Confrontation Dimensionnelle (Part. 2)
À son réveil, Léontine se trouva nez à museau avec le chien qu’elle avait recueilli la veille. Ses yeux noir brillant la fixaient sans ciller. Elle se releva doucement pour ne pas l’effrayer en se disant que récupérer un chien errant alors qu’elle était enceinte n’était sûrement pas la meilleure idée qu’elle avait eue. Celui-ci continua à la regarder sans aucune expression. Léontine s’empressa de s’habiller et de sortir de la chambre en prenant soin de la fermer derrière elle. Faignant qu’il ne se passait rien, elle descendit jusqu’à la salle à manger où son père prenait déjà son petit déjeuner. Liosan lui sourit avec tendresse :
- Tu es rentrait tard hier. Tu as mangé ? lui demanda-t-il.
Léontine s’assit et fut de suite accueillie de tartine et de miel. La faim lui creusait le ventre et celui de son enfant. Elle se contenta de répondre simplement :
- Je n’en avais pas envie. Je suis monté et me suis endormi directement.
- Ce n’est pas très raisonnable, continua-t-il avec un sourire taquin.
Elle haussa les épaules en se jetant sur son repas.
- Ton voyage d’affaires s’est bien passé ?
Liosan s’émerveilla rien qu'en évoquer le sujet :
- Des merveilles ! J’ai de nouveaux collaborateurs. J’organise, ce soir même, une rencontre autour d’une fête pour qu’ils puissent faire connaissance avec mon réseau.
- Oui, la mère d’Alida me l’a dit hier, rigola-t-elle.
La bonne humeur de son père lui était partagée. Vivre seul au milieu des serviteurs avait tendance à lui donner le cafard. Liosan reprit une mine plus sérieuse :
- Je sais qu’en ces temps compliqués, il est difficile pour toi de te projeter. Je ne te demande pas de rester toute la soirée avec nous, mais si l’un de mes associés t’intéresse, dis-le-moi. Je voudrais que mon petit fils ait un père digne de mon nom !
Léontine perdit un peu de son sourire. Elle maintenu, tout de même, une expression enchantée pour ne pas décevoir son père. La jeune veuve avait du mal à s'immaginer dans un nouveau mariage, mais Liosan avait raison de vouloir qu’elle reprenne sa vie en main. Léontine n’avait pas la moindre envie de rencontrer des hommes à cette soirée, mais si cela lui permettait d’en savoir un peu plus sur l’invisible, elle pourrait enfin tourner les pages de ce drame. Le banquier finit son petit-déjeuner et parti, café en main vers son bureau. Il déposa un baiser sur le front de sa fille avant de disparaître.
Léontine prit son temps. Le chien devait tourner en rond dans sa chambre. Il avait sûrement faim. Elle fit appeler un serviteur pour demander d’avancer le repas du midi et d’augmenter les quantités. Les servants du manoir ne pouvaient pas lui refuser grand-chose. Tant qu’elle n’avait rien à lui offrir, elle n’osa pas remonter et passa ainsi sa matinée à flâner dans le jardin derrière la bâtisse. Le midi, Liosan fut occupé et ne descendit pas. Léontine en profita pour discrètement récupérer sa part. Elle grimpa lentement les escaliers et ouvrit le loquet.
En entrant, le chien n’avait pas bougé d’un poil. Son regard la fixa intensément. La jeune femme fut quand même rassurée qu’il n’est pas fait de dégât. La veuve lui présenta l’assiette et attendit. Quelques heures passèrent et le canidé n’avait même pas reniflé l’offrande. Il s’installa dans un coin de la pièce et attendit avec elle que le temps passe. Léontine haussa les épaules. Il finira par manger. Ce n’était pas dans la nature d’un animal de se laisser mourir de faim. Léontine tronqua l’ennui par de la lecture. Des tonnes de livres sur la maternité venant de la mère de Peio trônaient dans sa chambre. Alida avait raison. Elle n’était jamais seule. Désormais, elle sentait l’invisible sur son cœur, le tenant avidement. Même dans toutes ces pages qui parlait de donner la vie, elle rester obsédés de prendre celle d’une autre. Elle se raisonna dans l’après-midi en se disant que c’était la justice qui devait trancher cette affaire, une fois que le mystère se dévoilera.
