, Gigi, restez près de Calcifer... Je vais aller l'affronter ! déclara-t-il déterminé.

Ouvrant la porte et refermant de suite derrière lui. Face à la Vallée Cabossée, une horde d'homme caoutchouc lui sautèrent dessus.Seulement, la bague émit une intense lumière, les faisant fondre immédiatement. Pensant fort à Hugues, le papy redevint jeune.

Outrée, la Sorcière des Landes s'avança, découvrant un jeune homme aux longs cheveux gris. Elle comprit que l'amour que portait Sophian à Hugues ainsi qu'à tous les autres membres du château le ramenaient de plus en plus fréquemment à son véritable âge. Folle de rage envers ce garçon mystérieux qui avait réussi à défaire son sortilège, elle l'attaqua par surprise. Elle lui envoya une flèche noir. Par réflexe il l'évita et l'arme lui coupa la tresse, libérant ses cheveux argentés.

Déterminée à gagner ce combat, elle bondit sur lui, fracassant la porte du château au passage.

Ressentant le cœur de Hugues, la sorcière aspirant à la jeunesse éternelle, gravit les marches à toute vitesse.

Effrayés par cette étrange bonne-femme, Marcus et Gigi se cachèrent derrière la cheminée et Calcifer derrière sa buche.

Grâce à ses pouvoirs, sentant le coeur à travers le feu, elle prit la cruche sur la table, aspergea le Démon et s'en saisit en hurlant sa victoire.

Sophian à moitié assommé, n'avait pas eu le temps de l'arrêter.

Le château, n'étant plus protégé par la magie de Calcifer, s'effondra au pied de la montagne.

Une douleur lancinante transperça le jeune-homme. Une peine dont il ne serait pas prêt de se relever s'il ne combattait pas dignement la sorcière.

Il se redressa et lui ordonna de lui rendre le cœur. Au moment où il pointa sa main vers elle, la bague chauffa et aspira tous les pouvoirs de la sorcière. La rendant très vieille et visiblement innofensive.

Prit d'une vision, où il était un sorcier comme son père, le seul de la fratrie, mais, dont les pouvoirs étaient enfouis en lui sans jamais avoir fait surface, Sophian réalisa que c'était à lui de libérer Hugues de son pacte. Tout ce qui s'était passé jusqu'à présent n'était pas une simple coïncidence. Le destin de Hugues et Sophian était étroitement lié. Il s'agit peut-être d'une prophétie ou d'une destinée tracée. Cependant, Sophian n'en avait que faire, il avait compris que c'était le seul à pouvoir sauver l'être aimé. Cet être, qui, s'en le savoir, l'avait délivré de son maléfice.

Arrangeant les décombres du château, pour protéger tout le monde du vent. Il laissa le cœur pour un moment entre les mains de la vieille sorcière puisqu'elle ne lui fera aucun mal.

Il pointa la bague vers le ciel, dans l'espoir que Hugues aperçoive la lumière rouge.

Par chance, le sorcier revint, sous la forme d'un gigantesque oiseau. Gravement blessé, à moitié défiguré et une patte coupée. Il s'étendit au pied de Sophian. L'amas de plumes laissant place à un garçon à moitié nu et couvert de sang et de plaies.

Le cœur brisé, Sophian supplia la Mémé de lui rendre Calcifer. Elle le lui tendit en souriant tendrement, ressentant tout l'amour du jeune-homme.

Le Démon reprit la forme d'une petite flamme bleue dans ses mains.

- Si je brise le pacte, murmura-t-il, tu risques de mourir...

- N'y pense pas... chuchota-t-il. Ton amour est suffisamment grand pour que je puisse survivre...

Sophian posa ses lèvres sur la petite flamme bleue avant de le déposer sur la poitrine de Hugues inconscient. Pour la première fois, le chapelier posa ses lèvres sur le visage du sorcier. Sur son front brûlant, sur son nez pointu puis sur ses douces lèvres.

