Chapitre 1 : Des fesses et des biscuits

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Ce matin, j’ai trouvé un homme nu devant ma porte.

Enroulée dans ma doudoune, je m’apprête à sortir la poubelle et il est là, sur la terrasse, debout et parfaitement nu. Je crie, pas très fort, la surprise ne m’a pas donné le temps d’inspirer, et il se met à crier aussi. Pas fort non plus, comme s’il se moquait de moi. Paniquée, je rebrousse chemin et ferme la porte à double tour. Qu’est-ce qu’il fout là ?

Le plus discrètement possible, j’approche de la fenêtre pour jeter un œil et… Ah oui, c’est bien ça : un grand gars, nu comme un ver, en plein mois de décembre !

À tous les coups, il s’agit d’un fou. Peut-être même pervers : qui rentrerait dans les jardins des gens, en tenue d’Adam ? Sous la neige, par-dessus le marché ! Je prends mon courage à deux mains, ouvre la fenêtre, et lance :

— Euh… Je peux vous aider ? Là, vous êtes chez moi, et à poil, qui plus est…

Il me fixe sans un mot. Peut-être est-il drogué ? Ou sourd ?

— Barrez-vous ou j’appelle la police ! Allez, ouste !

— Ouste !

Bon, au moins, il n’est pas muet. Par contre, j’ai bien l’impression qu’il est un peu... Ma mère a tout un tas d’expressions fleuries pour de telles situations, mais je me contenterai de dire : limité. Il me regarde comme un chien qui essaie de comprendre ce que veut son maître, mais ne bouge pas d’un poil.

Je pourrais appeler les flics mais, le temps qu’ils arrivent, il aura gelé sur place. Bien décidée à éviter le pire, je me résigne à ouvrir ma porte.

— Vous venez d’où ? Vous êtes perdu ?

— Du ?

— Vous allez tomber malade…

Sans trop oser le quitter des yeux, je brave la neige jusqu’au portail, à la recherche d’indices. Les traces de pas proviennent de la forêt, pas de chez mes voisins, les Grubert. J'aurais préféré, un cousin étranger bourré et perdu, cela aurait fait une bonne explication.

— Pourquoi êtes-vous nu ? Vous comprenez ce que je dis ?

Il me dévisage avec des yeux de poisson, ce qui me fait sourire. À son tour, il sourit. Mon père dit que le sourire est la plus transparente des expressions, que l’on peut toujours savoir s'il est sincère ou non. À son sourire, je comprends que le tout-nu n'est pas un pervers. Peut-être un fou, mais un fou gentil.

— Bon… Mettez-vous à l’abri, au moins… Allez, entrez.

Je fais un geste vers l'intérieur, et, après quelques secondes d’hésitation, il entre, calme, et droit comme un i.

Il n’y a aucun vêtement d’homme ici. J'ai toujours empêché Greg de laisser la moindre affaire dans cette maison pour ne pas courir le risque de tomber sur un slip ou un pantalon qui me rappellerait son existence.

Je tends le plaid du canapé au tout-nu, autant pour le réchauffer que pour protéger mes meubles de ses fesses. Il le saisit maladroitement avant de me regarder, indécis, comme s’il s’agissait d’un goniomètre ou d’un stéthoscope et qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait en faire. Agacée, je l'enroule avec, des aisselles jusqu'aux genoux et le pousse vers le canapé, où il s'assied, docile.

— Vous êtes étranger ? Vous venez de quel pays ? demandé-je en articulant bien. D'où ?

— D'où ?

— Oui, d'où vous venez ? On est en France ici. Et vous – je le pointe du doigt – d'où vous êtes ?

Il ne comprend pas un mot de ce que je lui dis. C'est peut-être un migrant ? Un migrant de l'est, vu le physique. Ou du nord, mais je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de scandinaves qui immigrent en France.

— Do you speak English ? Where are you from ?

— From ?

— Habla español ? Deutch ? Italiano ? Russian ? Swedish ? China, Zhonguo ? Non, qu'est-ce que je raconte, il n'est pas chinois. Bon, laissez tomber.

Je prépare un thé et sors de quoi grignoter. Il n'a pas l'air d'avoir froid ni faim, il se contente de regarder autour de lui, sans bouger du canapé, et frôle du bout des doigts les babioles du guéridon. Il semble s'intéresser en particulier à la bougie à la cannelle, cadeau de ma belle-mère à Noël dernier.

Je pose le plateau sur la table basse et lui tends l’assiette de biscuits. Comme avec le plaid, il me regarde, l’air curieux. Je pense qu'il a un déficit mental. Qu'il n'ait jamais vu de plaid, admettons. Mais des biscuits…

J’en prends un et croque dedans, alors il fait de même.

