Il est debout sur mes paupières,
Comme un rêve éveillé,
Et ma mémoire me rappelle qu’hier
Le soleil s’est couché, ensommeillé.

Une main habillée de velours
Glisse sur mon corps enfiévré.
Mon sang, dans mes veines, comme du feu court,
Et je sens son souffle saccadé.

Il est surnaturel, immatériel,
Il est mon fantasme rituel ;
Mais plus qu’une bagatelle,
Il est immortel.

Sa main glisse sur ma joue,
Tels mes draps faits de soie.
Il élimine de ma mémoire les maux,
Les blessures que tu m’as faites, toi.

Mon corps se cambre,
Comme une jument récalcitrante.
Ses yeux couleur d’ambre
Font battre mon cœur à cent-trente.

Alors doucement, et avec douceur,
Il vient en moi et constelle ma vie.
Il épanouit et guérit mon cœur,
Mieux qu’hier, et mieux que l’ennui.

Et lorsqu’enfin, par mille étincelles,
Il m’emporte avec lui au septième ciel,
Je m’évanouis au son d’une ritournelle,
Et me réveille encore plus belle.

Il m’emprisonne alors dans ses bras,
M’embrasse le cou, murmure tout bas,
Et drape mon corps frissonnant d’émoi
Des plis d’un ciel en soie bleu roi.

Nous nous endormons, cœurs emmêlés,
Il caresse mes cheveux dorés,
Et juste avant que l’aube ne s’éveille,
Il me souffle : « je t’aime », à l’oreille.