Chapitre 9 - Complice

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Après un moment d’hésitation à me demander si c’est vraiment la bonne chose à faire, j’appuie sur la sonnette et patiente nerveusement sur le perron de cette petite maison de ville. Les rayons matinaux s’écrasent sur les reliefs des vieilles pierres de cette ruelle étroite. Le quartier paraît assez vieux et peu avenant, mais pourtant il en émane un charme pittoresque. Comme si j’étais nostalgique d’un temps que je n’ai pas connu. Les façades ne sont pas de première jeunesse, elles sont néanmoins les vestiges d’une architecture anachronique. Pleine d’histoire et rassurante.

Alors que je m’égare dans la contemplation de ces bâtiments accolés, la grande porte d’entrée en bois s’ouvre dans un grincement à m’en déchirer la cochlée.

N : Bonjour Thibaut…

Lorsque la personne en question me reconnaît, son visage passe par de nombreuses expressions contradictoires. Mais il en est une qui ressort parmi les autres : la colère. Une colère sourde. Sans même prendre la peine de me répondre, ni même de connaître le motif de ma venue, il s’avance dangereusement vers moi et agrippe le col de mon polo, avant de me plaquer brusquement contre le mur en pierre.

T : Qu’est-ce que tu fous ici !?

Aleksy, qui a insisté pour m’accompagner, part sans réfléchir à ma rescousse. Juste avant qu’il ne tente de l’écarter, je lui fais signe de ne pas intervenir.

N : Attends Thibaut, écoute-moi !

T : T’écouter ? Tu te fous de ma gueule ? Tu te ramènes tranquillement chez moi après avoir foutu la merde dans ma vie et tu souhaites naïvement que je t’écoute ? Et qu’est-ce qu’il fait avec toi, lui ?

N : Je sais que ce n’est pas toi !

Il se tait quelques secondes, le temps d’analyser ce que je viens de prononcer. Sa prise faiblit légèrement, mais il continue de me scruter avec méfiance.

T : Comment ça ?

N : Je connais le vrai coupable.

Cette fois, sa préhension s’estompe. Il éloigne avec prudence ses doigts de mon vêtement. Son regard exorbité, à cause de la surprise et de sa récente animosité, se pose sur moi comme une épée de Damoclès. Cela représente pour lui un tel espoir qu’il ne me pardonnerait pas une blague de mauvais goût.

T : Qui ?

Je regarde furtivement autour de moi, et je remarque que quelques passants curieux ont surpris notre altercation et suivent le déroulé du coin de l’œil. De quoi alimenter les ragots de ce quartier pauvre en faits divers.

N : Je ne pense pas que l’on devrait en parler ici…

Thibaut me fixe d’abord d’un air sévère, puis il tourne la tête vers l’intérieur de la maison afin de tendre l’oreille. Il soupire un grand coup, puis il s’écarte du passage.

T : Entre.

Je réalise que son invitation n’est pas plurielle. Aleksy affiche une mine contrariée, mais il se contente de hausser les épaules, comme s’il se résignait face à cette condition. Embêté, je tente la négociation.

N : Et Aleksy ?

T : Il reste dehors.

N : Attends, il est au courant de toute l’affaire, et il a été témoin de…

T : De quoi ?

N : Je te le raconterai, mais laisse-le entrer s’il te plaît… Il connaît des éléments importants sur l’affaire.

Thibaut le toise du regard. Aleksy lui délivre un sourire timide, mais cela n’a pas l’air de l’atteindre plus que ça. Il souffle du nez, lève les yeux au ciel, visiblement agacé, mais finit par céder.

T : Allez, dépêchez-vous.

Nous le suivons à l’intérieur. L’entrée donne directement sur un couloir étroit et mal éclairé. Comme toutes les maisons jumelées, il y a peu d’ouvertures vers l’extérieur, donc la lumière naturelle a du mal à illuminer l’habitation. Et ces vieilles ampoules halogènes ne lui rendent pas justice. Le dégagement débouche ensuite sur un petit salon où trône le strict nécessaire. Deux canapés dont un à l’état douteux, une table basse et un meuble TV des plus basiques, et deux ou trois bahuts en bois d’une autre époque.

Thibaut nous prie de nous installer, tandis qu’il saisit la télécommande pour éteindre la télé. Il tire une cigarette du paquet présent sur la table, sort un briquet de sa poche et l’allume. Il a l’air tellement différent du Thibaut que j’ai rencontré au tribunal, celui complètement démuni. Non pas qu’il semble plus heureux, juste… comme s’il s’était résigné, qu’il acceptait cette décision. C’est difficile d’en faire une conclusion aussi hâtive, mais c’est l’étrange impression qu’il dégage.

N : Tu es tout seul ?

