Coucou ! ou salut, je ne sais pas ce que tu préfères...

On m'appelle Crayon, en vérité peu de gens connaissent mon prénom, mais tu peux m'appeler Crayon, si tu le souhaites... oh, je m'égare. Tu ne dois pas me connaitre, je suis un dessinateur, je viens tous les matins, quand le soleil se lève, sur la plage. Et ça fait déjà deux semaines que je te vois tous les jours. Enfin non, juste les lundis, les mardis, les jeudis et les vendredis. Je ne sais pas ce que tu fais les autres jours.

Donc tous les matins, quand je sors mon materiel, tu es là. D'abord, tu te baignes un peu dans la mer, il n'y a presque personne ici, à cette heure-ci. Après tu sors, tu te sèches et tu t'installes sur ta serviette. Ou bien c'est une nappe ? Un tapis ? Non, plutôt une nape. Tu sors un livre de ton sac, tu t'installes sur le ventre, tu mets un petit plaid sur tes épaules et tu lis tranquilement. Parfois tu souris, tu ris aussi ou bien tu relis la même page, tu surlignes certains mots, tu t'indignes, tu caresses les pages, tu prends des notes, tu refermes ton livre d'un coup sec mais délicat, sûrement quand tu lis quelque chose de surprenant ? je ne sais pas, je n'ai jamais vraiment aimé lire.

Je te trouve très jolie. Pas comme ces filles qui se maquillent beaucoup, qui s'habillent avec du luxe et se mettent devant les garçons pour faire leurs belles (même si elles sont jolies aussi ! je n'ai rien contre elles !), mais tu as un charme particulier. Ton visage n'est pas parfait, ton nez a une petite bosse, tu as une fossette sur ta joue droite, quand tu ris tes yeux se ferment, et quelques boutons se confondent avec tes tâches de rousseur, mais c'est ce qui fait ta beauté. Tu as l'air de quelqu'un de gentil, tu me sembles poétique. Oui, dis comme ça, ça peut paraitre bizarre, on dirait un psychopate mais je te rassure, je ne le suis pas, je suis juste très observateur.

Alors je te dessine. Au lieu de dessiner la mer, le paysage que j'avais prévu de faire, je te dessine toi, ta nape, ton plaid, ton livre, ton sac. J'essaie de représenter chaque trait de ton visage. C'est dur parce que je ne veux pas me tromper mais j'ai confiance en moi. Je sais que tu reviens souvent et que mon dessin sera fini, un jour. Je le peindrai ensuite et je te l'offrirai. Ou bien je le garderai pour avoir un souvenir de toi. Je ne sais pas encore.

Je suis un garçon timide, c'est pour ça que je ne vais pas directement te parler. Donc tu liras cette lettre quand je l'aurai déposé dans ton sac, pendant que tu te baigneras. Ne t'en fais pas, chaque matin quand ton sac est sans surveillance le temps de ta baignade, je le surveille de loin. Il ne lui arrivera rien. Ma lettre est déjà pleine de sable. C'est embêtant, les grains de sables s'accrochent vraiment au papier... ça donne un petit "quelque chose" en plus, ceci dit.

Je n'ai jamais cru au "coup de foudre". Ce n'est pas quelque chose que je comprends, tomber amoureux en un regard... et pourtant c'est ce qu'il m'arrive avec toi, Mystérieuse Lectrice. Même maintenant j'ai du mal à admettre que j'ai un "coup de foudre". Je t'admire. Voilà. Mais je t'admire en étant épris de toi. Dès le premier jour, la première fois, quelque chose m'a persuadé que nous étions fait pour nous rencontrer. Un jour nous nous parlerons pour de vrai et pas à travers de cette lettre. J'ai su que tu me plaisais et que je ne pouvais pas simplement te regarder chaque jour. Alors je t'écris, pour que tu sois au courant. Maintenant que je t'ai dit ça, vas-tu avoir peur et me fuir ? Je respecterai tout à fait ce choix, je comprends qu'on puisse avoir peur quand on sait qu'un homme nous regarde tous les jours.

Alors voilà, je te souhaite une bonne lecture et, si tu regardes un peu vers le droite, tu pourras voir Crayon en train de te dessiner, un sourire niais aux lèvres.