Chapitre 2 - Une exécution publique
Le soleil continue de décliner à l'horizon, projetant une lueur dorée sur la grande muraille qui entoure la citadelle d'Arianna. Les soldats se tiennent en formation, leurs armures étincelantes reflétant les derniers rayons de lumière. Au sommet de la muraille, à une hauteur vertigineuse de plusieurs centaines de mètres, se dresse le pilier soutenant le plateau, seul accès à la ville du dessus. Ils pensent être à l'abri des attaques par cette voie, mais ce soir-là, les créatures vont les surprendre.
Des cloches retentissent au niveau de la muraille. Le rythme indique une situation d’urgence.
— Alerte ! Nous sommes attaqués ! Ce sont des Arthropodes ! crie un homme plus loin.
Les Arthropleura, d'imposantes créatures ressemblant à des mille-pattes géants, font leur apparition. Leurs corps allongés mesurent entre deux et trois mètres de long, recouverts d’une carapace robuste d'un noir profond. Leurs pattes segmentées sont pourvues de crochets acérés, capables de percer la surface des murailles pour grimper. Leurs yeux d’une lueur sinistre, et leurs mandibules puissantes sont prêtes à déchiqueter leurs proies. Ils ont faim de chair et de sang.
Les soldats se préparent à affronter cette menace inattendue. Épées tirées, boucliers levés, ils font face à la marée de créatures qui escaladent la paroi verticale du pilier central. Ces insectes géants grimpent avec agilité, utilisant leurs pattes puissantes pour se hisser rapidement vers le sommet. Les soldats d'Arianna engagent le combat, cherchant à repousser l'assaut de ces monstruosités. Les épées s'abattent avec force, tranchant les membres des créatures.
— Ils sont de plus en plus nombreux !
Les soldats doivent redoubler d'efforts pour infliger des blessures fatales à ces gros Arthropodes. Leurs armures, semblables à celles des chevaliers du Moyen Âge, offrent une certaine protection contre les morsures et les griffures. Mais ne protège pas contre l’impact des coups.
La bataille fait rage, et les cris de douleur des soldats se mêlent à l’étrange symphonie de craquements qu'émettent en se déplaçant ces créatures angoissantes. Des soldats sont projetés en arrière, leurs armures enfoncées et ensanglantées. Le sol prend une teinte violette à mesure que le sang des Arthropodes, qui est bleu, et celui des soldats se mélangent. Lorsqu’ils parviennent à attraper leurs victimes dans le dos avec les mandibules, ils perforent leur armure par les flancs, ce qui limite les mouvements et empêche toute tentative de fuite, puis, les emmènent sur la muraille afin de les dévorer vivants. Impossible de secourir leurs camarades dans cette situation. Être attrapé et emporté revient à mourir.
— Par tous les dieux, aidez-moi ! crie un soldat pris au piège, sa voix étouffée par la panique.
— On ne peut rien faire pour lui, répond un autre, le visage déformé par l'horreur. Il est déjà mort.
Un soldat médecin se précipite vers un blessé gravement atteint, mais il recule rapidement en constatant l'étendue des dégâts.
— Il est trop tard, dit-il d'une voix sombre. La morsure a sectionné l'artère. Rien ne peut être fait.
La scène est chaotique et terrifiante. Le sol est jonché de corps. Alors que la bataille fait rage, un jeune soldat, épuisé et blessé, se retrouve isolé du groupe. Il est pris au piège par un Arthropleura colossal, ses mandibules vibrantes, indiquant une faim viscérale. Le soldat se défend ardûment, parant les assauts un à un avec sa modeste épée. Profitant de sa fatigue, l’insecte parvient à l'attraper furtivement.
— Je suis mort, se dit-il.
Soudain, un homme ténébreux fait irruption sur le champ de bataille. Ses cheveux blonds flottent au vent, contrastant avec son armure rigide de couleur platine noir, ce qui contraste totalement avec les autres tenues. Il dégage une aura à la fois imposante et effrayante. Il porte une épée si profondément sombre que les rayons du soleil ne parviennent pas à s'y refléter. Elle a des symboles étranges gravés sur les deux faces. Ce chevalier noir, avec une agilité impressionnante, se précipite vers le jeune soldat en détresse. D'un mouvement fluide, il sectionne l'une des deux mandibules de l'insecte géant. L'épée sombre coupe net sa cible, libérant le soldat de son emprise. L'éclat de ses yeux intenses reflète une détermination sans faille alors qu'il fait face à la plus grosse d'entre toutes.
— Ne reste pas ici, soldat, dit-il. Retourne avec les autres, je me charge de celui-ci.
Le jeune soldat hoche brièvement la tête en criant
— Merci Zeronne ! puis se relève d'un mouvement sec. Une fois celui-ci disparu, il se consacre pleinement à sa cible. L’apaisement l’imprègne alors, et il brandit son arme devant lui, résolu à livrer bataille.