Tout à coup, un pétillement se fit entendre. Calcifer apparut sous la forme d'une étincelle.

- Comme je suis heureux que tu sois toujours en vie ! s'exclama Sophian soulagé.

- Oui, moi aussi... d'ailleurs il est temps pour moi de rentrer... Et... il me faut quelque chose pour pouvoir m'envoler...

- Demande-moi ce que tu veux !

- Un baiser... rougit l'étincelle.

Sophian rit et lui donna un baiser en le remerciant de tout ce qu'il avait fait pour eux. La petite étincelle pétilla et s'envola vers le soleil déjà couchant.

Prit par un regain d'énergie et d'amour, il donna un baiser sur les joues de tout le petit groupe et un sur la tête de Gigi.

Le chat grandit d'un coup, et se transforma en un beau jeune-homme aux cheveux noirs et aux yeux verts, seulement vêtu de braies.

- Merci Sophian de m'avoir libéré, s'inclina-t-il reconnaissant. Je me rappelle de tout à présent... Je suis le prince Justin du Royaume voisin. Le conseillé du Roi mon père, a toujours voulu prendre le pouvoir du Royaume. Il a payé le Sorcier des Montagnes pour me tuer et créer des divergences entre nos deux pays. Seulement, le Sorcier des Montagnes m'a avoué son amour. Afin que je ne meurs pas il m'a jeté un sort. Je devais donc rencontrer un sorcier dont l'amour serait son pouvoir le plus puissant, pour être libéré. Merci de tout cœur Sophian !

- Avec joie mon ami !

- Je pars de ce pas afin de faire éclater la vérité et faire cesser cette guerre stupide.

- Prends ceci, intervint Marcus. C'est une cape magique qui te permettra de voler jusqu'à ton royaume et elle te vêtira un peu plus...

- Merci gentil Marcus ! sourit-il. Au plaisir de tous vous revoir prochainement à mon mariage avec le Sorcier des Montagnes.

Justin prit la cape et s'envola aussitôt.

Hugues émergea, en gémissant. Sophian lui sauta dessus, tellement heureux de le voir enfin éveillé.

- Doucement... geint-il. J'ai l'impression d'avoir une pierre dans la poitrine...

- Oh oui, un cœur c'est lourd à porter ! se moqua Sophian.

- Comme tu es beau... murmura-t-il ému. Tes cheveux argentés brillent comme des étoiles dans le ciel...

Ne tenant plus, Sophian posa ses lèvres sur celles de son amour.

La Mémé cacha les yeux d'un Marcus amusé.

- Bien... souffla le sorcier encore troublé par le baiser. Il est temps de reconstruire un château pour notre famille !

- Je suis bien d'accord ! acquiesça Sophian en se relevant.

- Regardez ! s'exclama Marcus en pointant le ciel du doigt.

Tous levèrent les yeux et virent une étoile filante venir vers eux.

Hugues la recueillit entre ses mains.

- Je suis de retour ! déclara la petite voix de Calcifer. J'ai été rejeté par les Démons de mon monde pour être resté trop longtemps parmi les hommes. J'ai donc décidé de rester avec vous parce que faire fonctionner un château me convient bien finalement...

- Quelle joie de t'avoir avec nous ! s'exclamèrent Sophian et Hugues en choeur.

Après quelques incantations, un château volant apparut. De bonne taille, comprenant tout le nécessaire pour la petite famille.

Ils parcoururent le monde essayant d'apporter la paix et l'amour sur leur passage.

La Sorcière des Landes ne fut plus jamais méchante. Calcifer rendit le château de plus en plus performant à travers les années, grâce à sa magie et sa magnifique cheminée. Marcus devint un grand garçon gentil et très courageux.

De temps à autre, le Prince Justin et le Sorcier des Montagnes leur rendirent visite.

Hugues et Sophian restèrent ensemble et amoureux jusqu'à la fin de leur vie.

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