Mesdames, Messieurs les juges, Monsieur le Procureur, je viens devant vous apporter des éléments qui ne me semblent pas avoir été pris en compte depuis le début de ce procès. Mon client est connu pour sa non-violence et je dispose de nombreuses déclarations de témoins prêts à venir devant ce tribunal pour témoigner.
De fait vous avez vu des photos largement exploitées qui donne une vision dramatique de l'état d'un chat après une altercation sauvage et nous sommes d'accord sur ce point. Mon client est l'acccusé alors qu'il est la victime de cette sordide affaire.
Au mois d'août 2019, mon client rentre chez lui avec un copain alors qu'il est resté absent durant deux jours. Il avait pourvu aux besoins alimentaires et sanitaires du chat pour préparer son absence.
La porte à peine ouverte, des cris et miaulements déchirants l'ont surpris sans l'alerter sur l'état de l'animal. Perché sur une table, celui-ci a sauté au visage de mon client toutes griffes dehors. Il n'avait jamais eu ce comportement, alors que mon client s'absente souvent durant deux ou trois jours. Mon client est agressé par les griffes qui s'enfoncent dans son cuir chevelu et ses joues, heureusement que les yeux ne sont pas concernés, sinon, je n'ose vous laisser imaginer les suites d'un tel drame. Mon client délicatement interpelle le chat agressif en l'appelant par son nom et lui dit "bonjour, je suis revenu, je suis content de te revoir mais là tu me fais du mal". Avouez que ces mots sont d'une douceur incomparable face au saut belliqueux de son animal de compagnie.
Imaginez la réaction de son ami qui l'accompagne face à cette situation extrèmement difficile à voir. Lui-même a peur des chats et donne une tape sur le côté du chat pour le faire tomber. Celui-ci est tellement bien croché qu'il est à peine déstabilisé par ce mouvement excécuté pour protéger son ami et sans occasionner quelconque dommages au chat. Mon client secoue la tête pour tenter de se débarrasser de la bête, mais c'est en vain. Il l'attrappe par le corps, ce qui augmente la pression des griffes enfoncées profondément sur son visage et il abandonne.
L'ami a une idée géniale de trouver une conserve de nourriture spéciale pour chat, l'ouvre et la tend vers l'animal sans doute affamé. Las, il abandonne sa proie et saute sur la boite, la rate et passe par la fenêtre ouverte et s'empale sur une grille de bordure de la cour de l'immauble où réside mon client.
Ce n'est même pas de la légitime défense dans cette situation, c'est le suicide d'un chat, réalisant sans doute qu'il agresse son maître par une grossière erreur et que sa culpabilité est énorme. Imaginez cet animal de compagnie caliné, entretenu, nourri avec une somme de bienveillance qui découvre les coulures de sang sur le visage de son maître adoré. Ce concours de circonstances est tragique et imaginez aussi la sombre culpabilité qui s'est abbatue sur mon client et son ami depuis cet accident abominable.
Il est à prende en compte la douleur de ce chat empalé, désarticulé, explosé d'autant que l'appartement de mon client est au 8e étage. Généralement un chat a la capacité en l'air de parvenir à anticiper sa chute sur ses quatre pattes, ce qu'il a réussi à cette occasion, par contre le point de chute était constitué de pics en métal dressés vers le ciel et espacés de moins de dix centimètres. Ce fut effroyable pour tous les protagonistes de ce monstrueux épisode de la fin de vie d'un chat dont la vie avait été tout à fait honorable.
Je vous laisse formuler la morale de cette histoire et je m'étonne encore que mon client puisse être accusé par de perfides langues de voisines d'être l'assassin de son propre animal fétiche.