Une pression invisible émane de l'épée. Il se lance dans une danse macabre avec l'Arthropleura, frappant avec une précision mortelle. Chaque coup porté par son épée est rapide et précis, visant les points vulnérables de la créature. Les symboles gravés sur la lame semblent s'animer, irradiant une énergie sombre et mystique. Chaque fois que l'épée tranche l'air, elle dégage une onde de choc, faisant reculer sa victime. Finalement, il lui porte un coup dévastateur, tranchant la tête de la créature monstrueuse qui s'effondre lourdement, mettant fin à sa menace.
Plus tard dans la journée, dans la douce lueur du crépuscule, la scène se dévoile lentement. Les soldats épuisés, certains adossés aux remparts de la citadelle, d'autres allongés sur des bannières déployées, reprennent leur souffle après le combat acharné contre ces monstres. Leur armure en plaque, couverte de poussière et de traces de combat, reflète les derniers rayons du soleil qui disparaissent à l’horizon. Au cœur de la scène, le chevalier noir se dresse, une silhouette inflexible. Il s’étire lentement, ses bras déployés comme des ailes obscures. Son regard, d'une sérénité presque glaçante, se pose sur son épée sombre qu'il nettoie avec une minutie obsessionnelle. Un soldat s’approche alors, l'autorité gravée dans sa démarche. Ses épaulettes arborent fièrement un insigne, témoignage discret de sa haute position. Il fixe le guerrier blond d'un regard perçant, chargé d'une interrogation muette, avant de demander d’une voix ferme et mesurée :
— Zeronne ! Je serai direct : nous aurions pu parvenir à nos fins sans votre aide. Néanmoins, je vous suis reconnaissant d'avoir protégé mes hommes durant cette bataille.
Prenant une respiration lourde, comme pour rassembler ses forces après un grand effort, il relance une autre question :
— Est-ce l’Ordre des Précurseurs qui vous ont envoyé ?
Zeronne esquisse un sourire et répond d’une voix calme mais porteuse de charisme :
— Tout comme vous, garde royal, je sacrifierai ma vie pour protéger cette citadelle. Et les Précurseurs ont le même objectif. C’est eux qui m’ont informé d’une menace ici.
— Vous ont-ils envoyé seul ? Cherchent-ils à vous faire tuer ? demande le capitaine avec suspicion.
— Vous donnez trop d’importance aux apparences capitaine Fridus, ne vous inquiétez pas pour moi, je ne suis pas seul. Répond le chevalier noir.
Sur un ton agacé, le capitaine réplique :
— Vous êtes une véritable secte, vous les « Précurseur »s, vous me fatiguez avec vos sous-entendus stupides !
Il ajoute, sans reprendre son souffle :
— Je suis inquiet. C’est rare de voir autant d’Arthropodes réunis au même endroit. Il arrive d’en apercevoir sur le pilier vertical à la recherche d’ombre et d’humidité. Mais quelque chose cloche. Ce n’est pas un animal qui attaque de manière coordonnée comme on a pu voir aujourd’hui.
— Capitaine Fridus, le monde est vaste. Il existe des phénomènes dont vous n’avez même pas idée et qui peuvent menacer l'existence d'Arianna.
Le capitaine acquiesce, son expression demeure impassible. Il note l'aura bienveillante qui émane du chevalier, un détail qu'il s'efforce d'ignorer tout en se convainquant qu'il peut lui faire confiance – du moins pour le moment. La scène se fige un instant, capturant le relâchement qui imprègnent l'air. Les murmures des soldats se font entendre en arrière-plan, tandis que le soleil disparaît complètement derrière les montagnes lointaines, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes. Zeronne termine de nettoyer son épée puis la range dans son fourreau avec un claquement sec avant de s’éloigner du champ de bataille à pieds. Il serpente dans les ruelles où une lueur vacillante danse, émanant des lampes à huile et dirige son parcours. Il avance vers le centre du plateau de la citadelle.
Quelques instants après, il est intrigué par un vacarme émanant de la place principale. Il se dirige vers celle-ci, où une multitude de personnes se presse autour d'une scène dont il perçoit mal le déroulement.
— Pourquoi tant de monde réuni ? demande-t-il, perplexe.
Les cris hystériques de la foule, la présence de gardes royaux, les estrades dressées pour la noblesse, les balcons bondés... Tout concourt à une seule déduction : une exécution. Un frisson parcourt Zeronne alors qu'il se fraye un chemin à travers la foule, cherchant à apercevoir le condamné.
La place est vaste, bordée de bâtiments anciens aux façades ornées et surplombée de balcons en fer forgé. Au centre, une potence imposante jette une ombre sinistre sur l'assemblée. L’homme en armure noire sent son inquiétude grandir. L’expression sur son visage le trahit.
— Ça fait longtemps qu’on n'avait pas vu ça ! s’exclame une femme dans la foule.
