Confrontation Dimensionnelle (Part. 3!)
Dans le petit salon, Nathanaëlle s’agitait devant Liosan. Ce dernier abordait un sourire lumineux. Dans un coin de la pièce, le vieux maître Onur, doyen des fleurs du Dédale tentait de concentrer ses antiques oreilles à la jeune femme. Elle agita ses cheveux roux devant le feu et expliqua la situation avec sérieux :
- Il y a quelques mois, j’ai reçu des informations douteuses quant à deux individus apparus comme par magie de l'eau. Ils ont étés embarqués par le capitaine Holi-Hop.
Liosan écouta attentivement.
- J’ai repris les mers, continua-t-elle. J’ai arpenté l’océan et poursuivi le navire pirate sans pouvoir le couler. Ce bougre connaît les courants comme personne. Abandonner n’est pas dans ma nature. Pourtant, c'est le duc Meristone qui les a identifiés en premier.
L’homme d’affaires la coupa :
- Meristone n’est pas fiable…
- Oui, reprit-elle. Je n’ai pas fait attention aux centaines de lettres qu’il m’a fait part. Mais regardez les nouvelles de la journée.
La jeune femme laissa tomber le journal sur la petite table basse. Liosan le saisit rapidement et se mit à le lire. Le grand titre l’attira de suite : « une jeune femme s’attaque à la garde côtière de Larialle, un retour de l’hystérique ? » En dessous, une photo représentait le visage d’une jeune fille, identique au trait de l’avis de recherche dans le Dédale. Il donna le journal au maître Onur qui même s’il ne savait lire, identifia de suite son ancienne partenaire :
- Pas de doute, c’est elle !
Liosan sourit :
- Je savais qu’ils ne pourraient pas se cacher longtemps !
- Sauf que nous avons un problème, Liosan, s’attarda Nathanaëlle.
- Le tribunal…
Elle acquiesça de la tête et explicita le problème pour Onur qui voulait récupérer Ozanne. La jeune aventurière était la demande la plus chère d’Agatha.
- Le tribunal est blindé. Aucun pot de vin ne peut parvenir à rompre leur choix, surtout si l’hystérique est dans les parages.
- L’hystérique ? se questionna Onur.
- Une démone, très dangereuse… Cette envahisseuse a réussi sans qu’on ne sache pourquoi à contrôler l’esprit de la famille royale, et ceux depuis des siècles. Il y a quelques années, elle est devenue folle. Notre prince, Lars n’a pu se défaire de cette emprise que des mois après qu'on le découvre. Il en est devenu fou, voulant exterminer tout ce qui se trouvait autour de lui. L’hystérique a commencé à comploter avec la justice et à libérer des prisonniers. Ce fut le chaos dans la dimension. Personne n’avait jamais entendu parler de démon avant…
Nathanaëlle se mit à faire les cent pas. Elle continua l’histoire en regardant Liosan avec intérêt :
- Heureusement, nous avons réussi à guérir le prince, a le libéré de la démone. Cela n’a pas été simple. Il a fallu le transporter dans de nombreuses dimensions avant qu’une rupture de pacte soit possible. Depuis, les juristes du tribunal ayant succombé aux charmes ont été retirés. Les autres sont restés et tiennent la justice d’une poigne de fer. Ozanne ne sera pas simple à sortir des griffes des juges.
Onur se gratta sa moustache, pensif :
- Vous avez dit que certains des juristes avaient succombé au charme. D’autres n’y sont pas sujets ?
La jeune femme grimaça :
- Oui, cela dépend des familles. Le duc Méristone que vous pourrez croiser dans les parages, ce soir, a assassiné ses frères, d'après les rumeurs sous l'emprise de cette psyché démoniaque. Ceux qui ont subi la malédiction en sont profondément meurtris. Le prince Lars n’est plus lui-même depuis qu’il a subi les joug de la démone.
Le vieil herboriste scruta Liosan restant muet. Celui-ci arborait un léger sourire pensif. Onur reprit :
- Que veut l’hystérique ?
