Innocence.

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 Des centaines d’araignées dépassèrent l’homme abattu par cette révélation inattendue. Elles plongèrent dans les ténèbres où le monstre s’en était allé. Il passa une main gantée sur son masque immaculé.

 Il pensa tout haut :

 « Qu’ai-je fait… »

 Il se retourna afin de s’en aller de ce lieu maudit, mais il se heurta à une petite araignée pendue à un fil de soie, les yeux globuleux miroitant du reflet de la voie lactée et bien plus encore.

 Ka leur fit un signe de la patte.

 « Mes respects, cher client. Je suis venue vous prêter main-forte. Veuillez à l’avenir oublier de vous séparer de votre escorte. Je vous prie. Ninil Mushroom serait forte attristée de voir un si bon payeur disparaître. À présent, suivez-moi. Je vous ramène en sécurité au magasin. Vous devrez, néanmoins, payer pour le déplacement de nos troupes. »

 Une dizaine d’araignées poussives la dépassèrent, un donut sur le dos. Elles instaurèrent un silence entre Ka et l’homme.

 Une patte de la première fut prise d’un spasme nerveux.

 « Meh, Meh, Meh ! s’agita-t-elle soudain en s’élançant sur les goinfres. Vous ne pouvez pas être sérieuses cinq minutes ?! »

 Elle les fit voler dans tous les sens.

 « Je vais vous dresser ! » acheva-t-elle sous une pluie de donut et d’araignées gémissantes.

 De retour au magasin, l’homme laissa un tas de piéces à la réceptionniste et partit s’enfermer dans sa chambre. Le mur dévoré par Ka avait été réparé avec de la soie épaisse, les vieux champignons remplacés par des neufs, et une couchette de vieux draps avait été placé près d’un gros cocon au cœur luminescent. Il s’y allongea l’esprit embrumé d’idées noires. Et regarda la danse des araignées au plafond. Elles chantaient et jouaient au champiballon. Un comportement bien humain, pensa-t-il.

 Une jeune colocataire se posa sur son masque et le parcourut de long en large. Elle fit une série de bonds de puces, et l’assaillit de questions :

 « Dit ! Dit ! Comment tu fais pour voir sans yeux ? Comment tu respires ? Par les oreilles ? Par les pattes ? Tu manges comment sans bouche ?! Dit ! Hein, dit ! Comment tu fais ?! Moi, je mange des mouches et des petits poilus ! Il y a même des chips ! Mais, moi, j’adore trop le chocolat au lait de maman ! C’est maman qui fait le chocolat, hein ! Tu comprends ? Tu aimes le chocolat au lait ? C’est trop bon ! Tu en veux ? Je peux demander à maman d’en faire pour toi ! Et pour moi !

 » Tu veux être mon ami ? Je peux t’appeler “Sans Visage” ? C’est comme dans une histoire de maman ! Un monstre, ben, il est tombé du ciel ! Pouf ! Et là, plus rien ! Il n’avait pas de visages, comme toi ! Il a tout mangé ! Alors, nous, on est née de ses entrailles, comme moi avec maman ! Attends, attends ! Si tu n’as pas de visage comme le monstre sans visage, alors tu es peut-être le monstre sans visage ! C’est trop chouette ! Je peux être ton copain ? Moi, c’est To ! Je suis un mâle ! Mais tout le monde pense que je suis une femelle ! »

 La petite araignée lui tendit une patte, sur laquelle l’homme y posa délicatement le bout du doigt.

 « Enchanté, petit être, dit-il. Appelle-moi comme bon te semble. J’ai déjà reçu bien des noms. Un de plus ne changera rien. »

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