La colère remplace l’inquiétude en Zeronne, qui redouble d'efforts pour se rapprocher de la potence, bousculant les spectateurs trop lents. Certains le reconnaissent comme le « Chevalier Noir » et lui ouvrent un passage. Enfin, il parvient à un point de vue dégagé. Une femme aux cheveux roux foncés, le regard livide fixé sur le ciel, est attachée à un poteau. Ses vêtements blancs et mal cousus contrastent avec l'austérité du lieu. En contrebas, un homme trapu, le visage dissimulé derrière un tissu sombre, semble attendre des ordres. Au-devant de la scène, un homme se tient debout, levant les bras pour attirer l'attention de la foule. Sa voix résonne, portée par la force de sa conviction. Il prononce des paroles enflammées, parlant de justice et de châtiment, suscitant à la fois l’hystérie et l'approbation parmi les spectateurs. Cependant, certaines âmes restent silencieuses, leurs applaudissements absents. Leur mutisme se perd parmi les cris des autres.
Le guerrier sombre observe la femme attachée, cherchant des indices sur son identité et sur ce qui l'a conduite à cette situation dramatique. Qui est-elle ? Pourquoi l'exécutent-ils ?
Il étudie la scène avec une attention soutenue quand deux silhouettes se glissent discrètement vers lui. L'une, drapée dans des teintes de blanc et de bleu, l'autre dissimulant un manteau rouge sous une tenue similaire. À ses côtés, deux silhouettes prennent position : l'une à sa droite, l'autre à sa gauche. Un murmure féminin parvient alors à ses oreilles :
— Nous sommes à tes côtés, Zeronne, dans la joie comme dans la peine.
Une autre voix suit la précédente, celle d'un homme
— Cette femme sur la potence doit mourir. Nous avons besoin de Topaze.
La colère du chevalier monte d’un cran en lui. Un grondement sourd monte de sa gorge, tel le rugissement d'une bête furieuse.
— Et alors quoi ? Je dois encore assister impuissant à la mort d'une innocente ? Nous sommes les Précurseurs ! Les protecteurs de l'humanité !
La raison s'est enfuie, laissant place à une colère intérieure dévorante. L'idée d'intervenir n'est plus un choix, mais une obsession lancinante. Son corps se raidit, adoptant la posture instinctive d'un guerrier prêt à se battre. Sa main se referme sur le pommeau de son épée dont la rugosité lui rappelle avec insistance qu’il doit intervenir. Avec une précipitation instinctive, la femme agrippe fermement la main de Zeronne pour l'immobiliser
— Reprends tes esprits ! Tu dois garder le contrôle sur lui !
Il inspire profondément, son souffle long et mesuré apaisant progressivement les braises de sa colère.
— Oui, tu as raison. Dit-il en baissant la tête résignée.
— Sauver cette femme aujourd’hui compromettra notre avenir dans cette citadelle. Et donc notre capacité à aider l’humanité.
Sans lui laisser le temps de répliquer, la femme ajoute :
— Il y a au deux autres possesseurs d’objets présents à l’exécution en plus de moi et de la condamnée. De plus, le roi d’Arianna est présent. Il y a probablement des chasseurs d’objets qui attendent que la femme meure pour s'emparer de Topaze. Si nous intervenons maintenant, la situation risque de nous échapper. On pourrait passer d'un seul mort à plusieurs milliers.
À ces paroles, la rage le quitte totalement pour laisser place au chevalier noir à sang-froid. Il réplique :
— Alors ? Quel est le plan du vieux chef ?
— Il n’y a pas de plan. Seulement une consigne : « Récupérez le bracelet de Topaze de la condamnée à mort si cela n’implique pas de tuer des innocents » ? Lui dit l’homme encore encapuchonné ;
— Ah, je vois. Le vieux n'avait pas de consigne plus précise ? rétorque Zeronne, l’ironie suintant de chaque syllabe.
Il se tourne en direction de la femme :
— Flostia, à quelle distance sont les deux possesseurs d’objets ?
— Ce que je ressens est difficile à localiser… ils sont éloignés de nous. Je pense qu’ils sont très proches l’un de l’autre.
L’homme enlève sa capuche pour gagner en vision périphérique et libérer ses cheveux longs couleur vert forêt. Comme pour rétablir une attention sur la situation qui devient plus dangereuse, il exclame à haute voix :
— Ça devient un problème si deux propriétaires d’objets travaillent en coopération contre nous !
Zeronne demande d’un ton plus calme :
— Vous êtes venus seuls ? Il n’y a pas d’autres renforts ?
Flostia exprime un soupir discret présageant sa réponse :
— Malheureusement non, nos membres sont mobilisés sur d’autres problèmes graves. L’obtention du bracelet de Topaze n’était pas une priorité.
Subitement, la foule venue regarder l’exécution et jusqu’alors hystérique se tait spontanément. L’homme aux cheveux verts ne peut s’empêcher de critiquer à haute voix, comme pour se détacher de la masse :
— Regardez tous ces moutons qui vont gentiment se taire pendant que l’autre barbue à couronne va nous expliquer qui représente le bien et le mal sur terre !