T : Ma mère dort à l’étage, et mon père n’est pas là.

N : Alors… comment tu vas ?

Thibaut tire sur sa cigarette et expire nonchalamment un nuage de fumée, puis il tapote dessus pour évacuer le surplus de cendres.

T : Ça va.

N : Et… comment ça se passe tes… travaux d’intérêt généraux ?

T : Viens-en au fait, arrête de tourner autour du pot.

N : Je demandais sérieusement…

Embarrassé, je détourne les yeux pour ne pas croiser son regard froid et empli de reproche. Il semble étonné par mon empathie, sûrement parce qu’il a établi tout un tas d’a priori à mon sujet. Je le vois se redresser légèrement, comme s’il considérait un peu plus mon trouble.

T : Pourquoi tu veux prendre de mes nouvelles ? On n’est pas potes à ce que je sache.

N : Je sais bien, c’est juste que… j’espère que tu n’en baves pas trop à cause de moi, tout simplement…

Son visage trahit sa confusion. Je ne sais pas ce qu’il s’était imaginé à mon sujet, mais sa projection semble bien loin de la réalité. Son corps se renfonce dans le canapé, et il ramène la cigarette à sa bouche, un léger sourire aux lèvres.

T : Rassure-toi, ça aurait pu être pire. Ils m’envoient travailler pour les services publics, et j’alterne entre le nettoyage des rues, l’entretien des parcs, la distribution des repas pour les pauvres… C’est bien mieux que la prison, heureusement que je ne suis pas encore majeur et que le juge a été indulgent…

N : Tant mieux… Et pour les cours, tu fais comment ?

T : Ici, par internet. Mais toutes ces leçons, ces polycopiés, ça me saoule. Je crois que je suis plus fait pour les travaux manuels, comme maintenant.

N : Tu ne vas pas passer le bac ?

T : Je sais pas… Je peux essayer, mais je ne m’attends pas à grand-chose.

N : Je vois…

Je me triture les mains, attendant innocemment qu’il relance la conversation vers le sujet qu’il désire tant. Je ne tarde pas à déceler son impatience, puisque son pied commence à marteler énergiquement le carrelage grisâtre.

T : Alors, tu vas me dire qui c’est un jour ?

N : J’y viens…

Thibaut prend une dernière bouffée avant de m’écouter attentivement. De mon côté, j’observe minutieusement sa réaction.

N : C’est Xavier, un mec de ma classe.

Son visage, jusque-là stoïque, se déforme sous la stupéfaction. Ses lèvres ne rient plus, et une amertume inhabituelle prend possession de ses traits. Aucun doute, il le connaît plus que de nom.

T : Xavier de Fontenille ?

N : Oui, c’est lui. Tu le connais ?

Perdu dans ses pensées, il ne relève pas mon interrogation. La tête posée sur ses mains jointes, il fixe un point aléatoire, la rancœur dans le regard.

T : Quel sale enfoiré…

N : Réponds-moi, tu le connais d’où ?

T : De ses soirées. J’y suis allé plusieurs fois…

Aleksy, jusque-là bien silencieux, se redresse soudainement. Un frisson de dégoût le secoue, sûrement à cause des souvenirs douloureux qu’il garde.

A : Celles qu’il organisait chez lui ?

T : Ouais… Tu y as déjà été ? Je ne me rappelle pas t’y avoir croisé pourtant…

A : Ça fait plusieurs mois que je ne m’y suis plus rendu. J’ai eu… quelques soucis là-bas.

T : Ça ne m’étonne pas…

N : Est-ce que tu as des infos qui pourraient nous être utiles ? Comme un comportement louche, ou quelque chose qu’il aurait pu dire, je sais pas…

T : Un comportement louche, je ne crois pas… Mais je me rappelle qu’au cours d’une discussion, il a déjà parlé de toi.

Mes sourcils se froncent autant que mon cerveau se réjouit de cette information. C’est peut-être le début d’une piste ! Mais comment ont-ils pu en arriver à parler de moi en plein cœur d’une soirée ?

N : Pourquoi ?

T : Bon, comme tu le sais, mes parents commençaient à avoir quelques soucis d’argent, même avant que… ton père vire ma mère.

La culpabilité me gagne. Même s’il coopère avec moi pour coincer Xavier et se sortir de ce pétrin, je sens que cette histoire n’est toujours pas digérée.

T : Du coup, c’était pas la joie à la maison. Mon père vivait mal son licenciement, et il rejetait tout sur ma mère qui subissait déjà une grosse pression au boulot. Alors ils s’engueulaient souvent, et ça finissait presque toujours avec ma mère en larmes.