Je mâche, il mâche.

Je déglutis, il s'étrangle.

Je ris.

— Faut pas respirer en même temps ! dis-je, quelque peu gênée de me moquer de lui.

Malgré la toux d’étranglement, il rit aussi. J’essaye alors d'expliquer le concept de la déglutition. Tout d’abord, la respiration : inspirer, souffler. Je cesse de respirer, gonflant volontairement les joues comme un gamin dans un concours d'apnée. Puis je respire à nouveau. Il commence à m’imiter. Ensuite, je lui montre qu'en mangeant, je ne respire pas. Je lui tends un biscuit qu’il enfourne à toute vitesse avant de gonfler les joues pour mâcher.

Je ne dois pas être douée pour expliquer la vie.

De toute manière, après quelques fausses routes, il finira bien par comprendre de lui-même. Je mets le thé de côté pour l'instant, s'il s'étrangle avec un gâteau, il n'est pas encore prêt à boire.

— Bon, je vais essayer de vous trouver des vêtements, quelque chose pour vous couvrir. Et puis on ira à la police, d'accord ?

La bouche pleine, les joues gonflées, il me regarde de nouveau de son air bête.

Je fouille dans l'armoire de la chambre et y trouve un vieux tee-shirt, dont je me sers pour le bricolage, peut-être assez grand. Par contre, je n'ai aucun pantalon qui puisse lui aller. Je pourrais le mettre en jupe, je suis sûre qu'il se laisserait faire, mais je n'ai que des jupes d'été. J’irai demander aux Grubert, le pépé est mort cet été, ils ont peut-être encore de vieux vêtements. Ou des habits de sport de leur fils.

De retour au salon, je le trouve en train de mâcher. L'assiette de biscuits vide, il s'est attaqué à la bougie à la cannelle. Je me précipite pour la lui arracher des mains, en disant plusieurs fois « Non ! ». Je lui tends l’assiette et je crache, dans l’espoir qu’il m’imite. Je crois qu'il en a avalé environ un tiers.

J'espère qu'il ne va pas en mourir.

Sur internet, on parle surtout de la toxicité des fumées de bougie, pas des idiots qui les bouffent. Je vais surveiller un peu, s'il vomit partout je le conduirai à l'hôpital. J'hésite à le mener à la gendarmerie. Que feront-ils d'un mec à poil, sans papiers, qui ne parle pas français et qui mange des bougies ? Ils n'ont déjà pas été capables de retrouver le fumier qui a tué le chat des Grubert — une mauvaise année pour les Grubert — j’ai de sérieux doutes sur leur compétence.

Jocelyne Grubert vient de me donner un grand sac de vêtements. Je lui ai dit que c'était pour dépanner un ami, et elle ne m'a pas posé de question, trop heureuse de s'en débarrasser. Elle ne m'a pas non plus demandé si j'avais vu son cousin à poil dans la neige, donc je suppose qu'il ne vient pas de chez eux.

Le tout-nu est toujours sur le canapé. Je crois qu'il s'est de nouveau attaqué à la bougie, il en restait plus tout à l'heure, non ? Mais quand je lui demande, en la secouant sous son nez, il prend un air innocent ; innocent ou idiot, la question n'est pas tranchée.

Dans le sac des Grubert, il n'y a pas que les vêtements du pépé. Heureusement, parce que le pépé était tout petit et le tout-nu est plutôt grand. Je ne l'avais pas trop regardé au départ, j'étais plus préoccupée par la question de sa présence devant ma porte et de sa nudité, mais il est drôlement beau, on dirait un mannequin de parfums ou de rasoirs.

Il fouille les affaires avec moi, et quand je tire des pulls devant ses épaules, pour voir s'ils lui iraient, il se met à faire de même, mais avec toutes sortes de vêtements, des pantalons, des robes, un maillot de bain.

S'il n'était pas aussi con, je dirais qu'il a beaucoup d'humour.

J'ai trouvé plusieurs pulls assez grands et un pantalon de jogging, mais aucun sous-vêtement. Évidemment, je dois l'habiller : il ne sait pas non plus ce qu’est un vêtement. Il vient sûrement d'un pays de naturistes qui ne mangent jamais de biscuits ; ce qui expliquerait pourquoi il est si bien foutu.

Quand je lui enfile son pantalon, pas très à mon aise à l'idée d'être accroupie face à son entre-jambe, il se met à toucher mes cheveux. Surprise et agacée, je râle, il râle aussi. Je lui tape la main en disant « Non ! » et il rit. Il ne sait pas manger sans s’étrangler, mais il comprend très bien le concept du rire.