Le roi d’Arianna, Frédéric 1er, se lève sur l'estrade réservée aux nobles et écarte les bras comme pour attirer l’attention vers lui. Ce qui est efficace : un lourd silence règne.
— Mon cher peuple ! s’exclame-t-il d’une voix forte.
— Encore une fois, je suis contraint, pour le bien de notre royaume, d’éliminer les monstres qui sont nés parmi nous, continue-t-il.
— Je sais pertinemment que certains d’entre vous ne sont pas d’accord avec ma politique. Je suis au regret de vous dire que vous êtes ignorant ! Ignorant des pouvoirs de destruction et de mort dont sont capables les sorcières comme cette femme, dit-il en désignant du doigt la condamnée attachée sur la potence.
Zeronne serre les poings jusqu’à blanchir ses phalanges. Son visage se déforme sous l’emprise d’une colère grandissante, ses yeux injectés de sang brillant comme ceux d'une bête sauvage prête à bondir. Il lutte visiblement contre lui-même. Ses deux confrères s'approchent et le soutiennent par les bras, une étreinte ferme à la fois rassurante et contraignante.
Le roi continue son discours, parle de la nécessité de contrôler une menace qu’il n’est pas capable de définir correctement. Ses paroles sont empreintes de rhétorique pour légitimer ses explications, mais surtout, pour amener à convaincre du bien-fondé de sa politique d’exécution systématique des sorciers et sorcières qu’il appelle aussi les « monstres » ou les « démons ».
Pour conclure son discours – court certes, mais chargé de sens –, il lance une question à la foule, qui n’attend pas une réelle réponse :
— En tant que roi et protecteur du royaume d’Arianna, de sa citadelle et de ses précieux sujets, pensez-vous que je devrais laisser des créatures pareilles vivre parmi nous ? Menacer vos familles, vos enfants, votre vie ?!
C’est alors qu’il laisse un instant de silence, comme pour évaluer l’approbation du public. Il plonge son regard dans la foule, rassuré de voir que ces derniers, pour la majorité, affichent une complicité avec sa politique. Pas de désapprobation, je suis rassuré, pense-t-il.
Sans perdre un instant de plus, il se tourne vers le bourreau en criant élégamment :
— Je vous en prie, faites votre travail et éloignez-nous de ces monstres ! Vive Arianna !
Le « Vive Arianna » résonne à travers toutes les rues.
Le roi remonte sur l’estrade où la noblesse applaudit le discours de ce dernier pendant que le bourreau allume progressivement les bois et branchages secs aux pieds de la condamnée. Les flammes naissantes sont moins agitées que la foule venue observer l’exécution. Le groupe de trois, observent la scène avec une attitude neutre. Leurs visages n'expriment aucun sentiment comme si l’expérience les avait forgés pour ne rien ressentir. Seul Zeronne a des difficultés à dissimuler sa souffrance face à la détresse de cette femme qui crie pour sa survie.
— Cette scène est insupportable…, dit-il. Je me suis engagé à sauver les gens qui m’entourent, pas à les regarder mourir de la sorte.
Flostia répond :
— Ça ne sera pas long. Je la sens partir.
Le roi, en s'asseyant à côté d’un des nobles, reprend une discussion privée en se penchant près de son oreille et conclut :
— Oui, comme je vous le disais, Baron, cette femme était capable d'entendre les gens parler à travers les murs. D'ailleurs, selon ses dires, elle aurait fui Bellum pour venir ici. Je vous parie que cette sorcière a été envoyée pour nous espionner. Ces barbares idolâtrent les capacités individuelles et la force physique. Ils seraient prêts à accepter dans leur société des démons si cela leur donnait un avantage militaire... pathétique.
Le noble répond avec précaution et douceur comme pour ne pas tâcher l’autorité du roi :
— Mon roi, votre politique est un bien permettant l’attachement du peuple et la stabilité du royaume.
Le roi fronce les sourcils, comme si les mots du baron se dissolvent avant d'atteindre ses oreilles. Les hurlements de la condamnée et les cris de la foule se superposent, noyant toute communication intelligible.
Le roi répond, sa voix ferme :
— Ces exécutions servent deux objectifs. Elles éliminent les nuisibles et renforcent la cohésion de mon peuple.
Il tend la main vers la foule.
— Regardez-les venir assister à ce spectacle. Certains expriment leur dévotion – ils hurlent de joie. D'autres, opposés à ma politique, sont ici par curiosité malsaine. La peur d’être à leur place les maintient dans la soumission que j’attends d’eux.
Il désigne le corps sans vie, continuant de brûler jusqu’à ce qu'il ne reste plus qu'une pluie de cendres.
La femme au manteau rouge affirme à ses deux compagnons :
— Elle est morte.
Les cendres du corps carbonisé se détachent pour s’envoler au vent. Flostia commence à s’agiter, observant diverses directions avec énergie. Zeronne demande :
— Que se passe-t-il, Flostia ?
Flostia répond :
— Parmi les deux possesseurs de tout à l’heure, l’un a disparu.
