La Morsure

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Peio nageait dans la sueur qui envahissait ses habits. Le petit groupe progressait lentement dans la jungle. Cyrille menait, une hachette en main. Ozanne et Peio suivaient difficilement avec les objets des enchères. L’historien avait tenté d’en savoir plus sur leur utilité. De ce que leur avait dit l’acheteuse, elle comptait les vendre du côté des honnêtes habitants de cette dimension. Peio se rassurer de quitter les îles des pirates, mais pour cela, il fallait traverser la dense forêt ce qui ne l’enchantait guère. Impossible de reconnaître les guilios des racines dans les environs.

Ozanne scrutait férocement chacun de ses pas, sac de reliques accroché à son dos et sa dent d’encérode entre ses doigts.

Le jeune homme ne pouvait plus de toute cette chaleur. Ses cheveux bouclés s’écrasaient sur sa tête et sa peau bronzée ruisselait de sueur.

- Dans combien de temps arrivons-nous sur le bateau ? souffla-t-il.

Cyrille prit un certain temps avant de répondre à sa question. Ses yeux scrutaient chaque mouvement à travers les arbres.

- Je n’en sais rien…

Ses mots semblaient suspendus comme-ci quelques choses la préoccupaient. Ozanne s’impatienta :

- Nous sommes perdus ?

L’acheteuse s’arrêta et demanda à ses associés de se taire d’un geste vif de la main. Peio se figea de frayeur alors qu’Ozanne refusa de respecter l’ordre :

- Que se passe-t-il ?

Soudainement Cyrille s’aplatit à plat ventre. D’instinct, les deux acolytes firent de même. Peio se retrouva nez à nez avec un guilio, dents tranchantes découvertes. Il n’eut pas le temps de pousser un cri qu’Ozanne planta son croc dans le crâne de l’animal. L’historien se retourna vers elle. L'aventurière arborait un sourire malicieux. Cyrille les intima de se taire une seconde fois.

Rien ne bougeait dans les environs. Le vent agitait doucement les branches des arbres. Leur guide se mit à ramper entre les impressionnantes racines qui portaient des troncs gigantesques. Ozanne poussa Peio à faire de même. Ce dernier tremblait comme une feuille. Sans comprendre de quoi il se cachait, ils avancèrent pendant quelques minutes à terre. D’un coup, Cyrille étouffa un cri de douleur. Elle décapita le guilio qui avait planté ses dents dans sa chair. Des larmes s’échappèrent le long de ses joues, mais elle continua à avancer.

Un quart d’heure après l’accident, Cyrille tenta de se relever en vain. Ozanne intervint :

- Qu’est ce qu’il s’est passé, là ? s’énerva-t-elle en prenant de la hauteur.

Leur guide s’énerva par l’attitude de sa camarade :

- Des espions des Enels… Ils sont de plus en plus présents dans la forêt.

- Qu’est-ce que les Enels ? demanda Peio en se rappelant des mots de Cyrille lorsqu’elle leur avait sauvé la vie.

- Parce que c’est le moment ! Aspirez le poison !

- Quoi ? s’étonna-t-il.

Ozanne esquissa un sourire du coin des lèvres.

- Pas avant que tu aies répondu à nos questions.

- Mais que voulez-vous savoir ! s’enragea Cyrille.

Peio perdit son regard sur une liane suspect. Ayant connu la torture, il n’était pas tout à fait en accord avec les pratiques d’Ozanne. Cyrille leur avait sauvé la vie et la douleur lui défigurait le visage. Ozanne reprit :

- Qui est cette Ana ?

Cyrille ne comprit pas ou elle voulait en venir.

- Ana est de la famille des Louse. Ce sont de puissants bateliers de Larialle. Notre prince Larc l’a nommée commandante d’un navire de patrouilleurs. Mais… tout le monde connaît l’influence des Louse. Ils ont écrasé tous leurs concurrents en quelques années.

- Comment ? continua Ozanne.

- Je ne suis qu’une simple revendeuse de relique. Des coups de génies, d’autres criminels… sûrement… qui ont… amené leurs adversaires à la chute.

- Ozanne, elle souffre, s’interposa Peio.

- Je n’ai pas fini ! Les Enels ? Qu’est-ce que c’est ?

Cyrille suait à grosse goûte. Le poison se propageait lentement dans son sang.

- Je… ne me sens pas...bien.

- Ozanne, elle ne doit pas avoir d’antipoison sur elle ! Elle peut répondre à nos questions avec l’esprit clair. Que faut-il faire ?

Ozanne le fusilla du regard. Peio s’agenouilla au côté de Cyrille et rapprocha ses lèvres bravement de la blessure. Il aspira le sang et le poison de la plaie et recracha le tout par terre. Il le fit plusieurs fois jusqu’à ce qu’il soit sûr que Cyrille ne soit plus atteint par le poison. Il versa de l’eau sur la peau de leur guide et banda la morsure. La voix de sa camarde se fit entendre dans son dos :

- Ça va s’infecter…

- Nous trouvons de quoi nettoyer la plaie, répondit froidement Peio.

- Où ? Rigola Ozanne. Nous sommes au milieu de la jungle !

- Nous allons aider Cyrille à marcher et elle va nous guider.

- Vas-y toi.

Énervée, elle empoigna la machette et pris le devant de la marche. Peio saisit le bras de Cyrille pour la remettre sur pied et l’aida à marcher. D’une petite voix, il demanda, désolée.

- Nous sommes bientôt arrivés ?

- Quelques heures, répondit, exténuée, Cyrille.

Quand la jungle se désépaissit et que l’esquisse de quelques maisons se vit au loin. Peio sentit son cœur s’alléger. Ozanne avait pris de l’avance. Ils ne s’étaient presque pas parlé depuis que Cyrille s’était fait mordre. De son côté, la jeune acheteuse était à bout de force.

- Où va-t-on ? demanda Peio.

- J’ai un navire.

Le petit port avait quelques bateaux accostés au ponton de bois. Avec beaucoup d’effort, elle montra un vieux navire, encore plus miteux que celui d’Holi-Hop. Peio cacha sa grimace. Ozanne souffla d’exaspération en le voyant. Elle marmonna son désappointement :

- Mademoiselle l’enchérisseuse n’a pas d’antipoison alors qu’elle traverse une forêt de guilio en rampant. Elle n’y connaît rien et voyage avec une épave. Nous voilà bien avancés…

De son côté, Peio se dit que les évènements se répétaient : les enchères, ramper sur le sol, un interrogatoire malsain… et un navire. Ayant perdu son mal de mer au bout d’un mois sur le navire du capitaine, il était tout de même hureux de retrouver la terre ferme. Il repartait pour quelques jours en temps que samaritain.

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