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Doriane n’a pas le temps de se ruer sur Simon pour le dévier de sa marche folle qu’il s’engouffre dans l’ouverture puante, la tête la première. Et disparaît, absorbé par ce gigantesque vagin qui s’entrouvre, dévoilant ses profondeurs de nacre sanguine.

Des flots spumescents surgissent alors de cette fente béante qui se met à convulser, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Un orgasme sismique : en quelques secondes, des vagues folles remplissent l’espace cloisonné de la chambre, propulsant Doriane contre le mur.

En moins de quelques secondes, la chambre d’hôtel est submergée par les flots aux embruns mortifères. Doriane se débat, s’efforce de nager dans cette lie poissonneuse, mais s’embourbe progressivement, en boit la tasse amère et manque de vomir du goût atroce qui s’étrangle dans sa gorge.

Elle a beau hurler au secours, frémir dans sa peur atroce, personne ne vient ouvrir cette satanée porte, pour refermer cet utérus d’un autre monde et rependre ainsi, dans le couloir de l’hôtel, ces sécrétions d’un autre monde dans lesquelles elle s’enfonce.

Au contraire, le niveau de cette fange gluante n’a de cesse de monter, comme un mauvais désir qui vous oppresse, vous condamne, vous saisit tout en entier. Doriane convulse, paniquée. Prisonnière de cette lie vaginale abjecte qui l’englue, lui perfore les narines, lui remplit la bouche, elle se noie dans ces sucs viciés, et perd connaissance à jamais.

*

Une femme de chambre désœuvrée découvrira le cadavre de Doriane Gautier le lendemain midi, engluée dans une substance aqueuse qui défie toute analyse, et toute hypothèse. Quant à son petit ami, un certain Simon Brunet, il demeure ce jour introuvable. Les caméras de l’hôtel n’ont pas filmés sa sortie. Aucun mouvement bancaire n’a été effectué sur son compte. D’après les autorités compétentes, il n’a pas quitté l’archipel. Il est porté disparu, comme tant d’autres qui ont foulés le sol du tristement célèbre Inunaki. Quant au manga, soustrait à l’équation de ce mystère par une main habile, il se murmure sur niconico qu’il circule sur Ebay… un moyen comme un autre pour une femme de chambre d’arrondir ses fins de mois, en créant de toute pièce une nouvelle légende urbaine.

FIN

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