L’homme aux cheveux verts réplique :
— Il aurait été tué par le second possesseur ?
Flostia secoue la tête pour réfuter cette affirmation.
— J'ai de forts doutes. Sa disparition fut soudaine. S'il avait été tué, j’aurais ressenti quelque chose de progressif. Peut-être un pouvoir de déplacement rapide ? Le second pocesseur, celui qui était avec lui, commence à s’éloigner.
L’homme aux cheveux verts demande, soulagé :
— Serait-ce une feinte pour faire baisser notre garde ?
Flostia répond :
— Impossible de savoir. Zeronne, Hilaris, préparez-vous quand même à une attaque furtive.
Les minutes passent. La foule commence à se dissiper pour reprendre leurs activités personnelles. Les nobles dans l’estrade ne tardent pas à faire de même. Seul le roi reste pour observer le comportement de la foule. L’équipe des Précurseurs attend patiemment l’instant opportun pour s’emparer de l’objet de la défunte. Soudain, Hilaris perçoit de loin l'objet qu'ils convoitent. Il désigne discrètement du doigt à son équipe :
— Regardez dit-il, c’est le Bracelet de Topaze !
Son poignet exposé aux flammes noircit jusqu'à devenir une charbonnade avant qu'il ne s'effondre dans les cendres au sol.
Le temps passe, son corps s'évapore totalement, ne laissant que des cendres noires autour d'elle. Le roi se lève, la foule presque entièrement dissipée, laisse l’équipe à Zeronne bien visible. Il ne reste qu’une centaine de personnes sur la place. Hilaris demande à Flostia si des ennemis sont présents. Elle répond :
— Je ne ressens aucun possesseur d’objet.
Hilaris lance d’un air déterminé aux deux autres :
— C’est le moment, allons-y !
D’un pas vif, scrutant les alentours, les trois précurseurs avancent vers les restes fumants de la défunte, espérant y trouver le bracelet de Topaze. Alors que sa main se tend vers les cendres encore incandescentes, Flostia lance un avertissement discret aux autres :
— Attention, la chaleur est extrême, vous risquez de graves brûlures.
Hilaris, imbu de son audace, ignore l'avertissement et plonge le bras dans les cendres rougeoyantes. Cependant, il ne pousse aucun cri, ce qui n’étonnant pour ses compagnons. Flostia, sans un mot, tend la paume de sa main droite vers les cendres. Un frisson imperceptible parcourt l’air, des résidus se soulèvent en une ligne verticale parfaite, obéissant à sa seule volonté.
Le bourreau s'approche, épée encore à la ceinture. Son visage est couvert de suie.
— Que faites-vous ici ?
Zeronne se redresse lentement, imposant dans son armure noire. Il fixe l'homme dans les yeux.
— Rituel de purification. Pour s'assurer que l'âme de la sorcière ne revienne pas.
Le bourreau plisse les yeux, suspicieux.
— Je n’ai jamais entendu parler de ça.
— C'est récent. Depuis l'incident de Bellum.
Le bourreau hésite. Il connaît ce nom. Tout le monde a entendu les rumeurs. Des choses étranges à Bellum. Des morts qui se relèvent.
— L'incident de... ?
— Classifié, coupe Zeronne d'un ton qui n'admet pas de réplique. Ordres du roi.
Les mots magiques. Le bourreau recule d'un pas. Qui est-il pour questionner les ordres du roi ? Surtout face au chevalier noir, celui qui a repoussé les Arthropleura quelques heures plus tôt.
— Bien... Je... Je surveille que personne ne vous dérange alors.
Zeronne hoche la tête gravement.
— Faites.
Le bourreau s'éloigne, jetant des regards nerveux par-dessus son épaule. Flostia attend qu'il soit hors de portée de voix.
— « L'incident de Bellum » ? murmure-t-elle avec un sourire en coin.
— Il fallait bien inventer quelque chose.
Hilaris plonge à nouveau le bans dans les cendres brûlantes, toujours insensible à la chaleur.
— Rien. Où est cette foutue pierre ? Elle devrait déjà être en sustentation...
Zeronne pousse les cendres avec le plat de son épée, élargissant la zone de recherche.
— Continue. On n'a plus beaucoup de temps.
Flostia s'agenouille, pose sa paume sur les dalles fissurées. Ses yeux se ferment. Un frisson la parcourt.
— Attendez. Je le sens. En dessous.
Hilaris écarte les dernières cendres, révélant une fissure béante entre deux pierres.
— Les égouts, murmure Zeronne.
— Il est tombé à travers, confirme Flostia en se relevant. Aux niveaux inférieurs.
Le chevalier noir scrute les alentours. Des curieux commencent à se rapprocher. Le bourreau jette des regards suspicieux dans leur direction.
— On part. Maintenant.
Guidés par Hilaris, ils filent vers une entrée discrète de la citadelle : l'accès aux bas-fonds.
— Le bracelet est tombé dans les égouts, aux niveaux inférieurs d'Arianna, explique Flostia.