L’homme d’affaires aima cette question. Le vieux était primitif, mais Agatha lui avait appris le goût de la folie. Servir les démons pour qu’il nous serve. Le banquier s’exprima :
- Les démons n’ont pas beaucoup de motifs autres que le pouvoir et la destruction. Cette démone veut régner et voir les hommes s’entretuer. Mais l’hystérique nous pose problème. Ce qu’elle veut c’est notre cerveau. Si je lui donne du pouvoir, elle pourrait s’attaquer à mes affaires, voire à moi personnellement. Il nous faut jouer habilement avec elle.
- Que comptez-vous faire pour récupérer Ozanne ? demanda Onur.
Liosan esquissa un rictus concentré :
- Je vais m’occuper de ce problème…
- Et pour Peio ? reprit Nathanaëlle.
- Peio… il doit se diriger vers Larialle, je présume. Restez vigilante et ouvrez vos oreilles.
La jeune femme envoya un regard complice au banquier. Onur s’apprêta à s’exprimer de nouveau lorsque des cris traversèrent le manoir. Liosan se leva de suite traversant la porte. Nathanaëlle le suivit, se saisissant du tisonnier brûlant. Elle sentait qu’elle avait fait une erreur en emmenant Meristone avec elle…
Léontine ne tenait plus debout. Tous s’étaient passés si vite… La panique avait empreint le manoir. Une main était fermement accrochée à son bras l'aidant à rester sur ses pieds.
Alors qu’elle discutait avec le charmant duc Méristone de Larialle, elle n’avait même pas imaginé qu’elle pourrait être danger. Jamais un des collaborateurs de son père n’avait été agressif envers elle. Leurs échanges étaient pourtant amicaux, mais soudainement son sourire se ternis. En un geste vif, le duc s’était saisi d’un poignard et avait tenté de lui transpercer l’abdomen. Une main brutale l’avait attrapé le bras et l’avait attiré vers lui, faisant rater la cible à Méristone. Sous la panique, son cœur s’était mis à battre à tout rompre. Elle avait senti qu’elle perdait pied. La personne qui lui avait sauvé la vie tentait de la maintenir, mais elle était à deux doigts de s’écrouler. Elle entendait des paroles noyées :
- Respirez, Mademoiselle Léontine…
À la vue de son père sortant du petit salon, elle reprit un peu ses esprits. La femme rousse frappa brutalement Meristone avec le tisonnier brûlant. Le duc tomba de douleur sur le sol. Une colère intense brillait dans ses yeux marron clair. Liosan se précipita vers sa fille. Son expression se raffermit en voyant l’homme qui la tenait dans les bras. Il s’exprima d’une voix de dégoût :
- Lâchez ma fille, vermine !
Celui-ci s’exécuta et le banquier se précipita vers sa fille pour la prendre dans ses bras. Léontine se retourna pour observer à qui parlait son père. Elle le connaissait. C’était un vieil associé de Liosan. Des yeux brutaux et rougis, la peau pâle, les cheveux noirs de jais. Maître Baltazar était davantage un homme de main sans foi, ni loi. Il s’approcha de Liosan et sa voix enrayée arriva jusqu’aux oreilles de Léontine :
- J’ai à vous parler…
- Cela peut attendre, s’énerva Liosan. Ma fille a failli se faire assassiner par un fou. Faites-le-moi disparaître.
Baltazar haussa les épaules et se dirigea vers le duc Méristone qui se tenait la joue de souffrance sous les yeux intarissable de colère de la jeune femme rousse. Liosan força sa fille à monter les escaliers pour l’amener jusqu’à ses appartements. Léontine se souvint que le chien se trouvait toujours dans sa chambre. Entre deux sanglots, elle informa son père :
- Je… dans la salle de bain.
- Qui a-t-il ? demanda Liosan, mi-énervé, mi-stressé par la situation.
- Je… je voudrais me démaquiller.
Son père acquiesça et l’emmena jusqu’aux lavabos, profitant pour se passer dans l’eau fraîche sur son visage et retrouver ses esprits.
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