Je préfère ne pas le couper, mais il semble y avoir une part d’ombre dans l’histoire du licenciement de sa mère. Il avait déjà évoqué le problème à la fin du procès en nous invectivant…

T : Un de mes potes m’a proposé de venir en soirée pour me vider la tête. J’ai accepté parce que je n’en pouvais plus de cette ambiance de merde. Pendant la soirée, j’étais justement en train de lui raconter mes soucis quand Xavier s’est assis à côté de moi, incognito. Au fur et à mesure, il s’est immiscé dans notre conversation. Au bout d’un moment, il m’a demandé si j’étais au courant que le fils de l’employeur de ma mère était justement au lycée. Bien sûr que je le savais, mais qu’est-ce que ça importait… J’aurais dû faire quoi, te casser la gueule ? Te harceler ? Te menacer ? Ça n’aurait fait qu’empirer la situation de ma mère…

Ce n’est pas la première fois qu’il insiste sur les conditions de travail de sa mère. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ? J’ai comme l’impression qu’il y a beaucoup d’éléments que j’ignore à ce sujet. Mon père n’est quand même pas impliqué dans tout ça ? Non, ce n’est pas son genre. Je n’espère pas…

T : Quel enfoiré… Dire qu’il m’a dressé un portrait bien négatif à ton sujet et que je l’ai laissé m’influencer…

Quelque chose me dérange dans cette histoire. Tout était trop bien ficelé, Thibaut paraissait être le coupable parfait, comme si on lui avait mis le couteau entre les mains devant le fait accompli. Alors maintenant que je sais que Xavier et lui ont eu des contacts…

N : C’est bizarre…

T : De quoi ?

N : C’est comme si tout ce qu’il t’a dit n’était pas anodin. Comme si même ça faisait parti de son plan.

T : Tu penses qu’il m’a manipulé ?

N : C’est possible… Tu n’as jamais trouvé ça étrange que tous les éléments soient contre toi ? Tu n’avais aucune chance devant la justice au vu de toutes les preuves qui t’incriminaient…

T : Alors quoi ? Il aurait tout prévu ? Ne sois pas ridicule, tu lui donnes trop de pouvoir. C’était juste un enchaînement de coïncidences, rien de plus…

N : Je sais pas…

Peut-être que je me monte la tête, comme il l’insinue. Difficile de croire qu’il ait la capacité d’influer sur quiconque. Mais j’ai la désagréable sensation qu’il mène tout le monde par le bout du nez depuis le début.

T : Et sinon, comment tu as su que c’était lui ?

N : C’est une longue histoire…

Comme je l’ai fait pour Aleksy, Zayn, Benjamin, mes parents et l’inspecteur, je lui raconte tout depuis le rendez-vous à la bibliothèque. Ainsi, il apprend que Mathis est lui aussi impliqué dans l’affaire et de quelle manière il m’en a informé, que Xavier a tenté de m’écraser après ça, que Mathis en a subi les conséquences et qu’aujourd’hui, l’un est à l’hôpital et l’autre est en garde à vue, sans preuves concrètes pour l’accuser.

Thibaut absorbe les informations sans sourciller. Son visage ne trahit aucune émotion particulière, il reste aussi inexpressif qu’avant mon récit.

T : Quelle enflure… Il nous a bien pourri la vie, à nous trois…

N : C’est pour ça qu’il faut qu’on rassemble le plus de preuves possibles. Pour faire enfermer cette raclure.

T : C’est bien beau ça, mais je ne vois pas ce qu’on pourrait trouver d’autre ici…

Son pessimisme refroidit mes ardeurs. J’ignore ses mauvaises ondes, et je réfléchis à la suite. Les informations qu’il nous a dévoilées sont un bon début, mais elles ne sont pas suffisantes. Que lui demander de plus ? Ou bien à qui d’autre s’adresser ? Alors que je me pose mentalement ces questions, Aleksy a un sursaut. Je crois apercevoir une étincelle traverser ses iris noisette.

A : La voiture !

T : De quoi tu parles ?

A : Celle qui a tenté d’écraser Niels ! Je l’ai reconnue quand je l’ai vue, je l’avais déjà aperçue chez Xavier, lors d’une soirée. Mais je ne sais pas à qui elle appartient… Peut-être que toi, tu saurais.

T : À quoi elle ressemble ?

A : Une berline noire, assez longue, avec des jantes sport. Une BMW je crois, je ne suis pas sûr…

T : Ça me dit quelque chose…

Nous attendons sa réponse en le fixant, tous les deux, comme si notre destin dépendait de ses prochains mots.

T : Oui, je m’en souviens, elle était garée dans son jardin. On la voyait depuis sa terrasse.

N : Pitié, dis-moi que tu as un nom !

T : Une personne, oui, mais pas un nom.