Que faire de lui ? Si j'en parle à Greg ou à mes parents, ils me conseilleront de le conduire à la gendarmerie. Greg voudra peut-être même me rejoindre, par sécurité. Mais que feront les flics ? Ils lui poseront des questions, en français, peut-être en anglais. Ils le garderont un moment puis le retrouveront en train de bouffer des chaussures ou des crayons. Ils l'enverront alors chez les fous, non ? Il faudrait déjà que je sache d'où il vient, pour lui trouver un interprète.

Je prends la tablette pour lui montrer une carte du monde. Je désigne la France, en insistant bien : « Ici, la France ». Je pointe un doigt vers lui, et je prends sa main, la pose sur la tablette. « Toi, tu viens d'où ? Ton pays ? » je dis, plusieurs fois, en lui montrant la tablette. Il passe son doigt sur l'écran et fait tourner la carte. Il est peut-être Australien ?

Mais il fait le tour de la Terre plusieurs fois, sans s'arrêter. Je lui reprends la tablette des mains, dépitée et passe en revue les pays européens. Il me regarde, puis regarde ce que je lui montre, sans la moindre réaction. Il a l'air davantage intéressé par mes cheveux, qu'il essaye de tripoter à plusieurs reprises. À chaque « Non ! », il rigole, ce qui finit par me faire rire aussi.

Lassée du petit jeu, je décide de voir si je peux suivre ses traces dans la neige. Une fois habillée, je lui demande de ne pas bouger et de surtout s’en tenir au nouveau paquet de biscuits. Alors que je m’apprête à sortir, il se lève brusquement :

— Non !

— Quoi, non ?

Il me regarde puis pointe la porte du doigt.

— Tu ne veux pas rester seul ? Tu veux venir avec moi ?

— Vec moi ?

— Mais tu n'as pas de chaussures, hors de question que tu sortes pieds nus. Tu vas geler ! Et puis, t'as déjà mis de la bouillasse partout sur le parquet... Mais ça, tu t'en fiches, n'est-ce pas ?

Le sac des Grubert ne contenait pas de chaussures, et il a vraiment de grands pieds, il ne pourrait même pas rentrer dans les bottes en caoutchouc de Greg si elles étaient là. Je lui enfile deux paires de chaussettes, bien trop petites, mais bon… Je regarde autour de moi, si je peux trouver quelque chose qui ferait office de chaussure. J’essaye des tongs, mais elles sont trop petites et ne tiennent pas sur les chaussettes. Il déborde de mes pantoufles. Je tente bien un truc avec des Tupperware, mais c’est loin d’être convainquant. Je monte au grenier et il me suit. Il se met à fouiller dans les cartons en même temps que moi, regarde les objets avec intérêt, et les repose en soufflant ostensiblement, dans une imitation très fidèle de mes propres gestes. On finit par trouver une paire de sabots de bois. Une très grande paire, remplie de fleurs séchées piquées dans une mousse verte. Mamie les avait installés sur le mur de la cuisine quand j'étais gamine. Je les regardais souvent, à table, en me demandant si un jour j'aurais de si grands pieds. Il s'avéra que non, Dieu merci.

Je vide les sabots dans le carton et les lui passe aux pieds. Il a du mal à descendre les escaliers avec, il avance comme un crabe, précautionneusement, une marche après l'autre. Comme un enfant dans les talons de sa mère. Ou de son père, je ne juge pas.

Je lui mets le plaid en manteau et nous sortons, sous une légère averse de neige. Par chance, le temps n'invite pas à la promenade, et les traces n'ont pas été piétinées. On voit nettement, par endroits, l'empreinte des orteils. Il marche à côté de moi, bien droit dans ses sabots, fermement cramponné à son plaid, le regard lointain. Suivre jusqu'à la lisière de la forêt est aisé, mais rapidement, je m’aperçois que la couche de neige s'amenuise jusqu'à disparaître sous les arbres.

— Merde ! dis-je, retournant à la dernière empreinte. D'où tu venais ? Montre-moi.

— Merde.

— Bon, on va suivre un peu le chemin, on trouvera peut-être d'autres traces.

Et en effet, çà et là, une nouvelle empreinte d'orteils, fait son apparition, dans la boue ou la terre. Le tout-nu continue de marcher sans un regard autour de lui. J’ignore si cela a un sens, s'il reconnait le chemin ou s'il s'en moque et se contente de me suivre. Arrivés à une intersection, je m’avance dans chacun des chemins, sans trouver la moindre trace. Je décide de le laisser choisir. Les premières minutes, il attend en me fixant de son air bête. Puis il se décide pour le chemin de droite. Nous continuons une bonne demi-heure ainsi. Il marche, raide, et moi je le suis, suspicieuse.