— C’est catastrophique ! Il y a tant de personnes qui pourraient le trouver avant nous ! s’exclame Hilaris.
Se faufilant dans les ruelles des beaux quartiers de la citadelle, Flostia abaisse sa capuche, dissimulant son visage. De nombreux passants s’interrogent sur cette ruée. Des voix isolées identifient le chevalier noir : une pluie de louanges l'escorte, évoquant son triomphe récent sur les Arthropleura. Cela exaspère Hilaris :
— Tu m'énerves, blondinet, tu vas nous faire repérer, grogne-t-il en baissant également sa capuche.
Les deux précurseurs s’éloignent du guerrier sombre. Dans une rue plus tranquille, Flostia crie aux deux autres :
— Je passe par la seconde entrée, j'irai plus vite en volant !
Hilaris et Zeronne hochent la tête en signe d'assentiment. En un éclair, Flostia prend appui sur le sol avant de s'élancer dans les airs avec une aisance déconcertante. Telle une véritable sorcière, elle s'élève sans effort, portée par des tourbillons de vent qui dansent au creux de ses paumes. Les rares témoins de cette vision insaisissable restent bouche bée et s'exclament en chœur :
— SORCIÈRE !
À mesure qu'elle gagne de l'altitude, sa silhouette se fond dans les nuages, prête à disparaître.
La nuit enveloppe le plateau d’Arianna d’un voile sombre, étouffant les derniers vestiges de lumière. Le prince, unique héritier du roi, accompagne son conseiller le plus proche, Adria Golpe, ainsi que quelques nobles, à l'intérieur de CALAMUS, le restaurant renommé de la citadelle. L'édifice, une harmonie audacieuse de pierre brute et de bois sculpté, respire l’atmosphère du Moyen-Âge. Le gérant, visiblement épanoui, les accueille avec un flot d'éloges incessants à l'attention de ses nobles clients avant de les guider vers leurs sièges. Les nobles occupent déjà les meilleures tables, offrant une vue panoramique sur la vallée et le fleuve Olaus, à l’abri des préoccupations du peuple.
Le prince, vêtu de somptueux habits royaux, arbore une cape immaculée ornée des motifs emblématiques d'Arianna. Une couronne légère rehausse sa prestance, tandis que des bijoux en or étincellent sur ses bras. Ses yeux reflètent la détermination d’un dirigeant, et ses cheveux mi-long blonds encadrent son visage avec noblesse. Un baudrier de couleur verte ceint sa tenue, complétant son apparence royale. Golpe, quant à lui, porte un imposant costume soigné d'un blanc immaculé, rehaussé de délicats accents dorés. Son large baudrier blanc s’étend jusqu’au sol, accentuant l’impression de grandeur qui émane de lui. Ses longs cheveux noirs descendent jusqu’aux hanches, conférant une aura mystique à sa présence. Un diadème orné d'une pierre sombre scintille sur son front, contrastant avec ses yeux bleus clairs, empreints de sérénité. Des gants noirs accentuent la dualité de sa tenue. Tous deux prennent place autour de la table, une scène de noblesse à l'image même d'Arianna. La conversation qui s'annonce pourrait bien marquer l'histoire du royaume.
— Pas de menu ce soir, annonce le gérant. Seulement le plat unique : une entrecôte de Giganotosaurus, une viande exceptionnelle et rare.
La perspective d'une telle dégustation éveille la curiosité du prince.
— Vraiment ? D’où vient cette bête extraordinaire ?
Son interlocuteur, prenant une posture délibérément respectueuse, répond d’une voix assurée :
— Cette viande provient du sud, précisément des terres arides de Bellum.
Le ton condescendant de l’héritier fait légèrement froncer les sourcils de Golpe.
— Des terres de Bellum, dites-vous ? questionne-t-il, laissant entrevoir son scepticisme.
L'homme semble hésiter, inquiet à l'idée de ne pas satisfaire les exigences royales. Le prince, quant à lui, laisse transparaître son impatience :
— Qu’est-ce qui vous retient de me répondre ?
Une révérence discrète précède sa réponse.
— Pardonnez ma franchise, Votre Altesse, mais mon récit pourrait dévier de vos espérances.
Intrigué, il soupire d’agacement et l’invite à poursuivre :
— Bien, allez-y, racontez donc.
Reprenant sa posture, l'homme commence son récit. Un silence de cathédrale s’impose autour de la table.
— D'après mes fournisseurs, une sorcière aurait terrassé la bête. Les chasseurs que j’ai consultés ce matin sont catégoriques : elle l'aurait transpercée par des pieux en pierre invoqués depuis le ciel.
À peine ces mots sont-ils prononcés qu’un éclat de rire collectif rompt le silence à la table des nobles.
— Une sorcière ? Et pourquoi pas un dragon !
Les convives jugent ce récit dépourvu de sens. Le prince, d'un simple regard, étouffe les rires et se tourne vers le serveur, l'ennui empreint sur le visage. D'un geste vif, il lui intime de quitter la salle, désirant clore cette anecdote étrange et retrouver la quiétude d'un dîner paisible.
