Dimanche 16 août 1981

2 minutes de lecture

Un chapitre / Une musique

Nocturne 113 - Maxence Cyrin

https://ekleroshock.bandcamp.com/album/eye-of-the-storm-ep

*

J’ouvre les yeux. J’ai dû me rendormir d’épuisement. Je réalise que je suis toujours dans la grotte. Je reste comme ça, de longues minutes, les yeux ouverts. J’ai un mal fou à émerger. J’ai la tête qui me fait affreusement souffrir. J’ai la gorge en feu. J’ai soif. Je m’assois péniblement. Des bribes d’images de ce qui s’est passé il y a quelques heures me reviennent à présent. Mon corps se met aussitôt à trembler. Pour moi, ce qui est arrivé n’a jamais existé.

Il faut que je rentre. Je ne peux pas rester là indéfiniment. Je regarde autour de moi. Mon sac à dos a disparu. J’ai soudain un renvoi dans le gosier. Je vais vomir. De ma bouche sort un filet de bave mélangé à celui d'une bile nauséabonde. Je crache, espérant enlever de ma bouche ce goût dégueulasse qui me colle à la langue et au palais. Mais sans succès.

Je réussis à me lever. Je vacille quelques secondes. Je regarde mes vêtements. Ils sont plein de boue. Mon tshirt est déchiré à la manche. J’ai les genoux écorchés, les jambes griffées de partout. Je me touche le visage. Une croûte de sang sur mon front. J’ai peur. J’arrête là mon inspection. Je verrai ça plus tard. Le principal, c’est que je puisse marcher pour sortir d’ici. Le ciel est gris, couvert de nuages. Une accalmie. Mais ça risque fort de pleuvoir dans pas longtemps.

Je ne sais pas comment je fais pour redescendre jusqu’à la falaise, sans me casser la gueule sur les rochers glissants. Ni combien de temps je mets pour arriver jusqu’au pont. D’ici, je regarde la rivière. Enfin, plutôt le champ de bataille. Je n’en crois pas mes yeux. La rivière a très largement débordé des berges. Elles sont, elles aussi recouvertes de boue et de toutes sortes de branchages et de végétations arrachées. Je n’ai jamais vu ça. Tout est dévasté. Le cours d’eau s’est transformé en torrent. Le bois en face de moi a subi lui aussi de lourds dégâts. Un immense arbre déraciné est allongé par terre. Comment est-ce possible ? D’autres penchent dangereusement. La tempête me revient en mémoire. Ma gorge se serre. J’entends encore l’orage faire rage. La pluie et le vent se déchaîner…

Et les coups de feu crier dans la nuit.

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