Une main vint frapper à sa porte. Son cœur se serra soudainement. La voix ferme de sa servante vint à sa rencontre alors qu’elle plongeait dans un nouveau chapitre.
- Mademoiselle Léontine, les invités ne tarderont pas à arriver. Veuillez venir vous habiller de la robe que vous a achetée votre père.
- Je vous rejoins dans la salle de bain, s’empressa de répondre Léontine.
- Bien madame !
Léontine jeta un regard inquiet au chien qui regardait dans le vide. Il n’avait toujours pas mangé son assiette. La jeune femme pria pour qu’il soit aussi sage qu’il l’avait été dans la journée et l’enferma dans sa chambre. Rapidement, elle fut recouverte d’une robe couleur pastel et du maquillage qui s’associe avec. Ses cheveux blonds furent brossés, peignés, pailletés et attachés en tresse sur sa tête. On la recouvra de bijoux et lorsqu’elle descendit pour se présentait aux premiers invités, elle resplendissait. Son père avait sûrement ordonné son habillement pour ne pas qu’elle passe inaperçue. Une heure fut nécessaire pour que les associés soient tous réunis en ce soir festif. Léontine perdit trop rapidement le compte. Ils étaient sûrement plusieurs dizaines, tous habillés plus somptueusement les uns que les autres. Chacun portait le symbole de leur pays ou empire. La jeune femme fut rapidement perdue auprès de tous les cadeaux et paroles de soutien et n’avait qu’une envie, remonter dans ses étages.
Quelques minutes après le début de la soirée, une retardataire entra, essoufflée, dans le manoir. Léontine la reconnut de suite. Ses cheveux roux, son visage joyeux et ses taches de rousseur étaient remarquables entre mille. La jeune femme ne se souvenait plus de son nom, mais elle se rappelait l’avoir vu le soir des enchères. Encore quelques choses qui lui était totalement sortit de sa tête. Elle devait être pour quelques choses dans l’histoire de Peio.
Elle salua rapidement la foule qui semblait l’apprécier et se précipita vers Liosan lui chuchotant quelques mots à l’oreille. Celui-ci sourit de suite et l’emmena dans le petit salon familial, là où son père avait parlé de démon à l’un de ses confrères. Léontine voulut se cacher non loin de la porte pour entendre ce qui s’y disait. Néanmoins, le brouhaha l’en empêchait. De plus, un homme vêtu d’un haut de forme posée sur de longs cheveux blonds l’accosta d’un sourire jovial.
- Ma gente dame, je vous salue !
Il s’abaissa pour lui baiser la main. Ces yeux marins la fixaient d’un air charmeur. Léontine sourit d’un air gêné.
- Bien le bonsoir ! répondit-elle en le saluant comme une noble.
- Ne me faites pas de galanterie, mademoiselle Léontine. Je ne suis qu’un pauvre duc en perdition…
Léontine cacha sa pitié. Son père ne faisait pas de cadeau à ceux qui n’étaient pas bons en affaire. Il n’avait aucune chance auprès de Liosan. En regardant de plus près, elle comprit qu’il était peu aisé. Ses vêtements semblaient usés. Son chapeau s’aplatissait. Une cane l'aidait à se tenir droit. Il devait être désespéré pour qu’il en arrive à vouloir charmer la fille du banquier.
- Comment vous appelez vous, duc ? demanda Léontine en souriant faussement.
- Ma belle, je suis le duc Meristone de Larialle, dit-il souriant mystérieusement.
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