— Apportez-nous cette fameuse entrecôte saignante, et nous jugerons par nous-mêmes s'il recèle quelque enchantement.
Dans les instants qui suivent cette scène farfelue, les nobles sont servis. Les plats, délicieusement préparés, sont une véritable œuvre d’art culinaire. Le fils du roi contemple son assiette : une entrecôte d’une taille impressionnante, assaisonnée d'herbes fines et nappée de sauce caramélisée. Il ne cache pas son enthousiasme à l’idée de déguster cette viande.
— C’est bien la première fois que je vais manger un animal aussi gros. Ces Giganotosaurus sont des vrais titans.
D'un geste habile, il tranche un morceau d'un coup de lame et savoure chaque bouchée. Échangeant avec ses convives, il loue l'exquise saveur de ce mets, promettant une expérience gustative inégalée. Son regard croise celui de son Golpe, assis à ses côtés. Souriant, l’héritier s’adresse à lui :
— Vous avez raison, Adria. Les plats de ce restaurant sont tout simplement exquis.
Son conseiller esquisse un sourire réservé :
— Votre Altesse, quel plaisir m'offre cette nouvelle ! s'exclame-t-il, un éclair de contentement dans les yeux. Toutefois, son visage se ferme soudainement.
— Que vous arrive-t-il, cher Adria ? s'enquiert le prince avec sollicitude. Votre air soucieux m'intrigue.
D'un ton calme et réfléchi, Golpe répond :
— Mon prince, je ne peux m'empêcher d'être intrigué par les paroles de l'homme que nous avons rencontré plus tôt. Ses récits continuent de résonner en moi.
Ce dernier le regarde, manifestant son intérêt et l’incitant à continuer :
— Il a évoqué une histoire de sorcière terrassant la bête que nous savourons maintenant. Cela ne vous intrigue pas davantage ? Vous qui recherchez la puissance militaire.
L’héritier laisse errer son regard vers l'horizon, un éclair de désespoir traversant ses yeux.
— Allons, ne me dites pas que vous accordez du crédit à ces fables.
— Je suis heureux de constater que votre esprit s'ouvre davantage à ces questions. Le roi, quant à lui, bondirait probablement de son trône en apprenant qu'une sorcière a occis cette bête !
Il fixe le fils du roi d'un regard à la fois perçant et bienveillant :
— Vous n'avez pas froid aux yeux.
Il réplique :
— Mon père est simplement dépassé. Il incarne l'image même de notre armée, de notre technologie, de notre agriculture… une image obsolète.
— Que voulez-vous dire par « obsolète » ?
Le prince semble s'enfoncer dans ses pensées avant de répondre avec une pointe d’amertume :
Mon père adhère fermement à la croyance en l'existence de ces entités qu'il désigne comme sorcières. Pourtant, si de telles créatures peuplaient notre monde, ne devrions-nous pas subir leurs assauts ? Cette idée semble dénuée de logique. Par ailleurs, je ne discerne pas les raisons qui poussent le roi à propager cette croyance parmi le peuple.
Il prend une gorgée de son verre d’eau, puis poursuit :
— Il agit ainsi parce que c'est la seule manière qui lui reste pour s'attirer le respect de son peuple. C'est pourquoi je le juge désuet. Il se repose sur des tromperies pour diriger. De telles pratiques ne correspondent pas à mes principes. Je vise un idéal plus élevé.
Golpe acquiesce d'un léger mouvement de tête, puis lance une pensée profonde :
— Avez-vous déjà pensé que votre père puisse vous cacher des secrets ?
Son interlocuteur fixe intensément Golpe, le regardant d’un œil inquisiteur. Puis, avec précaution, il s’approche un peu plus de lui pour que leurs paroles soient préservées des oreilles indiscrètes des nobles attablés autour d'eux :
— Quels genres de secrets ?
Ses yeux brillent d'une lueur de curiosité mêlée d'intrigue. Puis il enchaîne, montrant une étincelle de méfiance :
— Je ne suis pas naïf comme mon père. Tu en sais plus que moi. Si mon père t’a anobli, ce n’est pas un hasard.
Une légère tension flotte dans l'air alors que l’hétirier attend avec impatience la réponse de Golpe. Ce dernier esquisse un sourire énigmatique, ses mains se posant délicatement sur la table, formant un cadre autour de son buste. Son regard est profond et mystérieux, semblant contenir des vérités insoupçonnées :
— Mon prince, ce que nous nommons « sorciers » à Arianna ne sont autre que des individus comme vous et moi, mais ayant acquis des pouvoirs d’une ampleur incommensurable. Leur puissance est telle qu'ils pourraient aisément renverser n'importe quel royaume.
L’héritier, d'abord intrigué par les confidences de Golpe, éprouve une légère appréhension. Néanmoins, son conseiller continue son exposé sans tolérer d'interruption :
— Ces pouvoirs peuvent s'obtenir à travers des artefacts divins, des pierres précieuses incrustées dans des objets d’apparence banale qui, au premier abord, ne paraissent rien d'autre que de simples gemmes. Leur existence s’étend aux confins du monde.
