Des Sentiments à la Lumière.

Une minute de lecture

 L’homme glissa ses doigts entre les longues mèches de la fillette. Il se demanda comment elle eut pu survivre dans ce monde où la vie normale n’avait plus de prises ; ses filaments d’un blond opalin se mirent soudain à scintiller d’une lueur pâle en réponse à sa question muette. « Tu es comme moi », comprit-il. Elle le regarda curieusement de ses grands yeux bleus bouffis. Elle ne dit rien. Et se pressa plutôt contre lui. À l’abri du danger.

 Un bruit brusqua des gravats loin devant eux, là où les ténèbres s’en étaient allés après s’être faites arracher leur proie. L’homme comprit qu’il leur fallait quitter cet endroit au plus vite. Au même titre que les araignées et les humains, d’autres espèces eussent certainement la même dénaturation. Il ne voulut pas montrer ces horreurs inconnues à sa nouvelle fille ; pas maintenant. Elle eut déjà trop subi.

  Il réfléchit un court instant. Il n’apprécia guère l’idée ; mais maintenant qu’il avait un enfant à charge, il ne pouvait tout simplement plus risquer sa vie. Cette pensée lui fit l’effet d’un coup de poing. Il ne nourrissait plus le désir de mourir ; non, plutôt, son cœur battait à nouveau dans sa poitrine, lui qui s’était arrêté il y a si longtemps. Le doute le fit gémir. « C’est faux », pensa-t-il en se rappelant la douleur d’avoir quitté les araignées, la curiosité de les avoirs découvertes ; le sentiment, ce sourire, cet amusement qu’il avait ressenti lors de la pièce de théâtre, ou cette douleur qui l’accablait sans cesse. Il comprit que l’enfant n’avait pas fait naître en lui des sentiments, mais qu’il lui avait ouvert l’esprit sur eux. Il serra tendrement la fillette contre son sein. « Merci, lui murmura-t-il. Merci… »

 Un nouvel objectif naquit en lui : il fallait trouver une mère à cet enfant, lui permettre de grandir heureuse et épanouit au sein d’un foyer chaleureux. Elle sera sa rédemption pour les crimes qu’il eut commis. Lorsqu’il se sera assuré de son bonheur, et seulement à cet instant : « Je partirais rejoindre les miens », se promit-il.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire La Noiraude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0