Il me conduit à une clairière que je connais bien, formidable coin à coulemelles, et s'arrête à l'orée.

— C'est d'ici, que tu viens ?

— Non.

— Continue alors, avance, dis-je avec de grands gestes des bras qui l’invitent à se bouger.

— Non.

La neige a recouvert la clairière et l’on distingue plusieurs traces de pas. Je m'approche et reconnais la trace laissée par les orteils, je la suis dans la clairière. Elle croise une trace d'oiseau puis une autre, probablement de renard. La trace du tout-nu rejoint le centre de la clairière et s'y arrête net. Une rapide inspection me confirme qu'il n'y a aucune autre empreinte de pieds d'humain. Les traces du tout-nu partent tout simplement du centre de la clairière.

Il m’a rejointe au milieu de la clairière pendant mon inspection et quand je me tourne vers lui, je découvre qu’il me fixe.

— C’est d’ici que tu viens ? — il ne bronche pas — Bon, ça suffit les conneries, on va chez les flics, ils se démerderont avec toi.

— Non ! s'écrit-il.

— Tu ne sais dire que « non » de toute façon. Je ne peux rien faire pour toi. Je ne sais pas qui tu es, d'où tu viens, ce que tu veux, mais je sais que je ne peux pas t'aider. Peut-être que d'autres le pourront. Allez, on rentre.

Je saisis son bras et l’entraîne à ma suite. Il ne proteste pas. Sur le chemin de retour, il garde la tête basse ; je commence à culpabiliser.

À la maison, je retire ses sabots et le pousse vers le canapé avant de décrocher le téléphone.

— Gendarmerie, j’écoute.

— Bonjour, excusez-moi de vous déranger. Voilà, j'aurais voulu savoir si, par hasard, on ne vous aurait pas signalé la disparition d'une personne ?

— Quelle personne ? demande la femme du standard.

— Un homme, adulte. Entre 25 et 35 ans, grand, blond.

— Madame, vous voulez signaler une disparition ou vous avez trouvé une personne ?

— Je n'ai pas vraiment trouvé une personne, disons que j'ai aperçu un homme, qui semblait un peu perdu, alors je me demandais si on ne vous avait pas signalé une disparition.

— Où avez-vous vu cet homme ?

— Près de chez moi.

— Et qu'est-ce qui vous fait penser qu'il était perdu ?

— Je ne sais pas, sa façon de marcher. Peut-être une personne avec un handicap mental ?

— Non, on ne nous a rien signalé.

Je réfléchis à toute vitesse mais la seule chose que mon cerveau me propose me fait carrément honte :

— Un robot, peut-être ? Un robot de l'armée ? Ou un extraterrestre ?

— Pardon ? Pouvez-vous me donner plus de détails, s'il vous plait ? Afin de décider si nous devons envoyer quelqu'un sur place.

— Oui, oui bien sûr, alors… euh… Non, attendez, c'est bon, il est en train de repasser, il est accompagné d'une dame ! Excusez-moi du dérangement, bafouillé-je avant de raccrocher, sans lui laisser l’opportunité de répondre.

J’ignore ce qui m’a pris, j’aurais pu lui demander d’envoyer une patrouille ici pour venir le chercher, mais il arrive que les actes échappent à toute logique.

Le téléphone sonne, je me dis que c’est de nouveau la gendarmerie, que la fille du standard m’a trouvée étrange et qu’elle veut s’assurer que rien de grave ne s’est produit. Mais il s’avère que c’est Greg.

— Tout va bien ? demande-t-il, froid et agaçant.

— Oui, je vais bien, mais je n’ai pas envie de te parler, désolée.

— Gaby, rentre, s’il te plait. Nous devons régler ça, nous devons le faire face à face, pas par téléphone.

— Je n’ai pas envie de te parler, encore moins de te voir. J’ai besoin d’être seule et j’aimerais que tu respectes ça.

— Mais moi j’ai besoin de parler…

— Tu te fiches de moi ? Tu n’es pas en position de négocier, c’est ta connerie, pas la mienne.

— Mais tu ne me laisses pas la moindre chance de m’excuser…

— Greg, stop. Je te dis que je n’ai pas envie de te parler et tu commences déjà ton numéro. Je me fous de tes excuses, je me fous de ce que tu veux et de ce que tu dis. Je refuse de te parler, je refuse de te voir, laisse-moi.

— Gaby, je t’en prie…

Je raccroche. Il me semble avoir été claire, mais Greg ne comprend pas le mot « Non », surtout lorsqu’il vient de moi. Quel connard. Non, je ne devrais pas penser ça. Mais après tout, je le pense.

— Connard ! dis-je au combiné.

— Connard ! dit le tout-nu depuis son canapé.

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