Dispute

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De retour sur le navire, Cyrille prise d’une énergie nouvelle donna la marche à suivre pour les prochains jours de navigation. D’après ses dires, il fallait s’écarter des côtes et avançait en pleine mer vers l’ouest. Ozanne força les marins épuisés à procéder aux dernières réparations avant de partir en pleine mer.

Mentir à Cyrille n’était, certes, pas parmi les moyens les plus fins mais il n’aurait pas été possible autrement. Peu importe où la mer les amener, il se rapprocher du générale Ana et potentiellement des alliées de Liosan et Baltazar. Après avoir vérifier qu’aucun serpent curieux ne trainer dans les parages, elle chercha Peio des yeux en vain. Cyrille se trouvait sur le mat, attelé à écrire une lettre, mais aucune trace de l’historien. La jeune femme quitta quelques minutes son poste pour entrer dans la cabine. Celui-ci, assit dans un vieux fauteuil, examinait avec intérêt les objets de la vendeuse.

- Cyrille est aussi naïve qu’incompétente. Les deux sont surement liés, commença Ozanne.

Peio leva les yeux surpris vers son amie.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Le vieux la bien eu sur ce coup, fit l’aventurière en s’adossant contre le mur de bois. Mais ça nous arrange. Bientôt nous pourrons agir et retrouver Liosan.

- Avant, je voudrais poursuivre la vente de ses objets d’exception. Il ne faudrait pas qu’ils tombent dans de mauvaises mains. Ils portent l’Histoire dans chacun de leurs détails.

Ozanne fut légèrement surprise. Peio paraissait absorber dans ses recherches, un peu comme lorsqu’il avait étudié le médaillon des Jurill. Pourtant, elle le connaissait et savait qu’il pouvait faire preuve de sarcasme et de finesse dans son ironie.

- Si tu le dis, répondit innocemment Ozanne. Quelle est le plan ?

Peio ne leva même pas la tête. Il notait sur son carnet des inscriptions précises sans pour autant s’intéresser à elle. Ozanne commença à s’énerver :

- Si tu m’en veux encore pour l’interrogatoire que j’ai fait passer dans la jungle à mademoiselle l’irréfléchie, il fallait la remettre à sa place.

- La torture n’était pas nécessaire, s’exclama Peio agacé sans lever les yeux des reliques.

- Ce n’était pas de la torture ! J’allais lui venir en aide. Je ne suis pas assez bête pour laisser mourir notre guide au milieu d’une jungle dangereuse.

- On ne sait jamais avec toi, tonna l’historien.

Ozanne sentait une colère froide montait en elle :

- Précise…

Peio détacha furieusement son regard et haussa brutalement la voix :

- Tu ne crains rien ni personne. Tu fonce tête baissée. Avec toi nous finirons sous la main des bourreaux de Liosan.

- Je t’en prie. Explique-moi comment tu comptes t-y prendre ?

- Nous pourrions rester un peu plus, le temps de prendre soin des objets et réfléchir à la suite après.

- Tu préfères suivre Cyrille dans son commerce voué à l’échec ? ragea Ozanne. Ce n’était pas ce qui était convenue.

- Non, mais les choses ont changé !

Ozanne s’empara de la fourchette argentée.

- Quoi donc ? Tu as trouvé de la belle vaisselle. Déformation professionnelle, peut-être ?

- Lâche ça, fit-il en se levant brusquement.

Ozanne était piqué à vif. Son regard parcourra la petite cabine. La fenêtre était légèrement ouverte. Elle tenta de garder son contrôle, d’être calme. D’un geste vif, elle s’empara d’une partie du trésor et tenta de les jeter dans la mer. Peio lui bloqua brutalement l’accès en la jetant contre la table de bois qui explosa sous le choc. Elle prit un instant avant de comprendre ce qu'il s'était passé. Sonnée, Ozanne posa ses yeux emplie de haine sur l’historien qui refermait en vitesse la fenêtre et tenta de récupérer les reliques déversaient sur le sol.

- C’est facile de m’accuser de ne pas assez réfléchir avant d’agir, hurla Ozanne. N’oublie pas où nous avons trouvé tout ça ! Dans les profondeurs des océans, aux milieux des encérodes qui voulait nous dévorer. Je t’ai sauvé la vie plus d’une fois. Sans moi, tu serais mort !

- Sans toi, je serais chez moi et mon beau-père ne voudrais pas me tuer !

- Je pourrais aussi te faire la remarque, Peio. C’est la faute de Baltazar !

- Non, affirma sombrement le jeune homme.

Ozanne se releva difficilement. Peio ne l’avait pas repoussé pour éviter qu’elle ne jette le commerce de Cyrille. Peio avait voulu la blesser. Les cheveux et les yeux de la jeune fille lui donnait un air de bête sauvage qui aurait fait reculer quiconque. Pourtant, le jeune homme continuait à ranger les reliques. Ozanne passa sa main dans son dos pour retrouver la dent du prédateur qui ne l’a quitté jamais.

- Non ? Puisque nous sommes arrivés au grand jour des aveux, exprime le fond de ta pensée, Peio…

- Je vais te dire, Ozanne, s’exclama-t-il arborant un sourire mauvais. J’étais bien dans ma petite ville, rien ne semblait présager le moindre ennuie et puis tu es arrivé. Tu m’as forcé à t’accompagner dans des histoires qui n’ont vu la fin que dans le sang. Jamais tu ne t’es souciée de mon sort. Je t’ai aidé à récupérer les poils de ton animal à la Kiolasse, mais tu as échoué. J’ai dû travailler dans les vignes sous un soleil ardent, me faire trainer, torturer par Aloïs. Je t’ai aidé à fuir. J’ai risqué ma vie dans la tempête. Je t’ai fais entrer dans la capitale pour que tu retrouve ta famille et tu les as mis en danger. J’ai sacrifié beaucoup pour toi et voilà le résultat ! Nous sommes au milieu de nulle part, perdus et pourchassés.

Ses yeux sombres la fixaient de haine.

- Alors Ozanne, reprit Peio. Laisse-moi me raccrocher au concret. Je vais à la capitale de cette dimension pour superviser la vente. Rien de plus !

Les fins sourcils d’Ozanne se levèrent face aux aveux.

- Heureux de l’entendre, monsieur l’historien, répondit-t-elle d’une calme colère. Je profiterais du navire pour me mener jusqu’à la capitale. Là-bas, nos chemins se séparerons.

La jeune fille ouvrit la porte brusquement et se fracassa contre à Cyrille. Celle-ci écarquilla les yeux face à la table brisé. Peio la rassura de suite en disant que rien d’autre n’avait été fracturé.

L’aventurière sortit au grand air, mais même la fraicheur de la nuit ne pouvait calmer la colère qui bouillonnait en elle. Elle se mit à hurler sur les marins pour qu’ils prennent le pas de guerre.

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