N : Nickel ! Si on dresse un portrait-robot, ils remonteront rapidement à lui en fouillant dans les contacts de Xavier !

A : À quoi est-ce qu’il ressemble, d’abord ?

T : Je suis assez naze pour décrire les gens… Il est… blanc, assez grand, brun avec les cheveux courts et la barbe taillée de près, plutôt baraqué, et… je sais plus moi !

A : Une cicatrice au niveau du sourcil et un tatouage sur le bras ?

T : Euh… Ouais, je crois bien.

N : Tu vois qui c’est ?

A : Bono. C’est comme ça qu’ils l’appelaient.

Un nom ! On a un nom ! Alors que mon enthousiasme ne passe sûrement pas inaperçu, Aleksy est sur la réserve. À voir son expression, ce n’est peut-être pas une si bonne nouvelle que ça.

A : Ne nous emballons pas. Ce n’est qu’un surnom, je ne connais pas sa vraie identité.

N : Mais ça reste un élément important pour le retrouver ! S’ils interrogent des gens qui étaient présents lors de ces soirées, il y en aura bien au moins un qui le dénoncera !

A : Et ils n’auront rien de plus à dévoiler que tu ne connais déjà. Personne ne savait d’où il venait, ni qui il était. Apparemment, seul Xavier le connaissait.

N : Un ami ?

A : Je ne pense pas, c’était plus comme… une relation professionnelle. Il n’avait pas vraiment l’air de venir pour faire la fête. D’après ce que j’ai tiré de certaines conversations, c’est sûrement son dealer…

N : Et alors ?

A : Alors il faut espérer qu’il ait déjà eu affaire à la justice, sinon ils risquent de passer un bon moment avant de le retrouver juste avec un portrait-robot…

Un coup de froid traverse mon esprit exalté, me rappelant que la garde à vue s’achève à la fin de la journée. Si ce qu’Aleksy dit est vrai, alors il faut tout miser sur cette éventualité. De toute façon, c’est tout ce qu’on a.

N : Dans ce cas-là, il faut qu’on se dépêche de livrer cette information au commissariat.

Je me lève brusquement du canapé et j’intime Aleksy d’en faire de même. Thibaut, de son côté, ne semble pas s’en préoccuper plus que ça. Il reste concentré sur sa cigarette déjà bien consumée.

N : Thibaut… Merci de nous avoir reçu, et merci surtout pour les informations.

T : Y a pas de quoi.

N : Et… je suis désolé pour ce qui vous arrive, à ta mère et toi. Je ne connais pas toute l’histoire autour de son licenciement, mais je m’excuse si mon père a fait une erreur de jugement. J’aimerais pouvoir t’aider, mais…

Thibaut me regarde sèchement, comme si je venais d’aborder un sujet tabou. Il préfère cependant contenir sa colère, par respect pour mon empathie et ma volonté de résoudre les problèmes.

T : On s’en sortira.

Je lui réponds par un sourire triste. Dès que cette affaire sera résolue, j’en discuterai avec mon père pour voir s’il peut faire quelque chose à ce sujet.

N : Si tu as besoin d’aide, pour les cours par exemple, n’hésite pas à me demander. C’est la moindre des choses que je puisse faire…

Il se contente de hausser mollement les épaules. Avant que notre présence ne le dérange plus qu’autre chose, nous nous éclipsons. Une fois sortis, nous arpentons les artères jusqu’à la bouche de métro la plus proche.

Il nous faut bien trois-quarts d’heure pour revenir vers chez nous. Nous nous précipitons vers la sortie pour arriver au commissariat le plus vite possible. En constatant la densité de la circulation, on décide de ne pas prendre le bus et de s'y diriger à pied. Si nous nous dépêchons, on pourra y être dans une petite dizaine de minutes.

Après avoir courus à un rythme infernal à travers les avenues, nous arrivons finalement à notre destination. Fébriles, nous nous approchons de la bâtisse. Le doute s’immisce au fur et à mesure que je m’avance. Est-ce qu’ils pourront vraiment le retrouver ? Et si c’est le cas, comment prouveront-ils sa culpabilité s’il n’avoue pas ? Ne nous retrouverons-nous pas dans la même situation que maintenant ?

Je secoue vivement ma tête pour chasser ces questions qui polluent mon esprit. Ce n’est pas le moment de penser à ça, et ce n’est pas mon rôle de toute manière. À l’heure actuelle, nous avons des informations importantes à transmettre, alors pas le temps de se perdre dans des réflexions inutiles.

Au même moment, alors que nous nous trouvons à seulement quelques mètres de l’entrée du commissariat, la porte s’ouvre devant nous. Nos corps se figent lorsque nous reconnaissons la personne qui nous fait face.

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