L'esprit en ébullition, l’enfant du souverain s'efforce de saisir la teneur des paroles de son conseiller.
— Est-ce que vous perdez l’esprit ?
Avant qu’il ne puisse réagir, les mots de Golpe se plantent dans son esprit, clairs et précis comme une voix audible. Il n’a pas bougé les lèvres. Point n'est besoin de s'inquiéter pour moi, Votre Altesse. Je ne suis pas en proie à la folie. Laissez-moi vous expliquer : la chance n'a rien à voir avec cela. Je peux entendre vos paroles… et les pensées qui se cachent derrière.
Le prince, entendant Golpe s'exprimer directement dans son esprit, est saisi d'une vive stupeur. Il bondit de son siège, poussant un léger cri de terreur. Les nobles attablés l'observent avec une stupéfaction manifeste, leurs yeux écarquillés braqués sur lui. Un mutisme soudain enveloppe la salle, exacerbant l'étrangeté du moment :
— Qui y a-t-il, Votre Altesse ? Vous êtes tout pâle.
Que m'arrive-t-il? s'interroge-t-il, en quête d'une réponse appropriée. Un bref instant de doute le traverse, puis il retrouve rapidement son sang-froid coutumier. Il se redresse, toussote discrètement et annonce :
— Ce n’est rien. J'ai cru apercevoir un insecte dans mon plat.
D'un geste rassurant, il les engage à reprendre leurs repas. L'attention détournée, le prince se rassoit, coulant un regard furtif vers son conseiller. Ce dernier lui répond par un clin d'œil complice, comme pour affirmer qu'il a agi sagement en préservant le secret de ses facultés. Bien que l'apparence d'une conversation anodine se rétablisse entre les convives, une tension palpable persiste, scellant un virage notable dans leurs rapports. Portant un verre à ses lèvres pour apaiser l'agitation de ses pensées. Son regard se perd dans le liquide transparent comme s'il y cherchait des réponses à ses interrogations intimes. Puis, levant les yeux vers lui, il interroge, sa voix trahissant un mélange de méfiance et d'enthousiasme :
— Vous prétendez donc que vous pouvez entendre mes pensées ? Que vous avez accès à mes secrets les plus profonds ?
D'un infime signe de tête, il demeure serein et parfaitement maîtrisé :
— En effet, Votre Altesse. C’est là le don que j’ai acquis grâce à l’un de ces artefacts divins.
Une ride barre le front du prince, tiraillé entre l'attrait d'un nouvel horizon d'intimité et la défiance face à cet pouvoir insolite.
— Et si je vous révélais que vos pensées tournent autour des moyens de me faire exécuter ? susurre Adria, un sourire malicieux aux lèvres.
L’enfant du souverain, pris au dépourvu par cette effraction dans son esprit, écarte les yeux, envahi par une gêne soudaine. Une vulnérabilité inédite l'envahit, comme s'il se tenait dévêtu devant une personne pour la première fois.
— Vous voyez, Votre Altesse, ce n’est pas seulement vos paroles qui me sont accessibles, mais aussi vos pensées les plus fugaces, vos peurs les plus profondes, vos désirs les plus ardents, explique Golpe d’un ton apaisant.
Le prince réfléchit à toute vitesse, réalisant les implications de ce pouvoir. L'accès direct à mon esprit, déstabilisant, effrayant parfois, mais aussi fascinant. Serait-ce enfin l'opportunité que je guettais ?
— Je saisis votre trouble, Votre Altesse. Pourtant, envisagez les bénéfices qu'une telle aptitude pourrait apporter à notre royaume. Un conseiller devinant vos désirs, dissipant vos craintes, perçant les intentions de vos adversaires et y répondant avec justesse », murmure Adria, cherchant à l'apaiser.
Les rouages de la pensée du fils du roi tournent à toute vitesse, pesant les risques et les avantages de cette nouvelle relation. Une alliance aussi unique que complexe naît entre lui et son conseiller, basée sur la confiance et une intimité sans précédent.
— Si tu m’aides à réaliser mon ambition, je te promets une vie prospère pour toi et toute ta lignée, dit-il d’une voix assurée.
Golpe répond par un sourire subtil, signe qu’il comprend l’enjeu de cette proposition.
— Décris-moi précisément le pouvoir de ces artefacts. Je veux tout savoir en détail, demande t-il d'une voix assurée.
Les flammes vacillantes des chandelles étirent des ombres inquiétantes sur les traits des deux interlocuteurs, enveloppant leur échange déterminant d'une atmosphère énigmatique. La table du restaurant se transforme en un lieu où germent les choix façonnant l'avenir, et chaque syllabe articulée pèse lourd dans la balance du destin. La séquence s'achève sur cette touche empreinte de suspense, tandis que la lueur des bougies incarne la volonté naissant au sein du prince.

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