Chapitre 5

4 minutes de lecture

  • Tu ne devineras jamais ! Me hurle Léandre.

Je ne savais pas si je devais avoir peur ou être en joie. Une chose était sûre, mon ami semblait excité comme une puce !

  • Accouche Léandre, je suis pressée ! Je m’empressai de lui dire.
  • Béa est absente. Oui, oui, tu m’as bien entendu, A-B-S-E-N-T-E !

Je le regardai incrédule. Je n'arrivais tout bonnement pas à réagir. Comme si mon cerveau n’an'analysais pas l’information tant cette dernière paraissait farfelue.

  • Allô la Terre! Du répit, nous allons avoir une journée de répit, peut-être même plus !

De la joie. Je ressentis de la joie ! Assez pour lever mon poing en guise de victoire. Je ne souhaitais aucun mal à personne mais un petit contentement maléfique fit surface dans mon esprit pendant quelques secondes. Elle l’a bien cherché aussi.

  • Du coup, ça signifie que la réunion de ce matin est annulée ou bien quelqu’un s’est décidé à prendre le relais ?
  • Annulée. Tu sais bien que Béa et « déléguer » ça fait deux.

Léandre improvisa une petite danse de la victoire dans le hall du bâtiment. Cela dénotait parfaitement avec le cadre luxueux de notre entreprise de démarche qualité. Ici tout était en marbre blanc ornementé de touches d’or et de plantes vertes bien entretenues. Les locaux étaient impeccables, le ménage contrôlé avec rigueur. Il y règnait toujours une odeur vanillée. Rien n’était laissé au hasard pour entretenir l’image de marque et pour surprendre les clients dès leur entrée.

Nous marchîmes en direction de notre étage d'un pas plus léger. Je proposai même à mon ami de passer par la salle de pause pour prendre un café avant de s’installer. Chose inconcevable en « temps normal ».

Nous n’allions pas nous tourner les pouces pour autant. Ce n’était pas comme ça que je voyais les choses. Perfectionniste dans ma vie personnelle comme dans mon travail, ce « temps supplémentaire » était une chance de pouvoir rattraper mon retard avec plus de sérénité ; ce qui était déjà énorme.

L’ambiance était nettement améliorée ce matin. Je déposai délicatement ma thermos de café sur mon bureau et jettai un coup d’œil aux alentours. Les collègues se permettaient même quelques bavardages,c'est dire !

J’ouvrai mon ordinateur ainsi que mon agenda électronique. Quelle lenteur ! Je rouspètais toujours après cette machine qui se voulait moderne mais qui ramait en permanence. Quelle ironie pour une boite cotée en bourse telle que Your Quality.

J’ouvrai ma To Do devant moi afin de voir l’étendue des tâches à accomplir aujourd’hui. C’était un outil qu’on utilise régulièrement dans les entreprises mais encore plus au sein d’un service qualité. Cela ressemblait simplement une liste de tâches avec priorisation. Je stabilotai au fur et à mesure celles que j’avais accomplies. Pour ma part, cela soulageait grandement ma charge mentale afin de ne rien oublier dans mon travail.

J’avais avoir également adapté cet outil dans ma vie personnelle. Ma mémoire avait tendance à me faire défaut à force d’entasser certaines données dans mon cerveau.

La clé était de commencer par le plus urgent et important. Pour l’heure, ce fût le dossier Dermalib. Une entreprise de soins cosmétiques pharmaceutiques qui nous confiait le contrôle de leur démarche qualité. En tant qu’auditrice, mon rôle était de m’assurer que chaque étape de la production respecte les protocoles et les mesures de sécurité tout au long de la chaine.

Les clients nous avaient confié leur dernière création, à savoir, une crème cicatrisante pour peaux acnéiques et atopiques. Mon job consistait, en cette fin de semaine, à finir de lire leur fiche produit, mettre en place des protocoles écrits, puis contacter le client pour visiter la chaine de production.

En somme, pas mal de pains sur la planche !

Quelques heures plus tard, Fifi me tira sur la manche me sortant par là-même de ma concentration sans faille. Visiblement, lorsque le chat n’est pas là, les souris dansent ! Quasiment tout le monde avait déserté les bureaux pour profiter d’une pause déjeuner bien méritée.

Fifi avait bien entendu la même idée. Oh, et puis pourquoi pas !

  • Tu te rends compte ? Ça fait combien de temps que nous ne sommes pas sorties déjeuner ?

Léandre nous avait rattrapé et avait conservé le même pétillement depuis le matin. Sa bonne humeur était communicative. Nous décidîmes ensemble de profiter du beau temps pour nous installer dans un petit restaurant italien « Conchiglie & Co », en terrasse. Ici, ils faisaient des pizzas à tomber par terre, j’en salivais d’avance.

Les tables extérieures étaient peu nombreuses mais, par chance, il restait une table de quatre. La rue passante est exposée mi-ombre. Ma chaise était un peu bancale mais c’était toujours difficile de la stabiliser correctement car les pavés ne sont pas droits. J’essayais tant bien que mal afin de me mettre à l’aise.

  • Vous ne trouvez pas que Béa devrait s’absenter plus souvent ? Souligna Fifi.
  • Carrément ! Répondit aussitôt Léandre.
  • Vous abusez quand même ! Mais c’est vrai que j’ai été nettement plus productive que lorsque je la sens rôder autour de nous. Sa surveillance constante me stresse et je n’arrive pas vraiment à me concentrer d’habitude.
  • Oui voilà, c’est exactement ça ! Acquiesce Léandre.
  • Moi je m’en tape d’elle et de ses remarques. Par contre, j’aime quand elle n’est pas là car tout le monde est plus cool. Mes blagues passent crème.

Nous rigolions à l’unisson quand l’odeur alléchante de la pizza burrata / roquette me chatouilla le nez. Ce fût à ce moment-là que je ressentis mon ventre gargouiller. J‘étais tellement concentrée jusqu’alors que mes besoins primaires étaient restés silencieux

Une fois repus, Léandre avait insisté pour régler la totalité de la note malgré nos reproches insistants. Bien entendu, nous aurions préféré rester là, à se détendre mais chaque bonne chose devait avoir une fin.

Sur le trajet du retour, je me remémorais avoir quitté Fifi la veille en bonne compagnie.

  • Alors ? Ce rencard ? Ça s’est terminé comment ?
  • Petite curieuse ! Me lanca t’elle avec un clin d’œil expressif.
  • Hein ? Un rencard ? raconte ! Léandre à autant envie de connaitre la suite de l’histoire que moi.

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